Bonsoir,
Ca fait trèèès longtemps que je ne suis pas passé sur ce forum.
Les derniers événements géopoliques ont ranimés ma flamme de préparation à survivre en contexte dégradé. Je suis donc en train de me remettre à jour (j'ai du taf), sans parler de la condition physique (c'est un peu tard je sais aussi)...
Bref...
J'en profite pour partager un événement que j'ai vécu en... 2019... Novembre pour être précis.
C'était un jeudi après-midi, il se met à neiger fort. Rien d'anormal part chez moi.
Mais la neige est collante, humide, lourde...
En quelques heures, elle se colle aux câbles électriques et patatra, plusieurs centaines de mètres de la ligne principale alimentant les environs s'écroulent et coupent l'alimentation électrique.
Il était environ 16h, je me souviens de 2 énormes flashs lumineux dans le ciel puis plus rien dans la maison. Le silence total...
J'habite le Nord de la Drôme, un petit village au milieu de rien, pas très loin de tout, mais il faut au moins 10 minutes de voiture pour joindre la ville ou le village d'à côté.
Des coupures électriques, ça arrive souvent ici. De quelques secondes à quelques minutes. Jamais plus.
Les gens du coin m'avaient averti: il arrive souvent d'avoir des coupures, la plus longue a duré 2 jours...
Ok, ok... J'en prend note en 2017 lorsque je fais construire ma maison.
Maison de plein pied avec un trèèèès grand bowindow dans le salon (ou plutôt un salon dans ce grand bowindow) pour bénéficier de la lumière le plus possible et de chauffer la maison avec le soleil à moindre frais.
Briques type monomur, poêle à bois. Je ne voulais pas de pellets, pour pouvoir me chauffer avec n'importe quoi qui peut brûler. Mais les normes imposent un poêle avec tirage piloté. En gros des moteurs qui ouvrent ou ferment les arrivées d'air pour gérer les suies et moins polluer.
Chauffe-eau avec pompe à chaleur air/eau. Il consomme peu en électricité.
Et une plaque de cuisson au gaz (bouteille).
Les volets? électriques... Le portail? électrique... le garage? manuel (vi vi, j'ai pas encore le budget).
La maison est située en retrait de la rue, environ 200m, quelques voisins derrière, jardins mitoyens, un voisin à ma droite, mais maison toujours vide (il vit en ville) et une voisine à droite. Personne en face: grand terrain agricole, visité par les sangliers, renards, biches et autres animaux sauvages.
J'avais parcouru le forum et pris plein de notes. Je me considère plutôt comme un amateur de la survie , plutôt qu'un pro.
Je suis même du gendre "bricolo/bricolette s'essaye à la survie".
Pendant quelques années, j'ai écumé les brocantes, j'ai trouvé des lampes tempête en bon état.
J'ai acheté des bougies aussi, un petit groupe électrogène inverter (puissance de 800w, 1200 en crête), quelques rallonges.
J'ai aussi un petit poêle à pétrole (électrique... oui je sais...), donc un bidon de pétrole.
J'ai trouvé 2 jerricans de 20L en brocante à 5€ pièce. En remplaçant le joint du bouchon, c'est parfait pour conserver 40L d'essence (stockés avec un conservateur).
J'avais un frein dans mes achats: madame... "Ca sert à rien ton truc", " c'est de l'argent gâché...", "on n'a pas la place"... Ce n'est pas un reproche. C'est même ma faute. Si j'avais expliqué clairement mon projet, elle y aurait adhéré.
Depuis cette aventure, elle est ok pour le budget "catastrophes". On y réfléchi en étant le plus pragmatique possible.
Comme vous pouvez le constater, rien de bien violent, ni réellement organisé.
Pour revenir à la coupure, le premier soir on trouve ça amusant. Ambiance repas à la bougie...
Je vais donc vous dérouler mes erreurs et ce que j'améliore un peu depuis cette expérience.
Déjà, pas de piles dans la lampe électrique pour aller voir le tableau... elles étaient nazes et madame les avait sur sa liste de course depuis des lustres mais pas envie, pas tout de suite.
Depuis j'ai toujours 2 boites de tout les types nécessaires dans la maison.
Une fois le tableau contrôlé et que j'ai constaté que ça ne venait pas de chez nous, je décide d'utiliser les lampes tempête.
Déjà, comme extraire d'un bidon de 20L de pétrole l'équivalent d'un gobelet de pétrole? c'est assez folklo, et on en met partout...
On en met dans quoi d'ailleurs? bah un gobelet plastique... qui devient tout mou au contact du dit pétrole... M...! faut aller vite alors!
Bon ok, et je dois verser ce pétrole dans le tout petit trou de la première lampe tempête... Mais j'ai pas d'entonnoir!
Je fais comment? je trouve tant bien que mal dans la pénombre un emballage en carton dont la partie imprimée est glacée. J'en déchire un bout, que je roule en entonnoir. Ca fera l'affaire!
OK, et maintenant on allume. Heureusement j'ai les allumettes du poêle.
Oui mais la mèche n'est pas imbibée. Il faudra attendre 20 bonnes minutes pour qu'elle pompe le pétrole et que je puisse l'allumer...
