Salut les copains
J'avais bien dit que je le ferais ! Alors je le fais. Désolé si j'ai mis le temps, j'ai vraiment un problème à rester devant un écran plus de 10 minutes il faut que je me soigne.
Donc pour contextualiser, en mai / juin nous avons avec ma fiancée (et un copain brésilien qui connaît bien la construction des pirogues "dugout" ou canoa de casca en brésilien) descendu une rivière parfaitement sauvage et relativement inconnue entre deux affluents majeurs de l'Amazonie. Il fallait d'abord trouver la source, 80km de marécages à pied. Puis construire la pirogue puisque pour moi c'était un point clé de l'aventure. Hors de question de le faire sur un packraft parce que je suis un c*nnard de snob. Donc je préfère porter (et faire porter à des copains) 40kg chacun de bouffe, essence et outils pour construire une pirogue, et 1 mois d'autonomie alimentaire.
Non en fait vraiment, c'était pour enfin apprendre cette technique de construction (on l'aura compris, j'aime les bateaux...), de plus en plus remplacé par les constructions de plates à planches (bordés) appelées canoa de tablas. Nous avons eu la chance de trouver un tronc déjà au sol que nous avons utilisé (il a juste fallu se péter le dos et les clavicules pour amener la pirogue à l'eau, tip top). À la fin de la construction et au premier essai, l'eau passait par dessus bord avec seulement 2 personnes à bord (sur 3) et sans aucun chargement ! Heureusement, rafistoler des canots qui peinent à flotter et entreprendre avec de grandes traversées, c'est un peu ma passion (je suis déjà pris mercredi pour le dîner). J'ajoute de grandes fargues en bois blanc (plus léger) à clin (comme un Drakkar yeah yeah) , calfate avec des morceaux de pantalon et de la résine de Sowa (bois vache en guyane, cuma guyanensis) mélangé à de l'huile brûlée de tronçonneuse, le tout mis à chauffer au feu pour réduire. On obtient après application et séchage un joint parfaitement étanche. Le Sika de la mata quoi.
Sinon je ne sais pas trop quoi dire d'autre que quelques photos de la construction. Posez-moi toutes les questions que vous voulez !
Le tronc une fois déterré et nettoyé, la partie utilisable semble être juste ce qu'il faut pour notre pirogue :
Nous faisons quelques marquages (avec du fil trempé dans du jus de piles) et donnons la forme à l’extérieur :
Avec un clou, nous faisons des trous réguliers pour une fois que l'on creuse ne pas dépasser une certaine épaisseur, qui sera le plus constante possible grâce à cette technique (comme pour creuser un quinzi dans la neige quoi). Evidemment on bouchera avec des chevilles...
On évide :
On renverse au dessus du feu (plusieurs petits foyers bien chauds, pas trop de flammes il ne faut pas cramer) puis on ouvre la pirogue avec des grande fourche pour faire levier et on maintient avec des traverses temporaires :
Puis on nettoie et peaufine :
Finalement les petits détails genre la proue, la poupe, les bancs etc. Vous allez rire, je n'ai pas vraiment de belle toph du truc terminé. En voici une juste avant notre arrivée, quasiment vide (mais en bordel
) et l'autre à l'arrivée triomphante !
:
Nous avons également taillé nos rames (et on a déconné sur le choix du bois, trop lourd). J'en ai gardé une à bord de Feral.
Pour ma rame, j'ai voulu mettre à l'épreuve le coutal qui m'a gentiment été envoyé par l'amigo Psydomos. Aussi comme ça m'avait été demandé, j'en parle un peu car il faut parler des bons trucs. Le nom, c'est Feral
(je mets aussi quelques tophs).
Je n'ai jamais eu de gros couteaux de camp, j'ai toujours travaillé avec Mora et Tramontina du coup j'étais un peu perturbé au départ car c'est une taille exactement au milieu. Mais une fois prise en main, je n'utilisais (et utilise) plus que ça. Le convexe pour débiter, le concave pour travailler au plus fin une bonne arrête à 90° pour gratter. Tranchant convexe avec un pouvoir fendif que j'ai eu le temps d'éprouver même sur de la bûche. Je l'utilise aussi pour mes gros poissons, avec une vraie bonne pointe affûtée pour vider et la partie convexe en hachoir, j'adoooooore. C'est devenu mon couteaux de tous les jours, dès que je pars en balade. Excellent pour layoner et ouvrir les noix de coco, fendre le bois et faire des copeaux, vider et préparer le poisson, tailler des flèches pour harponner, parler aux voisins de mouillage qu'on a pas envie de revoir avec le couteau nonchalamment à la main, etc. Il est méga léger (genre rien à voir avec une tram' de la même taille). La seule limite c'est pour le défrichage express et bourrin du bivouac du soir. Si c'est juste une sortie de 2 ou 3 nuits pas de soucis, au delà je prendrai une machette plus longue pour économiser temps et énergie. Bref, merci amigo, ta lame me sert tous les jours.
A plus !