Salut les coquinous
J'ai l'impression qu'on n'a pas encore vraiment parlé de la malaria, si ?
Je ne suis pas médecin et je n'ai pas tellement d'expérience avec ça, vous ne m'en voudrez pas, je fais juste un exposé de ce que je sais du problème, dans le but de présenter une vue hyper condensée du risque et des conduites à tenir. Ca pourra toujours servir pour ceusses qui ont quelques vacances tropicales dans le colimateur
Tout avis éclairé ne pourra qu'améliorer ou corriger ce que j'écris, j'ai conscience d'être assez approximatif.
La malaria, c'est quoi ?C'est un parasite injecté parfois lors des piqûres d'un moustique anophèle. Le parasite migre rapidement vers le foie (30 minutes) où il se reproduit. C'est la période d'incubation. Selon les gens et les conditions, elle peut durer
de 7 à 60 jours.
Ensuite le parasite se dit "on s'ennuie ici elles sont où les meufs je vais bouger de là moi je vais tout casser" et comme il n’a qu’une parole il va dans le système sanguin et détruit les globules rouges. C'est la crise de paludisme. La crise se traduit par des symptômes variés incluant normalement de la fièvre et des tremblements, mais aussi selon les gens des maux de tête ou de ventre, des diarrhées ou vomissements. En fait les symptômes ressemblent le plus souvent à une bonne grippe, mais si la crise est violente des pertes de connaissance peuvent survenir également.
Il existe essentiellement quatres variétés du parasite : vivax, ovale, malariae et falciparum. Les trois premières variétés sont rarement mortelles, mais si on n'a pas de pot on peut y rester quand même. Les personnes affaiblies ou les enfants sont particulièrement vulnérables. Sinon, pour les autres, en général les sujets continuent à mener une vie normale ponctuée de crises qui s'espacent peu à peu et perdent en violence. Même correctement traitées, la contamination par l'une de ces trois variétés est définitive.
La quatrième variété, falciparum, est souvent mortelle si non-traitée chez les population non autochtones.(j'ai pas de stat sous la main je suis un fainéant). Ah oui parce que les locaux, eux, ils ont souvent une certaine immunité génétique, ils choppent la maladie mais elle leur fait moins de mal qu'à nous. Par contre, correctement traitée la variété falciparum peut être éradiquée complètement du corps. La personne sera guérie mais pas immunisée, et une piqûre suivante pourra la recontaminer. On trouve cette variété du côté de l’Afrique de l’ouest pour ce que j'en sais, mais peut-être aussi ailleurs, à chacun de prendre ses responsabilités avant de voyager.
La malaria se trouve dans beaucoup de pays tropicaux, à vous de vous renseigner selon où vous allez, mais si on peut citer quelques coins où le risque est particulièrement haut bin on va pas se priver :
- Amérique : bassin d'Amazonie
- Asie : Indonésie, Cambodge, Myanmar, Thaïlande, Viêt-Nâm
- Afrique : Angola, Cameroun, Gabon, Nigeria, Congo, Ouganda, Soudan, Tchad (le côté mouillé de ces deux là, pas dans les cailloux), Côte d'Ivoire et plein d'autres...
Le retour à la maison...Si vous choppez la malaria dans un pays à risque et qu'une structure médicale est accessible, le personnel soignant saura en général à quoi il a affaire et prescrira le traitement approprié, si disponible, hin hin... Le problème apparaît plutôt lors du retour à la maison. Vu que l'incubation peut parfois être super longue (deux mois), il n'est pas rare de voir des cas se déclarer en Europe où les médecins font un mauvais diagnostic, par manque d'habitude de cette maladie. Le temps perdu peut être précieux, voir vital, surtout si on est déjà KO. C'est pourquoi si l’on consulte il faut donner un peu des tuyaux au médecin, l'informer du voyage dont on revient, du risque de malaria. Mieux, dans pas mal de ces pays on peut acheter des médicaments sans trop se fatiguer en formalités, il peut être opportun de s'y procurer un traitement curatif qu'on rapporte à la maison et qu'on commence si jamais une crise se déclare et que le médecin de famille se fourre visiblement le doigt dans l'oeil et persiste dans l'erreur de diagnostic. (bon en fait non j'ai rien dit c'est un avis médical, mais bon hein voilà quoi, à chacun d'être responsable).
Je discutais l'autre jour aussi avec un mec qui est un porteur connu du parasite depuis longtemps, et qui a eu une crise une fois en France. Il a perdu connaissance en moins d'une heure, et quand sa femme l'a transporté à l'hôpital et a donné les instructions au personnel soignant, les médecins ont refusé de lui donner un traitement anti-palu et ont commencé à essayer de faire des diagnostics farfelus. Il a fallu toute la force de persuasion et la crédibilité de cette femme qui était infirmière pour que le mec reçoive un traitement adéquat et ne soit pas emporté par cette crise particulièrement violente.