Et 20 minutes, lorsque la nuit tombe, c'est très long.
Heureusement que mes volets sont restés ouverts. On voit encore un peu, très peu. Oui car ils se ferment et s'ouvrent automatiquement selon les heures de lever et coucher du soleil.
En attendant que les mèches s'imbibent, on allume quelques bougies. J'ai des bougies chauffe plat. C'est pas mal, ça tient 1h, mais la lumière n'est pas énorme.
J'ai des bougies longues, genre pour un dîner amoureux. Mais c'est pas pratique... j'ai pas de porte-bougie. Il faut faire fondre le fond et les coller sur une assiette. Mais l'équilibre est instable. C'est donc dangereux.
J'ai aussi des bougies hautes et larges. Ca s'est bien. Ca éclaire bien, c'est stable, pas vraiment besoin d'un support, juste une assiette ou quelquechose pour que les coulures ne pourrissent pas l'endroit où elles se trouvent.
Les lampes tempêtes, c'est vraiment pratique. La flamme est réglable, ça éclaire bien, c'est transportable, ça ne vascille pas ou ne s'éteint pas au moindre coup de vent... C'est vraiment bien, très bon investissement. Surtout que j'en ai trouvé une dans un champs, avec sa mèche, dans un état comme neuf!
Côté nourriture, pas grand chose à dire. On oublie le four et le micro-ondes. On utilise juste les plaques de gaz. Ca c'est bien aussi. Confortable.
Côté chauffage, le poêle à bois est vraiment bien. Pas de soucis pour se chauffer du coup. Mais le mien est à pilotage électrique...
Heureusement qu'il y avait des micro coupures tès souvent avant cet événement. Au point qu'elles perturbaient le fonctionnement du poêle (redémarrage, flammes au max durant sa phase d'initialisation alors qu'il flambait déjà...). Ca me faisait tellement peur que j'ai investi dans un petit UPC, histoire de stabiliser son fonctionnement.
Donc je le soir venu j'ai démarré avec l'UPC. Et une fois en route, avec un feu stable, j'éteignais l'UPC. Les ouvertures n'étaient plus contrôlées mais le tirage était normal et gardés ouverts, comme un poêle classique.
Niveau chauffage c'était donc confort...
Et l'avantage d'un poêle c'est qu'on peut chauffer avec tout ce qui brûle, du bois, des pellets... alors qu'un poêle à pellets ne peut pas brûler de bûches, et nécessite de l'électricité.
Pour l'eau chaude, le chauffe-eau permettait de garder 2 jours d'eau chaude, même plus quand on a commencé à se rationner un peu. Le mien nécessitait 400w pour fonctionner en mode dégradé (comprendre: lui interdire d'utiliser la résistance de 2000w).
Du coup je le faisais chauffer quand l'eau devenait froide, avec mon petit groupe électrogène. Petit groupe acheté dans une grande enseigne discount, fonctionnement inverter avec un carbu, démarrage au lanceur.
C'est facile d'entretien, léger et il a parfaitement fonctionné.
C'est bien le seul appareil que j'ai testé avant les problèmes.
Le soucis c'était de gérer les rallonges: une fois pour le chauffe-eau, une autre fois pour garder le réfrigérateur, la fois suivante le congélo...
Il fallait jongler.
Sans compter charger le téléphone portable et l'ordinateur pour continuer à bosser depuis la maison...
Pour être honnête, le petit groupe était dimensionné pour tenir 3 jours. Je me disais que de jouer avec les prises, alterner les appareils à utiliser... en 3 jours c'est faisable. 8 jours, ça devenait pénible à la longue.
Il me faudra un plus gros groupe. Je pense 3000w, démarrage avec une batterie et un démarreur, pour que madame le mette en place si je ne suis pas là.
Mais c'est très lourd, madame ne pourra pas le bouger. Il faudra donc qu'il soit installé à son emplacement définitif, plein fait et batterie maintenue en charge avec un chargeur dédié, le tout testé régulièrement.
L'eau potable? bah le robinet fonctionnait, donc on pouvait boire et se doucher à l'eau chaude.
Mais au bout du 8ème jour, la mairie nous avait averti: au delà de 10j, le chateau d'eau sera vide... et pas de distribution planifiée à ce qu'elle disait, ça je ne pourrais jamais le savoir.
On avait 30l d'eau en bouteille. Ca n'allait pas être un souci.
Se laver, on s'en passera le temps qu'il faut.
Par contre les toilettes? comment tirer la chasse? heureusement j'ai une piscine, hors sol. Elle n'est pas vidée l'hiver. Je pensais l'utiliser pour la chasse d'eau, se laver (toilette de chat), et autres besoins en eau.
C'est d'ailleurs pour ça que je ne la vide pas.
Mais tu pouvais utiliser ta voiture? pas les 2 premiers jours en fait. Les déneigeuses ne sont pas passées le premier week-end, il y avait quasi 1cm de verglas et mon petit 4x4 équipé de pneux neige n'a pas bougé du tout pour grimper le faux plat pour sortir de chez moi.
