MEDITATIONS ON VIOLENCE
Par Rory Miller --
Meditations on Violence: A Comparison of Martial Arts Training & Real World ViolenceNous sommes ce que nous sommes, pas ce que nous PENSONS être...
La violence est ce qu'elle est, pas forcément ce qu'on nous en a dit...
--
Avant de commencer...
On est responsable de sa propre sécurité
L'expérience et le bon sens sont plus importants que tout ce que vous
disent les "experts"
Définition de l'expert
- Celui qui a tout vu et qui ne veut plus rien apprendre de neuf, car
il ne serait plus un expert
- Celui qui a fait toutes les conneries imaginables dans un domaine
restreint, et en est sorti plus humble...
---
Le cours est divisé en sept modules
1. Comprendre...
La violence est comme un éléphant...
Le poème de John Godfrey Saxe* - a propos de la bêtise des hommes qui
discutent de la nature des dieux et de la religion.
Quatre aveugles, reconnus pour leur sagesse, touchent une partie d'un
éléphant et expliquent comment est l'animal.
Tronc - trompe - flanc - oreille...
Un sport de combat "ordinaire" apprend autant sur la violence que
"Dumbo" sur les éléphants.
Un éléphant est un énorme animal. Quand on est à coté, on peut se
faire écraser sans rien pouvoir y faire. C'est pour cela que la cécité
est un avantage. On a le sentiment de la sécurité.
---
Définition de la self-défense
- Se sortir d'un mauvais pas, ou on est arrivé par manque de chance
ou par bêtise.
- Difficile à entraîner à cause de l'élément de surprise, et parce
qu'on peut être blessé avant de se rendre compte de la situation.
- Le plus important est de sortir de la transe (surprise, choc)
- L'état d'esprit idéal est une réponse conditionnée pour les
premières secondes de l'attaque, et la rage...
---
Différencier Self-défense, duel, sport, combat, assaut, progrès
spirituel, fitness (tableau)
---
2. Penser...
---
Quelques éléments d'élite développent un mental de prédateur. Il faut
de la confiance et du respect pour amener une équipe à ce niveau
mental. Bon nombre d'équipes spéciales le simulent par un entraînement
sévère sous la férule d'un chef doté dudit mental.
Les vrais prédateurs sont imprévisibles et inquiètent leurs
supérieurs. Ils font le travail, mais ignorent tous les paramètres et
les règles d'engagement qui ne leur semblent pas importants. C'est
pour cela qu'ils sont adulés quand on a besoin d'eux, et marginalisés,
ignorés ou mis sur la touche quand le combat se fait rare.
Le mental de prédateur est un choix. Personne ne fonctionne comme un
prédateur en permanence, car ce n'est pas socialement acceptable.
---
Une des limitations des femmes est qu'elles n'ont pas la force pour
blesser quelqu'un de plus grand et de plus fort qu'elles. Si on prend
l'analogie d'un bonhomme de 120 kilos de muscles qui tient un chat.
Est-ce qu'il peut tuer le chat ? Et si on lance un seau d'eau sur les
deux, que se passe-t-il ? Qui gagne ?
--
Attention aux limitations de l'éléphant. Quand ils sont petits, ils
sont attachés avec une chaîne. Quand ils sont plus grands, la chaîne
reste la même, et l'éléphant pourrait la rompre. Mais comme il a
appris étant petit que la chaîne était incassable, il n'essaye même
pas.
--
La boucle OODA
Observer - Orienter - Décider - Agir
Observation - "Son poing grandit..."
Orientation - "Ca veut dire qu'il se rapproche - je suis attaqué..."
Décision - "Qu'est-ce ce que je fais ? Je bloque ou j'esquive ?"
Action - Esquive...
Le piège de l'observation... "Pourquoi ?"
Observation - "Sa main grandit..."
Orientation - "Il m'a frappé... Pourquoi ?"
Observation - "Son autre main grandit..."
Orientation - "Il m'a frappé à nouveau - c'est une combinaison...
Pourquoi ?"
Observation - "Mon genou vient de s'effacer..."
Orientation - "Il donne aussi des coups de pied... Pourquoi ?"
Le piège de la décision... La loi de Hicks
Observation - "Son poing grandit..."
Orientation - "Ca veut dire qu'il se rapproche - je suis attaqué..."
Décision - "Qu'est-ce ce que je fais ? Je bloque ou j'esquive ? Je
bloque ou j'esquive ? Je bloque ou j'esquive ?"
...
Il faut réduire les temps intermédiaires en programmant trois
mouvements simples...
Plan de l'agresseur de la petite nana...
