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Auteur Sujet: Encore un mort en stage  (Lu 4042 fois)

25 mars 2023 à 09:34:34
Lu 4042 fois

VERDUG0


Salut,
Je vous partage un artcile récent.
Le Point
Publié le 19/03/2023 à 07h30


"Mort en stage de survivalisme : un « Rambo » mythomane jugé en correctionnelle

L’instructeur venait de l’infanterie de marine, c’était un baroudeur, mais il ne savait pas distinguer des carottes sauvages et des plantes toxiques.
Par Erwan Seznec
Publié le 19/03/2023 à 07h30

Temps de lecture : 4 min

Il s'appelle Potiniarii Malardé, mais tout le monde l'appelle John. Né à Tahiti, âgé de 51 ans, il a servi son pays sur plusieurs théâtres d'opérations, comme soldat puis chef de groupe, au 3e régiment d'infanterie de marine de Vannes. Il a pris sa retraite en 2009. Il a la nuque large, les épaules larges, les mains larges. À la barre du tribunal correctionnel de Lorient, pourtant, ce 13 mars, c'est avec une voix de petit garçon pris en faute que John Malardé répond aux questions du président.

« Saviez-vous que cette plante était dangereuse ?

– Oui. Non.

– C'est oui ou c'est non, monsieur Malardé. »

L'ancien militaire doit répondre de la mort d'un jeune homme, intoxiqué lors d'un stage de survivalisme qu'il encadrait. Le déroulé de la journée tragique a été décrit par tous les témoins dans des termes identiques. Le 8 août 2020, douze stagiaires, dont trois enfants de 10 et 12 ans, se retrouvent sur un terrain à Kervignac, Morbihan. Ils veulent apprendre les bases de la survie : construire un abri, faire un feu, se nourrir de plantes sauvages. Le stage est organisé par la société de John Malardé, Aïto Survivor, créée en 2015.

L'encadrant a la tête de l'emploi. « C'était le Rambo de notre enfance », dira un des stagiaires aux gendarmes. Mais un John Rambo mythomane, souligne le président. Il s'imagine inventeur d'un couteau équipant l'armée américaine et s'attribue des faits d'armes imaginaires. Et surtout, il prétend connaître les plantes.
Carotte sauvage et ciguë, un classique

La grande famille des ombellifères comporte des variétés comestibles, comme la carotte sauvage, et d'autres, toxiques, telles la ciguë et sa cousine, l'œnanthe safranée. À l'œil, la confusion est très facile. Il existe une règle simple pour l'éviter. Les carottes sauvages aiment le sec et le soleil. L'œnanthe safranée préfère l'ombre et la vase. Par ailleurs, elle est infecte, alors que la carotte sauvage a un goût de carotte.

John Malardé le savait-il ? S'il le savait, pourquoi n'a-t-il pas mis ses stagiaires en garde ? L'essentiel de l'audience va tourner autour de ces deux questions. Le 8 août, en effet, l'instructeur a laissé huit de ses élèves ingurgiter de l'œnanthe safranée, cueillie au bord d'un ruisseau. Lui-même y a goûté ! Ils ont tous été malades, mais celui qui avait ramassé, cuisiné et mangé la plus grande ration en est mort. Il se nommait Ulysse Tâm Hà Duong, il avait 26 ans et il voulait entrer dans l'armée. Son agonie a duré trois jours. Le lendemain du drame, le responsable avait affirmé à un proche d'un stagiaire, qui le pressait de questions : « Le stage s'est bien passé, il y a juste quelqu'un qui a mangé une plante mal nettoyée. »

Le procureur Éric Pouder comme les avocats des parties civiles le pressent de questions. Le président lui parle très doucement et lui demande à deux reprises : « Vous comprenez ce que je dis ? » Il marmonne, s'embrouille, ne sait plus. Oui, il connaissait l'œnanthe safranée, non, il n'a pas confondu. Mais alors, demande un des avocats des parties civiles, cet enfant de douze ans qui jure que l'instructeur leur a montré à tous la plante toxique en disant qu'il s'agissait de carottes sauvages, il ment ? John Malardé ne répond pas.
Responsable, mais pas coupable

Pendant l'instruction, il avait déclaré qu'il se sentait « responsable, mais pas coupable ». Vincent Omez, l'avocat des parents et de la compagne d'Ulysse Tâm Hà Duong, lui demande si maintenant, à la barre, il se sent coupable. La salle retient son souffle, en vain. Toujours pas de réponse. Accusé d'homicide involontaire, il est venu au tribunal vêtu d'un sweat-shirt orné d'une énorme tête de mort. Un avocat lui en fait la remarque, parle d'indécence. Quelqu'un dans le public applaudit. « Je n'ai pas réfléchi… » bafouille l'accusé.

