Nos voisins les oursAu printemps tous les ours ne sont pas affamés, il en est qui bénéficiaient et bénéficient certainement encore d’un environnement ‘’privilégié’’ à cet égard car ils savent tirer partie des rebuts de Homo Sapiens
Il y a un siècle de çà à Yellowstone on organisait encore un ‘’buffet à ours’ sous la supervision des Rangers
https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.yellowstonepark.com%2Fthings-to-do%2Fyellowstone-bears-no-longer-get-garbage-treats&psig=AOvVaw2M8JOe1P2e_YcHOM5ARXjA&ust=1603171131324000&source=images&cd=vfe&ved=2ahUKEwiRrNL_87_sAhVM3RoKHexbB0MQr4kDegUIARCRAQIl semble même selon les journalistes que le spectacle des ours nourris ait alors été l’attrait populaire principal
https://www.washingtonpost.com/news/animalia/wp/2016/05/16/9-photos-of-the-crazy-things-the-national-parks-once-did-to-lure-bears-for-tourists/Depuis les années 70 il n’y a plus de de poubelles ouvertes à Yellowstone et il est bien sûr répréhensible de donner à manger aux plantigrades.
Mais ailleurs des décharges (garbages dumps ou landfills aménagés) sont encore en opération qui attirent toujours les ours autant que les champs de blueberrries ou que les rivières à saumons.
Voici l’histoire de
‘’ Nos voisins les ours’’ une congrégation d’ours noirs bien nourris qui n’avaient donc pas besoin d’interférer avec le camp de géologues tout proche et sa tente cuisine
Cette année-là, sur la côte ouest de l’île de Vancouver nous avions installé un camp d’une quinzaine de personnes. Le site choisi en bordure d’une belle rivière de montagne fournissant eau potable pour faire du TANG !! (boisson qui accompagnait couramment les repas) était de plus dégagé, permettant donc en tout temps un accès facile et sécurisé à l’hélicoptère, indispensable pour se déplacer rapidement en montagne.
Il était néanmoins accessible aux 4x4 car proche de la route (alors simple gravel road) conduisant au village de Zeballos, Zeballos, British Columbia dont la principale activité était alors l’industrie forestière (logging). C’est maintenant la pêche ‘’sportive’’ et l’écotourisme.
Situé, plus en aval, à l’embouchure de la rivière, au fond de l’inlet (fjord) ce village avant de devenir une importante base de logging avait pris naissance vers 1930 lors d’une des toutes dernières ruées vers l’or historiques, d’importance relativement locale, activité certes plus excitante que celle de bûcheron mais beaucoup moins pérenne !! C’était presque un siècle après celle de Californie et plus de trente ans après celle du Klondike.
https://docs.google.com/document/d/e/2PACX-1vThUfXqnGlQn2VoTc8NcPn_Ln3AmYyN2oWlM0KQ9cuVskBvRqGJQAbwi4iXzKNHuugLx28s2NMWtxwv/pubLe cadre était enchanteur, la rivière aux eaux claires, encaissée au pied des montagnes permettait d’agrémenter de temps en temps l’ordinaire de truites ou autres steelheads. Derrière nous les sommets enneigés, devant nous la côte Pacifique accessible à notre Zodiac.
Entre notre camp et le village, à seulement quelques centaines de mètres de nous mais complètement noyée dans la végétation, totalement invisible depuis la piste se trouvait la décharge-poubelle locale. A vrai dire nous ne l’avions pas repérée de prime abord mais en réalité elle ne nous gênait pas. Bien entendu les ours (noirs, pas de grizzlys dans l’île sauf, semble-t-il, exceptions venus du continent dans le Nord) la fréquentaient assidûment et en termes de voisinage nous n’avions peut être pas suivi à la lettre les consignes de sécurité maintenant répandues
https://i.ytimg.com/vi/6dyyZnSxRL8/maxresdefault.jpgPhoto du web
La coexistence, un petit paradisCe que nous avons découvert par contre c’était que le site sur lequel nous nous étions établi se trouvait sur un des itinéraires préférés de nos voisins et qu’ils n’avaient pas l’intention d’en changer. Pour descendre de la montagne ils continuèrent donc à l’utiliser, en tout cas de nuit, de sorte que souvent le matin on trouvait des traces de pas dans le sable et en plein milieu du camp, entre les tentes. Nous avions une tente cuisine, jamais ils n’y ont tenté la moindre incursion. Nous prenions bien entendu certaines précautions de base quant aux provisions et aux déchets alimentaires mais quand on voit ce qui nous est survenu en des circonstances différentes où les ours se sont attaqué au réfrigérateur fermé pour aller y chercher la nourriture on peut s’étonner rétrospectivement. Le fait est que nos voisins étaient gavés de nourriture de la poubelle, littéralement gavés.