Prévention : éviter les moustiquesBin ho je vais pas donner les mille et unes astuces pour ne pas se faire piquer, ça va de soi... les moustiques aiment l'eau stagnante, se baladent surtout à l'aube et au crépuscule, ils se glissent rarement sous les vêtements longs, ils ont peur du DEET et des spirales, ils s'engourdissent dans l'air froid et ils passent difficilement à travers les moustiquaires... Ne pas se faire piquer, c'est le top. C'est ça la vraie prévention.
Sursis en cas de piqûre : les médicaments préventifsBah oui j'aime plus trop le mot "prévention" là, pour moi ces médicaments rentrent plutôt dans la catégorie des trucs qui visent à limiter les conséquences d'erreurs déjà commises, comme les ceintures de sécurité quoi, parce qu'aucun n'est efficace à 100%. Mais bon franchement c'est dur de ne pas se faire piquer du tout sans vivre terré sous un climatiseur.
Les médicaments préventifs se présentent comme des cures à commencer avant le début du séjour, et qui se terminent après la fin du séjour. Les modalités concrètes seront expliquées par les médecins, pharmaciens, et la notice des médicaments. Cela dit, si vous pouvez un peu influencer votre médecin quand il fait l'ordonnance...
- Malarone, c'est le top pour le moment. Mais c'est le plus cher (dans les 45 euro pour 12 jours de traitement je crois). Une pilule par jour, quasiment pas d'effet secondaires (en fait je ne connais personne qui ai subi d'effets secondaires à la Malarone même après plusieurs semaines de cure, même si en théorie certaines personnes peuvent avoir mal au bide ou mal de tête). Seulement une semaine de traitement après la fin du séjour, et un jour avant le début du séjour. Haute efficacité contre toutes les variétés de malaria.
- Lariam (mefloquine), le plus connu en France peut-être, à tort. Moins cher que la Malarone, seulement une pilule par semaine, mais le spectre et l'efficacité sont de plus en plus mauvais, les parasites ayant eu le temps d'y développer une bonne résistance. Et puis les effets secondaires sont non négligeables, courants, et d'ordre neurologique. Pour parler franchement, le Lariam ça rend con, mais l’effet est réversible une fois le traitement arrêté. Demandez à Lemuel ce qu'il en pense... (et pourtant il a arrêté depuis un moment, le bougre).
- Doxycycline, une bonne alternative au Lariam pour un prix du même ordre. Une pilule par jour, une protection comparable à celle du Lariam. Les effets secondaires sont plutôt digestifs et dermatologiques. La peau devient très sensible au soleil pendant la cure. Pas bon pour les vacances sous les cocotiers.
- Savarine, et autres machins plus anciens... les parasites y sont devenus trop résistants. Même Tintin n'en voudrait plus.
Bref pour moi le mec qui a de quoi se payer des vacances sous les cocotiers ne devrait pas être assez radin pour se priver de Malarone.
Dépistage en cas de douteLe meilleur dépistage, lorsque un ou plusieurs symptômes se présentent, est une analyse au microscope d'un échantillon de sang. Ca prend cinq minutes à faire dans un hôpital où la pratique est habituelle, et normalement c'est très bon marché.
Lorsque l'analyse microbiologique n'est pas possible, on peut toujours s'auto-tester avec un kit incluant des bandelettes, un éluant et un réactif. Environ quinze euro par test, dans toute les bonnes crèmeries. A mon avis une paire de ces tests a sa place dans la trousse du voyageur tropical, surtout une fois rentré à la maison, à garder pendant deux mois dans un coin. De faux positifs sont possibles. En cas de négatif, retester douze heure plus tard, et continuer à essayer d'obtenir un soin médical professionnel ! ATTENTION, contrairement au test microbiologique, ces tests en bandelettes ne détectent en général qu'une seule variété de malaria. Se renseigner sur la variété qui infeste le coin qu'on compte visiter.
Traitement curatifSi docteur compétent sur le sujet à portée de main => garder espoir.
Si pas de docteur, ou si docteur européen qui n’a jamais vu de crise de malaria... Il existe depuis quelques années un médicament nommé Coartem qui est un traitement curatif. Il permet normalement de se débarrasser complètement de falciparum, et soigne les crises graves avec les autres variétés. Se renseigner chez qui de droit.
A défaut, un surdosage de la Malarone peut officier comme substitut de traitement curatif en attendant de pouvoir faire mieux. Consulter la notice...
Voilà. J'espère que ça pourra être utile à l'un ou à l'autre. Ciao les gars !
Mathias