Sujet ouvert par Richelsdorfite.
Bon l'apiculture c'est l'art de s'occuper des abeilles (Apis mellifera) dans le but de:
- Garder l'essaim de saison en saison, d'année en année ....
- Le diviser
- Le bichonner
- Accessoirement leur faire produire quelque chose.
Je passe sur l'historique de l'apiculture, sa biologie, référez-vous à :
- Apiculture
https://fr.wikipedia.org/wiki/Apiculture- Abeilles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abeille#Les_abeilles_.C3.A0_miel- Génétique et divers
http://apihappy.fr/apiculture-abeille/category/2-articles-d-apiculture- Apiculture traditionnelle dans les Cévennes
http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers16-07/010067552.pdf intéressant en ce qui concerne la relation homme/abeille
Je pense, d'expérience, qu'il faut distinguer l'apiculture fonction des finalités recherchés. Comme cela au débotter je vois:
- Apiculture productiviste > rentable économiquement, revenu d'appoint, revenu principal
- Apiculture "écologiste" > Snif les pauvres abeilles disparaissent donc je veux préserver l'abeille, donc je mets une ou des ruches.
- Apiculture loisir > Je veux des ruches, c'est IN, swag, à la mode ... vite il m'en faut
- Apiculture de subsistance > Avoir des ruches me permet d'avoir un peu ou beaucoup de miel, permet une augmentation du rendement de mon potager pollinisation, me fourni des produits dérivés
Je traite immédiatement les produits dérivés:
Outre le miel, une ruche peut fournir :
- Du pollen sous forme de:
- pollen récolté à l'entrée de la ruche grâce à une trappe à pollen (je déconseille, les butineuses se blessent dans ces pièges ce qui fournit une port d'entrée idéale à bactérie et virus, ce qui induit des problèmes sanitaires)
- de pain de pollen dans les cadres de corps ou de hausse = une espèce de mélange pollen/miel fait par des abeilles et tassé dans les alvéoles
- De la cire (entre 8 et 10 kg de miel sont utilisés par les abeilles pour produire 1kg de cire / 100 kg de miel récolté permette à l'apiculteur de récupérer environ 1 kg de cire) :
- Cire de corps > A ne pas remettre dans le cycle apicole, concentration +/- forte de pesticide, spore et divers > A utiliser pour un encaustique, des bougies etc...
- Cire de hausse > Cire à remettre dans le cycle apicole pour faire de la cire gauffrée ou utilisable à des buts thérapeutique...
- De la propolis = La propolis est fabriquée à base de résine mastrouillée par les abeilles, c'est un très bon remède pour la bouche et la gorge, macher un petit bloc de propolis pure permet d'assainir la bouche, les dents et la macération de la propolis dans l'alcool est vraiment pas mal du tout !
- De la gelée royale > Beaucoup trop emmerdant à faire s'apparente à la production industrielle en un mot l'apiculteur fait élever des reines en batterie, les nourrisses fournissent aux larves de la gelée en abondance, à un certain moment, l'apiculteur sort les cellules royales non operculées et aspire la larve et la gelée puis séparation des deux et hop de la gelée. Bon, bof non pas pour des raisons de "pauvre larve de reine" mais c'est vraiment de l'abattage. Je tempère un chouia, les larves de reine sont bourrées de protéines, anti-oxydant et divers acides aminés, c'est un bon plat à cuisiner. D'ailleurs c'est ce que cherche les ours dans les ruches !
- Du venin > Sans parler de la récolte de venin pour l'industrie pharmaceutique, les piqûres d'abeilles sont, si l'on n'est pas allergique, un très bon remède contre l’arthrose, les maux de dos et divers. Je travaille sans gants depuis le début donc je récolte direct du venin. Je reviendrai sur le travail sans gants.
Je reviens sur les types d'apiculture.
La productiviste c'est plus de 40 ou 50 ruches, le seuil MSA (cotisation solidaire etc...), et pour être rentable cad sortir un salaire il faut dépasser le seuil de 200 ruches, ce n'est pas le cadre du post.
L'apiculture "écologiste" est de mon point de vue une vaste foutaise, du green washing du style Leclerc est gentil il a mis des ruches sur le toit de la bouse métallique qui trône dans la zone commerciale, du pipeau du style oups il y a tellement d'abeilles que les autres insectes pollinisateurs crèvent.
L'apiculture de loisir c'est foutrac, chacun y va de son appréciation, tout le monde veux sa ruche comme on veut son chien, son mac-do, bref au bout d'un an, sans miel, cela va de soi, la ruche est abandonnée au fond du jardin.
L'apiculture de subsistance me semble la meilleure approche, à minima on va au plus simple, on est motivé car on souhaite avoir du miel, on s'intéresse etc...
Il va sans dire mais çà va mieux en le disant que l'on peut sauter d'un catégorie à une autre.
Pour ma part, je me cantonne à 5 ruches (10 grand max) car cela demande beaucoup de travail de surveillance, d'observation ce qui peut entrer en conflit avec un job chronophage. Et puis c'est amplement suffisant (je viens de récolter 50 kg de miel de colza début mai autant dire que j'ai ce qu'il me faut pour l'année, 50kg sur trois ruches en production avec un bon début de saison, des gelées et par la suite de la pluie, donc une baisse des ressources pour les butineuses).
Je traite directement le travail sans gants.
