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Auteur Sujet: Pourquoi les forêts meurent en france ? (mini reportage)  (Lu 6610 fois)

04 septembre 2023 à 08:39:06
Lu 6610 fois

Rantanplan


Bonjour

Il s'agit d'un reportage édité par Brut. dans lequel vous verrez des intervenants de l'ONF ainsi que des chercheurs discutant des multiples facteurs en jeu dans la mauvaise santé des forêts Françaises ainsi que des perspectives d'avenir.

https://youtu.be/Kw-Eds-oJtw?si=a2uPgM5sV6Jc9xvc

@+
Rire nous rend invincibles. Pas comme ceux qui gagnent toujours mais comme ceux qui n'abandonnent pas. - Frida Kahlo

04 septembre 2023 à 09:05:23
Réponse #1

Merlin06


Merci.
Pour ma part j'ai été surpris l'été dernier en Bretagne où la forêt de Brocéliande donnait l'impression d'être en automne tellement les arbres étaient secs et les chemins jonchés de feuilles.
Deuxième surprise cette année en Ariège où j'ai retrouvé ce phénomène en altitude sur des hêtres et noisetiers par exemple puis plus tard dans les vergers en narbonnaise(pourtant irrigués) et sur le Larzac où les arbustes auparavant verts l'été(le seul truc pas cramé) sont morts.
L'âme sûre ruse mal.
Le matin du grand soir il y aura de la confiture de bisounours au petit déjeuner.
Nous avons deux souverains, Dame Physique et Sire Temps.

04 septembre 2023 à 09:17:29
Réponse #2

gahús



04 septembre 2023 à 13:18:06
Réponse #3

Puk


@Merlin
Sur le Larzac, c'est majoritairement une conséquence de la pyrale du buis qui sévit depuis quelques années maintenant. Lorsque les printemps sont orageux avec des pluies fortes ça permet de limiter les dégâts mais cette année ça a fait un carnage. Si l'automne n'est pas trop clément on peut espérer un que les buis repartent sinon ça risque de faire comme dans le Lot et qu'ils crèvent pour de bon, ce qui serait triste pour les buissières centenaires qui arpentent le plateau en plus de la désolation du paysage...

"La chute n'est pas un échec. L'échec c'est de rester là où on est tombé"

04 septembre 2023 à 13:21:10
Réponse #4

Jehan


@Merlin
Sur le Larzac, c'est majoritairement une conséquence de la pyrale du buis qui sévit depuis quelques années maintenant.

Dans le verdon tu as aussi une invasion de ces bestioles, en début d'été surtout.
J'ai des souvenirs de soirées passées au camping avec mon pote de saison, à faire l'apéro sereinement au milieu d'un essaim hallucinant de ces bestioles. Il y'en avait tellement que la lumière du jardin... n'illuminait plus! Tant il y'avait de pyrales qui se posaient sur son verre.

Merci pour le lien de reportage sinon!
"Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les coeurs abjects."   -Ernst Jünger, les falaises de marbre

04 septembre 2023 à 13:58:31
Réponse #5

MagikPoulet


Merci beaucoup pour le partage, le doc est hyper intéressant.

Je trouve dommage que, encore une fois, on passe un peu sous silence l'impact de la gestion forestière et toutes les activités humaines sur l'écosystème de la forêt (ou on l'aborde très superficiellement par l'impact du réchauffement climatique et du manque de diversité des essences qu'on retrouve en forêt).

