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Stages de survie CEETS

Auteur Sujet: Malaria et paludisme  (Lu 21777 fois)

01 février 2009 à 08:39:36
Lu 21777 fois

Karto


Salut les coquinous :)

J'ai l'impression qu'on n'a pas encore vraiment parlé de la malaria, si ?
Je ne suis pas médecin et je n'ai pas tellement d'expérience avec ça, vous ne m'en voudrez pas, je fais juste un exposé de ce que je sais du problème, dans le but de présenter une vue hyper condensée du risque et des conduites à tenir. Ca pourra toujours servir pour ceusses qui ont quelques vacances tropicales dans le colimateur :) Tout avis éclairé ne pourra qu'améliorer ou corriger ce que j'écris, j'ai conscience d'être assez approximatif.

 La malaria, c'est quoi ?

C'est un parasite injecté parfois lors des piqûres d'un moustique anophèle. Le parasite migre rapidement vers le foie (30 minutes) où il se reproduit. C'est la période d'incubation. Selon les gens et les conditions, elle peut durer de 7 à 60 jours.
Ensuite le parasite se dit "on s'ennuie ici elles sont où les meufs je vais bouger de là moi je vais tout casser" et comme il n’a qu’une parole il va dans le système sanguin et détruit les globules rouges. C'est la crise de paludisme. La crise se traduit par des symptômes variés incluant normalement de la fièvre et des tremblements, mais aussi selon les gens des maux de tête ou de ventre, des diarrhées ou vomissements. En fait les symptômes ressemblent le plus souvent à une bonne grippe, mais si la crise est violente des pertes de connaissance peuvent survenir également.

Il existe essentiellement quatres variétés du parasite : vivax, ovale, malariae et falciparum. Les trois premières variétés sont rarement mortelles, mais si on n'a pas de pot on peut y rester quand même. Les personnes affaiblies ou les enfants sont particulièrement vulnérables. Sinon, pour les autres, en général les sujets continuent à mener une vie normale ponctuée de crises qui s'espacent peu à peu et perdent en violence. Même correctement traitées, la contamination par l'une de ces trois variétés est définitive.
La quatrième variété, falciparum, est souvent mortelle si non-traitée chez les population non autochtones.(j'ai pas de stat sous la main je suis un fainéant). Ah oui parce que les locaux, eux, ils ont souvent une certaine immunité génétique, ils choppent la maladie mais elle leur fait moins de mal qu'à nous. Par contre, correctement traitée la variété falciparum peut être éradiquée complètement du corps. La personne sera guérie mais pas immunisée, et une piqûre suivante pourra la recontaminer. On trouve cette variété du côté de l’Afrique de l’ouest pour ce que j'en sais, mais peut-être aussi ailleurs, à chacun de prendre ses responsabilités avant de voyager.

La malaria se trouve dans beaucoup de pays tropicaux, à vous de vous renseigner selon où vous allez, mais si on peut citer quelques coins où le risque est particulièrement haut bin on va pas se priver :
- Amérique : bassin d'Amazonie
- Asie : Indonésie, Cambodge, Myanmar, Thaïlande, Viêt-Nâm
- Afrique : Angola, Cameroun, Gabon, Nigeria, Congo, Ouganda, Soudan, Tchad (le côté mouillé de ces deux là, pas dans les cailloux), Côte d'Ivoire et plein d'autres...

Le retour à la maison...
Si vous choppez la malaria dans un pays à risque et qu'une structure médicale est accessible, le personnel soignant saura en général à quoi il a affaire et prescrira le traitement approprié, si disponible, hin hin... Le problème apparaît plutôt lors du retour à la maison. Vu que l'incubation peut parfois être super longue (deux mois), il n'est pas rare de voir des cas se déclarer en Europe où les médecins font un mauvais diagnostic, par manque d'habitude de cette maladie. Le temps perdu peut être précieux, voir vital, surtout si on est déjà KO. C'est pourquoi si l’on consulte il faut donner un peu des tuyaux au médecin, l'informer du voyage dont on revient, du risque de malaria. Mieux, dans pas mal de ces pays on peut acheter des médicaments sans trop se fatiguer en formalités, il peut être opportun de s'y procurer un traitement curatif qu'on rapporte à la maison et qu'on commence si jamais une crise se déclare et que le médecin de famille se fourre visiblement le doigt dans l'oeil et persiste dans l'erreur de diagnostic. (bon en fait non j'ai rien dit c'est un avis médical, mais bon hein voilà quoi, à chacun d'être responsable).
Je discutais l'autre jour aussi avec un mec qui est un porteur connu du parasite depuis longtemps, et qui a eu une crise une fois en France. Il a perdu connaissance en moins d'une heure, et quand sa femme l'a transporté à l'hôpital et a donné les instructions au personnel soignant, les médecins ont refusé de lui donner un traitement anti-palu et ont commencé à essayer de faire des diagnostics farfelus. Il a fallu toute la force de persuasion et la crédibilité de cette femme qui était infirmière pour que le mec reçoive un traitement adéquat et ne soit pas emporté par cette crise particulièrement violente.

