C’est sans doute générationnel, mais je ne comprends pas ce besoin de montrer sans cesse ce qu’on fait A TOUT le MONDE.
Une façon de se sentir exister ?
De plus, mettre des photos de toi en train de courir présente un intérêt pour QUI ?
Le seul que ça peut vraiment intéresser c’est celui qui viendra te cambrioler pendant que tu cours puisqu’il sait que tu n’es pas chez toi
Cheyenne ça on peut spéculer, et personnellement, comme toi, ça m'épate aussi. Mais le problème du Big Data resterait même si personne n'allait masturber son narcissisme dégoulinant sur Facebook.
Je travaille dans un domaine qui m'oblige à connaître un minimum les médias sociaux.
C'est aussi pour ça que j'ai utilisé Strava, car ils ont une stratégie très bien ficelée qui mérite d'être étudiée.
Pourquoi "des photos de moi en train de courir" : "en train de courir" parce que j'ai essayé plusieurs thèmes et que celui-là me fait voir en retour des photos de jolis sentiers forestiers et des gens qui ont l'air heureux et tout boueux sur ces sentiers, et c'est le genre de photos que j'aime bien voir.
"De moi" parce que comme pas mal de monde, j'y vais souvent solo donc je n'ai que moi sous la main si je ne veux pas juste un paysage. J'aime prendre des photos avec la lumière du soir, je ne pense pas être le premier... Je prends aussi des photos de figurines Lego au milieu de la nature, d'un ami s'il m'accompagne, de feuilles ou de mousses avec le soleil en contre-jour... Je vis donc très bien ce gros gros narcissisme...
Je poste ces photos avec un décalage totalement aléatoire de plusieurs heures, jours, semaines, mois. Donc le voleur qui surveillerait mon compte me trouverait sans doute assis dans mon salon.
Mais là où les médias sociaux sont pervers, c'est que les fameux "like" déclenchent les mêmes mécanismes de satisfaction, les mêmes récompenses, que les contacts sociaux. En plus rapides et plus fréquents. Facebook, Instagram etc. C'est ce qui explique entre autres que beaucoup de personnes confondent vie privée et vie publique numérique, car les mécanismes psychologiques mis en oeuvre sont ceux de la famille, de la tribu, du village.
On se focalise sur Insta, Facebook, etc., mais au retour d'une sortie, Strava suggère souvent une ou deux personnes avec qui on aurait potentiellement couru en groupe. De parfaits inconnus, dont le pseudo est souvent leur vrai nom. En ville, on s'est souvent vaguement suivis sur un kilomètre dans un parc urbain bondé. En un clic, on a souvent accès aux points de départ et d'arrivée de ces personnes, quasiment au mètre près, et à l'historique de leurs sorties... Bref, vous voyez comme de telles apps sont dangereuses si on n'est pas vigilant quant aux paramètre de confidentialité. Ce n'est pas juste "Google et moi" ni "un voleur espionne mon compte".