À quel moment la désinvolture devient-elle criminelle ? John Malardé n'avait aucune formation de botaniste, aucun diplôme d'instructeur ou de secouriste. Il apprenait à ses élèves à faire du feu dans la nature en plein mois d'août, malgré les risques d'incendie. Il proposait à ceux qui le souhaitaient des stages clandestins de tirs à balles réelles. Il n'était pas en règle vis-à-vis de l'Urssaf. Il n'a pas compris le danger quand il a senti l'amertume des légumes cuits par son stagiaire. Il a mal interprété les convulsions de ce dernier, il a pensé à une crise d'épilepsie. Il a fallu qu'un autre stagiaire se fâche pour qu'il se décide à appeler les secours.

« Ulysse Tâm Hà Duong est mort de votre amateurisme », résume le président. « J'y repense en permanence », murmure le colosse. Son avocate, Émilie Shilling, a demandé qu'il ne retourne pas en prison. Il a fait quatre mois de détention provisoire. Le procureur a requis trois ans de prison, dont six mois avec sursis, 16 000 euros d'amende et l'interdiction définitive d'organiser ce type de stage. Le jugement sera rendu le 3 avril."

https://www.lepoint.fr/societe/mort-en-stage-de-survivalisme-un-rambo-mythomane-juge-en-correctionnelle-19-03-2023-2512631_23.php
Bivouacs et cuisine des bois : https://youtu.be/IxatC2v-X2k

25 mars 2023 à 09:41:20
Réponse #1

VERDUG0


Je croyais qu'on en avait parlé en 2020 mais je retrouve pas le fil.
Le stagiaire a mangé de l'œnanthe safranée confondue avec de la carotte sauvage.
Bivouacs et cuisine des bois : https://youtu.be/IxatC2v-X2k

25 mars 2023 à 10:06:29
Réponse #2

Khee Nok



C'était un stage cool, il s'est bien passé, il y a eu un mort.

Je n'ose pas imaginer ce que ça donne quand un de ses stages de tir à balles réelles se passe mal.


Suite à cette affaire, est-ce qu'il y a finalement eu une évolution du cadre réglementaire comme certains le souhaitaient ?

25 mars 2023 à 11:57:26
Réponse #3

Krapo


Laissons glouglouter les égouts !

25 mars 2023 à 17:37:18
Réponse #4

azur


Publication du 19 mars 2023 sur la page Facebook du CEETS: https://www.facebook.com/ceets.survie/posts/pfbid02aWJBLPGyXwSF4Aa3iC3Stxmp2pXUKTxCnHNQFoxPqZ94fZpuVN5qikADHXAWXZoLl

Citer
Depuis plusieurs années, nous mettons en garde et alertons qui veut l'entendre sur l'importance de la formation, pour ce qui concerne les moniteurs et instructeurs de survie.

Emmener des inconnus dans un milieu complexe, pour leur apprendre à gérer les risques, cela ne s'improvise pas. Et c'est pour cette raison qu'au CEETS, nous passons beaucoup de temps à former nos formateurs.  D'ailleurs, plus de 90% échouent ou abandonnent la formation en cours de route.  Depuis 15 ans, c'est 81 personnes qui ont commencé la formation moniteur au CEETS.  A l'heure actuelle, 9 l'ont terminée, et nous font l'honneur de travailler au sein de notre équipe très sélecte.

Peu après le décès d'Ulysse Tam Ha Duong, le 11 août 2020, dans le Morbihan, son Oncle, Duc Ha Duong a lancé une pétition pour pousser le gouvernement à légiférer sur l'encadrement des stages de survie.  Nous avons été parmi les premiers signataires de cette pétition, et avons oeuvré pour structurer la profession et tâcher d'en relever le niveau général.  Pour le moment en vain.