Et j'habite au bout d'un chemin de terre d'environ 200m, qui ne sera jamais déneigé, car privé (c'est pas le mien mais c'est pas la question).
Et puis pour être honnête: on a essayé de faire les courses. Tout les magasins du coin étaient vides, tous dévalisés. Et le plus drôle: les groupes électrogènes! Ca il y en avait partout, à des prix... jamais vu!
J'ai payé le mien 200€, et là il était à près de 1000€! De la folie!
Les premiers magasins utiles et pleins étaient à plus d'1h de route.
Et côté sécurité?
Là c'est un problème...
Les réseaux internet filaires sont restés coupés, évidemment car pas moyen d'alimenter la box de la maison. Et donc pas de téléphone filaire.
Et les réseaux mobiles? Tous HS... en effet les antennes relais ne sont pas secourues.
Donc au bout du 2ème jour, lorsque tout les voisins ont disparus (pour aller où d'ailleurs?), j'ai aperçu des lampes dans le jardin une nuit. Idem la nuit suivante.
Comme mes volets étaient ouverts, on les voit. Et ça fait peur.
Et impossible d'appeler les secours, police ou autre. On est vraiment seul.
Et personne ne sortira si vous criez. J'ai 45 balais, je suis le plus jeune du quartier. C'est pas les petits vieux du coin qui viendraient à mon secours, et je les comprends.
Heureusement j'ai un gros chien: un Léonberg de 62kg, un gros mâle. Les gens pensent que c'est tout gentil, et c'est vrai. Sauf quand il s'agit de faire le gardien.
Il m'a aidé, et bien aidé. Je suis sorti avec, les 2 fois. Et le tenant lorsqu'il aboyait avant de le lâcher lorsque les margoulins étaients loin. Je voulais faire peur et pas que le chien morde, sauf si ils n'avaient pas déguerpi.
Ces deux nuits là, ils étaient trois (trois lampes torches). En noir, capuche.
Mes erreurs? avoir laissé le portail ouvert (électrique, c'est pénible à ouvrir et fermer à la mano en le verrouillant et le déverrouillant).
Avoir aucun moyen de fermer mes volets également.
Depuis j'ai de quoi brancher mon groupe au tableau de la maison (avec un iverseur de source pour éviter tout retour sur le réseau EDF). Ca permet de gérer les volets, fermer le portail, gérer son réfrigérateur, congélo... en touchant simplement les disjoncteurs).
Et la première nuit, tu dors comme d'habitude. Tu te mets en pyjama, tranquille, en mode tout va vien c'est rigolo.
Après la première visite, tu dors en tenue près à quitter la maison, en chaussettes, avec les chaussures au pied du lit, couteau et tison à côté également (j'ai pas d'armes). Avec le chien qui est autorisé à dormir dans la chambre et toutes les pièces de la maison ouvertes, histoire d'entendre et voir ce qui s'y passe.
Mon jardin a des chemins en graviers, le chien dort systématiquement à l'intérieur, j'ai une clochette sur la porte d'entrée et celle qui mène au garage. Au moins, si quelqu'un essaye d'entrer, je serais averti par le chien.
Lorsque l'électricité est revenue, c'était le vendredi soir suivant, 8 jours plus tard. La lumière des ampoules nous faisait mal aux yeux. C'est là qu'on s'aperçoit de notre confort de vie, un simple bouton pour tout et n'importe quoi. Même l'eau du robinet est électrique...
Mais l'électricité est aussi nocif sur nos vies: durant ces 8 jours j'ai appris à me lever à la lumière du jour, me coucher comme les poules, quand le soleil baisse. C'est une qualité de vie.
Pas de télé, pas d'internet, de réseau... on réapprend à se parler, à faire une petite veillée, à lire, lire beaucoup, bouger, sortir...
Sans électricité il y a plein de choses à faire pour pouvoir vivre et manger. Donc on bouge, on est occupé et productif... pour soi! Et si on ne fait rien, on le paye très vite!
Depuis j'ai toujours une réserve de carburants, bougies, nourriture, eau... J'ai également 3 ans de bois de chauffage (8 stères).
Il me manque plein de choses comme des bâches pour couvrir la toiture en cas de tempête, une lampe très longue portée voire éblouissante pour voir loin et bien.
En 8 jours, aucune visite de la gendarmerie du coin, jamais. Même après avoir signalé les visites nocturnes à la mairie. Mais j'aurais dû directement aller voir la gendarmerie. Cela nécessitait de quitter le logement, et risque une potentielle visite.
Pour être honnête, c'est un petit traumatisme. J'y pense très souvent. On est seul, sans aide extérieure. On ne peut compter que sur soi.
J'ai un peu aidé autour de moi car j'étais préparé. Mais mes voisins n'ont été d'aucun secours, car pas préparé.
Je sais donc que je serais seul, avec ma préparation, mes moyens, sans réelle sécurité si jamais un événement identique ou de grande ampleur survenait à nouveau...
D'où une question: comment "survivre" dans ces conditions, sans attirer l'attention et donc les convoitises et se mettre en danger?
A votre disposition pour en discuter!