1. Je l'attrape par les cheveux...
2. Je la gifle quand elle crie...
3. Je la gifle encore jusqu'à ce qu'elle se taise...
4. Je l'embarque dans le coin...
5. Je lui arrache ses vêtements...
6. etc.
Réalité
1. Je l'attrape par les cheveux...
2. Mon nez explose dans un geyser de douleur et de sang...
...
3. La dynamique de la violence
Le combat rituel
Les femmes n'ont pas la programmation du combat de coqs - pas
de limitation...
Un homme qui agresse une femme cherche à établir une
domination sur elle. Si elle résiste, elle sera punie...
"T'es mignon... tu n'as pas besoin de me violer..." (les
femmes apprennent très jeunes à manipuler les hommes, ce qui
fonctionne habituellement en société)
La femme va se débattre, pas se battre...
Si une femme se défend, cela doit être total... (Un petit
plus, la majorité des assaillants renoncent quand ils rencontrent une
résistance inattendue)
Le combat rituel collectif - l'effet de groupe
Dépersonnalisation de la victime - toute action (supplier, se
battre, rester passif) est interprétée par le groupe comme une preuve
de "différence" et justifie une escalade
Solutions
- jouer la folie
- établir un contact personnalisé avec l'un ou l'autre des
agresseurs
- "Cours, Forrest, cours..."
- jouer le mort
- contre-attaque d'une violence inouïe, pour effrayer le groupe
La violence du prédateur
La victime est de la viande...
Deux techniques
Embuscade - Se rapprocher le plus possible et vaincre la
victime physiquement et mentalement avec une attaque rapide et
vicieuse
Utiliser un prétexte social pour se rapprocher de la
victime, puis procéder comme ci-dessus...
Note - Deux types de prédateurs
- Ceux qui ont un but (argent, viol, réputation, drogues)
- Ceux qui vivent un trip de fantasme (viol, torture, meurtre)
Quatre vérités de base de l'agression
plus près
plus vite
plus soudainement
avec plus de puissance
que l'on imagine...
Le cocktail chimique
Conditionnement de la préhistoire...
La courbe d'adrenaline de l'homme et de la femme...
Comment lutter contre le conditionnement...
Le contexte de la violence
Le contexte : La lumière sur le cafard
L'endroit : alcool et drogue
Où les jeunes gens se rencontrent : combat rituel individuel et collectif
Où le territoire est un enjeu : Alsace-Lorraine, mon coin de bistrot
Les attaques de prédateurs se passent dans les endroits isolés
La scène de crime secondaire
La pêche à la victime dans la foule (isoler celle qui ne se défend pas)
La self-défense c'est garder son style de vie...
Mieux vaut éviter que courir...
Mieux vaut courir que désescalader...
Mieux vaut désescalader que se battre...
Mieux vaut se battre que de mourir...
La self défense est une petite liste de choses qui peuvent sauver
quand on s'est fait avoir...
L'agresseur
Organisé ou désorganisé
L'adversaire désorganisé
Personne d'intelligent n'a jamais perdu un combat face à quelqu'un
qui dit qu'il va vous botter le cul...
Les prises d'otages
Les abrutis
Les cinglés
Les fanatiques et les extrémistes
Ceux qui veulent mourir
Les terroristes consommables
Les prédateurs méthodiques
Les principes
Plus ça dure, mieux c'est... (sauf pour les prédateurs méthodiques)
Redevenir une personne...
Empathie
(sauf pour les terroristes consommables)
Si on peut fuir, il faut le faire, même si ça signifie laisser sa
famille derrière...
La notion du "déclencheur" (scotch, cordes...)
Quand la violence débute...
Courir (tôt, et vite)
Se cacher
Se battre
Entraînement
Entraînement au contact inopiné
Entraîner à peser sur le bouton
Travailler avec un tempo réaliste
S'habituer à prendre des coups, et à se faire toucher en
particulier au visage
Instruire le bon sens (mouvement de charge derrière le mur)
Interdiction de se rendre
Adapter les quatre vérités dans l'entraînement
Les phases d'entraînement
Phase 1 - Longtemps avant l'agression - comprendre les conditions-cadre
Phase 2 - Avant l'agression - comprendre l'environnement
(prédateur, criminel, violence) désescalader
Phase 3 - le déclencheur
Phase 4 - sortir de la transe
Phase 5 - le combat
Phase 6 - la suite (les trois combats)
Les déclencheurs
- tentative d'entravage
- menace d'un enfant avec une arme
- tentative de viol
- tentative de déplacement vers une scène de crime secondaire
- si l'adversaire isolé pose son arme
- si je vois une sortie et que l'adversaire ne me surveille pas
Il est autorisé
- de se défendre
- d'être impoli
- de survivre, quel qu'en soit le prix
- d'agir quand l'adversaire va dégainer une arme
- de gagner, et de décider ce qu'est la victoire
6. Faire en sorte que ça fonctionne...
7. Après
La violence est différente du danger.