Après la création d'un cercle d'étude puis d'une fédération professionnelle, nous avons (tous les 5 membres fondateurs de la fédération) été sollicités de nombreuses fois par l'Inspection Générale de l'Administration qui a mené une grande enquête sur le sujet des stages de survie.  Leur travail remarquable arrivait à des conclusions assez équilibrées, et proposait d'orienter les choses pour encadrement qui favorise à la fois la sécurité des stagiaires et la liberté des encadrants.
 
Pour le moment, le sujet ne semble pas être une priorité pour le gouvernement, et la seule chose qui protège les stagiaires qui vont aujourd'hui en stage de survie est l'éthique de travail des acteurs consciencieux du secteur...  et la chance, dans bien des cas.

Nous ne sommes pas forcément en faveur d'un verrouillage de la discipline par l’État.  Nous sommes, en revanche, dans une démarche de formation consciencieuse de nos moniteurs, avec une culture de la gestion des risques vraiment intransigeante : non seulement nous voulons éviter les accidents pendant nos stages, mais notre métier consiste à faire en sorte que nos stagiaires aient moins d'accidents et fassent moins d'erreurs fatales APRES.  Et c'est une responsabilité énorme.

Le verdict, pour ce qui concerne monsieur Malardé, sera rendu le 3 avril. Sans lui souhaiter du mal, car nous imaginons qu'il regrette profondément sa faute et que s'il pouvait revenir en arrière il ferait très probablement les choses différemment, nous espérons que ce drame serve de leçon à tous les formateurs en survie, et qu'il inspire la plus grande prudence.

Ulysse Tam Ha Duong avait 25 ans.  Il voulait servir son pays.  Il était plein de vie et de rêves.  Espérons que son décès tragique nous serve tous au moins à éviter que ce genre de chose se reproduise.

https://www.lepoint.fr/societe/mort-en-stage-de-survivalisme-un-rambo-mythomane-juge-en-correctionnelle-19-03-2023-2512631_23.php?fbclid=IwAR2BOvbA3s7jLo-hIaCKd_heu8sMkdpF1bGv8M6jevz-aEcW6vbrVOzB698
Tout le monde savait que c'était impossible... est venu un idiot qui ne le savait pas, et qui l'a fait!
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Boviner, c'est contourner par le centre...

25 mars 2023 à 17:41:46
Réponse #5

Khee Nok


Un peu de lecture : https://forum.davidmanise.com/index.php/topic,69809.0.html

Et justement : qu'est-il advenu ?

Puisqu'on ne me demande pas mon avis, je le donne:

- je comprends que les familles des victimes, à commencer par celle de celui qui est mort tué par un soi-disant instructeur, souhaitent que ça serve de leçon et que des mesures soient prises pour éviter que ça ne se reproduise.

- je comprends que les instructeurs sérieux et honnêtes en techniques de survie ne veuillent pas être assimilés à des pratiques ou des types incompétents et/ou véreux et/ou extrémistes etc.

- je me demande s'il est très logique d'aller apprendre des techniques visant à prolonger la vie auprès.de personnes dont la spécialité est plutôt de la raccourcir brutalement.

- il me semble que la "survie", et notamment dans une logique de survie individuelle, passe par une prise de responsabilité: ne pas dépendre des autres (ponctuellement). Dans le cas d'une personne adulte et vaccinée, participer à une activité quelconque suppose d'en évaluer et assumer les risques.

- dans cette logique, souhaiter une régulation forte me semble paradoxal. Cf le récent plaidoyer de David Manise pour une éducation qui permette aux jeunes de faire - dans certaines limites - des conneries. Certaines de ces conneries auront des conséquences tragiques. Si on répond à chaque accident par une loi ça va pas le faire.

- ce qui ne suppose pas de laisser n'importe qui faire et surtout faire faire n'importe quoi. C'est une forme de liberté d'expression, mais chacun doit rendre compte de l'usage qu'il en fait. De ce point de vue les réquisitions dans l'affaire dont à propos de laquelle on cause me semblent assez lénientes: le type, par négligence criminelle, a tué un jeune gars, et ça aurait pu être encore pire.