Je rêve d'un documentaire grand public qui explique réellement que nos forêts actuelles sont principalement des plantations, et pour certaines des grandes monocultures, vouées à produire du bois. (Je vous laisse faire des recherches sur la part que représentent les forêts primaires en France) Et à ce titre, on a planté des essences qui n'avaient rien à faire dans certaines zones (résineux en plaine par exemple) parce que les troncs sont beaux, rectilignes, et donc rentables. Qu'afin de maximiser la rentabilité on a utilisé des engins puissants (et lourds !) compactant les sols des chemins forestiers sur plus de 2m de profondeur, détruisant le réseau mycélien indispensable à la "communication" entre les arbres... Les solutions apportées dans le doc vont dans le bon sens, mais les résultats ne seront visibles que dans un siècle (faut le temps qu'ils poussent ces arbres). J'espère que nos petits enfants auront intégré que le meilleur moyen de sauver la forêt, c'est d'arrêter d'y toucher. (voir les expérimentations de Francis Hallé et l'ASPAS sur le sujet, qui rachètent des territoires pour les laisser s'autogérer ou presque)

Bref, je ne m'emballe pas plus, c'est un sujet qui me passionne et on pourrait en écrire des pages (il y a d'ailleurs beaucoup de livres plus ou moins pointus sur le sujet), mais je trouve que c'est toujours ce pan de l'histoire forestière qu'on a du mal à exposer dans les documentaires, par honte ou manque de recul, et qui pourtant participe beaucoup aux résultats qu'on a aujourd'hui d'après les différents auteurs que j'ai pu lire.
Bonne journée

04 septembre 2023 à 19:32:26
Réponse #6

Rantanplan


"Je rêve d'un documentaire grand public qui explique réellement que nos forêts actuelles sont principalement des plantations, et pour certaines des grandes monocultures, vouées à produire du bois. "

Ah punaise >>> trou de mémoire à propos d'un documentaire long sur le point que tu évoques, que j'ai posté dans ce forum.

Vais retrouver...

EDIT:
Le temps des forêts.
https://greenpeacefilmfestival.org/film/le-temps-des-forets/

Forêt Françaises en quête d'avenir, aussi
https://www.dailymotion.com/video/x8axvkm

Parle en aussi à Guillaume, qui pourra, s'il a un peu de temps et l'envie, se faire le porte parole de l'ONF. Tout n'est pas noir/blanc et certainement pas rose non plus.

@+ !
Rire nous rend invincibles. Pas comme ceux qui gagnent toujours mais comme ceux qui n'abandonnent pas. - Frida Kahlo

04 septembre 2023 à 23:12:34
Réponse #7

MagikPoulet


Ah merci beaucoup pour les liens j'irais voir ça très vite !

Attention, je ne tire pas sur les forestiers ! J'ai un immense respect pour eux, et je suis certain que la majorité d'entre eux fait son travail avec passion. C'est après la vision "capitaliste" de la forêt (et de tout ce qu'on considère comme "ressource" au sens plus large) qui pousse à dénaturer le milieu dans une seule optique de rendement, que je pousse ce petit coup de gueule. Après je peut concevoir que c'est une vision guidée par des convictions et/ou croyance qui peut être faussée.
Et je ne dis pas non plus que les types comme Francis Hallé détiennent la vérité absolue d'ailleurs, même si je lui porte un intérêt particulier :) il y a toujours de la nuance partout et la vérité est généralement quelque part entre les deux.

Mais je suis très clairement intéressé par son avis et la vision ONF de la question. (Je rappelle ici que je ne suis qu'un amateur éclairé et pas un professionnel de la question, donc l'avis de ces derniers me paraît hautement plus valorisant pour le débat que le mien).

Dans tous les cas on a besoin de la sylviculture, je suis simplement persuadé qu'elle doit être fait différemment et avec une autre philosophie.
« Modifié: 05 septembre 2023 à 07:55:00 par MagikPoulet »
Bonne journée

05 septembre 2023 à 07:53:34
Réponse #8

guillaume


C'est après la vision "capitaliste" de la forêt (et de tout ce qu'on considère comme "ressource" au sens plus large) qui pousse à dénaturer le milieu dans une seule optique de rendement, que je pousse ce petit coup de gueule.

Cette vision, si elle existe, ne le serait sur une échelle de temps minuscule par rapport au laps de temps où l'Homme a modelé les forêts en France. Et si elle existe, il faudrait qu'elle fasse consensus chez tous les acteurs aussi...

