Ok Diesel, je ne prévoyais pas "de la ramener" avec ma liste normale car je suis venu dans ce forum pour apprendre à simplifier davantage et m'initier aux techniques de survie, mais vu que j'y suis invité je vais recopier un message que j'ai posté initialement sur le site RL, désolé c'est un peu long mais bon... Ce message a été le point de départ de ma liste hivernale publiée dans le magazine expémag [pub], liste que j'ai complétée avec l'explication des techniques sur le forum RL.
Feu:
Introduction
Ca fait un bout de temps que je suis dans ce forum [randonner léger], et je constate que ma liste a en fait assez peu varié. J'ai bien fait quelques incursions dans les concepts XUL mais je suis toujours revenu à mon concept initial qui est la simplicité et l'efficacité alliée à la sécurité. Cette simplicité est avant tout dans le matériel, mais également dans son utilisation mais surtout dans sa diversité d'utilisation ce qui fait que je n’ai pas trente-six milles listes différentes. En effet, je n'aime plus trop me poser des questions au sujet de la météo qui viserait à prendre ou ne pas prendre tel ou tel équipement, de prendre cette version ou une autre.
Ma philosophie c'est de partir et de voir venir. J'aime pouvoir changer d'avis en cours d'itinéraire et décider de faire un bivouaque dans des conditions et à une élévation que je n'avais pas forcément envisagé au moment de composer ma liste. Même si le temps est pourri, je pars quand même, sans me mettre toutefois en danger de mort. Ma liste doit donc être capable de s'adapter au terrain et aux conditions tout en respectant mon désir impérieux de dormir dehors hors tente et avec un minimum de confort, la sécurité devient de ce fait importante, un minimum de redondance également. Le prix a une certaine importance aussi.
Je ne vais pas vous faire une liste exhaustive de mon matériel avec les poids, mais plutôt mentionner les composants importants et expliquer pourquoi je les prends. La raison c'est que, comme la fait remarquer Laurent, les listes ne mentionnent pas les conditions d'utilisations ni les pourquoi de tel ou tel élément, c'est cette remarque qui a motivé ce message. Je vous préviens, ce n'est pas du XUL, je me considère comme un MUL modéré, j'ai parfaitement conscience des nombreuses réductions de poids que je peux faire mais mon cahier des charges est bien respecté avec ma liste.
L'abri
Mon concept, qui n'est pas nouveau, est articulé autour d'un micro tarp de 250gr y compris cordages. Le problème avec mon premier tarp, une Cave1 (460gr), ou toute autre grande tarp, c'est qu'il n'est pas toujours aisé de le monter en fonction du terrain sur lequel on se trouve. L'avantage de la micro-tarp est qu'il se monte plus facilement, on a vraiment l'impression de dormir dehors, il protège de la pluie lorsqu'on se fait à manger, il est très résistant au vent en fonction des différentes façons de le monter et le matériel reste à l’abri.
Là ou le micro-tarp n'est pas avantageux c'est en cas de pluie avec beaucoup de vent. Les turbulences du vent peuvent, malgré tout gicler de la pluie sur le sac de couchage. On pourrait certes monter le tarp comme sous forme d'un tout petit tunnel, mais j'aime pas dormir dans un tunnel, et si les conditions forcissent à ce point, je n'ai pas envie de démonter le camp pour le remonter dans une autre configuration. La solution à ce problème est fort simple: le sursac.
Le sursac en question ne sera pas souvent utilisé alors j'ai choisi un modèle très simple, léger et efficace. Il s'agit du survival bag de Rab qui pèse env. 350gr, il est bien respirant, protège vraiment de la pluie et est très résistant au contraire des modèles en Pertex à point de prix et qui finissent par prendre l’eau. Si d'aventure je devais dormir en altitude au creux d'un rocher, sur une vire, ou que les conditions météorologiques se dégradent au point que le tarp doit être démonté, ce sursac me protègera bien. Ce modèle est utilisé par les alpinistes pour faire un bivouaque imprévu en altitude. Le sursac ajoute quelques petits degrés de plus au sac de couchage.