 Prévention : éviter les moustiques
Bin ho je vais pas donner les mille et unes astuces pour ne pas se faire piquer, ça va de soi... les moustiques aiment l'eau stagnante, se baladent surtout à l'aube et au crépuscule, ils se glissent rarement sous les vêtements longs, ils ont peur du DEET et des spirales, ils s'engourdissent dans l'air froid et ils passent difficilement à travers les moustiquaires... Ne pas se faire piquer, c'est le top. C'est ça la vraie prévention.

Sursis en cas de piqûre : les médicaments préventifs

Bah oui j'aime plus trop le mot "prévention" là, pour moi ces médicaments rentrent plutôt dans la catégorie des trucs qui visent à limiter les conséquences d'erreurs déjà commises, comme les ceintures de sécurité quoi, parce qu'aucun n'est efficace à 100%. Mais bon franchement c'est dur de ne pas se faire piquer du tout sans vivre terré sous un climatiseur.
Les médicaments préventifs se présentent comme des cures à commencer avant le début du séjour, et qui se terminent après la fin du séjour. Les modalités concrètes seront expliquées par les médecins, pharmaciens, et la notice des médicaments. Cela dit, si vous pouvez un peu influencer votre médecin quand il fait l'ordonnance...

- Malarone, c'est le top pour le moment. Mais c'est le plus cher (dans les 45 euro pour 12 jours de traitement je crois). Une pilule par jour, quasiment pas d'effet secondaires (en fait je ne connais personne qui ai subi d'effets secondaires à la Malarone même après plusieurs semaines de cure, même si en théorie certaines personnes peuvent avoir mal au bide ou mal de tête). Seulement une semaine de traitement après la fin du séjour, et un jour avant le début du séjour. Haute efficacité contre toutes les variétés de malaria.

- Lariam (mefloquine), le plus connu en France peut-être, à tort. Moins cher que la Malarone, seulement une pilule par semaine, mais le spectre et l'efficacité sont de plus en plus mauvais, les parasites ayant eu le temps d'y développer une bonne résistance. Et puis les effets secondaires sont non négligeables, courants, et d'ordre neurologique. Pour parler franchement, le Lariam ça rend con, mais l’effet est réversible une fois le traitement arrêté. Demandez à Lemuel ce qu'il en pense... (et pourtant il a arrêté depuis un moment, le bougre).

- Doxycycline, une bonne alternative au Lariam pour un prix du même ordre. Une pilule par jour, une protection comparable à celle du Lariam. Les effets secondaires sont plutôt digestifs et dermatologiques. La peau devient très sensible au soleil pendant la cure. Pas bon pour les vacances sous les cocotiers.

- Savarine, et autres machins plus anciens... les parasites y sont devenus trop résistants. Même Tintin n'en voudrait plus.

Bref pour moi le mec qui a de quoi se payer des vacances sous les cocotiers ne devrait pas être assez radin pour se priver de Malarone.


Dépistage en cas de doute

Le meilleur dépistage, lorsque un ou plusieurs symptômes se présentent, est une analyse au microscope d'un échantillon de sang. Ca prend cinq minutes à faire dans un hôpital où la pratique est habituelle, et normalement c'est très bon marché.

Lorsque l'analyse microbiologique n'est pas possible, on peut toujours s'auto-tester avec un kit incluant des bandelettes, un éluant et un réactif. Environ quinze euro par test, dans toute les bonnes crèmeries. A mon avis une paire de ces tests a sa place dans la trousse du voyageur tropical, surtout une fois rentré à la maison, à garder pendant deux mois dans un coin. De faux positifs sont possibles. En cas de négatif, retester douze heure plus tard, et continuer à essayer d'obtenir un soin médical professionnel ! ATTENTION, contrairement au test microbiologique, ces tests en bandelettes ne détectent en général qu'une seule variété de malaria. Se renseigner sur la variété qui infeste le coin qu'on compte visiter.