Il suffisait de voir leur tour de taille et leur nonchalance. Comme les touristes de Yellowstone du début du siècle le soir après notre propre repas nous allions fréquemment de l’intérieur de nos 4x4 les observer évoluer sans nous prêter attention.
Allons dire bonsoir aux ours disait l’un d’entre nous et d’autres suivaient. Il y en avait jusqu’à une douzaine qui cassaient la croûte en fourrageant dans les déchets de la journée. C’est à peine s’il levaient la tête pour nous observer, il était difficile de croire que l’on avait affaire à des animaux sauvages, des fauves en puissance et certains d’entre nous devaient parfois résister à la tentation de sortir du 4x4 pour aller leur faire causette.
Un peu à l’écart des tentes-vie, accessible par une sente étroite au milieu de la végétation arbustive et buissonneuse dense, nous avions installé notre out-house (la cabane au fond du jardin dirait l’humoriste).
Deux gros mâles, bien gras, placides et débonnaires (d’allure en tous cas) avaient pris l’habitude d’y faire la sieste en pleine journée. On les avait surnommés "les moines" Pour se rendre à nos commodités il fallait quand même rendre des précautions, éviter de les surprendre. C’est là que nous utilisions une grosse clochette bien sonore, un peu comme les lépreux au Moyen Age pour les avertir de notre arrivée. Si quelqu’un voulait aller aux toilettes donc, on lui rappelait "fais attention aux moines". Il arrivait que nous les trouvions si bien installés qu’ils ne daignaient pas bouger. A ce moment-là nous jugions plus sage de faire demi-tour ou un détour. Après tout, ils étaient là avant nous n’est-ce pas ?
Chaque matin l’hélicoptère emmenait par rotations successives les membres de l’équipe faire leur travail. Chaque après-midi il allait les chercher. La course de l’hélicoptère l’amenait à passer à très basse altitude au-dessus de la décharge. Les premiers jours nos voisins avaient tendance à s’égailler dans tous les sens, comme du bétail (cela me rappelle, ce qui n’a rien à voir avec notre sujet actuel, un bush pilote du Québec qui, dans la région du lac Saint-Jean, adorait piquer sur les troupeaux pour voir les pauvres bovins courir dans tous les sens ; je ne sais pas si c’était très bon pour la lactation !!).
Au bout de quelques jours ils s’étaient accoutumés et comme tout un chacun levaient simplement la tête vers notre aéronef, nouvelle preuve s’il en était besoin de la rapidité d’accoutumance de l’ours (ils deviennent rapidement "habituated" selon les termes du Professeur Herrero, spécialiste de l’ours (alors à l’université de Calgary)
The Lost Paradise (aurait dit le poète)Nous les aimions bien nos ours, eux des bêtes sauvages, nous des humains, nous partagions le même environnement, buvions la même eau de la même rivière, mangions même parfois les mêmes poissons, les mêmes blueberries du brûlé voisin, profitions du même soleil. Un soir que, dans la tente cuisine, nous dînions, au moins une douzaine d’entre nous dont le pilote de notre hélicoptère, un ancien RCMP (gendarme de la Royal Canadian Mounted Police), nous sursautons à des coups de feu tout proches, suivis de hurlements affreux.
