Bonjour,
Je regardais s’il y avait ici des « retours d’expérience » ou similaires à partir de la guerre en Ukraine, qui représente un des scénarios hélas possible de chambardement de la société, dans un pays pas si lointain.
J’ai vu le fil traitant de la situation des militaires mais pas de « leçons à tirer » de l’expérience de ces millions de gens qui se sont hélas retrouvés réfugiés, ou privés durablement de services publics élémentaires etc.
A défaut voilà ce que je retiens des choses lues, vues et entendues sur les médias (je ne suis pas allé sur place).
A partir de témoignages, par exemple
https://www.npr.org/2022/03/09/1085107118/russia-ukraine-lviv-train-evacuation-checklist parmi bien d'autres etc.
- Les sociétés et les états ne s’effondrent pas comme cela et, même en mode très dégradé, continuent de fonctionner vaille que vaille. Je ne sais pas si notre société/pays ferait pareil mais c’est plutôt encourageant (façon de parler).
- Evacuer, quand on peut aller vers un endroit où on sera raisonnablement bienvenu, semble souvent être une bonne solution (comparer le sort des réfugiés accueillis en Europe et des habitants qui ont subi un siège à Marioupol).
- Dans ce cas il ne faut pas attendre trop longtemps : ceux qui sont partis puis ont souhaité revenir ont pu le faire. Par contre certains de ceux qui ont trop attendu se sont retrouvés pris au piège dans les villes assiégées.
- Etre reconnu comme « légitime » est important. Voir les différences de traitement entre réfugiés selon leur origine, par exemple les étudiants africains qui étaient présents en Ukraine. Avoir un deuxième passeport est précieux (cela concerne plutôt les russes qui ont vu beaucoup de portes se fermer).
- Avoir de l’argent et/ou le moyen d’en gagner, aussi. Les comptes en banque peuvent être bloqués, cf les russes à l’étranger ne pouvant plus y accéder : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier (il est parfaitement licite d’avoir un compte – déclaré – à l’étranger etc).
- « L’ identité numérique » au sens très large est peu protégée et peut coûter cher. Les ukrainiens ne vivaient pas dans un système totalitaire mais les outils de surveillance potentielle étaient là: cf l’épluchage des réseaux sociaux, du contenu des téléphones portables par les russes, avec de sérieux risques à la clé. On ne fait pas disparaître tout cela en trois clics (et même là ce serait une forme d'aveu).
- Son équivalent dans la vie réelle, aussi, mais plutôt en positif. Il y a pas mal de "belles histoires" d'Ukrainiens accueillis par des relations de travail etc, pas forcément par des proches. Je suppose que pas mal de gens qui sont prêts à aider et accueillir le font à condition de savoir que l'hôte n'est une menace ni pour leur famille, ni pour eux, ni pour leurs biens. Le simple fait d'être reconnu "pour de vrai" comme quelqu'un de correct aide, pas sûr que ça marche avec un ami facebook (et dans tous les cas, le type qui vous a fait des crasses en réel ou en virtuel ben... karma).
- Evacuations en véhicules: près du front certaines voitures ont eu les pneus crevés par les éclats d’obus trainant sur les routes, donc avoir plus d’une roue de secours est peut-être une bonne idée dans de telles circonstances (par exemple si on a deux jeux de pneus). Je ne sais pas si une ou deux ou six bombes anticrevaisons peuvent gérer ce genre de problèmes (j’en doute).
- Mais avoir une voiture reste un avantage clair.
- Surtout une voiture anglaise (c’est mon cas) : les snipers habitués aux voitures continentales visent le conducteur mais abattent le passager, c’est pour ça que ça s’appelle la place du mort.
- Les évacuations peuvent se traduire par de longs voyages en transports en communs bondés etc : donc prévoir de devoir réduire les bagages au minimum, pas d’accès aux toilettes (éviter de boire, couches pour les enfants), pas mal de gens malades (médicaments et sacs pour vomir), pas de possibilité de recharger les téléphones (économiser les batteries + batterie secondaire).
- Il faut pouvoir réduire le bagage à l'essentiel (les papiers, le téléphone, le fric, la photo de la tombe de mémé, un peu d'eau et de bouffe) mais avant d'arriver à la gare ou au poste frontière, ou sur place, ça peut prendre des jours, possiblement dans le froid etc. Il me semble cohérent de prendre le nécessaire (de l'eau en quantité, de la nourriture, des vêtements chauds etc) dans la limite de ce qui est transportable (en voiture, à pied etc).Il est plus facile de partir un peu chargé et de consommer/abandonner que le contraire.
- Par contre les fils de pêche et tomahawk n’ont jamais été mentionnés. Il ne semble pas y avoir eu beaucoup de retour à la vie sauvage. Un bémol à ce qui précède : les réfugiés afghans ou syriens coincés entre la Biélorussie et la Pologne, eux, se sont retrouvés à bivouaquer en forêt dans le froid.
- Il ne semble pas y avoir eu de gros problèmes de sécurité (au sens crimes et délits, pas les obus et missiles) si ce n’est des cas de personnes un peu trop empressées d’accueillir de jeunes et jolies réfugiées à l’arrivée (et ce problème a peut-être été plus fantasmé que réel).
- L’évacuation des animaux domestiques est une vraie question !
- Pour ceux qui sont restés sur place (les humains) les approvisionnements en eau et nourriture ont parfois été interrompus. L’eau semble avoir été le problème le pire, certains en ont été réduits à boire l’eau des radiateurs (ce qui ensuite pose problème pour rétablir le chauffage). Les solutions de « survie individuelle » dans un cadre urbain semblent rapidement trouver leurs limites. Par exemple comment stocker la quantité d’eau nécessaire dans un appartement (dès que l’on dépasse les quelques jours) ?