Traitement curatif

Si docteur compétent sur le sujet à portée de main => garder espoir.
Si pas de docteur, ou si docteur européen qui n’a jamais vu de crise de malaria... Il existe depuis quelques années un médicament nommé Coartem qui est un traitement curatif. Il permet normalement de se débarrasser complètement de falciparum, et soigne les crises graves avec les autres variétés. Se renseigner chez qui de droit.
A défaut, un surdosage de la Malarone peut officier comme substitut de traitement curatif en attendant de pouvoir faire mieux. Consulter la notice...



Voilà. J'espère que ça pourra être utile à l'un ou à l'autre. Ciao les gars !

Mathias

« Modifié: 19 septembre 2009 à 12:24:36 par Patrick »

01 février 2009 à 09:27:02
Réponse #1

DavidManise


Salut !

Merci pour ça Karto.  Moi je dis WIKI !!! :)

C'est super complet, et pas si approximatif que ça, d'après moi.  Si un/une spécialiste passe par là, on est preneurs :)

J'ajouterais juste une anecdote rassurante.  Mon père est porteur de la bestiole, vu qu'il a crapahuté 5 ans au Congo quand il était jeune.  Ben euh...  je ne l'ai JAMAIS vu faire une seule crise.  Pourtant il n'a pas d'immunité génétique particulière.  C'est peut-être le whisky, je sais pas ;D

Bon dans le genre constitution solide, on fait pas bien mieux que lui.  S'il a eu trois petits rhumes dans sa vie c'est tout.  Enfin trois rhumes et la malaria une fois ou deux quand il était là-bas quoi.  Ceci dit il racontait des symptômes de ouf pendant les crises.  Surtout que quand il fait déjà 40°C avec 99% d'humidité, et qu'à rien faire on transpire, ben en cas de fièvre ça monte vite et... ça calme ! 

Je note au passage que la doxycycline est aussi ce que j'ai pris contre la saloperie de Lyme.

Ciao !

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

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01 février 2009 à 11:54:38
Réponse #2

Bison


Si j'ai bon souvenir ... (vieux de 20 ans déjà) :

Un douanier à Zaventem (Brussels Airport) se serait fait piquer par un moustique voyageur en inspectant un avion cargo venu d'Afrique. Quand le bon diagnostic a été établi (par l'institut de médecine tropicale d'Anvers, je crois), il était trop tard!  :(

Merci Karto pour ce rappel et cette actualisation de mes quelques connaissances en la matière!
(Début des années 50, mon père à moi se l'est choppée, cette malaria, et ce n'était pas drôle du tout, les crises ...)

PS :  pour rassurer un peu ... ces crises sont devenues de plus en plus rares avec le temps, et on disparu totalement après le retour définitif en Europe, en 65)
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

01 février 2009 à 12:07:51
Réponse #3

Karto


Merci :)
Oui, autour des aéroports européens il y a quelques cas isolés à ce qu'on m'a dit.

Bison tu parles du cas des expats, même aujourd'hui ces mecs là souvent ont un genre de fatalisme vis à vis du palu, même dans les régions avec la variété mortelle, parce qu'ils considèrent que ça ne vaut pas la peine de se pourrir la vie avec les effets secondaires des médocs, même si c'est la boîte qui paye le traitement. Je ne sais pas ce que donne la malarone après des années. Du coup malgré l'arsenal pharmaceutique disponible aujourd'hui, j'ai pas mal de collègues pour qui les crises font partie de la vie.
« Modifié: 01 février 2009 à 12:23:59 par Karto »

01 février 2009 à 12:26:22
Réponse #4

bastien


bonjour,

en fait la médecine préventive c'est bien quand ca marche et que les effet indésirable sont limité
je ne vais pas trop m'exprimer la dessus, je laisserai ce soins tout a l'heure à ma compagne qui est du métier.

petite choses donc je suis sur :

- les traitements préventifs augmentent la résistance au traitement curatif des parasites présents dans la zone : la population locale vous dis merci

- les traitements préventifs augmentent considérablement la difficulté de diagnostic par les techniciens de laboratoire, voir la rende impossible

- leur efficacité est limité (60% je crois à vérifier)

@+

01 février 2009 à 13:08:39
Réponse #5

Karto


Salut Seb :)

Les rapports entre la prévention chez les visiteurs et la résistance au traitement chez les autochtones est un point de vue intéressant, qu'on ne m'avait pas donné jusque là. Je suis intéressé par plus de détails (échelles de durées etc...)