Pour la majorité des gens, il est plus facile d'entreprendre une
activité avec du danger physique qu'avec un risque social.
Les risques du rappel, du rafting, de l'escalade, du ski, etc. est un
danger physique.
Il n'y a pas de danger à parler devant une audience, mais la peur est
réelle. C'est le "moi" qui est mis en danger.
La violence montre le monde tel qu'il est et non tel qu'il devrait être.
Survivre à la violence laisse fréquemment des blessures physiques, qui
se guérissent. Mais ce sont les croyances de base, à propos de la vie,
des autres et de soi-même qui sont endommagées. La personne est en
vie, mais ne sera plus jamais la même. Son identité, son histoire
qu'elle a mis toute sa vie à bâtir, est endommagée. Ce n'est pas
tangible, mais bien réel.
La violence fait davantage de dommages psychologiques que physiques
parce qu'elle est devenue rare. Pour la majorité des gens qui vivent
dans les pays industrialisés occidentaux, la violence ne touchera
jamais leur vie. Les médias ont fait par contre un excellent travail
pour nous convaincre que nous vivons dans un monde violent et
dangereux. Ils nous ont convaincus que le passé était plus simple, et
plus pacifique, que les guerres étaient civilisées, et qu'il n'y
avait pas de tueurs en série. C'est faux.
Que se passe-t-il quand on a eu un incident. Comme quand on a perdu
une dent et qu'on ne peut s'empêcher de tâter le trou. On revit
l'incident, encore et encore, en pensée. Et cela continuera jusqu'à ce
que l'esprit rationalise la chose, y compris la découverte d'une
meilleure solution.
Une chose à savoir est que dans un cas vraiment grave, où quelqu'un a
été tué ou violé, on arrive à tourner la page, quelle que soit le
déroulement de l'incident. Que la réaction ait été parfaite,
imparfaite ou inexistante, on arrive à tourner la page.
Cela peut sembler insensible. Mais les humains ne sont pas des
machines qui tombent en panne et qu'on répare. Les humains sont des
créatures. Quelque chose leur arrive, et ils en sortent grandis.
Parfois bizarrement, mais ils grandissent. La violence n'a pas de
signification particulière. C'est juste un fait. Nous essayons de
rationaliser, et on le fera si on peut, mais parfois il n'y a pas de
raison, pas de logique, pas d'explication pour la victime.
Cela prend du temps, mais les incidents deviennent une part de
soi-même. Pas quelque chose qui s'est passé, juste une part de
soi-même. Tout ce qu'on a fait, pas fait ou voulu faire, est un poids.
On peut appeler ça la "culpabilité du survivant"... ou le "stress
post-traumatique". Reste que le taux de suicide parmi les survivants
et les premiers intervenants est notablement plus important que la
moyenne générale donnnée d'une population.
Les gens vous regardent différemment. Ils aimeraient demander "Comment
c'était..." mais ils n'osent pas. Alors ils se taisent. On reconnait
le silence et le regard, et on prend ça comme un reproche ou une
accusation.
Il vaut la peine de discuter avec un spécialiste. Et avec d'autres
personnes qui ont vécu des incidents similaires. Il faut également en
parler à ses proches, plutôt qu'ils fantasment sur ce qu'on a vécu, et
se murent dans le silence. Ne pas parler après l'incident est
l'équivalent de ne rien faire pendant l'incident.
Tout ce qu'on ressent après un incident est normal. Ces situations
sont si rares qu'il n'y a pas de réponse standard. Il y a des
réactions qui sont plus fréquentes que d'autres. C'est tout.
Ces réactions peuvent rendre la vie moins plaisante qu'elle était
avant. Le problème est de changer et de grandir, pas de guérir. La
question est de savoir si la personne le veut...
L'exposition à la violence, et en particulier l'exposition à une
violence répétée, change les gens. Au mieux, la peur de la mort, et la
décision de se battre permettent de clarifier dans l'esprit ce qui
vaut ou ne vaut pas la peine de mourir pour. Cette clarté est très
puissante.
Il devient difficile de parler aux gens. Le cadre de référence a changé...
Mais au moins, on apprend ce qui compte réellement dans la vie. C'est
aussi ça, grandir.