salut Llunatik
et salut aux copains
Ce que tu traverse est malheureusement le lot chez les gens qui ont quitté leur vie/pays pendant un temps et ont vécus des expériences fortes, connu du stress parfois extrêmement intense ou des situations traumatisantes. tu n'es pas la seule...
je l'ai vécu suite à une mission humanitaire dans un pays d'afrique.
Comme toi le retour en france, la vie semble complètement décalée après.
et les préoccupations des français complètement décalées aussi...
Suite à mon expérience et pour éviter mes erreurs. Je dirais :
utilise le potentiel de ta situation c'est à dire :
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Tu à la chance d'avoir des compagnons qui étaient avec toi.
n'hésite pas à leur parler de ce que vous avez vécu. (Moi j'étais le seul étranger au sein d'équipe d'africains)
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Fais aussi part à tes proches que tu as connu des situations "intenses"
Moi la situation n'a pas été très médiatisé. Pas de reporter sur place. Mes proches n'ont pas vraiment cherché à savoir et n'ont jamais imaginé ce qu'ont avait vécu...
Pour la clause de confidentialité, choisi tes interlocuteurs, et
parle encore et encore,
faut que ca sorte. Tu as envie d'écrire?
Ecris c'est très bien fait le. Moi je l'ai pas fait et c'est une erreur.
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N'hésite pas à en parler à un pro : les médecins et infirmiers des Centre Medico Psy sont liés au secret pro et c'est gratuit... Moi j'ai jamais consulté, une erreur aussi... le plus tôt et le mieux..
C'est vraiment important de parler : un médecin de plus de 70 ans avec qui j'ai vécu et collaboré pendant plus d'un an est l'un des seuls médecins survivant du génocide cambogien. 40 ans après il est toujours incapable de me parler de son histoire faute d'avoir pu le faire plus tôt. Les trauma tres importants sont toujours là... Même après toutes ces années. Alors parle!
Tu as la chance d'avoir un emploi, des enfants, un compagnons peut être... Ca facilite le retour au quotidien. (Moi c'était pas mon cas. )
Continue à faire des choses utiles c'est vraiment primordial.
J'ai mis des mois à retrouver du travail. Pouvoir être responsable d'équipe d'aide à domicile m'a aidé. Je faisais un truc nouveau et utile.
Et quand le we je faisais un exercice catastrophe avec de la tyrolienne ou du rappel ca me faisais du bien aussi.
Toute expérience doit être analysée et source de progrès. Ce que tu as vécu doit être source d'expérience et de progrès.
Les expériences même traumatisantes constituent un capital d'expérience qui a de la valeur. Dés le début des événements sur place j'ai perdu complètement le sommeil. De retour en France je revivais des scènes en boucles, non stop dans ma tète en permanence, ca a duré des mois...
Je ne pouvais plus voir un fusil kalachnikov dans un film ou au ciné, je devenais tres tendu, j'étais pris de sueurs... Imagine le délire...
Puis je me suis remis avec le temps. Je suis même reparti. ailleurs cette fois. et pour de bon. Je sers depuis 3 ans dans un autre pays du 1/3 monde.
Ma petite histoire : pas de clause de confidentialité dans mon cas
pardon d'avance aux lecteurs d'etre long et de raconter ma vie en public...
Venu par mes propres moyens, une initiative indépendante et perso dans un pays d'afrique stable. je soutenais des ong locales et des médecins. le pays était pourtant très calme, gens très attachant, très doux. 1ere mission ras malgré l'extrême pauvreté. Mon plan perso d'évac, je ne l'avais même pas achevé (excès de confiance?)...
2e mission, Loi de Murphy : séries de crises inattendues, mort de mon grand père en France,
1 cyclone, des dégats, des blessés, des manifestations (sans lien avec le cyclone), des troubles, les magasins pillés en 1 journée,
violences,
des tirs, des combats, absence de police,
l'anarchie complète, des corps accrochés au palais du gouverneur pour l'exemple, un corps accroché à un lampadaire en pleine rue : règlement de compte,
un 2e cyclone, des tirs, des combats... suivi d'un
coup d'étatun africain de mon équipe gravement blessé, un personnel médical de qui j'étais très proche sérieusement atteint psychologiquement qui voulait se suicider, une autre très amoureuse de moi et que j'aimais qui s'accrochait à moi pour que je la quitte pas...
2 ou 3 mois avec les magasins pillés, la pénurie, les rafales d'armes automatiques, les snipeurs, les morts, les blessés, les règlements de compte, les assassinats qui se multiplient, les gangs qui profitent du non droit, un voisin handicapé expatrié torturé, pénurie d'eau, pénurie d'électricité... Des hommes armés qui fouillent maisons après maisons pour trouver des mercenaires étrangers...
De mon coté : dés le début j'ai perdu complètement le sommeil (suite à 48h de cyclone extrêmement intense et bruyant, c'est dément le niveau sonore non stop). surchargé par de nombreuses personnes à aider, par de nombreux malades et blessés, une profonde inquiétude pour les blessés, les malades, les gens qui n'avaient plus à manger...
Mon visa se terminant j'ai du me replier pour cela je devais traverser toute une partie du pays. 2 jours de route dissimulé avec les locaux, un shemag sur la tete avec des barrages tenus par des gens pas tres accueillant
. ca a failli mal tourné à un barrage, découvert immédiatement et mis en joue par des militaires, canon fusil d'assaut entre les pectoraux. mais non ca c'est bien fini il a jamais appuyé sur la détente...
quitter le pays le jour du coup d'état, par avion, entouré d'hommes armés pour la protection de l'appareil et l'équipage.
Départ en laissant des gens derrière moi, des gens qui avaient besoin d'aide, des gens qui n'allaient pas bien, des gens que je connaissais, des amis, certains était vraiment très effrayé, une j. femme que j'aimais...
On vis ca comme une déchirure... C'est ca qui est le plus dur.
Le sentiment de ne pas avoir fini son travail, d'abandonner les gens.
J'ai essayé de trouver un job dans un dom/tom le plus proche pour revenir des que ce serais un peu calmé. mais sans succès j'ai jamais trouvé de job. je ne suis jamais retourné dans ce pays, que j'aimais bien pourtant.
Note : Je ne suis pas un professionnel du secours, juste un volontaire pour les services de secours. J'ai pourtant vu des gens mourir sous mes yeux, connu quelques situations d'exception : gros front de feu de foret dans le sud... inondations (Sommières 2002) avec 35 morts dans le sud... collègues morts aux feux ou en intervention. J'ai participé à gérer des crises en P.C. avec sans froid à l'époque...
Mais là en Afrique rien à voir...
Enchainement de stress, plus de sommeil, un zombi...
avec le recul,
j'ai tout simplement dépassé des limites physiques, une à une...
Mais voilà toute expérience doit être analysée et source de progres. Ce que tu as vécu doit être source d'expérience et de progrès Llunatik. Moi ca m'a pas empêché de repartir. Plus tard, bien plus tard, dans un pays très calme.
Navré d'avoir raconter ma vie en public...
Ceux qui me connaissent savent que j'ai toujours eu un petit grain