Par contre sur les deux autres points :
- le diagnostic ne semble pas plus difficile pour les mecs qui m'ont parlé du sujet, spécialistes en la matière, mais je me garderai d'avoir un avis trop tranché sur ce point technique. Cela dit, je préfère diminuer drastiquement le risque d'avoir besoin d'un diagnostic, plutôt que d'être sûr qu'il soit facile à faire ;)

- l'efficacité est très variable en fonction de la molécule. Les 60% dont tu parles sont à ma connaissance une valeur juste pour la Savarine et d'autres trucs anciens, et ça dépend des variétés de la maladie. A l'opposé avec le truc le plus récent, donc contre lequel il existe actuellement le moins d'immunité chez les parasites, la malarone, à que je sais on est dans les 95% d'efficacité sur falciparum. Sachant qu'une fois le parasite installé cette souche tue dans 20% des cas correctement traités, je considère quand même que l'enjeu vital existe pour ma personne si je suis dans le coin, et que le médicament préventif peut vraiment m'aider. Où l'on retombe dans la question éthique que tu soulèves au début.

Je suivrai cette discussion avec attention mais là faut que je parte bosser pour quelques jours :) Je serai ravi de lire les développements le week-end prochain, en espérant y apprendre des choses :)

Ciao,

Mathias

01 février 2009 à 15:49:33
Réponse #6

Bison


Citation de: karto
Bison tu parles du cas des expats, même aujourd'hui ces mecs là souvent ont un genre de fatalisme vis à vis du palu, même dans les régions avec la variété mortelle, parce qu'ils considèrent que ça ne vaut pas la peine de se pourrir la vie avec les effets secondaires des médocs, même si c'est la boîte qui paye le traitement.

Bon, moi je vous parle d'un temps ... que les moins de (3x) vingt ans ne peuve,nt pas connaître ...
La prévention, en ce temps là c'était la quinine ...

Mon père, comme d'hab était assez insouciant, et nous avait précédé (en 1951) de deux mois. Cela a suffit pour que, livré à lui même, il attrappe la malaria et une dysentrie carabinée ...

Ma mère (très mère poule!) m'a tanné pendant 14 ans pour que je prenne quininne, puis plus tard Nivaquinne(?) en temps et en heure.

Il n'y a pratiquement pas eu de cas de malaria parmi les enfants et les épouses ... Et nous étions tous "pétants" de santé, parole!

Il faut dire que les "autorités" ont fait, là ou nous habitions, de très grands efforts pour éliminer les moustiques. Un récipient vide abandonné dans le jardin, = bassin de natation pour les moustiques, = PV!
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

01 février 2009 à 15:50:31
Réponse #7

Langouste


Salut  :)
Juste un commentaire :
Chaque cas est différent, avant de prendre un médicament il vaut mieux en parler avec un médecin compétent spécialiste du voyage et éventuellement avec son spécialiste (si on a un problème spécial: hépato, psy etc).
Dans certains cas il est plus intéressant de ne pas prendre de traitement prophylactique, dans d'autres c'est l'inverse...

Plein d'infos sur le site de l'OMS
Citer
Il y a eu 247 millions de cas en 2006, à l’origine de 880 000 décès, pour la plupart des enfants africains.


Olivier
« Modifié: 01 février 2009 à 15:59:57 par Langouste »

01 février 2009 à 15:56:24
Réponse #8

Sotret


Grillé par langouste  ;D

J'ajouterai quand même ce lien, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs094/fr/index.html

Il me semble aussi que la prophylaxie dépend des zones concernées, et que le zonage évolue dans le temps. J'ai trouvé ça http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Paludisme.png, à confirmer, en terme de source...


01 février 2009 à 16:48:17
Réponse #10

Anke


http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/CMU/2006/cours/hemolyse.pdf
C'est un peu pas mal technique au début, plus à la portée du commun des mortels à partir de la page 30.
Les formes graves, (fièvre quarte) que l'on peut associer ( pour se fixer les idées) aux fièvres hémolytiques ( atteintes hépatiques, modification des facteurs de coag et de la structures de gb rouges... Pour faire simple hein !) se résultent par des Coagulation Intra-Vasculaires Disséminées ( CIVD) le patient meurt pratiquement à tous les coups.

01 février 2009 à 21:06:52
Réponse #11

guillaume


Ah oui parce que les locaux, eux, ils ont souvent une certaine immunité génétique, ils choppent la maladie mais elle leur fait moins de mal qu'à nous.

Il me semble, dans le cas du palu et de l'Afrique que des populations atteintes de drépanocytose (Allèle HbS, hématies falciformes : en faucille) résistent mieux au palu.
Le drépanocytose est un "avantage" morbide pour un individu homozygote (donc ayant les deux allèles HbS) alors que cela confère un avantage dans les conditions environnementales de l'Afrique pour un individu hétérozygote (donc n'ayant qu'un allèle HbS). En effet, une partie des ces hématies seront falciformes mais pas assez pour qu'il en meurt mais assez pour que le pallu est moins de "prise" dessus (il ne "s'accroche" pas aux hématies falciformes.

