Salut à tous!
et bien que le sujet que je voudrais aborder ici ne soit pas des plus fun : Bonne année !!
Au fil des lectures sur ce forum et de moultes réflexions sur comment préparer un sac d'évacuation, ou un mini kit d'urgence pour ci, pour ça, on finit (ou on commence, c'est mieux!) par se poser la question : Mais pourquoi je prépare ce sac ???
Pour faire face à un risque !
En effet, parmi les questions récurrentes que l'on se pose à soi-même, on retrouve souvent :
- Quel
litrage choisir pour préparer mon sac d'évacuation ?
- Quels items seront les plus
pertinents et utiles dans
MA situation ? Donc en fonction de
MES risques ?
- Comment s'assurer que j'ai fait les
bons choix ?
La bonne réponse c'est toujours "Ça dépend !". Mais de quoi ?? L'idée de ce fil est d'essayer de répondre à ces questions, ou à minima d'en discuter, pour apporter matière à réflexion et s'améliorer.
Disclaimer : je ne bosse pas dans la prévention des risques, ce n'est pas mon métier, donc ce ne sont que mes réflexions basées sur mes lectures et ma non-expérience, car j'ai encore la chance de ne pas avoir été confronté à des galères suffisamment grosses pour justifier une évacuation, et c'est très bien ainsi !Avant tout, je voudrais rappeler les différences entre un danger et un risque :
Une tornade est un DANGER très important, le RISQUE est élevé
seulement si je me retrouve dedans, donc si j'y suis EXPOSE.
Si le sujet qui nous intéresse est notre propre survie, on peut dire, en gros, qu'on se fiche du DANGER, si on n'y est pas EXPOSE.
Pour un danger important qui vaudrait 100, mais avec une exposition égale à zéro, alors
RISQUE = DANGER x EXPOSITION = 100 x 0
RISQUE = 0
Donc règle numéro 1 : Fuir le danger. Ok. Mais ça ne nous avance pas.
Qu'est-ce que l'EXPOSITION ?
Pendant une tornade, donc pendant l'évènement, il suffit de voir à combien de kilomètre on se trouve, et quelles sont les prévisions de déplacement de celle-ci.
Je suis à 1000km et/ou les prévisions météo sont catégoriques sur un éloignement, on peut tout de suite négliger l'exposition, le risque devient alors nul.
Si je suis proche et la suite des évènements est imprévisible, tout de suite mon exposition augmente, donc le risque sera d'autant plus élevé que la tornade sera grosse.
Dans ce cas pratique, c'est facile, on peut presque tout quantifier (1000km, fiabilité météo 5/5, évolution vers l'Ouest…)
Maintenant ce qui est nous intéresse c'est plutôt l'anticipation, donc en gros il faut se poser les questions suivantes :
-
Suis-je dans une région où on a déjà vu un tel phénomène ?Si
oui, on introduira deux notions :
- A quelle
FREQUENCE D'EXPOSITION ? 1 en 20 ans, 2 l'année dernière, …
- Quelle a été la
GRAVITE DES DOMMAGES ? Ça a abîmé mes tomates, ou arraché 50% des maisons du quartier ?
Si
non, on se posera quand même les questions relatives :
- À la
FREQUENCE D'EXPOSITION :
Se pourrait-il qu'un tel évènement arrive dans le futur ? Car il faut bien une première à tout. Et oui, du fait du changement climatique par exemple, le climat… change ! Vous avez déjà lu ça quelque part "les performances passées ne présagent pas des performances futures"… vous voyez l'idée !
Cela implique une réflexion plus poussée, d'imagination de scénarii, et idéalement il faut étayer ses projections avec des faits, des réalités scientifiques, de la logique et du bon sens… Le travail peut être fastidieux car on n'est pas tous météorologues (dans le cas d'une tornade), ou expert en géopolitique, et même avec ça, on sait qu'une tornade reste en règle générale assez imprévisible (tout comme certains humains d'ailleurs).