La forêt Française est fortement anthropisée et ce, depuis avant le moyen âge. On retrouve certains écrits de "gestion" forestière au temps de la Gaulle Romaine.
La forêt française (métropolitaine) a toujours été et est toujours un moyen de se procurer du bois de chauffage (et ses dérivés), du bois de construction et de la nourriture. Avec le temps sont apparus d’autres fonctions tout aussi utiles : rôle de protection, rôle social.
Les forêts françaises métropolitaines telles que vous les voyez sont donc le fruit de plusieurs siècles sous la main de l'Homme.

Ces 3 fonctions (écologique/protection, sociale, économique) sont les trois fonctions qui pilotent les documents de gestion de l'ONF. Certaines forêts ont des rôles de production, d'autres de protection. Parfois (souvent), il existe un mélange de rôles à des degrés divers pour une même forêt.

Pour parler brièvement de ce qui semble être un gros mot (la production) : à l'aube des énergies "alternatives" (relative, puisque brûler du bois sous toutes ces formes ne date pas d'hier) et des constructions écologiques (forte proportion de bois), il me semble que le bilan carbone des bois utilisées par des forêts gérées durablement est meilleur que lorsqu'on importe. Et oui, on peut gérer durablement des forêts pour en faire de la production. C'est ce que fait l'administration forestière depuis Louis XIV (pour prendre une borne assez fiable dans le temps).

Enfin, sachez que l'ONF ne gère qu'un quart (en gros) des forêts en France.

a+
« Modifié: 05 septembre 2023 à 07:58:59 par Victor »

05 septembre 2023 à 18:52:02
Réponse #9

MagikPoulet


Merci Guillaume pour ton intervention et les précisions.

Je précise encore que la production de bois n'est pas du tout un gros mot ;)

Effectivement l'impact de l'homme sur les forêts ne date pas d'hier (un arbre n'a pas la même échelle de vie qu'un être humain, c'est facile à comprendre). Et tu as raison, sur l'échelle de temps depuis laquelle l'homme exploite les forêts, la vision dont je parle c'est rien du tout. Mais l'ère industrielle a accéléré le processus non ? Tant en termes de besoins en bois que de moyens techniques d'extraction de ce dernier.

La vision est elle la même pour les propriétaires privés ?

Aujourd'hui, si la forêt va mal, c'est principalement la faute des activités humaines non ? (Je ne parle pas que de la gestion forestière, mais de toutes les activités humaines, même extra forestières). Est-ce que tu penses qu'une modification des activités forestières (gestion des essences plantées, gestion dite durable etc) a un potentiel d'inverser la tendance ? Et si oui, quelles sont celles qui ont le meilleur potentiel ? (Ma question est peut être naïve ou mal posée, mais ça m'intéresse beaucoup d'avoir l'avis d'un acteur de terrain sur ces questions)


Citer
Pour parler brièvement de ce qui semble être un gros mot (la production) : à l'aube des énergies "alternatives" (relative, puisque brûler du bois sous toutes ces formes ne date pas d'hier) et des constructions écologiques (forte proportion de bois), il me semble que le bilan carbone des bois utilisées par des forêts gérées durablement est meilleur que lorsqu'on importe.
:doubleup: :doubleup:
Là je suis entièrement d'accord.

J'avoue que je pars d'un point de vue très négatif dans cette discussion, mais j'adore le bois, et ça j'en suis convaincu.
Bonne journée

05 septembre 2023 à 20:01:12
Réponse #10

azur


Effectivement l'impact de l'homme sur les forêts ne date pas d'hier (un arbre n'a pas la même échelle de vie qu'un être humain, c'est facile à comprendre).
L'homme faisant pleinement partie des écosystèmes dans lesquels il vie, sa présence a forcément un impact sur ledit écosystème, comme n'importe quelle espèce!
Il faudrait sortir de ce processus intellectuel qui considère l'humain comme "extérieur" à la nature.