Instantanément nous avons compris : Nom de Dieu ILS tirent sur nos ours !!!. ILS c’était bien sûr les bûcherons du village voisin. Nous nous précipitons tous, renversant les bancs de la cuisine, géologues, prospecteurs, étudiants, pilote et son mécanicien…, sautons dans les véhicules les plus proches et fonçons vers la décharge… Et c’était bien vrai… un enfoiré de villageois, il n’y a pas d’autre mot, était simplement venu faire un carton pour essayer sa 30-06 toute neuve, il n’était même pas intéressé par le trophée ni bien sûr par la viande, ce qui aurait pu être une raison. Il voulait seulement tester son arme sur un ours et maintenant n’ayant même pas été capable d’ajuster son tir sur un animal immobile, il l’avait seulement blessé et on entendait ses plaintes s’éloigner dans la forêt. Trouillard, de plus, il n’osait pas poursuivre la bête pour l’achever proprement. Notre pilote ex RCMP oublie alors qu’il n’en est plus un, devient rouge de colère, il arrache la 30-06 des mains de son propriétaire, l’engueule copieusement, fait mine de lui balancer une gifle, déclare qu’il lui confisque son fusil tout neuf, qu’il n’est pas prêt de le revoir et qu’il sera poursuivi pour braconnage. Là-dessus avec un autre résidant du village armé arrivé sur place, ils partent tous deux sur la trace de l’animal dont on entend toujours les plaintes et… au bout d’un moment on entend deux autres coups de feu puis plus rien
Aucun maniaque de la gâchette n’est revenu dans le secteur de la décharge pendant notre présence dans les parages.
Nos ours donc ne nous ont jamais causé d’ennuis et nous ne leur avons jamais causé, mais une nuit ils nous ont fait bien rigolé sans être réellement impliqués eux-mêmes.
Mon épouse et moi avions un chat tigré qui nous suivait partout "dans le wild". Ce chat avait un comportement intéressant à observer. Premièrement quand nous arrivions sur un nouveau site il s’éclipsait pour environ 48 heures peut-être pour reconnaître son territoire et le marquer à l’instar de ses ancêtres félins sauvages. Il revenait d’ailleurs souvent avec des traces de luttes voire des blessures. Deuxièmement une fois implanté sur un site, il restait la journée au camp à somnoler comme tout bon chat mais, la nuit tombée, s’éclipsait de nouveau, à la chasse, et pour quelques heures seulement. Il rentrait au milieu de la nuit mais pas d’une manière banale… Nos tentes consistaient en un "squelette" de contreplaqué assemblé par clous et muni d’une porte rustique découpé à la scie à chaîne dans une de ces plaques. Sur le squelette on tendait la toile de tente proprement dite, toile de tente qui était censée passer par-dessus le contre plaqué, pour être étanche à la pluie, mais que souvent on laissait pendre à l’intérieur de la paroi. De sorte que le chat sautant sur la toile de tente faisant toit, se laissait glisser sur elle à l’intérieur du contreplaqué et atterrissait directement sur nos sacs de couchage ce qui, la plupart du temps, nous réveillait mais nous en avions l’habitude et n’y prêtions pas attention, et tout le monde replongeait dans le sommeil.
Une nuit, notre chat – était-il euphorique, avait-il consommé une herbe particulière – s’est trompé et a réintégré sur le coup de 3 heures la tente, proche de la mienne, d’un couple de collègues. A l’arrivée brutale mais surtout inattendue de notre greffier sur leur sac de couchage: réveil en sursaut et émoi de nos voisins. Lui, mal réveillé, pensant qu’un ours s’écartait de son code de bonne conduite, bondit en dehors de sa tente en gesticulant et criant dans la nuit noire à mon intention sachant que j’étais le seul à avoir une carabine à portée de main : "JP ta Winchester!… ta Winchester!!…" .
A ce moment trois ou quatre coups de feu tirés en l’air auraient probablement faire fuir l’animal ...s’il y en avait eu un !
Une petite joke, un classique, pour terminer…
Pour survivre ‘’in the wild’’ il faut apprendre à distinguer les crottes de l’ours noir de celles du grizzly.
Celles de l’ours noir contiennent des baies variées, des arêtes de poissons, des bouts de plastiques, des feuilles….,
celles du grizzly contiennent des petites clochettes et dégagent une forte odeur de poivre et parfois un Permis de chasse mal digéré!