- s'il fallait quand même une forme de régulation spécifique (ce qui n'est pas évident) il me semble que le développement de formations/accréditations sérieuses et reconnues, en gros des "marques", peut-être préférable à une réglementation étatique qui, par nature, fait rarement dans la finesse.


Au final, la réglementation a-t-elle évolué et si oui comment ?


PS: entre-temps j'ai vu le post d'Azur qui répond en partie à mes questions.


« Modifié: 25 mars 2023 à 21:25:19 par Khee Nok »

26 mars 2023 à 18:06:14
Réponse #6

DavidManise


OUF...

En voyant le titre de ce post, j'ai eu peur qu'il y aie eu encore un décès en stage de survie.  Fort heureusement ça n'est pas le cas.

Pour répondre à la question : pas grand chose n'a encore bougé, malheureusement.  J'espérais beaucoup de l'enquête diligentée par l'inspection générale de l'administration. Leur boulot a été remarquable -- même si personnellement j'aurais été plus exigeant qu'eux dans mes recommandations -- et j'imaginais que des actions législatives allaient être mises en place suite à cette enquête. 

Visiblement ça ne sera pas le cas.  Enfin je n'ai rien vu passer.

A nous, formateurs, de nous organiser, donc, pour offrir des garanties de sécurité dignes de ce nom à nos stagiaires.

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

26 mars 2023 à 19:04:11
Réponse #7

Chill


Citation de: DavidManise
J'espérais beaucoup de l'enquête diligentée par l'inspection générale de l'administration. Leur boulot a été remarquable -- même si personnellement j'aurais été plus exigeant qu'eux dans mes recommandations -- et j'imaginais que des actions législatives allaient être mises en place suite à cette enquête.

Le rapport de l'IGA mentionné par David : https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Rapports-de-l-IGA/Rapports-recents/Les-stages-de-survie

       Chill.
"Un sauveteur isolé est en mauvaise compagnie."

26 mars 2023 à 21:32:57
Réponse #8

bison solitaire


"et j'imaginais que des actions législatives allaient être mises en place suite à cette enquête" : ça doit être suite à un audit similaire qu'Einstein a du développer la théorie de la relativité du temps (ou alors après la pause dans ces cours d'étudiants et que ses élèves prenaient 15 minutes au lieu de 45).

J'ai participé en tant qu'audité à plusieurs audits (cours de comptes, IGA et d'autres trucs...) C'est rarement réactif voire constructif...

26 mars 2023 à 22:43:14
Réponse #9

Khee Nok


Le rapport de l'IGA mentionné par David :


Je suis choqué: ladite mission semble avoir adopté une approche de bon sens !

Citer
Les difficultes objectives à ranger la notion de « stage de survie » dans un objet unique, la
marginalité du nombre de participants en dépit d'une hausse perceptible et le faible nombre
d'accidents conduisent la mission à ecarter de ses recommandations l'adoption d'une règlementation unique et dédiée à cette activité.


Le moindre camp scout que nous (boomers) avions connu serait qualifié comme un truc passablement extrême. Alors que sauf à tomber sur l'abbé Cottard, ou avoir un chef de troupe pédophile, on en sortait généralement indemnes, et plus résilients comme on dit maintenant.

Si on en revient à l'accident de 2020: on voit bien que le type était passablement con. Aurait-il compris et appliqué la loi (sachant qu'il proposait par ailleurs des trucs en fait moins dangereux et illégaux) ?

Et les stagiaires... Qui va bouffer en quantité un truc dégueulasse et inconnu, sur la seule recommandation d'un type aux qualifications invérifées ? Mais à leur place on aurait sans doute fait pareil: inconscience, soumission à l'autorité, faim, bravade etc. Et puis il y en a bien des qui mangent délibérément des choux de Bruxelles, allez comprendre.

Ceci dit parmi les recommandations il y a en au moins une dont je suis surpris qu'elle doive être avancée (j'aurais pensé que ça allait de soi) :

Citer
Inciter les encadrants d’un groupe de stagiaires à détenir une attestation de sécurité dans le niveau
correspondant au degré de son champ d’intervention, et a minima la détention du PSC1.