- A la
GRAVITE DES DOMMAGES : jamais une tornade ne s'est formée par ici, mais si ça arrivait,
quels pourraient être les dommages ? Cette fois, comme l'évènement ne s'est jamais présenté, forcément il n'y a pas de recul sur les impacts potentiels, il faut imaginer, ou s'inspirer de ce qu'on pourrait observer par exemple au Texas où les tornades sont courantes, en prenant en compte toutes les différences (de matériaux de construction, d'architecture, de topographie…) et adapter à nos projections (une maison dont les murs en pierre font 80cm d'épaisseur, on peut espérer minimiser les dommages…)
Une fois que l'on aura estimé son propre "risque tornade", il faudra alors s'y préparer.
Le risque tornade en France est faible à très faible (d'après mon suivi à la louche des actualités!)
Mais partons du fait que l'on habite à côté du zone récemment touchée dans le Nord de la France, où quelques maisons ont été rasées.
Je vois les choses comme ceci :
1.
Source du danger : Tornade
2.
Danger direct : Vent très violent, tourbillonnant, localisé, et qui se déplace à vitesse modérée
3.
Dommages corporels (dommages directs) : Blessures-Mort par chocs ou effondrements divers
4.
Dommages matériels (dommages indirects) : maison inhabitable, véhicules détruits, coupure des réseaux (élec, télécomm, eau, routier) -> ils sont indirects car ils peuvent nous atteindre de manière détournée (pas de toit -> hypothermie, pas de voiture -> pas d'hopital)
Le but initial de la démarche étant la préparation, il y a deux approches lors d'une analyse de risque :
- L'analyse des risques
PREVENTIVE,
pour diminuer les probabilités qu'un dommage apparaisse :
○ diminuer le danger --> impossible car je ne contrôle pas la météo, aucun moyen d'action sur l'évènement.
○ diminuer son exposition --> je construis un bunker, ou je déménage, mais c'est beaucoup trop d'effort pour un risque jugé précédemment comme très faible.
On retrouvera ici tout de même certaines actions préventives utiles mais n'ayant rien à voir avec la préparation d'un sac ou d'un kit, comme élaguer les arbres proches de la maison, vérifier la solidité des toitures d'abris de jardin, repérer et adapter les constructions qui ont de la prise au vent, etc.
- L'analyse des risques "
CURATIVE" en vue de
se préparer à gérer les dommages qui seront apparus. D'où l'intérêt de lister de manières la plus exhaustive possible les IMPACTS et CONSEQUENCES, par exemple :
○ Dommages directs : je suis blessé -> Kit de soin adapté
○ Dommages indirects : si je perds la voiture, ou la maison, ou les réseaux, ou tout en même temps -> Kits appropriés
Si on reste dans le cadre très restreint du "risque tornade" en France, il faut encore en plus prendre en compte :
-
Suis-je chez moi quand cela arrive ? ○
Oui, je suis à la maison (risque de dommage direct et indirect)
i. J'ai le temps de fuir en voiture en attrapant mon
sac préparé au préalable ii. Je me réfugie à la cave en ayant attrapé mon
sac préparé au préalable ○
Non (risques indirects uniquement)
i. Je peux accéder à mon domicile, récupérer ce qui peut l'être et dois repartir chez un voisin ou un proche, avec dans tous les cas un
sac préparé au préalable que j'avais pris soin de laisser dans ma voiture ou qui me suis partout.
ii. La route est coupée, je fais demi-tour avec ce que j'avais emporté avec moi.
Quels que soient les scenarii, il en sort des points communs, qui sont en fait des caractéristiques intrinsèques du risque étudié :
- Caractère soudain, la surprise ou la prise au dépourvu dans tous les cas. -->
TEMPS DE REACTION dont on dispose
- Une tornade reste une tornade (à ne pas confondre avec un cyclone!), et son impact restera local. -->
ZONE D'IMPACT de l'évènement
Avec la notion de ZONE, un module abri n'aura pas de raison d'être si l'on sait qu'en faisant 500m je peux passer la nuit chez un voisin. A l'inverse comme le temps de réaction est court, il faut pouvoir accéder à ce dont on a besoin très rapidement. L'emplacement du sac devient aussi important que ce qu'il y a dedans.