Citer
Et tu as raison, sur l'échelle de temps depuis laquelle l'homme exploite les forêts, la vision dont je parle c'est rien du tout. Mais l'ère industrielle a accéléré le processus non ? Tant en termes de besoins en bois que de moyens techniques d'extraction de ce dernier.
L'ère industrielle, c'est l'accroissement de l'utilisation de matières "alternatives", essentiellement fossile, donc la diminution progressive de l'utilisation du bois comme source d'énergie ou comme matériaux de fabrication ou de construction.

Citer
Aujourd'hui, si la forêt va mal, c'est principalement la faute des activités humaines non ?
Attention aux généralisations!
Déjà, d'une façon générale, toutes les activités humaines ne sont pas "nuisibles" pour les forêts, loin de là. Par ailleurs, les activités de TOUS les organismes ont des impacts sur l'environnement...

La forêt "va mal" dans un référentiel humain actuel... mais elle a pu "aller plus mal".


Je vie actuellement dans un exemple concret d'une évolution plutôt positive de la forêt depuis un peu plus d'un siècle: le massif de Ceüse dans les Hautes Alpes.
Ce massif a été intégralement brulé au début du XVIIIe siècle pour se débarrasser des loups dont la présence devenait insupportable pour la population vivant dans ce milieu rude... le pâturage a maintenu le sol à nu (provoquant une érosion massive des sols et même le déménagement d'un village complet), puis une vaste entreprise de reboisement a débuté à la fin du XIXe siècle, pour aboutir actuellement à un vaste massif forestier relativement riche.

Un exemple qui vient démontrer qu'on ne peut pas généraliser à grands coups de "l'homme a tout détruit!"
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
------------------------------------------
Boviner, c'est contourner par le centre...

05 septembre 2023 à 20:49:26
Réponse #11

MagikPoulet


Citer
L'homme faisant pleinement partie des écosystèmes dans lesquels il vie, sa présence a forcément un impact sur ledit écosystème, comme n'importe quelle espèce!
Il faudrait sortir de ce processus intellectuel qui considère l'humain comme "extérieur" à la nature.

Attention à ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit. Je m'excuse si je l'ai mal formulé et que je t'ai induit à penser que c'est le cas mais je ne considère pas l'être humain comme extérieur à la nature, le mot nature n'a pour moi aucun sens par ailleurs. Je préfère parler du vivant, qui me paraît plus global et exclu de fait la dichotomie homme vs le reste.
Néanmoins, dans le cas présent l'être humain n'est pas intégré à l'écosystème forêt. Au mieux il interagit avec. Jusqu'à preuve du contraire, nos civilisations modernes et nos communautés se sont construites en dehors des forêts, si ce n'est pas aux dépens de ces dernières.

Citer
L'ère industrielle, c'est l'accroissement de l'utilisation de matières "alternatives", essentiellement fossile, donc la diminution progressive de l'utilisation du bois comme source d'énergie ou comme matériaux de fabrication ou de construction.
C'est vrai, dans un second temps. Au départ de l'ère industrielle et durant l'ère pré industrielle, certains massifs forestiers ont été massivement déboisés pour suivre l'accroissement des besoins en charbon de bois.
Certains massifs ont été admirablement gérés par les eaux et forêts à l'époque et n'ont pas subi un impact massif (on pourrait déjà parler de gestion durable). Mais ça n'a pas empêché la couverture forestière du pays de s'effondrer à cette époque.
C'est le recours au charbon minier (plus facile à produire et moins cher) ainsi que l'exode rural associés aux mesures prises par l'Etat qui ont permis de reboiser les forêts.