On pourrait arguer de laisser le tarp à la maison et dormir tout le temps dans le sursac. Et bien non, le micro-tarp permet de dormir dehors confortablement à l'abri de la rosée, de la pluie normale, de se protéger de la pluie pendant qu'on se prépare à manger, de garder ses affaires à l'abri de la dite pluie etc. L'ensemble tarp+sursac est une excellente combinaison pour ceux qui aiment dormir dehors dans toutes les conditions avec un minimum de confort, pour un poids modeste, un prix modeste et une bonne résistance générale. Pour l'hiver, la seule chose supplémentaire que j'ajoute dorénavant, est une pelle snowclaw de 170gr pour pouvoir aisément creuser une dépression dans le terrain, monter un muret de protection pour le vent ou carrément un trou à neige. En forêt, une petite scie peut s'avérer fort pratique pour construire un cadre sur lequel on pourra appuyer le tarp ou la couverture de survie, se créant un abri béton en maintenant un bon niveau de confort.
Le sac de couchage
J'ai investit dans un bon sac de couchage -1C (vraiment conservateur) de 720gr pour mes randonnées typiquement 3 saisons et un bon -15 de 1260gr pour l'hiver et les moments plus froids d'avant et après hiver. La plume est sensible à l'humidité mais cet inconvénient est en partie limité par l'utilisation de mon sursac dans lequel je n'ai pas encore expérimenté de condensation. J'ai choisi la marque Western Mountaineering car ils font de très bons sacs, mais surtout parce qu'il font des modèles plus larges et plus longs pour les grands gabarits comme moi, ce qui explique qu’ils sont un peu plus lourd que ce vous trouverez vous-même. J’ajoute que j’ai une fermeture éclaire complète qui me permet d’utiliser mes sacs de couchage dans une grande diversité de températures.
Le sac à dos
Sujet sensible celui-là. Pour une petite semaine d'autonomie, j'en ai essayé pleins et n'ai pas trouvé le bon compromis pour moi. J'ai un GolIte Jam que je trouve bien pour deux jours, son absence totale de structure ne pose pas de problème avec peu de charge, mais pour les plus longues sorties les bretelles même sont pas assez confortable à mon goût. Je n'aime pas mettre le matelas dedans pour créer une structure pour plusieurs raisons, Premièrement, j'aime faire une petite sieste après déjeuner et n'ai pas envie de devoir défaire complètement le sac pour le sortir. Idem pour les pauses et le repas de midi en hiver, oui, j'aime bien manger et ne lésine pas sur cet aspect des choses. Mon sac idéal ressemble fort aux LightWave ou aux Crux, avec un léger rembourrage de dos et surtout une structure interne qui confère un confort de portage des plus surprenants, mais leurs bretelles ne sont pas adaptées à ma morphologie. Alors je reste sur un vieux sac de mon fils qui pèse 1220gr au lieu des 950gr du LightWave en bleu. Avec ce sac de 42L je ne crains pas de charger la bête. Si je veux monter en altitude et prendre davantage d'eau ou avoir plus d'autonomie en nourriture, je sais que ce sac me le permettra dans d'excellentes conditions.
Le matelas et le tapis de sol
En hiver, je ne chipote pas, je prends un Thermarest ZRest à 400 et des poussières et un Gossamer NightLightà 215gr . J'ai jamais senti le froid avec ces deux matelas l'un sur l'autre. Une autre option serait de prendre le NightLight et un matelas plus court pour le torse gonflable pour diminuer les éléments fixés à l'extérieur du sac. Pour les autres saisons, le NightLight seul fait bien l'affaire, posé sur une couverture de survie ou un film de Polycro Gossamer. Pour ma sortie prévue en mai je vais prendre un tapis de sol dans le genre Pare-soleil et un demi matelas mousse. Le tout étant plus léger, moins encombrant et plus durable que la couverture de survie et un matelas complet.
