Salut,
Grosse question que tu poses là.
Je vais te donner des éléments de réponse en essayant de coller à l'utilisation que tu décris. Sachant que dans un autre terrain, la réponse ne serait pas la même.
Contexte : sortie hivernale dans le Vercors (relativement plat et froid mais pas très isolé), raquettes (pas de cramponnage ni d'escalade technique), divers type de neige (neige humide, neige sèche, pluie), bonne isolation.
Tu cites les Conquest :
Avantages : c'est isolant tant que ce n'est pas humide/trempé, c'est résistant à l'eau à l'état neuf même si le cuir s'imbibe du fait de la membrane, cela maintien et protège bien le pieds, c'est adapté pour marcher dans neige et pour porter des raquettes. C'est utilisable pour déneiger son jardin et conduire un peu une voiture.
Inconvénients :
hauteur inutile si on porte des guêtres ou si on a un pantalon faisant guêtre (parfois les guêtres restent indispensables).
Les chaussures à membranes ne sont pas durablement étanches. Une fois le cuir imbibé d'eau, même si l'eau n'atteint pas le pieds ce sont des frigos.
Une fois imbibée d'humidité par la neige ou ta transpiration, l'humidité reste dedans par temps froid et peut geler et les rendre difficilement mettable.
Plus le cuir est épais ou l'isolant est épais plus ce phénomène devient gênant. Les conquest ont un cuir épais, de l'isolant et une membrane : elles seront donc difficiles à faire sécher.
Et surtout, elles pèsent un âne mort.
J'ai utilisé à peu prêt tout ce qui a été décris plus haut...et rien n'est parfait.
Les coques sont très bien dans la neige par grand froid et en bivouac engagé. Mais elles sont très lourdes, rigides et peu polyvalentes. C'est casse gueule en fin de rando en montagne sur la partie "petit chemin verglacé".
Ceci dit comme signalé ci-dessus les miloufs dans les années 80/90 avaient des koflach et on pouvait même en croiser en été sur les chemins.
Les lundhags sont bien quand on marche sur le plat et que l'on doit traverser de nombreux ruisseaux ou marcher dans des marais qui bouffent le cuir et certains modèles ont des doublures amovibles et/ou sont adaptées aux fixations. Mais elles sont AMHA trop lourdes pour la montagne par chez nous du fait de la haute tige. Très bien en Laponie et/ou pour la chasse.
Les "mickey boots" sont très bien en dessous de -10°C et jusque vers -30°C (après on passe aux Bunny boots). Mais elles sont lourdes, encombrantes, maintiennent mal la cheville et peu adaptées à la montagne. Parfaites pour les tranchées ou la Corée Bis.
ETC..
Mon conseil : Commence par acquérir deux paires de chaussettes chaudes de qualité majoritairement en laine (ex : woolpower 600) en taille mi haute.
Achètes plusieurs paires de chaussettes fines en synthétique hautes (une paire pour deux jours de randonnée minimum).
Achète une paire de Woolpower 800 mi haute ou bien une troisième paire de woolpower 600+une paire de semelle isolante.
Achète un paquet de sac poubelle d'environ 20l.
Achète une boite de cirage sérieuse (ex : nikwax ou collonil sportwax).
Part sur une chaussure de randonnée standard avec du cuir et du goretex en doublure si tu penses souvent marcher autour de 0°C. ce n'est pas obligatoire. La semaine est en vibram.
Moins il y a de coutures mieux c'est, plus c'est léger mieux c'est. Et surtout le chaussant est adapté à ton pieds.
Dans le magasin tu l'essayes avec ta paire de chaussette fine + ta paire de woolpower 600. Ton pieds doit être "à l'aise" et tu dois pouvoir remuer les orteils facilement.
Idéalement la chaussure est un modèle avec un chaussant large (chaussure hivernale ou vendue en différente largeur) mais le plus souvent en France tu prendras une taille à une demi taille au dessus.
Mode d'utilisation : - Je brosse et cire ma chaussure sans excès après et avant chaque grosse sortie. Cela évite que le cuir ne s'imprègne trop vite.
Temps froid standard : - Je met la chaussette fine (une par jour pour une confort max ou pour deux jours si j'alterne pieds). droit pieds gauche). Par dessus la chaussette de laine, puis la chaussure.
Le soir je change de chaussette (la paire humide de la journée est placée contre moi), lorsque je m'agite au camp la chaussure sèche un peu (la paire humide sèche).
Au couché, je retire la semelle que je place à en endroit où elle peut sécher ainsi que la paire que je viens d'utiliser.
J'ouvre largement la chaussure pour la nuit afin de pouvoir la mettre le lendemain sans problème.
Pour la nuit je ne garde jamais à mes pieds les chaussettes humides de la journée. Je fait sécher contre moi les chaussettes (fines et épaisses) durant la nuit.
Le lendemain matin je remet fine+épaisse sèchent dans les chaussures plus ou moins froides juste avant de marcher.
Temps vraiment froid (en dessous de -10°C toute la journée)- Je met la chaussette fine (une par jour pour une confort max ou pour deux jours si j'alterne pieds). droit pieds gauche). PAR DESSUS le sac poubelle. Par dessus la chaussette de laine, puis la chaussure.
De cette façon l'humidité de mon pieds ne va pas atteindre la chaussette chaude ce qui permet une isolation constante.
Le soir tout est sec sauf la chaussette fine qui est facile à faire sécher et que de toute façon je vais changer pour le lendemain.
Je sèche parfaitement mes pieds et je les mets dans des chaussettes dédiées larges, isolante et douces pour la nuit. Il est très important que les pieds soient au sec, au moins chaque 12H.