C'est d'ailleurs au moment de ce tournant que je déplore -dans certains sites, pas partout- le recours massif à des essences n'étant pas adaptés aux milieux dans lesquels on les a implanté. Dégradant ainsi les écosystèmes (avez vous vu passer les rapports actuels sur l'impact des espèces dites invasives sur la biodiversité ? Je me questionne : est-ce que l'on peut imaginer transposer les résultats de ces observations, à une moindre échelle, à ce phénomène)

Suite à l'ère industrielle se sont développées des grosses machines, de plusieurs tonnes aujourd'hui, capables de raser des parcelles de forêt extrêmement rapidement et déplacer le bois récolté tout aussi rapidement, là où avant il fallait l'action de plusieurs bûcherons pendant une saison entière (si c'est pas plus). Le poids de ces appareils écrase le sol sur plusieurs mètres de profondeurs, réduisant à néant la vie qui existe dans ledit sol pour des décennies et diminuant la capacité d'absorption en eau et minéraux des arbres adjacents. Quel est l'impact global de ça ? (je pose une vraie question ici, si quelqu'un a la réponse, elle m'intéresse énormément, mais je doute que ce soit marginal).

Tu vois, c'est toutes ces choses que je questionne. Je ne remets aucunement en cause le travail des forestiers de l'ONF, qui comme l'a démontré Guillaume, ont une réelle conscience de l'état des forêts (bien supérieur à la mienne en tous cas) et qui y connaissent beaucoup plus de choses. Mes interrogations sont peut être naïves je peux le concevoir, mais je n'arrive pas à me dire qu'elles sont infondées.

Citer
Attention aux généralisations!
Déjà, d'une façon générale, toutes les activités humaines ne sont pas "nuisibles" pour les forêts, loin de là. Par ailleurs, les activités de TOUS les organismes ont des impacts sur l'environnement...

La forêt "va mal" dans un référentiel humain actuel... mais elle a pu "aller plus mal".

As tu lu un seul des rapports du GIEC ? Globalement, les activités de l'espèce humaine (je parle pas des tiennes, des miennes ou de celles de l'ONF) sont assez néfastes pour la planète entière.
Je ne parle pas de TOUTES les activités humaines, mais de la tendance globale.
Si je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait que toute espèce a une influence sur le milieu dans lequel elle évolue, c'est une vérité absolue, il n'y en a qu'une seule à ma connaissance qui en ai suffisamment pour impacter durablement l'écosystème planétaire dans son ensemble.

Au contraire, j'aimerais qu'on puisse valoriser au maximum les actions qui ont un effet positif plutôt que de rester sur les points négatifs. Je pense que sur ce forum on sera très nombreux à embrasser la cause des low tech, du respect des espaces naturels (dans le sens originel), de la rusticité et de tout ce qui peut améliorer la santé de nos "terrains de jeu", et qu'on ne sera pas une partie du problème, ça n'empêche pas de réfléchir aux solutions, individuellement et collectivement.

La forêt a déjà été plus mal en point qu'actuellement, c'est archi vrai. Cela justifie-t-il de ne pas lui permettre d'aller encore mieux ?

Citer
Je vie actuellement dans un exemple concret d'une évolution plutôt positive de la forêt depuis un peu plus d'un siècle: le massif de Ceüse dans les Hautes Alpes.
Ce massif a été intégralement brulé au début du XVIIIe siècle pour se débarrasser des loups dont la présence devenait insupportable pour la population vivant dans ce milieu rude... le pâturage a maintenu le sol à nu (provoquant une érosion massive des sols et même le déménagement d'un village complet), puis une vaste entreprise de reboisement a débuté à la fin du XIXe siècle, pour aboutir actuellement à un vaste massif forestier relativement riche.

Désolé, mais tu prends un exemple où l'homme a tout détruit puis finalement reconstruit pour m'expliquer qu'il ne détruit pas tout.

Dans quel référentiel le loup était-il insupportable ? Alors oui, il s'agit du XVIIIe siècle, j'ai pas la grille de lecture pour voir et évaluer la situation à travers leurs yeux. Mais aujourd'hui on sait que la disparition des grands prédateurs des milieux forestiers a fait beaucoup de mal des écosystèmes où il sévissait et ne dérangeait au final que l'homme et ses activités.
Pour exemple : le parc yosemite où le loup a été réintroduit (le terme réintroduit étant un mot politiquement correct qui signifie qu'on l'a pas empêché de revenir de son plein gré) et son impact sur la gestion des populations d'herbivore, et donc de l'érosion des sols à proximité des rivières etc. C'est assez intéressant comme expérience. Désolé si je digresse.

