Je trouve que le synthétique a le défaut de sentir mauvais très vite.
C’est vrai. Mais cela dépend tout de même du type de synthétique et aussi des personnes.
Personnellement j’ai le choix de prendre ce que je veux pour chaque randonnée et j’ai porté un peu de tout au cours du temps: coton, laine, polyester, polypropylène, viscose, chlorofibre, Dacron, soie, acrylique ….un peu sous toutes les formes de tissage et de mélange. C’est le résultat quand on accumule sur de longues années de pratiques diverses et variées.
Je randonne en montagne à la journée ou au WE le plus souvent en synthétique. Je choisis des synthétiques ayant un bon traitement bactériostatique anti odeur, résistant aux lavages, lavable si possible à 60c et en mettant du déodorant 48h. Pourquoi? Parce que le synthétique c’est «idiot free» c’est léger, facile à laver et à sécher en machine (je n'ai pas de séchoir) et c’est solide (résiste bien aux frottements du sac à dos et à quelques rencontres avec des branchages).
Pour de plus longues durées, surtout en randonnée froides, je porte de la laine (et mélange laine/synthétique) surtout par temps frais ou froid. Surtout quand je sais que je ne pourrais pas rincer/laver souvent le vêtement et/ou la bête au cours de la randonnée.
Pour des activités plus courtes par temps froid à effort intermittent et quand je sais que j’aurais une couche de protection mécanique sur le sous vêtement (typiquement la chasse) je porte de laine. C’est plus confortable et cela sent très peu..Je peux donc me passer de déodorant et si je ne sens pas ma transpiration ou mon déodorant : ce sera plus facilement aussi le cas pour le gibier. L’exemple précédent, c’était pour montrer qu’il n’existe pas de solution universelle.
Paradoxalement sur les longues randonnées en été je prends plutôt du synthétique car cela permet d’avoir un tshirt fin très peu épais, très peu isolant mais protégeant su soleil tout en étant assez solide pour résister aux frottements du sac à dos. On a souvent trop chaud quand on randonne.
Comme il est fin, il sèche vite. Je peux donc le rincer dans un rusiseau en fin de journée (ou peut être me baigner avec), l’essorer à la main et le reporter rapidement ce qui évite le développement des odeurs sur plusieurs jours.
J’ai aussi souvent en « fond de sac » un vieux t-shirt en polypropylène Helly Hansen. Cela développe très vite une odeur repoussante…mais le polypropylène n’absorbe pas du tout l’humidité (bien moins que le polyester), c’est une fibre qui conduit très peu la chaleur et qui de ce fait isole bien, c’est suffisamment solide pour être très fin et la densité de la fibre est inférieure à l’eau.On peut donc avoir un « life saver » peu encombrant en fond de sac…idéal, surtout si on ne doit pas le porter!
Si je devais porter longtemps quelque chose en solution réellement dégradée, alors je prendrais probablement du coton qui est une solution valable si on peut faire du feu. Le coton c’est solide, confortable au repos si c’est sec et on peut faire bouillir (donc laver et se débarrasser des indésirables). C'est aussi réputé moins problématique lors d'une blessure perforante que la laine ou un vêtement non lavé depuis longtemps. Il faut juste connaître les limites et être plus prudent quand c'est humide (c'est à dire le plus souvent).
Afin d'illustrer le dernier point : pour les sorties à la journée j’ai longtemps randonné au siècle dernier avec un t-shirt coton. On montait au col ou sur un sommet et arrivé en haut on changeait avec un t-shirt coton sec sorti du sac. Idem en cas de bivouac.
Sur plusieurs jours, soit on séchait celui mouillé devant le feu le soir quand c’était possible si on en avait deux, soit on enlevait le t-shirt coton mouillé (ou le débardeur) et l’humide séchait en journée pendu au soleil.
Si on avait un seul tshirt : on portait le soir la chemise de laine ou le pull à même la peau le temps que le t-shirt mouillé sèche, parfois celui-ci étant placé sur le pull ou a minima retourné si c'était un tshirt épais…évidemment ces solutions étaient plus lourdes, moins pratique, plus délicates à gérer (en revanche peu onéreuses). Les militaires ont fait de la sorte par tous les temps et dans tous les climats durant une grande partie du XXème siècle.
J’ai entraîné, il y a longtemps, dans la Verte des centaines de jeunes inexpérimentés avec ce type d’équipement. Parfois les conditions étaient difficiles (canicules, manque de sommeil, froid, vent, pluie battante sur plusieurs jours sans feu, passage à gué et même inondation..). Mais le matériel faisait relativement bien le taf et durait longtemps.
Ce qui a surtout condamné les sous vêtements en coton, c’est l’arrivée massive à la fin du XXème du goretex et donc le port semi permanent de veste coupe vent à membrane qui finalement évacuent très peu la transpiration lors d'un effort sérieux. Le goretex empêchait totalement le séchage du coton durant l’effort, il fallait passer au synthétique.
Mais si on faisait l'impasse sur le goretex (du fait du prix ou parce que cela n'existait pas) et qu'on portait l’ensemble classique du randonneur "débardeur et chemise en coton fine ou flanelle" durant l’effort : on pouvait longtemps se passer d’avoir un coupe vent supplémentaire durant l’effort et le coton séchait naturellement le plus souvent en marchant…sauf dans le dos du fait du sac à dos (mais c'est aussi le cas pour le Goretex).
C’est aussi pour cela que l’armature des vieux sacs ne collait pas au dos et/ou que le dos des sacs était lui même en coton absorbant.
Et si on devait porter un anorak étanche à la respiration sous la vraie pluie…et bien on enlevait le t-shirt coton et on portait le pull en laine à même la peau avant que le refroidissement soit là. Certes, on devait ajuster plus souvent.
Bref : le matos c’est bien, mais c’est surtout l’usage qu’on en fait qui compte. Mais évidemment les matériaux modernes sont parfois plus confortables, surtout sans soucis et surtout surtout plus «idiot free ».
...Ce qui fait qu’à entraînement égal ils offrent plus de sécurité où permettent de tutoyer avec moins de prise de risque la limite. Ou bien encore de gérer un imprévu ou une situation dégradée plus rapidement.
Le texte ci-dessus n'est donc pas un plaidoyer pour le "vieux matériel" ce serait absurde. Le matériel moderne est souvent mieux, mais il n'est pas indispensable.
Ce qui est réellement indispensable en situation délicate c'est surtout le discernement venant des connaissances et de l'expérience et le bon geste mis en application à temps et de façon adéquate.