Pourquoi "inciter" ? Le PSC1 pourrait quand même être une exigence minimale (euphémisme) pour quiconque est payé pour encadrer un groupe dans une activité entraînant un risque physique pour les participants.

« Modifié: 26 mars 2023 à 23:05:20 par Victor »

27 mars 2023 à 00:52:13
Réponse #10

Nikolapland


Salut,

Le titre devrait être changé, car il n'y a pas eu de nouveau mort, heureusement. Cet article parle du jugement de l'encadrant, suite à l'intoxication de plusieurs stagiaires et à la mort de l'un d'eux en 2020.

Tout encadrement d'un groupe demande des précautions et implique une responsabilité, donc des précautions, mais dans la nature, particulièrement lorsqu'on parle de plantes, ces précautions sont plus fortes encore que dans bien des domaines. Combien de simples balades "amatrices" sur les plantes comestibles, qui n'ont aucun encadrement ? Le risque existe partout, notamment dans la nature, mais certaines précautions permettent de réduire significativement les risques : cette fois-ci, il y a eu des erreurs aux conséquences dramatiques sur les plantes, qui auraient pu (dû) être évitées, mais il ne faut pas non plus faire l'erreur de glisser vers une déresponsabilisation non plus de chaque stagiaire : en forêt, on peut aussi glisser dans une pente et s'empaler sur une branche...ça serait alors bien différent.
La (sur)vie dans la nature et le bushcraft nécessitent une multitude de connaissances, de savoirs, de Savoir-faire et, quand on encadre un groupe, de responsabilités.
Savoir faire du feu? Oui, mais pas n'importe où, ni n'importe comment.
Savoir faire un abri? Oui, mais pas en épuisant les ressources, pas n'importe où, pas le même partout, etc.
Savoir gérer la relation aux animaux sauvages? Oui, mais il subsistera toujours une part d'imprévisible invitant à l'humilité et d'énergies de chacun, qu'aucun texte, aucune leçon ne pourra donner si ça n'est pas en nous.
Savoir faire des nœuds? Oui, mais si on ne connait pas les cordes, si on ne gère pas les points d'accroche, si on ne fait pas attention aux conditions physiques et aux frottements, si on ne vérifie pas l'état des cordages...il y a des risques.
Dormir dehors ou juste marcher? Oui, mais nous n'avons pas tous le même physique, ni les mêmes limites et là où certains résisteront, d'autres mourront d'un arrêt cardiaque.
Purifier de l'eau? Oui mais où et jusqu'où? Une eau jaunâtre pourra être plus potable qu'une eau claire, une eau bien filtrée ne signifiera pas forcément qu'elle est potable, une eau sans microorganismes peut rester toxique si elle est polluée chimiquement, etc.
Et pour les plantes, il y a tout un processus sur lequel on ne blague pas, pour ne pas, parmi plus de 7000 espèces rien qu'en France, des centaines de possibilités d'hybridation ou de modifications épigénétiques ou constitutionnelles selon le milieu, ne pas s'intoxiquer et, à minima, éviter les quelques 300 à 400 espèces toxiques et la cinquantaine potentiellement mortelle... Et une formation botanique, même poussée, dans une région donnée, ne donnera qu'une connaissance sur les plantes de ce secteur. Ces processus dont je parlais juste avant deviennent alors, plus encore que la connaissance des plantes elles-mêmes, la seule clé pour ne pas (s')empoisonner, le premier principe étant de vérifier, de revérifier, de revérifier encore, de comparer et, s'il existe le moindre petit doute, de s'abstenir, surtout quand on parle de la vie d'autres personnes que soi-même.

Ceci étant dit, dans le cadre privé et personnel, chacun devient alors responsable des risques pris, en ayant pleinement conscience des limites de ses propres connaissances et des risques encourus...