Je ressors tout ça de mémoire hein mais je pense que c'est de ça dont ont t'a parlé Karto ?

a+

02 février 2009 à 00:11:00
Réponse #12

mad


Je vais essayer de faire bref, mais c'est un problème que je connais assez bien  ;) .
Deux cas différents:
1) le vacancier qui va quelques jours ou semaines dans un pays où le palu existe. Selon les endroits, la résistance aux traitements préventifs est différente. Mais les résistances s'étendent. Un toubib lambda vous prescrira du Lariam : c'est totalement à exclure (je refuse d'emmener en expé des gens qui ont pris du Lariam - j'ai eu trop de cas vraiment space à gérer - angoisses insurmontables, crises dépressives  lourdes etc.). La Malarone coute moins cher qu'un billet d'avion ou qu'un cercueil, et je pense que c'est un bon plan, sauf dans les endroits à faible résistance, où la Savarine (alliance nivaquine-paludrine) suffira. De toutes façons, la seule Nivaquine suffit à réduire le risque létal. En bref, pour un touriste pas fauché, Malarone, sinon, Savarine.
2) le mec qui fait plusieurs voyages par an dans des régions impaludées (mon cas), ou qui y réside (mon plus jeune fils). Là, les inconvénients d'un traitement préventif en continu dépassent les avantages (dommages oculaires, dommages hépatiques, surtout si on n'est pas abstinent d'alcool ;) ), et aussi contribution à l'augmentation de la résistance des souches locales. La solution est d'être conscient du risque, et d'avoir toujours un traitement curatif à portée de main. Auparavant, c'était l'Halfan, mais qui peut provoquer des accidents chez des personnes ayant des faiblesses cardiaques. Le Lariam en curatif est souvent proposé. Mais la véritable solution est donnée par les médocs à base d'artémisine (extraite d'une plante et connue en Chine depuis assez longtemps). Je suis physicien, mais je travaille sur des modèles en épidémiologie des maladies tropicales, et ma femme est toubib, et va aussi beaucoup en Afrique pour des ONG. En outre, c'est un chercheur de Pasteur qui m'a donné le tuyau il y a 10 ans - ce n'est donc pas un gri-gri.

Pourquoi n'en entendons nous guère parler en France? C'est parce que ce n'est pas commercialisé. Pourquoi? Pas assez cher. Il s'agit d'un vrai scandale, déjà dénoncé par les Poussin dans le deuxième volume d'Afrika Trek. Mais je ne veux pas développer ce point ici. Simplement, sachez que dans la plupart des pays du tiers-monde, on trouve, pour un coût dérisoire (quelques euros), des traitements à base d'artémisine (Arsumax) ou d'artémisine associée à un autre anti-paludéen (pour retarder l'apparition des résistances) qui peut vous sauver la vie. Mon plus jeune fils travaillait en RCA, maintenant il est au Gabon, et il a fait plusieurs crises de palu, aussitôt soignées par cette molécule. Quant à moi, je n'ai jamais fait de palu (alors que j'y ai été exposé plus que la plupart des gens - peut-être le whisky  :D ?), mais j'emporte toujours deux boites de traitement (pour moi et un collègue, ou en cas de deuxième crise sur un séjour long). Je les achète en arrivant sur place si je n'en ai pas d'avance (validité ~ 2 ans - se méfier, le pharmacien cherchera toujours à écouler en premier ses boites les plus anciennes, ce qui n'est pas top si vous voulez stocker pour un voyage futur).
La prévention moustiquaire est ok (mais jamais efficace à 100 %), quant au DEET, c'est plus pour le confort qu'autre chose, et c'est assez toxique (mais néanmoins parfois indispensable.
Plus de détails si vous en voulez  ;) ...

02 février 2009 à 06:37:14
Réponse #13

Gwangi


Excellent topo, merci beaucoup (d'autant qu'on projette avec ma copine une virée en Amérique latine dans l'année, pays encore à déterminer). :doubleup:

14 mars 2009 à 11:50:54
Réponse #14

François


J'ajoute juste un mot pour préciser au cas ou cela ne serai pas clair, que malaria et paludisme c'est la même chose.
Paludisme pour les francophones. Malaria pour les anglophones, germanophones, hispanophones, flamandphones, etc.. ;)
Espérer le meilleur, prévoir le pire.

