Yo !
Alors, quelques points :
1) j'aime cet endroit, parce qu'au lieu de partir à 100% sur une foire d'empoigne après un message un peu trollique (volontairement ou pas), on arrive à faire sortir du bon contenu, et ça c'est top.
2) la question de "pour ou contre le loup" est un débat qui n'a pas vraiment de sens, puisque la loup est une donnée avec laquelle il faudra composer durablement, je pense...
3) les populations de loups explosent autour de chez moi, et les attaques se diversifient (probablement parce qu'il y a bcp de loups et moins de gibier facile pour eux) : brebis et chèvres, mais aussi vaches, chevaux, chiens (dans un rayon de 10km autour de ma maison)... un ami à moi s'est fait tuer un de ses chiens à 3km à vol d'oiseau ici. Et non ça n'est pas l'attaque dont il est question dans le journal cité plus haut.
4) Pour avoir longuement discuté du sujet avec un spécialiste des prédateurs coopératifs (un mec totalement génial et cinglé que j'adorais, et ce con est mort dans son sommeil l'an dernier -- Tatane, à ta santé !) et notamment du loup, mon OPINION sur le sujet (relativement bien documentée) est que :
- le loup est un prédateur opportuniste. Il craint en général l'humain, parce que -- et il a bien raison -- il en a une peur atavique. Un humain, ça peut avoir un fusil, un piège ou du poison. Maintenant, cette peur peut être contrebalancée par plusieurs facteurs : habituation et désensibilisation progressive, le surnombre important (10 loups contre un mec, ça se tente), la faim, et la rage (les attaques du fait de la rage sont toujours le fait d'un loup isolé et sont plus faciles à "gérer", même si les risques restent importants même pour un adulte en bonne santé muni d'un bâton).
- Le loup n'a pas de morale, ni de principes, ni autre chose qu'une grande capacité à être à la fois prudent et élusif, et à la fois incroyablement gonflé et agressif quand les conditions sont réunies pour lui.
- Le loup est capable de comportements tactiques simples et auto-organisés qui fonctionnent extrêmement bien. Typiquement il oscille entre une envie de s'approcher pour attaquer et une prudence qui le pousse à reculer si sa proie lui fait face. Ca donne, en groupe, une tactique de tenailles basique : encerclement, fixation, et attaque sur les jarrets, jusqu'à ce que la proie tombe et ensuite la meute l'achève. Les chiens font pareil.
- Le loup attaque l'humain, notamment les personnes isolées, et surtout les enfants. Les attaques documentées se passent essentiellement à la belle saison, et ont lieu le plus souvent sur des gamins de moins de 15 ans qui vont tous seuls dans des endroits où le loup peut être présent. Typiquement, au moyen-âge, c'était le minot qui gardait tout seul un troupeau au début de l'été. Mais il ne faut pas en faire une généralité : voir deux points plus haut : "le loup est un prédateur opportuniste".
5) le loup est "élusif et ubiquitaire" : il est déjà partout, et on a clairement tendance à sous-estimer ses capacités de mobilité, et son nombre. Même les attaques recensées sont largement sous-estimées. Exemple, sur cette carte, juste autour de chez moi je sais qu'il en manque plus d'une dizaine :
https://maploup.fr/map.php -- autour de chez moi je vois régulièrement des crottes et des empreintes. On les entend hurler assez régulièrement et du coup il est possible de les localiser. Et de fait je comptais aux dernières nouvelles trois tanières différentes à portée de voix autour de chez moi. Donc probablement une vingtaine d'individus dans ma petite vallée, chacune dans un coin différent qui donne accès à des versants différents. Les chevreuils ont disparu (j'en voyais régulièrement plusieurs en faisant mes marches et autres footings, et depuis l'automne 2022, plus aucun). Les chamois se font rares. Bref, de mon point de vue on est en surpopulation de loup, là, ici. Et de fait ils vont commencer à bouger pour aller plus loin, ou à avoir les crocs et à mourir.
6) si on est promeneur ou randonneur, la conduite à tenir est assez simple : statistiquement on n'est pas trop à risque si on a plus de 15 ans, et carrément pas si on est deux ou plus. Si on est éleveur, mon amour du loup me pousse à dire qu'un est important que le loup comprenne qu'il a intérêt à rester loin. A force de vouloir trop le protéger, en mode angélisme, je crains qu'on se retrouve à lui permettre de sales habitudes et qu'à terme ça impliquera de nouveau des politiques ultra dures. Moi je suis (depuis le tout début de cette histoire de loup), pour permettre aux bergers de protéger leurs troupeaux avec des fusils et des chiens vraiment méchants. N'en déplaise aux randonneurs, qui -- et j'en fais partie -- sont là pour leurs loisirs, et pas pour s'arracher une subsistance. Ma voisine, chevrière, a des kangals comme chiens de troupeaux. Alors oui, c'est un peu chiant quand ils sont en vadrouille et que je veux passer (parce que oui, ils sont mignons ses deux kangals mais quand ils gardent ils font pas semblant) mais je fais un grand détour, et je râle pas.
Voilà.
Des bisous
David
P.S.: comme avec les chiens, la défense contre une attaque de loup commence par NE PAS COURIR, s'adosser à un truc si on le peut pour éviter de se faire couper les tendons des mollets, ou se mettre dos à dos, et punir tous ceux qui s'approchent avec des piques de bâton (difficiles à voir venir pour eux). Le spray au poivre est efficace aussi, je pense, comme sur tous les canidés et ursidés...