Yo les poilu(e)s.
Bon. Vous me connaissez, je suis plutôt du genre à éviter les histoires de survivalisme, de collapsomachin, de prospective et de nids à embrouilles du genre. Et donc je vais faire une sorte d'entorse à mon propre règlement. Parce que "à la guerre comme à la guerre", comme disait ma vieille tante Margot.
ATTENTION / DISCLAIMER : ce que j'avance ici ne sont rien d'autre que des hypothèses et opinions à moitié documentées, à moitié sorties de ma boule de cristal. Tout ça est à prendre avec énormément de recul, et avec énormément d'esprit critique. Je n'ai pas envie ici de convaincre les gens, ni même de débattre ou d'argumenter. Je compte sur la grande maturité des acteurs de ce magnifique oasis de santé mentale pour faire de ce fil quelque chose de constructif.
A la seconde où ce fil commence à glisser dans le bordel, je le bloque même pas, je l'efface direct.
SUR LE COVID EN LUI-MÊME
1) on sait au final assez peu de choses sur comment il fonctionne, d'un point de vue physiopatho. C'est une bestiole qui semble plus complexe que ce qu'on croyait initialement. Et donc en gros, on ne sait rien, sauf qu'il tue principalement les vieux, les gros, les malades, les diabétiques, les cancéreux, et les gens qui ont déjà des problèmes sérieux de santé ;
2) c'est extrêmement difficile de savoir, au final, quel est son vrai taux de létalité, mais si on prend des échantillons aussi vastes que possible, on voit que 3,8 millions de personnes ont été testées à ce jour, pour 269 000 morts, à la louche. Si on prend en compte le temps de latence entre l'infection et le décès, on peut imaginer que les morts d'aujourd'hui étaient les infectés d'il y a 15 jours, en gros. Il y a 15 jours on était autour de 3,1 millions de cas dans le monde. 270 000 / 3 100 000 = 0,08. Ca fait quand-même 8% DES CAS TESTES. Or, on n'a absolument aucune idée du nombre de cas non-testés (peu ou pas symptomatiques, ou symptomatiques mais pas testés). Du coup, ce chiffre est probablement surévalué faute de tests suffisants. Et au final même cette info ne sert pas à grand chose. Mais si on pose la question aux soignants et à ceux qui l'ont choppé et qui ont survécu (dont ma compagne fait partie), c'est pas juste une grosse grippe. C'est un vrai gros test de santé, et ça vous laisse avec des kilos en moins, des fatigues qui s'éternisent et parfois des séquelles, et ça c'est pour les cas légers.
Du coup, on se retrouve dans une situation totalement inédite d'incertitude totale, avec plein d'inconnues, et des capacités de communication publique (réseaux sociaux) inégalés dans l'histoire de l'humanité.
Ca donne quoi ? Ca donne, ni plus ni moins, un gros vent de panique de m*rde où tout le monde remonte le bourrichon de tout le monde à coups de fake news, de vraies fausses nouvelles, de fausses nouvelles pas si fausses que ça, et de surréactions diverses et variées.
REPARTIR DU CONNU
Un bon remède pour limiter l'incertitude, c'est de reconstruire son raisonnement à partir du connu, et des infos fiables. Quelles infos fiables avons nous ici ?
- les gestes barrière c'est chiant, mais ça marche, si on les fait vraiment et bien ;
- un sas à l'entrée du logement pour décontaminer, c'est chiant mais ça marche aussi ;
- le confinement n'est pas si efficace que ça si les gens ne respectent pas les deux points ci-dessus ;
- covid ou pas, va falloir manger et se chauffer ;
Les chaînes d'approvisionnement, aujourd'hui, sont d'ores et déjà perturbées, et les prix des légumes frais ont déjà commencé à augmenter. Je ne parlerai pas des masques, vendus 15 centimes il y a trois mois, désormais livrés par avion et ayant triplé ou quadruplé de prix dans les meilleurs cas.
NOUS NE SOMMES QU'AU DEBUT DE LA CRISE
Si on ne trouve pas de remède solide (et apparemment nous n'y sommes pas encore, même si certains traitements sont prometteurs -- et non on ne va pas débattre de l'efficacité ou non de certains médicaments ici, on va laisser ça aux revues médicales compétentes), nous allons soit :
- aller de déconfinement en reconfinement successifs pour éviter de trop saturer les systèmes de santé jusqu'à atteindre une immunité de groupe (j'estime qu'il faudra entre 1,5 et 2,5 ans) ;
- déconfiner tout le monde parce que le remède est finalement pire que le mal (et pour le coup ça serait moche) ;
Dans un cas comme dans l'autre, il faut à mon avis prévoir des perturbations majeures dans les approvisionnements et les chaînes logistiques, y compris pour les produits de première nécessité, dans les mois voire les années à venir, avec a minima une augmentation majeure des coûts (et une relocalisation forcée), et/ou des pénuries de produits accessoires (la France ayant largement assez de calories produites en local pour nourrir tout le monde, mais pas forcément avec du jus de goyave et des trucs bio sympa).
D'un point de vue social, ça risque de gratter un peu aussi, entre les tentatives de l'Etat d'assurer sa légitimité et son contrôle sur les gens, et la grogne qui monte depuis déjà très longtemps : la fracture entre l'Etat et la population commence gentiment à ressembler à la faille de San Andreas, et je ne vois pas en quoi une augmentation du stress subi par tous les acteurs des conflits sociaux risque d'apaiser les tensions.
Moralité, moi, cette année, je :
- fais un gros potager ;
- travaille encore plus qu'avant ma condition physique ;
- m'entraîne à la bagarre (comme depuis environ 38 ans) ;
- fais soigner mes dents et fais tous les check médicaux que je peux avant de ne plus pouvoir ;
- prends super soin de ma santé en arrêtant la picole et la clope, et en mangeant bien et en appliquant toutes les stratégies de médecine préventive possible, à la fois pour moi -- parce que je ne compte plus trop sur le système de santé gratuit pour la prochaine décennie -- mais aussi pour moins peser sur ledit système ;
- me déguise en gray man et je me tiens à carreaux d'un point de vue légal, encore plus qu'avant, parce que c'est pas le moment de jouer, les gars ont autre chose à foutre ;
- continue de paufiner ma préparation mentale, mon réseau, mes compétences...
En gros, je ne change strictement rien à mes habitudes, à part que j'ajuste légèrement certains trucs... et que je me suis remis au cardio plus sérieusement.
Vous êtes déçus ? Tant mieux.
Vous découvrez le concept d'anticipation réaliste, sur la base de ce sur quoi on a prise ? Bienvenue au club. Installez-vous, vous allez voir on est bien.
Allez bisous
David
P.S.: ce virus, aussi, vient mettre un coup de stabylo sur absolument tout ce qui ne fonctionne pas dans ce monde, de l'échelle financière internationale jusqu'à la stabilité émotionnelle personnelle, et le rapport au réel. Prenez des notes. Prenez-en plein. Ca deviendra votre todo list des prochaines semaines ou années. Y'a de quoi faire, déjà.