Bonjour bonsoir,
Je me permets de partager ici ma très récente expérience suite à une agression.
Le contexte: je suis en déplacement à Cape Town en Afrique du Sud, je sors voir LE match de rugby dans un "sports bar" en pensant y manger un morceau, sauf que c'est plein comme un oeuf et à part une pinte (OK, deux) rien à se mettre dans le gosier.
Grosse ambiance mais à la mi-temps le match paraît mal engagé pour les locaux, je décide de regarder la fin chez moi en me faisant cuire un oeuf.
Je rentre à pied, c'est à 10 minutes.
A la sortie du bar un clodo me tape d'un petit billet et un second se colle à mes basques, et ne me lâche plus. "Donne moi de l'argent... j'ai une famille" etc. Il me tanne, j'ai beau lui expliquer que je viens de donner mon liquide à son collègue, que je peux rien pour lui, il me suit, je trouve ça pénible et puis au bout de quelques minutes un peu louche, il aurait dû comprendre (et moi aussi).
Je commence à sentir que ça pue, surtout que de nuit il n'y a pas grand-monde dans les rues à part des semi-SDF.
Je bifurque pour me rapprocher d'un endroit mieux éclairé où en plus il y a un gars qui a l'air "normal" (qui marche pour aller quelque part au lieu de zoner).
Là le sparadrap me redemande du fric en ajoutant "J'ai un couteau" qu'il me montre (fermé).
J'aurais pu/du en profiter pour le frapper avant qu'il n'ait eu le temps de l'ouvrir, ou lui filer mon porte-monnaie (un peu prévu pour ça, avec l'équivalent de quelques dizaines d'euros et quand même une carte de crédit pour êre crédible mais j'avais une autre CB dans une poche).
Au lieu de quoi je jette un oeil au gars que j'avais rejoint, qui n'a pas l'air plus affolé que ça non plus.
Et il admoneste l'agresseur (je précise que les deux sont noirs, moi blanc, en SAF ça n'est sans doute pas neutre). Lequel se barre.
Le type m'explique que l'agresseur est sans doute un drogué, et puis on continue notre chemin. Je reste quand même prudemment près du type qui vient de me sortir du roncier, tout en jetant des coups d'oeil par dessus mon épaule.
Je rentre dans mon aparthotel sans soucis, j'appelle les flics en me disant que le gars est sans doute retourné se mettre en attente et que ce serait facile de le chopper mais ça ne semble pas les émouvoir.
Moralité:
Faut vraiment que j'apprenne non seulement à écouter mes resssentis (le type était louche dès qu'il n'avait pas lâché l'affaire au bout de 30 secondes) mais à AGIR en fonction.
Mais ce n'est si simple: je n'aurais pas dû laisser le type entrer/rester dans ma "bulle", mais comment l'en chasser (on ne peut pas frapper un type juste parce qu'il mendie) ?
Et surtout je n'aurais pas dû rentrer à pied dans ces circonstances (de nuit, seul, ayant bu, dans une ville que je ne connais pas, et qui n'est pas des plus sûres)
Je ne sais pas si j'ai bien fait de ne pas réagir quand il a montré son couteau: en fait j'ai l'impression de n'avoir rien décidé.
Son couteau était fermé, je rendais une tête et 40 kg au gars, par contre j'avais picolé. Bref j'aurais peut-être pu le plier ou, au contraire, crever comme un chien sur le trottoir. J'ai comme un regret émotionnel de ne pas avoir réagi violemment, le fantasme "Charles Bronson", mais rationnellement tout est bien qui finit bien, faut juste que j'évacue ce truc.
Je serais incapable de décrire ce qui s'est exactement passé dans les quelques secondes entre le moment où le type montre son couteau et le moment où on tourne les talons pour partir.
Je n'ai pas eu consciemment peur sur le moment mais a posteriori je sens bien que ça coince, d'où ce post de peu d'intérêt mais qui me sert de "catharsis" plutôt que d'appeler ma famille pour la faire flipper.
Je vous dois combien docteur ?