Tout ça rend très complexe la validation d'un cadre formel à l'encadrement des stages de (sur)vie en nature, parce que ça fait appel à une multitude de connaissances et qu'il existe et existera toujours un risque, mais une chose est sûre : une formation militaire, quelle qu'elle soit, ne fait pas un sachant en nature et à ses risques, un trekkeur/campeur même expérimenté n'est pas forcément compétent en botanique, un botaniste même professionnel ou un pharmacien ne sera pas forcément connaisseur sur les usages des plantes et leurs usages dans la nature, un guide de (haute) montagne ou une personne formée aux milieux difficiles ou à l'encadrement de groupes en nature, n'aura pas pour autant les réflexes ou les connaissances de tout ce qu'implique la vie en nature, un médecin (et il en existe mille sortes, dans mille domaines) ou tout autre personnel médical ne saura pas forcément ce qui est nécessaire pour réagir en cas d'empoisonnement, d'envenimation, d'infection ou même juste d'accident physique en conditions dégradées, sans pharmacie ou matériel et on voit/lit et vivra/lira encore longtemps, bien des conneries ou imprécisions dans le monde de la (sur)vie et du bushcraft, souvent sans trop de conséquences, mais pouvant parfois, dans quelques cas, mener à une fin funeste.
Plus que les connaissances, il y a des bases indispensables à avoir et une sagesse, plus qu'un savoir, à intégrer pour encadrer ce type de stages, qui seront bien difficiles à encadrer réglementairement ou même à généraliser à tous les formateurs...mais essayons et comme tu dis David, à nous, qui enseignons nos savoirs, de savoir faire preuve d'humilité aussi face à tout ce qu'implique la Nature, à commencer par le fait que nous ne pourrons jamais en maîtriser tous les faciès, tous les risques, mais que quelques règles, notamment le fait d'accepter de ne pas savoir parfois, permettent tout de même de garantir un risque minimal dans le cadre des stages dispensés.
Nikolapland
https://wild-arts.fr
La véritable sagesse consiste à ne pas s'éloigner de la nature, mais à mouler nos actes sur ses lois et son modèle... [Sénèque]

27 mars 2023 à 08:21:14
Réponse #11

DavidManise


Je suis choqué: ladite mission semble avoir adopté une approche de bon sens !

Oui ! 

Perso, j'ai poussé dans le sens de formations obligatoires minimales, mais ils ont été encore plus cool que moi dans leurs recommandations, et ils ont réellement fait un travail remarquable. 

En discutant avec les enquêteurs (ça fait un peu procédure juridique mais c'est pourtant bien le terme), j'ai trouvé face à moi des gens posés, réfléchis, et capables de prendre une distance saine par rapport aux sujets (probablement bien plus que moi).

J'ai participé en tant qu'audité à plusieurs audits (cours de comptes, IGA et d'autres trucs...) C'est rarement réactif voire constructif...

Je pense que l'enquête en question a été superbement menée, franchement.  Après, les priorités politiques sont clairement ailleurs... 

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

04 avril 2023 à 11:25:44
Réponse #12

VieuxMora


Le jugement a été rendu:
https://www.letelegramme.fr/bretagne/le-stage-de-survie-avait-vire-au-drame-deux-ans-de-prison-ferme-a-l-organisateur-03-04-2023-13310609.php
En résumé:
En plus des deux ans de prison et des amendes (2250 Euros) il écope de 15 ans d'interdiction de port d'armes, et d'une interdiction définitive d'organiser des stages de survie.
Mais aussi, il devra verser au total 165 000 € de dommages et intérêts à la famille du DCD et aux autres victimes.

04 avril 2023 à 13:05:11
Réponse #13

VERDUG0


Merci pour le suivi SageMora !

D'ailleurs je cherche toujours un vieux mora 510  ;#

En espérant que ca débouche sur des pratiques plus intelligentes...
Bivouacs et cuisine des bois : https://youtu.be/IxatC2v-X2k

03 septembre 2023 à 11:55:19
Réponse #14

Jehan


Un petit post pour ne rien dire afin de faire remonter le fil et le rendre plus visible.
Afin que les éventuels anonymes intéressés par la survie qui passent ici s'imprègnent du fait qu'il faut faire être méfiant et réfléchi lorsque pour son premier stage on se retrouve à devoir choisir parmi une pléthore de types et d'organismes sur internet.

Petit tips perso: Lorsque j'ai choisi où faire mon premier stage, j'ai utilisé un paramètre simple: quel est l'organisme qui me vend le plus du rêve?
Le CEETS me faisait pas trop rêver et me ramenait pas mal sur terre. Du coup je me suis inscris chez eux.
"Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les coeurs abjects."   -Ernst Jünger, les falaises de marbre

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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