25 mars 2009 à 23:23:29
Réponse #15

Nanette


Bonjour, je lis ce forum depuis qqs temps mais je viens juste de m'inscrire pour répondre sur ce sujet. J'ai été confrontée à plusieurs formes de palu et je crois qu'il y a une grosse précision à apporter : il y a une différence majeure entre d'un côté le psalmodium "vivax" qui prend généralement une forme bénine (bonne grosse grippe, avec possibilité de complications mais c'est rare) mais reste dans l'organisme à vie (c'est cette forme qu'ont beaucoup d'anciens expat d'Afrique et qui peut provoquer des crises à l'occasion de fatigue ou périodes de stress) et d'un autre côté les psalmodium falciparum (le plus courant), malariae et ovale (plus rare) qui étaient encore jusqu'à il y a peu la 1ère cause de mortalité dans le monde.

Contrairement à ce qu'a dit Wapiti, le Falciparum ne reste pas dans l'organisme après la crise (c'est le vivax qui reste dans l'organisme). Donc une fois la crise passée, on est définitivement guéri. Mais on peut attraper un nouveau falciparum plus tard dans sa vie à  l'occasion d'une nouvelle infection par un moustique. La période d'incubation est environ entre 8 jours mini et 1 mois. En revanche, le Falciparum peut-être très virulent, et parfois mortel. On peut garder des séquelles, principalement hépatiques (notamment dans les formes Africaines) et neurologiques (c'est le cas pour la Guyane).

Pour la prophilaxie, il faut distinguer plusieurs facteurs :
- quelles sont les résistances dans la zone, donc quel est le traitement préconisé, et quels sont les contre-indications de ces traitements ?
- quels sont les risques (nombre de cas, prévalence du falciparum) ?
- quelle est la durée du séjour ?
C'est la combinaison des facteurs qui guide un choix de prendre ou non une prophilaxie.

Par exemple, pour le Maroni en Guyane, le seul traitement préventif possible est lariam ou malarone, impossible de les prendre au long terme. Pour un séjour court, on peut faire le choix du Lariam mais avec des contre-indications majeures vus les effets secondaires possibles, ou du malarone (mais cher) ou de ne rien prendre et bien se protéger contre les moustiques (anti-moustique, manches longues le soir et moustiquaire la nuit) en sachant qu'à la moindre fièvre, il faut courir à Cayenne faire 2 ou 3 gouttes épaisses à qqs heures d'intervalle (1 seule goutte épaisse peut être négative malgré un palu) ou se farcir une boite d'Halphan dans le doute si on est au fin fond de la forêt.

Si on part en zone 3 (multi-résistance) avec peu de cas, on peut se poser la question de la pertinence d'une prophylaxie.

Si on part en zone 1 (pas de chloroquinorésistance, ces zones sont de plus en plus rares), il suffit de prendre de la chloroquinine, c'est pas grand chose, ça vaut pas le coup d'en faire l'économie (sauf allergies).

En zone 2, la savarine n'est pas non plus un traitement avec beaucoup d'effets secondaires, mais certains la tolèrent mal. Moi par exemple, ça me flanque des nausées terribles, donc en voyage, si c'est pour être malade les 3/4 du temps, je préfère ne rien prendre.

En plus, c'est parfois difficile de faire des choix car les services sanitaires des différents pays ne donnent pas les mêmes conseils. En France, ils ont tendance à charger en médocs par principe de précaution. En Suisse, ils conseillent le mini.

Enfin, c'est vrai que prendre du Lariam dans des zones de multirésistance peut avoir des conséquences non négligeables sur la résistance elle-même, avec pour conséquence que le seul traitement utilisé dans certains pays (Lariam) perde son efficacité au fur et à mesure que les moustiques deviennent résistant en piquant des touristes qui ont pris du lariam en préventif...

Je précise, je ne suis pas médecin. J'ai juste fait des longs séjours en Afrique de l'ouest (d'où j'ai ramené un vivax en souvenir) et habité en Guyane plusieurs années. J'ai fait moi-même un falciparum (pas trop grave heureusement), et ai vu plusieurs personnes avec des falciparums plus ou moins graves, dont un fatal.

Edit : après ce long message, il est bien tard. Je prendrais le temps de me présenter sur le forum demain.



26 mars 2009 à 08:46:10
Réponse #16

DavidManise


Edit : après ce long message, il est bien tard. Je prendrais le temps de me présenter sur le forum demain.

Ton premier message en dit déjà long sur toi, Nanette :akhbar:

Merci pour toutes ces infos précises et pertinentes.

David
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28 mars 2009 à 14:52:44
Réponse #17

mad


je n incite personne à prendre de decision par raport à ce que je dit

Excellente et utile remarque au vu de ce qui précède  ;D ...