La Popotte + réchaud
J'ai fait passablement d'essais de réchauds à gaz et à l'alcool à brûler, même parfois du feu qui offre le record de légèreté et d'autonomie mais ne peut pas être employé partout en raison des interdictions, risques ou altitude. Le gaz à un meilleur rendement que l'alcool sur des randos plus longues, pour autant qu'on ait pas du ravitaillement en alcool à brûler de manière régulière. Mais cela n'est pas la raison primordiale pour moi de préférer le plus souvent le gaz. Le gaz, ou même l'essence, est un meilleur choix par temps vraiment froid car l'alcool brûle moins bien mais c'est surtout pour des raisons de commodité que le gaz est pratique, faire fondre 3L d'eau c'est pas pratique avec un réchaud à alcool. Déjà que en dessous de -10 -15C il faut chauffer la cartouche de gaz, je vous laisse imaginer les galères avec un réchaud à alcool. Il y'a même clairement des situation ou l'essence est préférable.
J'en reviens au gaz en usage 3 saisons. Le risque de bouter le feu avec un réchaud à alcool n'est pas négligeable, surtout si je me retrouve en altitude avec de mauvaises conditions. Il faut s'imaginer, par exemple, à 2800m avec de la pluie, beaucoup de vent, hors tente à se chauffer de l'eau ou se préparer à manger sur un petit réchaud à alcool, les doigts gourds par le froid et l'effort, les turbulences de vent faisant vaciller la flamme malgré le parevent etc. Le gaz réponds mieux au concept de sécurité, de stabilité de flamme, de diversité et de confort que je me suis fixé. Pour la popotte, c'est simple, une MSR Titan Kettle qui à une contenance de 85cl permet de chauffer de l'eau pour un lyo et la soupe, idem le café et le porridge du matin, cela permet même de préparer des plats qui nécessitent de la cuisson, oui avec le gaz, c’est facile de mijoter. Finalement, je prend cuillère en plastique, un mini couteau et pas de fourchette.
L'habillement
J'aime bien les vêtements polaires car ils sont bon marché (sauf les marques, arctéryx en tête) et très solides, la mienne a une demi fermeture et pèse 370gr en XL, elle est presque trop petite pour moi mais elle reste plus compacte. J'ai été tenté par une doudoune synthétique qui offre un rapport poids/température et compressibilité inégalés, mais elles sont très fragiles, très chères et elles s'usent très facilement aux sangles du sac à dos car on peut être fréquemment appelé à les porter, sauf en été bien sûre. Je réserve la PowerShield pour les conditions vraiment froides car elle prend maintenant l'eau après 2 ans d'utilisation, ou alors, je prend une veste pluie en plus. J'ai une doudoune micro-puff avec capuche que je prends en plus pour l'hiver que j'enfile pardessus les vêtements portés lors des pauses et au bivouaque. Elle m'ajoute également quelques degrés de plus sur mon sac de couchage. Je prend au gré de la saison une sous-couche thermique de type odlo, éventuellement de petits gants fins. Pour l'hiver, je respecte le principe des trois couches pour mes gants avec des Gram mittens en paclite et paumes xcr de chez Hagloffs.
Protection pluie
J'ai essayé divers produits plus ou moins légers. J'ai une veste et pantalon DriDucks de chez Gossamer gear, pour 300gr le tout mais après plusieurs usages ce matériaux n'est pas à la hauteur et la capuche n’est pas suffisante pour la tempête. On dirait du papier en fait. J'ai un KWay mais après avoir pris une vraie rincée avec du vent violent, j'étais aussi mouillé dedans que dehors, en clair, la capuche est insuffisante et le KWay ne ferme pas bien. J’ai une veste DryEdge Millet qui pèse aux alentours des 300gr, elle est plus solide que du PacLite, une respirabilité fort correcte, mais j’ai succombé à la tentation et acheté la cagoule en MP+ chez RaidLight en soldes. Je l’ai essayée lors d’une rando de 3h sous une bonne pluie et je suis surpris par sa respirabilité. C’est fragile, mais on ne la porte pas très souvent alors je crains moins l’usure aux bretelles que pour la doudoune. Pour le bas, un pantalon KWay avec une fermeture suffisamment longue afin de pouvoir l’enfiler sans se déchausser.