Mais sinon je suis d'accord, le massif de Ceüse est aujourd'hui magnifique, et je suis heureux de voir qu'on est collectivement capable dans certaines régions de lancer des entreprises de reboisement de ce type :)

Je précise ici que je suis plutôt un gros bisounours, et que je suis persuadé que l'Homme est capable du meilleur, collectivement. J'attends juste que ça se réalise à grande échelle :D
« Modifié: 05 septembre 2023 à 21:43:46 par MagikPoulet »
Bonne journée

05 septembre 2023 à 21:07:23
Réponse #12

gmaz87


Bonsoir,

Pour abonder dans le sens d'Azur et de Guillaume, je vais donner en exemple la forêt Creusoise qui combine exploitation et donc plantations et forêt naturelle.

En fait le terme de forêt naturelle est abusif car par exemple dans mon secteur, les vues aériennes de l'IGN du début des années 1950 montrent des terres cultivées à l'endroit ou il a maintenant soit des plantations ( de résineux le plus souvent, trop à mon goût) et boisements de feuillus (chênes, hêtres, châtaigniers et autres).

La déprise agricole  qui avait commencé pendant la première guerre s'est accélérée à la fin de seconde guerre et avec l'arrivée du machinisme agricole.

Les terres les plus hautes, souvent les moins rentables, les petites parcelles était inadaptées à la culture avec des tracteurs et progressivement abandonnées, elles se sont boisées, soit naturellement, parfois par des plantations de résineux, souvent sur des parcelles de tailles réduites.

Si il y a bien en certains endroits des grandes parcelles en monosylviculture, il y a en contrepartie énormément de parcelles qui restent dans les patrimoines familiaux et sont des bois peu ou pas exploités, excepté pour les usages domestiques ( piquets, chauffage, champignons) et avec des arbres à tous les stades, jeunes, en pleine croissance, arrivés à maturité, morts, décomposés.

Le mitage et la taille des parcelles restent la meilleur garantie qu'ils ne seront pas regroupés en des ensembles de gestion même si les forestiers locaux et les pouvoirs publics plaident en ce sens.

On a vu ce que l'arrachage des haies et le remembrement ont causé comme problèmes tant au niveau de la gestion de l'eau que de la biodiversité, je pense que la plantation en masse d'espèces d'arbres souvent non présents sur le territoire aurait le même effet.

Donc, non je ne pense pas que les forêts meurent, excepté à cause du changement climatique mais par contre elles sont plus souvent sollicitées que par le passé, simplement aussi parce que les gens bougent plus, vivent souvent en milieu urbain et veulent de la nature et qu'enfin la population à nettement augmenté depuis 1/2 siècle.

Mon avis à deux balles sur le sujet.

A+
Gérard
Quand le débutant est conscient de ses besoins, il finit par être plus intelligent que le sage distrait.»
(Lao Tseu)

L'ennui naquit un jour de l'uniformité

07 septembre 2023 à 07:46:40
Réponse #13

MagikPoulet


Je suis tombé sur un article de Mediapart qui traite du paradigme entre augmentation de la surface forestière et diminution de la santé des arbres. Je peux l'envoyer en MP si vous n'êtes pas abonnés.

Un milliard d’arbres : le bluff écolo de Macron pour sauver la forêt
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/070823/un-milliard-d-arbres-le-bluff-ecolo-de-macron-pour-sauver-la-foret?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5
Bonne journée

07 septembre 2023 à 09:38:38
Réponse #14

Chill


Citation de: MagikPoulet
... un article de Mediapart qui traite du paradigme entre augmentation de la surface forestière et diminution de la santé des arbres.