28 mars 2009 à 21:47:59
Réponse #18

François


et pourtant ce sont des faits réels, et la preuve c'est que je suis là et mes potes se portent bien, à contrario je connais des ultra-lariam etc qui se sont choppés des palus-résistants, et pourtant ils sont resté que peu de temps

Moi aussi j'ai des potes qui n'ont jamais rien pris en préventif et qui se portent bien. J'en ai d'autres qui sont impaludés à vie et qui passent quelques semaines par an sous perf, à la limite du coma. Et un autre qui en est mort faute d'avoir été mis sous perf à temps.

A ma connaissance, le Lariam n'est plus employé en préventif mais uniquement en curatif sous contrôle médical. Quant à la quinine - le médicament miracle d'il y a 50 ans - elle ne marche plus que là où le palu est occasionnel : Afrique du Nord, Moyen Orient, Amérique Centrale et autres.

A mon avis, quand on n'a pas l'expérience de mad, et qu'on est pas accompagné par quelqu'un qui a son expérience, on consulte un médecin spécialisé et on fait ce qu'il dit. C'est trop con de se pourrir la vie pour avoir voulu jouer les rambos pendant quinze jours. Les traitements préventifs actuels marchent bien quand ils sont adaptés à la zone fréquentée, même s'il y a toujours quelques % de "ratés".

Le cas de ceux qui sont exposés pendant des années est différent. D'abord ils ont des habitudes de vie qui évitent la plupart des piqures. Ensuite, ils développent une certaine immunité qui rend les crises de palu moins fortes et plus faciles à traiter.
Espérer le meilleur, prévoir le pire.

29 mars 2009 à 23:54:47
Réponse #19

mad


Moi aussi j'ai des potes qui n'ont jamais rien pris en préventif et qui se portent bien. J'en ai d'autres qui sont impaludés à vie et qui passent quelques semaines par an sous perf, à la limite du coma. Et un autre qui en est mort faute d'avoir été mis sous perf à temps.

A ma connaissance, le Lariam n'est plus employé en préventif mais uniquement en curatif sous contrôle médical.

Si, malheureusement François, il y a encore beaucoup de médecins qui prescrivent du Lariam en préventif, même pour des endroits où il n'y a aucun risque de palu, ce qui est inutile et dangereux ...

A part ça, ton post est juste, et c'est dommage que papovka l'ait compris à rebours, comme si tu souscrivais à ce qu'il disait, alors que je trouve autant que toi son discours totalement irresponsable.

Karto a pris la peine de faire un bon topo sur le sujet en ouvrant le fil : http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,14829.msg217258.html#msg217258
et j'ai pris la peine de compléter avec ce que je sais d'expérience : http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,14829.msg217471.html#msg217471
et ça me gave un peu que quelqu'un poste un truc où le nombre de fautes d'orthographe n'est dépassé que par le nombre de contre-vérités dangereuses.
Il s'agit de la vie des gens, et il n'est pas acceptable de dire n'importe quoi.
Je ne me pose certes pas en sommité incontournable, mais j'ai réfléchi avant de poster mes suggestions basé sur une longue expérience dans des pays aux quatre coins du monde, et il serait sain que chacun prenne quelques secondes avant de poster des âneries dangereuses.
PS : pas de smileys, il n'y a là vraiment rien de drôle.

PPS : s'il y a encore besoin de prouver l'incompétence dangereuse de papovka, notez qu'il parle de virus à propos de la malaria ...

30 mars 2009 à 08:38:33
Réponse #20

DavidManise


Oulah :o

Je n'avais pas lu le post de papovka dont vous parlez...  j'ai pris trente secondes pour le supprimer (sorry papovka mais je peux pas publier ça :-[).  Non seulement c'est truffé de contre-vérités (qui sont certes basées sur l'expérience directe, mais c'est bien la preuve que nous sommes tous victimes de notre propre expérience !) et c'est dangereux, mais en plus ça n'apporte rien au débat.  Ca revient un peu à dire qu'on peut tous fumer 2 paquets de clope par jour parce que je connais un papy qui a fait ça toute sa vie et qui est mort dans un accident de parapente à 97 ans.  Certains ont une constitution (ou une chance) hors du commun.  Tant mieux pour eux.  Mais ça n'est malheureusement pas le cas de tous.

Par ailleurs, le fait que les palus choppés malgré les traitements préventifs soient plus difficiles à soigner prouve simplement que le palu en question était déjà résistant...  pas que le traitement préventif nuise au traitement curatif au niveau individuel.  Ceci dit il est vrai que les traitements préventifs rendent -- par sélection naturelle -- les palus résistants : ceux qui réussissent à se reproduire dans un bain de traitement préventif sont favorisés, et leurs descendants sont résistants.  Mais bon.  Il y a là une imprécision dangereuse... 