Souliers
Hé hé hé, pour respecter le principe de pouvoir passer partout dans un maximum de conditions, j'ai des Meindl Air Revolution 2. Elles me conviennent bien, mais j'avoue que j'aime bien prendre mes trails Columbia parfois, surtout en plein été. Les Meindl sont très spacieuses. Hors l'hivers, j'ai une semelle dedans qui réduit son volume et me permets de porter des chaussettes fines, en hiver par contre, je l'enlève et je peux ainsi mettre des chaussettes bien épaisses.
Divers
Ma pharmacie n'a rien d'extraordinaire, j'ai bien suivi les débats houleux mais forts instructifs sur la pharmacie et je penche un peu plus vers la sécurité que vers la légèreté à tout prix. Comme on ne se lave pas très souvent, j'aime avoir une hygiène intime correcte, c'est là que les problèmes peuvent apparaître, je prends dès lors quelques lingettes hygiéniques que j'emploie après les gros besoins et ne les laisses pas traîner dans la nature. L'hygiène des mains est très importante au moment de manger. J'ai un sifflet et du petit matériel, un peu de power tape, une épingle à nourrisse, un peu de cordelette de rechange etc. Il m'arrive de prendre un petit GPS Geko (88gr) au cas ou, mais mon moyen de repérage est la carte et le terrain en priorité. Une petite lampe frontale Ion, un téléphone mobile, une montre altimètre Suunto et une mini boussole/ thermomètre de secours et voilà. Le kit petit matos et pharmacie fait moins de. 250gr sans le GPS et le téléphone.
La nourriture
Ceux qui commencent à me connaître par ici, savent que je ne lésine pas sur la pitance. Je varie des aliments traditionnels, céréales, fromage sec, saucisson, poisson séché etc. avec des lyos, des soupes, thé café, des fruits secs, des oléagineux, du chocolat etc. Mes céréales sont mises à tremper avec l’eau chaude directement dans les ziplocs, à moins que j’aie suffisamment d’eau ou la proximité d’un point d’eau qui me permette de laver la popotte. Les ziplocs peuvent être réutilisés quelques fois si on prend les versions épaisses pour la congélation. Je ne prends pas d’alcool ou de tabac lorsque je suis seul. Avec Angel par contre, ça doit être gastro avec tout ce qu’il faut ! J’ai une platypus de 3L à large fente que je colle contre le dos pour l’hiver et en été je prends deux bouteilles PET de 1.5L que je mets dans les poches extérieures.
Conclusions
Cette liste n'est pas une liste XUL. Je me considère comme un MUL plutôt modéré. Cette liste est présentée ici dans la perspective d’une utilisation par pratiquement toutes conditions en privilégiant un niveau de confort correcte, une bonne sécurité, un prix modeste et une bonne durabilité. En fonction de ce que je prends, été comme hiver, elle fera entre 3500gr et 4500gr hors consommables.
J'insiste sur le fait que ma présence ici n'est pas vanter les mérites MUL, cela serait malvenu je crois mais il y'a peut-être, comme le dit Diesel, des choses intéressantes pour les randonnées normales. Je crois qu'en général vous aimez bien les liste avec matos simple, un bon vieux tarp etc. et celle-ci est en plein de le mille car j'ai un désir impérieux de dormir à l'extérieur et de profiter un maximum de la nature, et celle-ci représente le grand luxe pour des survivalistes comme vous hein?.
Kai