Partie 3Les posts précédents impliquent un certain nombre de questions.
Qu’entendent les militaires de l’époque par bivouac.
En 1824, Antoine-Marie Augoyat dans
Instruction sur les campemens, à l’usage de l’École d’application du Corps royal d’État-major, donne l’explication suivante : «
On appelle camp
, l’établissement que fait une troupe en campagne.
La durée de cet établissement peut être plus ou moins longue : lorsqu’elle excède certain un nombre de jours, et surtout que la saison est mauvaise, le climat froid et pluvieux, on donne des tentes aux troupes, ou on les fait baraquer. Lorsque l’établissement doit être absolument passager, comme il l’a été presque dans les dernières guerres, les troupes se font des abris avec les matériaux qu’elles trouvent sous leurs mains ; quelquefois même elles restent exposées à toutes les intempéries de l’air ; on substitue alors à la dénomination de camp celle de bivouac. »
En complément, pour l’origine de ce mot.Pourquoi Bugeaud ignore le système de bivouac portatif de De Courtigis ?
Ce dernier dit d’entrée « Le surcroît de mortalité qui pèse sur notre armée d’Afrique… » — aprés un premier échec en 1815 (sous Napoléon 1
er) de la
conquète de l’Algérie, mais ce n’est que le
6 juin 1836 que Bugeaud est envoyé en Algérie.
De Courtigis précise «
Ce campement nouveau, qui n’est qu’un bivouac portatif… »
Quant à Bugeaud, il dit «
Ces bataillons étaient alors dispersés dans plusieurs provinces, campaient continuellement aux extrêmes avant-postes ; par conséquent, ils étaient obligés de se suffire à eux-mêmes et d’être sans cesse en éveil.
Ils n’avaient point de tentes de campement. Pourtant, il fallait se garantir de l’ardeur du soleil et s’abriter contre la pluie. »
Remarque.– Les dates ne sont que celles des publications, et non celles des faits !
Quel est le matériau utilisé pour les toiles ?
De Courtigis décrit précisement son système de bivouac portatif très précurseur sur son temps, mais ne donne aucune information sur le matériau de la toile.
Bugeaud : «
Du temps de nos grandes guerres, sous le premier Empire, et par suite, à l’armée d’Afrique, on distribuait à l’armée de l’infanterie, à chaque sous-officier et soldat, des sacs de campement, […], mais la véritable destination de ces sacs était pour leur utilité personnelle, pour leur couchage, …
Quand, arrivés au bivouac, ils trouvaient de la paille ou de la bruyère, à défaut de l’herbe qu’ils faisaient sécher au soleil, ils en garnissaient leurs sacs de campement, en raison de leur bonne ou mauvaise trouvaille, et s’en servaient comme une petite paillasse, ou bien, ils se fourraient dans l’intérieur jusqu’aux aisselles pour se coucher.
[…]
Les zouaves ont dans leur uniforme, presque mulsuman, une espèce de bonnet grec, qu’ils entourent d’une bande de solide calicot de couleur verte, qui a près de deux mètres de longueur sur quarante à cinquante centimètres de largeur. C’est avec cette étoffe qu’ils forment le turban à l’instar des Turcs.
Quand ils étaient en marche, aux grandes haltes, ou enfin au bivouac, on les voyait réunissant trois ou quatre de ces étoffes-turbans, et en les croisant un peu dans leur longueur, ils s’improvisaient un abri à l’aide de cordes faites avec des feuilles de palmiers-nains, qu’ils attachaient à des broussailles, des mâkis, etc.
Cette ingénieuse idée fut suivie de près par quelques hommes, dans les régiments d’infanterie venus de France ; mais comme ils ne pouvaient pas disposer des mêmes moyens, ils eurent, à leur tour, l’idée de découdre leurs sacs de campement, et, avec la toile de deux sacs, sans les détérorier, ils se montèrent une petite tente pour deux camarades de lit, qui était plus solide que celle improvisée par leurs camarades les zouaves. »
Reste à savoir dans quel matériau était fait ces sacs de campement…
Nous avons un élément de réponse dans
Tents and tent life from the earliest ages to the present time par Captain Godfrey Rhodes, 1858 : «
The Tente d'Abri
, or " tent of cover," consists of a series of pieces of hempen canvas, having buttons sewn on along one side at about 8 inches off the edge, and button-holes made close to the same edge, at the same end of the canvas; at the other two corners of the sheet is fastened a short loop of rope, which is used to secure the canvas to the pegs when the tent is pitched. The size of each sheet is 5 feet 8 inches by 5 feet 3 inches.
As this tent is intended to serve as a temporary bivouac-cover for troops on the march, a portion is allotted to be carried by each soldier. This portion consists of one hempen canvas sheet, three small wooden pegs, and one round stick 4 feet 4 inches long by 1½ inch in diameter; the total weight is 3½ lbs. »
Ainsi, les toiles auraient été faites avec du chanvre.Évidemment, nombre de questions restent en suspend.