L'homme faisant pleinement partie des écosystèmes dans lesquels il vie, sa présence a forcément un impact sur ledit écosystème, comme n'importe quelle espèce!
Il faudrait sortir de ce processus intellectuel qui considère l'humain comme "extérieur" à la nature.
Attention à ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit. Je m'excuse si je l'ai mal formulé et que je t'ai induit à penser que c'est le cas mais je ne considère pas l'être humain comme extérieur à la nature, le mot nature n'a pour moi aucun sens par ailleurs. Je préfère parler du vivant, qui me paraît plus global et exclu de fait la dichotomie homme vs le reste.
Néanmoins, dans le cas présent l'être humain n'est pas intégré à l'écosystème forêt. Au mieux il interagit avec. Jusqu'à preuve du contraire, nos civilisations modernes et nos communautés se sont construites en dehors des forêts, si ce n'est pas aux dépens de ces dernières.
L'ère industrielle, c'est l'accroissement de l'utilisation de matières "alternatives", essentiellement fossile, donc la diminution progressive de l'utilisation du bois comme source d'énergie ou comme matériaux de fabrication ou de construction.
C'est vrai, dans un second temps. Au départ de l'ère industrielle et durant l'ère pré industrielle, certains massifs forestiers ont été massivement déboisés pour suivre l'accroissement des besoins en charbon de bois.
Certains massifs ont été admirablement gérés par les eaux et forêts à l'époque et n'ont pas subi un impact massif (on pourrait déjà parler de gestion durable). Mais ça n'a pas empêché la couverture forestière du pays de s'effondrer à cette époque.
C'est le recours au charbon minier (plus facile à produire et moins cher) ainsi que l'exode rural associés aux mesures prises par l'Etat qui ont permis de reboiser les forêts.
C'est d'ailleurs au moment de ce tournant que je déplore -dans certains sites, pas partout- le recours massif à des essences n'étant pas adaptés aux milieux dans lesquels on les a implanté. Dégradant ainsi les écosystèmes (avez vous vu passer les rapports actuels sur l'impact des espèces dites invasives sur la biodiversité ? Je me questionne : est-ce que l'on peut imaginer transposer les résultats de ces observations, à une moindre échelle, à ce phénomène)
Suite à l'ère industrielle se sont développées des grosses machines, de plusieurs tonnes aujourd'hui, capables de raser des parcelles de forêt extrêmement rapidement et déplacer le bois récolté tout aussi rapidement, là où avant il fallait l'action de plusieurs bûcherons pendant une saison entière (si c'est pas plus). Le poids de ces appareils écrase le sol sur plusieurs mètres de profondeurs, réduisant à néant la vie qui existe dans ledit sol pour des décennies et diminuant la capacité d'absorption en eau et minéraux des arbres adjacents. Quel est l'impact global de ça ? (je pose une vraie question ici, si quelqu'un a la réponse, elle m'intéresse énormément, mais je doute que ce soit marginal).
Tu vois, c'est toutes ces choses que je questionne. Je ne remets aucunement en cause le travail des forestiers de l'ONF, qui comme l'a démontré Guillaume, ont une réelle conscience de l'état des forêts (bien supérieur à la mienne en tous cas) et qui y connaissent beaucoup plus de choses. Mes interrogations sont peut être naïves je peux le concevoir, mais je n'arrive pas à me dire qu'elles sont infondées.
Attention aux généralisations!
Déjà, d'une façon générale, toutes les activités humaines ne sont pas "nuisibles" pour les forêts, loin de là. Par ailleurs, les activités de TOUS les organismes ont des impacts sur l'environnement...
La forêt "va mal" dans un référentiel humain actuel... mais elle a pu "aller plus mal".
As tu lu un seul des rapports du GIEC ? Globalement, les activités de l'espèce humaine (je parle pas des tiennes, des miennes ou de celles de l'ONF) sont assez néfastes pour la planète entière.
Je ne parle pas de TOUTES les activités humaines, mais de la tendance globale.
Si je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait que toute espèce a une influence sur le milieu dans lequel elle évolue, c'est une vérité absolue, il n'y en a qu'une seule à ma connaissance qui en ai suffisamment pour impacter durablement l'écosystème planétaire dans son ensemble.
Au contraire, j'aimerais qu'on puisse valoriser au maximum les actions qui ont un effet positif plutôt que de rester sur les points négatifs. Je pense que sur ce forum on sera très nombreux à embrasser la cause des low tech, du respect des espaces naturels (dans le sens originel), de la rusticité et de tout ce qui peut améliorer la santé de nos "terrains de jeu", et qu'on ne sera pas une partie du problème, ça n'empêche pas de réfléchir aux solutions, individuellement et collectivement.
La forêt a déjà été plus mal en point qu'actuellement, c'est archi vrai. Cela justifie-t-il de ne pas lui permettre d'aller encore mieux ?
Je vie actuellement dans un exemple concret d'une évolution plutôt positive de la forêt depuis un peu plus d'un siècle: le massif de Ceüse dans les Hautes Alpes.
Ce massif a été intégralement brulé au début du XVIIIe siècle pour se débarrasser des loups dont la présence devenait insupportable pour la population vivant dans ce milieu rude... le pâturage a maintenu le sol à nu (provoquant une érosion massive des sols et même le déménagement d'un village complet), puis une vaste entreprise de reboisement a débuté à la fin du XIXe siècle, pour aboutir actuellement à un vaste massif forestier relativement riche.
Désolé, mais tu prends un exemple où l'homme a tout détruit puis finalement reconstruit pour m'expliquer qu'il ne détruit pas tout.
Dans quel référentiel le loup était-il insupportable ? Alors oui, il s'agit du XVIIIe siècle, j'ai pas la grille de lecture pour voir et évaluer la situation à travers leurs yeux. Mais aujourd'hui on sait que la disparition des grands prédateurs des milieux forestiers a fait beaucoup de mal des écosystèmes où il sévissait et ne dérangeait au final que l'homme et ses activités.
Pour exemple : le parc yosemite où le loup a été réintroduit (le terme réintroduit étant un mot politiquement correct qui signifie qu'on l'a pas empêché de revenir de son plein gré) et son impact sur la gestion des populations d'herbivore, et donc de l'érosion des sols à proximité des rivières etc. C'est assez intéressant comme expérience. Désolé si je digresse.
Mais sinon je suis d'accord, le massif de Ceüse est aujourd'hui magnifique, et je suis heureux de voir qu'on est collectivement capable dans certaines régions de lancer des entreprises de reboisement de ce type
Je précise ici que je suis plutôt un gros bisounours, et que je suis persuadé que l'Homme est capable du meilleur, collectivement. J'attends juste que ça se réalise à grande échelle