Bon ben si les vieux se font rares, et puisque je ne trouve aucune video montrant la technique que j'ai apprise sur l'enclumette avec laquelle j'ai appris, je vais essayer d'expliquer. Pour ce que ça vaut ! Je tapais avec un marteau ordinaire, et je n'ai jamais fauché plus que quelques centaines de m² d'herbe ! Par contre, le fait est que la faux coupait beaucoup mieux après tapage que avant.
Encore une fois, rien ne remplace une démonstration de visu, et des conseils et corrections dispensés lorsqu'on s'y essaie ensuite soi-même.
L'enclumette ardéchoise, c'est comme ça (celle qu'on voit en plus gros, en premier plan) :
http://thueyts.ardeche-brocante.com/list.taf?CategorieId=432&Action=ArticleDetail&ArticleId=2565&Back=http%3A%2F%2Fthueyts%2Eardeche%2Dbrocante%2Ecom%2Flist%2Etaf%3Faction%3Dlist%26CategorieId%3D4321) idéalement, la lame est démontée du manche. Mais, en penchant l'enclumette vers l'avant, on arrive à taper la faux selon le bon angle sans démonter le manche.
2) on plante l'enclumette dans le sol. Pour cela, on tape avec le marteau sur la "seconde marche" de l'enclumette, celle qui est pile au-dessus du bord de la boite plastique sur la photo. Cette surface ne sert qu'à cela, évitant ainsi de taper inutilement sur la surface de la "lèvre" supérieure qui sert ensuite à taper la faux, ce qui pourrait l'abimer. Quand l'enclumette est enfoncée dans le sol jusq'au 4 tortillons qui servent justement à éviter que ça s'enfonce plus, on arrête.
3) on nettoie bien le fil de la faux (un coup de papier verré puis un coup de chiffon). Il faut éviter qu'il reste une saleté qui ferait une amorce de rupture sous le marteau.
4) on s'assoit par terre, les jambes étendues de chaque côté de l'enclumette.
5)on positionne la lame de la faux devant soi, sur la "lèvre" qui constitue le dessus de l'enclumette : fil vers soi ; dessus de la lame vers le bas ; plan de la lame à peu près parallèle au plan du dessus de cette lèvre... (si on n'a pas demanché la faux, il faut que l'enclumette soit nettement inclinée vers l'avant pour que la lame soit paralèlle à la lèvre supérieure de l'enclumette ; sinon, le manche ne pouvant pas s'enfoncer dans le sol, il nous empêche de mettre le plan de la lame parallèle au-dessus de la lèvre) ; fil engagé au-dessus de cette lèvre de seulement la profondeur qu'on veut taper, à savoir 2 à 4 mm.
6) on tape le fil de la lame entre le marteau et l'enclumette. Pour une largeur d'enclumette, on tape quelques fois dehaut en bas, puis on passe à la largeur suivant en assurant un recouvrement. Ainsi, on affile le fil : à partir d'une lame épaisse d'au moins un millimètre, le dessous de la lame (côté vers le sol en utilisation normale, mais côté vers le haut au moment de taper) ne change presque pas. Par contre, le dessus de la lame (côté vers l'enclumette au moment de taper) prend en creux la forme d'un côté de la lèvre de l'enclumette. C'est à dire qu'il s'affine. Une fois remise dans le sens de la fauche, le fil de la lame doit ressembler à la forme des affreux "coupe-gazons" qu'on voit en bas des spoilers de voitures tunées : incurvé sur le dessus, horizontal sur le dessous. Chisel concave asymétrique, diraient certains...
On passe plusieurs fois sans trop taper à chaque fois, pour ne pas trop déformer le fil à chaque passage, pour qu'il reste bien droit (sinon le fil ressemble à celui d'un un couteau à pain au lieu de celui d'un couteau de boucher !).
7) Quand on a un fil qui, sur 2 à 4 mm de profondeur, passe de l'épaisseur de la lame côté corps de la lame (soit environ 1 mm), à très très fin côté fil (genre moins d'1/10e de mm, pas brillant ou à peine), avec cette jolie forme incurvée façon coupe-gazon de spoiler de voiture tunée, c'est bon. Ne pas taper trop : si le fil devient trop fin et allongé, il devient cassant.
8 ) reste plus qu'à l'aiguiser à la pierre. Là on trouve des vidéos qui montrent très bien le geste, alors je ne détaillerai pas plus. Juste une précision : appuyer plus fort côté dessus de la lame (donc le côté qui a été le plus modifié par le tapage). Le dessous de la lame doit rester droit. C'est un peu comme la lame d'une paire de ciseau : c'est le biseau qu'il faut affuter, pas le côté qui frotte contre l'autre lame.
En fait, dans cette opération, non seulement on affine le fil, mais en plus on le durcit par écrouissage.
A noter qu'une faux destinée à couper de l'herbe ou des céréales a une lame longue et ralativement fine ; elle peut avoir un fil bien affiné.
Une faux à broussailles a une une lame nettement plus forte (courte mais épaisse). Si on a une telle faux, ne pas chercher à couper de l'herbe avec, c'est déséspérant ! Il faut la réserver aux broussailles. Lors du tapage, il faut créer un fil beaucoup moins affiné (sur 2 mm de profondeur, pas plus), plus solide.