Je voudrais revenir avec vous sur une notion que nous avons abordés en cours samedi. Souvent sur les forums on lit : "ouais vous les pratiquants de SD vous tiendriez par 30 secondes face à un pratiquant de telle ou telle discipline".
Ce à quoi je réponds que c'est vrai même si beaucoup de pratiquants de SD viennent d'autres disciplines et s'ils y excellent souvent aussi. La pratique de la SD n'a pas pour but d'apprendre à mieux lutter qu'un lutteur ou mieux boxer qu'un boxeur. La pratique de la SD à pour but d'inciter à éviter au maximum à éviter un affrontement par la prévention, le repli ou le dialogue. MAIS, si le dialogue ou l'évitement ne sont pas possibles de rentrer le premier avec un maximum de surprise et d'efficacité afin d'annuler ou limiter les éventuelles compétences au combat de l'opposant.
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La plupart des pratiquants de SD viennent du monde des AM et/ou SdC. La pratique de ceux-ci induit des choses positives et d'autres négatives. Je ne reviendrai pas sur les bienfaits de s'entraîner dur, d'apprendre à encaisser, de se forcer soi-même à avancer même si c'est dur. Mais, hélas on y cultive aussi la culture d'un cadre prescrit, normé (les règles, la tenue, etc...) et aussi le culte de l'affrontement. Là ou la SD prône (où plutôt devrait prôner) l'adaptation à un cadre fluctuant et l'évitement du combat.
Bonjour Patrick,
Je crois comprendre parfaitement l'intérêt pédagogique de la position que tu exprimes, mais malgré cela je ne suis pas trop d'accord avec le fait qu'un pratiquant de SD ne tiendrait pas 30 secondes face à un pratiquant de telle ou telle discipline... La modestie et la pédagogie c'est bien, mais il ne faudrait pas me semble-t-il donner l'impression que la pratique de la SD pourrait dans un combat de rue un tout petit peu prolongé donner moins de garantie que tel ou tel AM ou sport de combat, fût-ce le MMA.
D'abord parce que, comme tu l'indiques toi-même, beaucoup de pratiquants de SD sont des pratiquants expérimentés d'autres disciplines, qui ont l'avantage en quelque sorte d'avoir pris suffisamment de recul pour en voir les limites et y remédier...
Ensuite parce que, également comme tu le dis toi-même, le pratiquant entraîné de SD est probablement (en tout cas on peut l'espérer) plus préparé à l'imprévu que celui de telle ou telle discipline que tu vises...
Alors évidemment, s'il s'agit d'aller combattre, dans ses règles, un pratiquant spécialisé dans telle ou telle discipline, certainement, on aura du mal à tenir 30 secondes (ce qui au passage, en combat, peut déjà représenter une éternité). Mais dans un affrontement de rue, même sans armes ni obstacles urbains ni artifices particuliers, c'est loin d'être évident...
30 secondes, c'est d'ailleurs une curieuse idée pour un combat de rue à un contre un : dans l'idéal, il me semble qu'un pratiquant de SD qui se trouve contraint d'"ouvrir le feu" devrait avoir réglé l'affaire (ou l'avoir perdue!) en bien moins de 30 secondes. Mais c'est quasiment pareil pour un pratiquant assidu et expérimenté de tel ou tel AM ou sport de combat : à moins de se trouver face à un pratiquant sensiblement de même niveau et gabarit, l'affaire devrait en général rapidement tourner court...
Si ça se prolonge au delà de quelques secondes, ça n'est bon signe pour personne... Ou alors c'est qu'on est dans un combat finalement assez rituel et qu'aucun des protagonistes ne veut paraître fuir, ce qui est une autre histoire.
La question est donc à mon avis plus celle d'un engagement qui dure au-delà des toutes premières secondes de confrontation physique... Si le "dégainage" du pratiquant de SD a échoué à régler le problème en quelques secondes, n'est-il pas irrémédiablement perdu face à un pratiquant entraîné de telle ou telle discipline (par exemple un combattant de MMA)? C'est sûr qu'il n'est pas très bien parti... Mais si lui-même a "survécu" aux premières secondes face à quelqu'un de très entraîné, il lui demeure probablement un avantage : il s'attend aux coups ou saisies qu'il est susceptible de recevoir, il y est entraîné. Alors que son adversaire lui, par hypothèse, n'est pas entraîné à s'attendre à recevoir des coups dans les yeux, dans la gorge, aux parties, ou encore donnés avec des chaussures bien dures sur l'angle du genou, ou de la cheville, ou encore donnés mains ouvertes et touchant à la fois le nez et les yeux, le tout à différentes distances et notamment à très courte distance, etc... Et plus la confrontation dure, plus cet adversaire va retrouver des automatismes de tatamis ou de ring. En fait, l'aléa est encore très grand pour tout le monde, n'en déplaise aux inconditionnels de telle ou telle méthode ou discipline, même de RBSD !
Et, d'ailleurs et de façon générale, il me semble que, même si l'agresseur n'est pas très entraîné et quel que soit notre niveau de préparation, plus la confrontation se prolonge, plus son issue est aléatoire.
C'est justement parce que cet aléa est beaucoup trop grand pour être acceptable pour un pratiquant de SD qu'il ne faut pas en arriver là. D'où un travail accentué du "dégainage" automatique dès qu'une certaine distance critique de sécurité est rompue par l'agresseur.
C'est notamment une des raisons pour lesquelles je suis particulièrement sceptique face à l'inclusion régulière de séances de pieds-poings, ou de grappling, dans des entraînements dits de SD.
Je crains que ce ne soit largement contre-productif, et ne contribue à conditionner de mauvais automatismes qui, en cas de confrontation un tout petit peu prolongée, ne feraient que faire perdre au pratiquant de SD les quelques avantages qui peuvent lui rester face à un pratiquant assidu de MMA, de Muay-Thai, de JJB, etc...
Juste un exemple, volontairement simpliste et caricatural: comment garder vraiment le réflexe de frapper main ouverte et/ou de viser la gorge si vous mettez des gants de boxe de 12 Oz au moins 10 minutes pour croiser poings et pieds à chaque fin d'entraînement de SD?
Cordialement,
Bomby