Il fait vraiment un temps pourris (oscillant autour de 0°C)
Dans ces conditions la neige/pluie vont détremper le cuir et la chaussure risque de prendre l'eau (sauf si goretex neuf...et encore). Cela va prendre 2H, 4H, 8H ou deux jours, mais cela va arriver.
option 1 : Chausette fine, par dessus chaussette épaisse sèche. Tant que je marche cela reste relativement chaud. Si c'est trop humide durant la journée je change la paire épaisse trempée contre une sèche (évidemment parfois aussi la fine). La paire trempée est essorée et mise contre moi.
Le soir, je vire toutes les chaussettes trempées, la semelle trempée et je les mets à sécher contre moi. J'enfile ma paire de woolpower 800 en mettant PAR DESSUS le sac poubelle. De cette façon la paire sèche de wool800 assure une bonne isolation. Alternative : semelle sèche et Woolpower 600.
Durant les activités du soir la chaussure sèche un peu. J'essaye de la sécher le mieux possible durant la nuit. Le lendemain j'enfile fine+épaisse séchée contre moi et rebelote. On est humide mais on reste au chaud.
Option 2 : En journée on met chausette fine+Wool 600 et PAR DESSUS le sac poubelle. L'eau trempant la chaussure ne mouille pas la chaussette épaisse qui isole...mais celle-ci sera changée pour une sèche en journée.
Pour la nuit, même chose qu'option 1.
Option 3 : En journée on met chaussette fine + PAR DESSUS sac poubelle+ par dessus Wool power 600 + Par dessus sac poubelle. La couche isolante que constitue la woolpower 600 reste de cette façon parfaitement sèche. Mais le pieds s'humidifie encore plus vite. C'est (plus adapté) adapté si on bouge peu.
Pour la nuit, même chose qu'option 1 avec l'avantage que la woolpower reste sèche.
J'ai fait l'hypothèse que l'on ne dort pas au chaud dans un refuge. Dans ces conditions il faut se dire que la chaussure ne va pas sécher durant la nuit.
Même en refuge, le plus souvent en France tu ne peux pas sécher facilement tes chaussures (soit parce que le refuge est non chauffé, soit parce tu dois laisser les chaussures dans un endroit non chauffé. En revanche dans les refuges scandinaves il y a quasiment toujours une salle de séchage chauffée (été comme hiver) permettant de sécher ses affaires.
C'est déjà pas mal long....j'aurais bine ajouté plein de considération de détails, je n'ai indiqué que les grandes lignes. Dans la vraie vie on doit broder autour en fonction de son expérience.
Evidemment, selon les circonstances on souhaiterait avoir amené
....des coques plastiques (la coque est toujours étanche et sèche et le chausson même humide reste relativement chaud et sèche tout seul sur soi utilisé en "chausson de chalet" ou alors sèche vite si on dispose d'une source de chaleur. Avec des coques on a quasiment toujours les pieds humides mais rarement trempé ou glacé.
...des mickey boots : c'est étanche et toujours aussi isolant quelque soit les conditions. Donc trop isolant dès qu'il fait trop chaud. On n' a pas froid mais les pieds sont toujours humides et on jongle avec le pieds de tranchée. L'option 3 grand froid correspond à imiter les mickey boots.
....Les Caribou sont bien sur terrain plat non technique et quand on ne marche pas trop (très lourde tendance à faire des ampoules).
Si on peut faire sécher le chausson le soir devant une source de chaleur c'est parfait.
Une deuxième de chausson (volumineux) facilite encore plus les choses. Mais par temps chaud elles sont vites trop chaudes.
De plus elles sont lourdes et font des pieds énormes (pas facile de conduire avec et certaines raquettes ne s'adaptent pas).
Mais pour le Vercors en raquette tranquillou de cabane en cabane (on peut facilement faire sécher les chaussons) par temps froid et/ou humide autour de 0°c (dans ce cas il faut une paire peu large que l'on porte avec seulement une paire de chaussette fine. L'isolation est seulement apportée par le feutre) C'est pas mal.
....des chaussures synthétiques souples et légères qui permettent de tailler la route et sèchent vite. Mais pas adaptées à la neige profonde et au long séjours statiques de le froid.
.... des conquest chaudes pour le premier jour. Mais galère à sécher une fois mouillée. Et toujours très lourdes et parfois "trop chaudes" par temps chaud. Ceci dit si on a compris l'utilisation des sacs poubelles (VBL) c'est viable, mais alors par temps très froid et plutôt pour le froid.
La solution décrite est selon moi la plus polyvalente car on peut adapter l'isolation et les résistance à l'eau selon les conditions et elle reste d'un poids contenu au pieds. En revanche avec une solution trop isolante par construction, on ne peut pas diminuer l'isolation et c'est constamment lourd aux pieds.
Autre chose :
Avec un pantalon de neige moderne (guêtres intégrées) et/ou des chaussures montantes on peut ordinairement se passer de guêtres. La neige pénètre alors difficilement.
Mais celles-ci permettent de renforcer l'étanchéité de la chaussure et son isolation (le neige fond sur la guêtre et pas sur le cuir). Elles évitent aussi de se pourrir le pantalon et les chaussures.
Dans la neige vraiment profonde ou croutée, les guêtres ayant un passant sous la chaussure sont parfois indispensables. Surtout quand on quitte les raquettes.
Les guêtres ont l'inconvénient d'ajouter du poids dans le bas (X5 par rapport au poids dans le sac) de limiter fortement l'évaporation de l'humidité à travers la chaussure et donc de favoriser la condensation (moins pour les guêtres non étanches) et d'être trop chaudes lors d'un effort par temps chaud.
Quelque soit la solution adoptée, la clef pour garder le moral et ses petons c'est d'avoir toujours en réserve une paire de chaussette isolante SECHE. Particulièrement pour le soir.