Il me faut souvent un certain laps de temps pour "revenir" vraiment, d'autant que je déteste les départs, j'essaie toujours que la "coupure" soit vive, nette et rapide. C'est après, que la mémoire fait son travail....
put**n, j'en chie ! ça fait pas une demi-heure qu'on a commencé que je cours déjà après mes poumons( t'as qu'à pas fumer, trou du cul !), j'ai le moulin en zone rouge et le circuit de refroidissement en ébullition...
Je cale.
Il descend c't'espèce de "grand sifflet", insolent de jeunesse, sa pleine forme et son ineffaçable sourire.
ça va Anke ?
Non, écoutes, je suis au "taquet", je ne vais pas vous faire chier, ça va pas être drôle pour vous, je redescends et puis je vous attends aux bagnoles, j'ai de quoi tenir en becquetance jusqu'à votre retour.
Lui : écoute, on est venus pour le faire ensemble, alors on le fera ensemble, on va ralentir ; de toute façon on va un peu vite.
Il héle : Did, tu veux bien prendre la tête ?
Pics : " t'as bien fait de caler, ça m'a évité de le faire dans dix minutes ! "( je le hais !
)
Il est gentil Did, il a compris vite fait, il va tranquillou, il attend que je récupère, que le sourire revienne. Il est attentif... Et puis on monte, on monte, je suis bien. J'ai confiance, je me sens en sécurité...
Je suis bien avec eux.
Et puis au cours d'une pause un peu plus prolongée que les autres d'un seul coup je réalise.
Ce "grand sifllet" pourrait être mon fils, j'aurai pu le porter dans mes bras, le bercer quand il faisait ses dents, m'inquièter de ses fièvres, lui ouvrir mes bras pour qu'il vienne se pelotonner contre moi, essuyer les larmes de ses premiers chagrins. Je me prends ça en pleine gueule et j'ai d'un seul coup le coeur qui déborde. On parle un peu, on se livre à demi-mots, courtes phrases. Beaucoup de regards.
Et puis cet instant où il explique que ça va être un peu rock'n'roll, un peu dur, mais qu'il ne veut interdire à personne de venir ou de ne pas venir ... Beaucoup d'intelligence, de finesse et d'humanité dans sa manière de faire. Il a donné son conseil et tout en filigrannes (et avec beaucoup de pudeur) il vient de m'expliquer sans me le dire directement en parlant à tout le groupe, qu'il serait bien raisonnable que je ne vienne pas, mais me laisse le choix.
Je suis un peu sur le cul, ce "gosse" de 26 ans mon cadet, que je ne connais absoluement pas, prend soin de moi à un point que l'on ne rencontre que rarement, même avec des proches que l'on connait depuis longtemps !
Pour finir il me sort en apparté : " Anke, tu fais le bon choix de rester ".
Il m'a fallu un peu de temps pour que ça revienne, c'est un peu comme la houle ou une marée d'équinoxe quand elle "découvre" et qu'à basse-mer on se rend vraiment compte de tout ce qu'elle recouvrait.
Voilà, c'était ma séquence " émotion", j'espère que vous aurez eu autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à la vivre.
Puisse ce forum ne jamais s'éteindre.