Médiapart traîne quelques controverses avec la Science (exemples : campagnes contre Le_Réveilleur ou JM-Jancovici). Il a l'"indépendance" revendiquée de la presse d'opinion.
Qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas écrit : tout ce qui est dans ce média n'est pas faux/mauvais/tendancieux ! ... mais ce n'est pas une revue scientifique à comité de lecture.

"Testis unus, testis nullus" comme disait Asterix.

La youtuberie de Rantanplan est au moins aussi bien sourcée. MAAMQJA, comme d'habitude.

      Chill.
"Un sauveteur isolé est en mauvaise compagnie."

08 septembre 2023 à 22:38:44
Réponse #15

Loriot


Bon je connais peu la forêt française dans le détail. Celles qui sont autour de chez moi tout au plus.
Que dire… dans l’Ain comme en Savoie, elles ont la même tête à peu de chose près qu’en Suisse. Elles dépérissent! Et de plus en plus vite. Et pour être franc si les parcelles de plaines plantée en épicéa font peur, les forêts de plaine et de montagnes issues de renouvellement naturel, exploitée ou pas, de manière douce ou plus intensive… c’est un peu kif kif bourriquet! Des dépérissements importants partout!
Chêne, hêtre, érable, charmille, mélèze, épicéa, j’arrête ici mais la liste est longue!
Alors les responsables c’est nous! Tous! Trop chaud, trop sec!
Cela fait maintenant plus de 10 ans par exemple que ma région reçois que les 2/3 de précipitations annuelles… sans parler de l’absence de pluies respectables durant la saison chaude.

Voilà. Nos forêts meme naturelle vont changer. Des arbres plus petits, des espèces différentes aussi par endroits. Mais ça va changer.

A+

Quand Pourine veut la lune tu lui baises les pieds

09 septembre 2023 à 12:00:54
Réponse #16

VieuxMora



09 septembre 2023 à 16:07:41
Réponse #17

mic57




Alors les responsables c’est nous! Tous!


Bien entendu, et malheureusement....

Dans les années 80, nous étions à peu près 4,5 milliard de bipèdes.
Actuellement nous sommes pas loin des 8

https://www.notre-planete.info/indicateurs/population-mondiale.php

La population mondiale a presque doublé en 40 ans, dit comme ça ça me fait encore plus flipper.....

De là à en conclure que la surpopulation mondiale est responsable d'un grand nombre de problèmes actuels il n'y a qu'un pas....

Le Covid puis Poutine ont bien tentés de résoudre le problème mais bon...

Il est nécessaire d’avoir vécu les déchainements du ciel sur la rive d’un fleuve puissant dans la solitude sibérienne pour ressentir un peu de ce préhistorique effroi de l’âme devant la nature – Sylvain Tesson, L’Axe du Loup

09 septembre 2023 à 18:04:20
Réponse #18

Rantanplan


@Chill (ou quiconque bien renseigné)

On se doute qu'une parcelle d’épicéas secs est plutôt inflammable. Mais à quel point une forêt "morte" augmente le risque / les conséquences d'un incendie ?
Rire nous rend invincibles. Pas comme ceux qui gagnent toujours mais comme ceux qui n'abandonnent pas. - Frida Kahlo

09 septembre 2023 à 19:24:52
Réponse #19

Chill


Citation de: Rantanplan
@Chill
Je passe mon tour : pas recyclé sur ce sujet depuis trop longtemps  :-[

Juste un lien, en passant : https://foret.ign.fr/IGD/fr/indicateurs/2.4.1

Rappel : à cause de l'énergie considérable nécessaire pour faire passer en phase gazeuse les liquides aqueux, la cellulose/le bois brûle en fonction de sa fraction humide. La sève d'un bois vivant compte. Du bois mort (sans sève) soumis longtemps à un taux d'humidité atmosphérique faible doit avoir une fraction humide ridicule, donc doit réagir plus rapidement à tout apport d'énergie.
De plus, une accumulation de bois morts au sol, ou pire en semi aérien, crée des "autoroutes" pour les flammes.
J'avais jadis appris qu'une forêt entretenue brûle moins souvent qu'une "jungle".