A l'inverse, on ne réagira pas de la même manière avec un débordement progressif d'une rivière, qui pourrait inonder plusieurs dizaines de km2, ainsi les voisins ont les mêmes soucis que vous, mais en revanche au lieu d'une minute pour réagir, vous aurez peut-être 30min ou quelques heures. En 30min, je peux prendre mon sac, mais aussi remplir toute la voiture de nourriture, ou de mes objets de valeur, d'éléments non-indispensables mais de confort, comme des vêtements supplémentaires…
D'où une interrogation : ne pourrait-on pas regrouper les risques par famille ? Ou dans une matrice ?
Impact soudain sur zone étendue : orage et crue éclair, tremblement de terre, attaque nucléaire, rupture de barrage…
Impact soudain localisé : je me réveille et un incendie domestique est déjà en cours, tornade
Impact différé sur zone étendue : hum… on sait que le pays va être confiné dans 2 jours suite à l'évolution d'un virus
un tsunami va frapper dans 30 min, ou un ouragan-cyclone dans 12h
Impact différé et localisé : une coulée de lave se dirige doucement mais sûrement vers ma maison, j'ai 3h devant moi.
Là où la matrice "
Fréquence d'exposition x
Gravité des dommages" serait à la
stratégie, plutôt globale et théorique,
Je propose la matrice "
Temps de réaction disponible x
Etendue géographique du problème" qui serait à la
tactique, orientée pratique sur le terrain.
L'idée, c'est que pour chaque risque, on a très souvent une plage temporelle associée. Et en fonction de ça, le mode de réaction sera radicalement différent.
Une
ZONE localisée ou étendue, cela peut s'entendre à l'échelle du voisinage, ou d'une région toute entière, c'est vraiment relatif, mais on reste sur une notion de rayon d'impact, mesurable en kilomètres sur lequel je devrais me déplacer pour dormir chez le voisin ou évacuer la région.
Pour le
TEMPS DE REACTION DISPONIBLE c'est pareil, on peut considérer qu'en dessous d'un certain temps imparti, je dirais quelques minutes, on passe du mode "c'est chaud mais j'ai le temps de faire mes affaires" à "c'est la panique, le stress me paralyse et heureusement que j'ai tout dans mon sac prêt à partir". Et dans le dernier et pire des cas, si on s'est fait surprendre par l'évènement et qu'on n'a plus le temps ou plus l'accès physique à son sac, et bah… Game over et bon chance ! Faudra faire sans sac, c'est pas cool mais c'est comme ça, on a beau avoir le plus beau sac prêt à partir dans la chambre d'en face, paré à toute éventualité, mais si la maison brûle et qu'il y a le feu dans le couloir, vaut mieux quand même sortir par la fenêtre si on peut, pour éviter de prendre un risque démesuré (ratio bénéfice-risque) !
Le sujet étant vaste , je l'ai pris par un bout, peut-être pas le bon, mais si certains d'entre vous veulent participer à démêler tout ça, rectifier et améliorer les idées que j'ai voulu faire passer, y introduire d'autres concepts, ce sera un plaisir de vous lire !
D'autres filons à exploiter, si vous souhaitez filozoffer j'ai un certain Jeff qui me murmure:
...Plus tu veux te préparer à tous les risques, plus ton sac à un gros poids-volume ?
...Plus t'as un gros poids-volume, moins tu le trimballes ton sac ?
...Moins tu le trimballes, plus t'as de risques de pas l'avoir quand il faut ?
En gros, n'y a-t-il pas des cas où le risque justement de ne pas pouvoir accéder à son sac de ...L et ...kg devient trop élevé si on a voulu être trop gourmand en préparatifs ?
De là, se pose la limite de poids-volume à choisir lorsqu'on établit son cahier des charges, et peut-être aussi de voir le sac d'évacuation non pas comme un sac unique mais comme un système, parfois avec un seul sac, parfois avec plusieurs petits kits éparpillés, mais pas trop non plus...