Retour très intéressant. J'aimerais un retour sur ton état d'esprit. Un tel périple peut être dur pour le moral.
Connais-tu des baisses de motivation? Si oui, à quel rythme? Comment gères-tu?
A contrario, on peut être euphorique. Est-ce ton cas? Comment gères-tu?
Eh bien comme je l'ai dit plus haut et comme je l'explique un peu sur mon site, j'ai eu une grosse periode de doute et de baisse de motivation en Croatie. J'etais tendu comme un arc pour joindre les Balkans et une fois arrive en Slovenie j'etais un peu perdu... J'avais pour projet de silloner les balkans, de flaner, de visiter, etc. Et c'est la qu'etait l'epine: flaner, cad errer sans but n'est pas trop compatible avec un voyage dont l'objectif est de rallier un point A a un point B par ses propres moyens. Flaner etait frustrant et me faisait perdre le but du voyage.
En fait le probleme est que inconsciemment j'avais imagine ce voyage comme le voyage ''ultime'', une sorte de pot pourri des voyages que je voudrais faire. J'ai realise que je ne pouvais pas tout faire et que je devais m'en tenir a la ligne principale: rallier la Mongolie. L'erreur du debutant en somme, mais au moins a force j'arrive a cerner mes envies et a savoir quel type de voyageur je suis.
Le remede a cette periode de doute a ete de repartir, reprendre la route avec un objectif a atteindre: Belgrade.
J'ai eu aussi une periode de demotivation ou en prenant du recul je me suis rendu compte que je n'etais plus vraiment heureux en voyage depuis l'entree dans les Balkans, je ne vivais plus ces petits moments de joie et de bonheur qui me tombaient dessus quand j'etais a pied. L'explication: tout simplement parce que le moyen de locomotion de me convenais pas. Le velo ne me procure pas enormement de plaisir. Bien sur il y a toujours la satisfaction de voir ses performances augmenter et de couvrir des distances importantes mais ca ne me suffisait pas. Je trouve personellement que pedaler est abrutissant (dans le sens ou l'action accapare une bonne partie de l'esprit) et le velo cantonne majoritairement a l'asphalte, or le contact avec la nature me manquais. Surtout, je ne voulais pas que ce periple ne se transforme en un banal voyage cyclotouriste. Demotivation et deprime parce que la tournure qu'avais pris le voyage ne me plaisait plus et que je n'etais plus fier de ce que j'avais accompli.
Le remede a ete de reprendre la marche malgre des conditions peu clementes et la je m'eclate
Donc pour l'instant il y a eu 2 vraies periodes de chute de moral et de motivation ou la petite flamme menacait de s'eteindre. Dans le premier cas je pense que c'etait lie a l'inexperience de ce type de voyage. J'ai decouvert que je ne pouvais pas tout faire en un voyage et que je devais faire simple et ne pas perdre de vue l'objectif premier. Il faut aussi dire que le ''deuil'' des balkans a ete dur a faire passer mais bon ca me fait un autre projet de voyage a mettre dans la musette.
Dans le deuxieme c'est simplement que la tournure qu'avait pris le periple ne me plaisait plus et que je n'etais plus heureux sur les routes. Une fois les causes determinees, il m'a suffit d'y remedier et c'est reparti comme en 40.
N'empeche c'est facinant de voir dans des moment comme ca comme l'esprit aime flirter avec le doute et l'echec. ''L'echec est confortable''. J'ai meme eu la bassesse d'imaginer tracer a velo a Istambul pour y arriver fin novembre debut descembre et rentrer 2 ou 3 mois en France pour apres reprendre le fil fin fevrier quand les conditions seront plus clementes cad scinder le periple en deux parties
Le petit diablotin rouge est particulierement insidieux dans ces cas la: ''il n'y a aucune honte, c'est ton premier periple'', etc.
Mais bon, la j'ai un moral d'enfer et ai la conviction profonde que je reussirais a joindre la Mongolie. Ces periodes de doute ont eu l'avantage de me permettre de cerner mes envie et de fixer une ligne directrice claire pour ce voyage. Et puis comme on dit: '' Celui qui veut trouve toujours un moyen, celui qui ne veut pas trouve toujours une excuse"
Sinon, au jour le jour sur la route, je n'ai pas vraiment de moment de perte de motivation. C'est plutot de la deception quand je n'ai pas reussi a atteindre l'etape que je m'etais fixe ou de la frustration quand un grain de sable vient enrayer le mecanisme (oblige de faire detour de plusieurs km car route detruite et zone retournee par exploitation minerai par exemple). Qd on est toute la journee dehors le temps a une influence non negligeable sur le moral. Il fait beau et c'est la joie, il fait gris pluvieux et on a plutot tendance a ruminer des idees noires.
Pour me motiver sur la route j'ai remarque que je me parlais de plus en plus a voie haute
, sinon je me fixe des petits challenges du genre tu auras le droit de faire une pause de 5 min seulemt une fois que tu auras rejoint le tournant qui est a l'horizon, j'ai egalement recour a la musique pour me motiver ou pour faire passer les portions monotones.
J'ai tres souvent des moments d'euphorie ou je sens que je suis exactement ou je dois etre a faire ce que je dois faire. Ces derniers temps je ressentais ce type de moment 1 ou 2 fois par jour, ca galvanise, c'est vraiment grisant.
Sinon de temps en temps une bonne nuit dans un hotel, une bonne douche ou un bon resto ca aide a relever un moral en berne.
Desole, je viens encore d'ecrire une tartine. C'est ecris a chaud donc vraiment fouilli, mais je vais reflechir a la question sur la route, c'est vrai que le moral et la motivation c'est primordial, surtout quand on est seul et qu'il n'y a personne pour vous botter les fesses
Dans tout les cas, je me suis rendu compte que ce qui marche pour moi dans ces momments la, c'est de repartir. de reprendre la route. Du coup j'ai fait mienne cette phrase de Sylvain Tesson: "Je n'attend pas d'etre heureux pour agir mais le deviens en agissant"
Criss Kenton, qui ne sais toujours pas tenir sa langue depuis 1983