Les posts de Karto, Mad, Nanette et autres suffisent à ce sujet, qu'on devrait à mon avis résumer dans un article du wiki à titre informatif, en insistant bien sur le fait qu'un médecin compétent doit être consulté.  D'ailleurs l'une des préoccupations majeures du HonCode (gage de qualité pour les sites à teneur médicale) est justement que le site ne se substitue pas au rapport médecin-patient. C'est pas pour rien ;)

Ciao !

David
« Modifié: 30 mars 2009 à 08:46:18 par DavidManise »
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

30 mars 2009 à 09:36:13
Réponse #21

Kilbith


Bonjour,

Je trouve ce fil très intéressant....avec des posts complémentaires.

*D'un coté nous avons des avis "scientifiques" et "médicaux"
*De l'autre des avis de personnes expérimentés ayant un bon background scientifique.
*Enfin, nous avions la perception de "l'homme de terrain".

Si on prends le temps de lire, on se rend compte que les avis ne sont pas si différents, seulement les perceptions et l'expression de celles-ci. Il ne faudrait pas s'arrêter sur des problèmes d'expressions.


Je prends un exemple :

Imaginez une région ou sévit le paludisme. Imaginons un camp militaire occidental installé dans la région depuis de longues années. Les militaires installés pendant plusieursmois ou années prennent des traitements préventifs de type Lariam. On nous signale deux problèmes :

*Troubles psychologiques chez les militaires (qui sont puissamment armés je le rappel). MAHA, ils n'ont pas besoin de cela (éloignement de leurs familles, isolement culturel, stress....)
*Développement de formes résistantes du palu dans la région au détriment des populations locales.

Dans les deux cas, cette façon de faire (cure préventive) pose peut être de plus gros problèmes au populations locales et aux militaires que celle exposée dans le témoignage de papovka. D'où les pratiques (peut être implicitement cautionnées par la hierarchie...)


La situation d'un touriste se rendant épisodiquement et/ou pour un séjour de quelques semaines en terrain infesté est toute différente.


...écoutons ceux qui ont de l'expérience, même s'ils n'ont pas de "gros mots" pour l'exprimer.  :closedeyes:


MAIS c'est vrai qu'en ce domaine (la médecine) les approximations dans le message sont sources de confusions donc de danger...En ce sens le message de Papovka ne pouvait rester en l'état.


Post à vie courte.  ;)
« Modifié: 30 mars 2009 à 10:28:24 par Did »
"Vim vi repellere omnia jura legesque permittunt"

06 avril 2009 à 15:39:14
Réponse #22

Thony


Mon expérience perso:
Pour ma part la première fois que je suis parti dans un pays exposé j'avais testé le Lariam une semaine avant, en bonne santé physique et mentale à l'époque (du moins on l'admettra) je ne me suis pas senti plus con que d'habitude mais j'avais passé une première nuit horrible entre insomnies et cauchemars, ce qui marque passé la vingtaine, la seconde nuit ayant été aussi terrorisante que la première je suis alors passé à la Malarone et aucun effet secondaire à déplorer.
Quelques collègues sont dans mon cas et tolèrent mal le lariam, la plupart du temps c'est troubles du sommeil et idées noires, personne n'a jamais eu de problème avec la malarone.

En général quand je pars dans un endroit pour la première fois peu importe la durée je prend de la malarone en préventif et j'avise sur place si je peux m'en passer suivant la période/le lieu/l'exposition. De mémoire il est fortement déconseillé de dépasser trois mois de traitement préventif.

06 avril 2009 à 16:56:08
Réponse #23

Bison


Il y a un truc que j'ai du mal à comprendre :  le développement de formes résistantes du palu.

Dans les zones à moustiques, il en a des milions et plus par km². Quelle peut être l'influence, sur la population des moustiques, de quelques piqures sur des êtres humains protégés?

Le mécanisme de la sélection naturelle dans ce contexte, je ne le sens pas bien ...

SVP :  une explication simple me suffira! :)
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

07 avril 2009 à 02:02:29
Réponse #24

Thony


A la base ou suite à évolution/mutation des souches sont plus résistantes que d'autres à un traitement, si dans une zone on donne à tout le monde d'un medoc les souches qui vont le plus se développer sont celles y résistant, après plusieurs années les chances d'être infecté par la souche en question deviennent assez grande pour qu'on considère le traitement comme inefficace.

C'est arrivé dans certains pays gavés à la chloroquine qui ne coute rien, je ne suis pas sûr que trois pauvres expats avec leur malarone à 120€/mois entrainent les mêmes ravages.

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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