Mais rien n'est simple : les eucalyptus bien verts et vivants - et dans une moindre mesure des espèces comme celles notées "5" page 16/17 ici - exposés à la chaleur dégazent des aérosols très inflammables : par temps chaud un bosquet d'eucalyptus vivant sera probablement un risque plus élevé que le même bosquet d'eucalyptus mort.  ;D

     Chill, vieillissant.
"Un sauveteur isolé est en mauvaise compagnie."

09 septembre 2023 à 22:29:46
Réponse #20

gmaz87


bonsoir,

C'est là le paradoxe, une forêt "morte" ou plutôt non entretenue est un endroit de biodiversité mais aussi un lieu plus propice aux incendies par les bois secs, les broussailles, le couvert au sol.

A l'opposé, une forêt qui serait exploitée raisonnablement (coupe des arbres arrivés à maturité, nettoyage au sol et selection des futures grumes, aération des coupes sera sans doute moins sensible.

Dans mon secteur, les jeunes plantations de résineux, donc dans des forêts qui sont gérées, vont pendant plusieurs années cohabiter avec des repousses de genets et de fougères lesquels vont à l'automne être de parfaits combustibles.

Les forestiers vont nettoyer mais souvent plusieurs années après les plantations, et en attendant...

En tout cas, je suis d'accord que les forêt souffrent du changement climatique, moins de pluies, plus de chaleur, plus de parasites.

A+
Gérard

Edit: correction après un envoi trop rapide.
Quand le débutant est conscient de ses besoins, il finit par être plus intelligent que le sage distrait.»
(Lao Tseu)

L'ennui naquit un jour de l'uniformité

12 septembre 2023 à 14:13:24
Réponse #21

oajfh


Citer
C'est là le paradoxe, une forêt "morte" ou plutôt non entretenue est un endroit de biodiversité mais aussi un lieu plus propice aux incendies par les bois secs, les broussailles, le couvert au sol.

Ce point est à relativiser *énormément*.

Une forêt tempérée humide avec des sources qui coulent, de la mousse et du lierre sur les arbres, une canopée fermée, a et beaucoup de bois mort risque probablement de moins brûler qu'une plantation d'arbres -souvent des résineux- en ligne sans lisière (et donc complètement exposée à l'effet asséchant du vent) avec des arbres inadaptés à la pluviométrie fluctuante, dans une zone drainée au-dessus de nappes phréatiques dans lesquelles on pompe...

C'est beaucoup plus complexe que le binaire entretenu/non entretenu.

Le documentaire néglige un peu dans la même veine complètement toutes les activités humaines ayant des effets plus ou moins directement asséchants qui pourraient affecter un arbre, ainsi que la façon dont conduire une forêt peut la rendre beaucoup plus résistante ou vulnérable à la sécheresse.

Je rejoins MagikPoulet là-dessus, c'est un sujet qui m'intéresse depuis un moment (autant d'un point de vue terrain que d'un point de vue "que disent les différentes sciences autour de ce sujet"), mais le traitement me paraît très lacunaire.
« Modifié: 12 septembre 2023 à 14:23:34 par oajfh »

31 décembre 2024 à 18:23:28
Réponse #22

NoName


Bonsoir,

Sur le sujet des forets françaises face au réchauffement climatique et plus largement des forets, une petite série d'articles parus cette été sur le journal du CNRS :

L’appel de la forêt (1/6)
La forêt au défi du changement climatique (2/6)
La forêt, un réservoir de biodiversité fragilisé (3/6)
« La forêt amazonienne est habitée depuis toujours » (4/6)
Dix-mille ans d'histoire de la forêt (5/6) (Abonde dans le sens des propos de azur)
Quelle foret pour demain (6/6)

D'autres ressources sur le thème sylvain sont disponibles sur le même site.
« Modifié: 31 décembre 2024 à 19:10:58 par NoName »

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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