Le travail sur des ruches ne se limite pas à regarder les abeilles en machonnant un brin d'herbe, çà c'est la fin de journée pénard avec une bière, ou une observation histoire de voir ce qui se passe. Il FAUT mettre les mains dedans car :
- L'apiculteur a une responsabilité sanitaire = état sanitaire des ruches et du rucher > il faut donc s'assurer que la ruche n'est pas atteinte de loque européenne ou américaine, de nosémose, fausse-teigne, traitement contre le varroa, par pitié utilisez les traitement chimique, ce sont les plus efficaces et les moins intrusifs ! par de poudre de perlimpinpin à base de varroas broyés cuits en décoction homéopathique cela ne marche pas!!!!! ne rigolez pas certains le font et se plaignent. Traiter contre le varroa immédiatement après la dernière récolte de telle façon à avoir des abeilles d'hiver saines.
- Si l'on veut maintenir son rucher il faut savoir ce qui se passe dans les ruches histoire de na pas trop subir !!! On subit quand même un chouia, les abeilles ne sont et ne seront pas domestiquées.
Donc ouvrir une ruche, cela doit être fait régulièrement, idéalement tout les 6 jours, en saison d'avril à juin, histoire de prévenir l'essaimage. Cela permet d'estimer les réserves de miel et pollen (pollen=protéine=gelée royale= reine qui pond = gelée royale pour les larves = ruche populeuse = une bonne récolte :-) )
Travailler sans gant, oblige à avoir des gestes doux et précis, les abeilles vous disent merci en ne vous piquant pas à moins de tomber sur une ruche agressive par nature et la il faut prendre son temps et serrer les dents en cas de piqûre. Pour info le venin d'abeille est plus puissant que celui des guêpes et frelons, ce qui nous sauve c'est qu'elles en ont moins. Mais bon quelques piqûres finalement cela fait du bien :-) Je suis maso mais bon...
J'en viens au matos, la race ce sera pour plus tard.
Bon le matos, surtout ne pas tomber dans l'abondance de trucs divers et variés. Il faut :
- Une ou des ruches, je conseille des Dadants 10 cadres (D10), le 12 c'est trop gros, la Warré est une tour de Pise, associées à des hausses Dadant 8 cadres
- Une vareuse voile, un enfumoir, un lève cadre, un repose cadres et une pince à reine transparente
- Un bac de désoperculation, un couteau à désoperculer, un tamis, un extracteur minimaliste en INOX, des seaux en plastique alimentaire
- Un chalumeau, un briquet (gaffe aux incendies)
- Des palettes pour surélever les ruches
- En sus il faut 20 cadres de corps par ruche (histoire d'avoir la possibilité de changer des cadres), 9 cadres de hausse pour une hausse 8 cadres, 10 pour une hausse 9 cadres + les feuilles de cire en même nombre + du fil de fer.
En ce qui concerne les ruchettes, 5 ou 6 cadres, leur intérêt réside dans leur poids plus faible pour les opérations suivantes:
- Division d'essaim
- Récupération d'essaim
Cependant, il est possible de se bricoler une ruchette de récupération avec quelques plancheset de transvaser l'essaim dans une ruche D10. Tout comme il est possible de diviser en utilisant des D10.
Néanmoins, le volume d'une D10 est beaucoup trop grand pour un essaim issu de division ou sauvage (hormis un monstre assez rare). Afin de réduire ce volume, j'utilise des partitions fabriquées avec un cadre vide non ciré. Pour les détails voir
http://www.altigoo.com/IMG/pdf/Partitions_MarcGuillemain.pdfPas trop de matos = moindre investissement = pas de stress dû au montant investi, néanmoins cela coûte un peu mais leboncoin est mon ami.
Pour la race, je conseille de se rapprocher d'un apiculteur pro qui tient la route. Il sera à même d'orienter vers une race qui teint la route et le cas échéant de vous fournir contre 15 à 30€ des reines fécondées de qualité. Pour ma part, j'ai choisi des Buckfast ou assimilées issues de l'élevage de reine Dugué
http://apiculture.dugue.over-blog.com/.
Pourquoi Dugué ? J'ai travaillé avec d'autres souches, les lignés Dugué ont pour caractéristiques:
- Les abeilles tiennent le cadre > Lorsque j'inspecte et sors les cadres, les abeilles restent sur le cadre, c'est un peu embêtant pour voir les cellules mais je ne me retrouve pas avec un nuage d'abeille autour de la tête.
- Elles ne sont douces, c'est un plus et permet de pardonner certains faux mouvements.
- Les cadres sont pondus au carré, c.a.d que la reine pond correctement, tout en laissant une couronne de miel pollen autour.
- Les ruches sont extrêmement populeuses ce qui augure des récoltes sympa.
- Le risque d'essaimage est moindre ce qui permet de ne pas courir après les essaims, de ne pas voir une colonie s’affaiblir et donc d'avoir de bonnes récoltes.
Mais des caucasiennes ou des italiennes peuvent faire l'affaire, la caucasienne je la conseille pour les zones de montagne. Sinon, la noire locale si elle existe encore peut être un bon choix, elle est rustique, adaptée au biotope du coin. Habituellement elle produit moins.
Comment implanter ses ruches, vers le sud, sud-est ou sud-ouest. Dans les zones froides une orientation sud-est est pas mal. Surélevé la ruche afin d'éviter les remontés d'humidité et préserver le dos. Avoir une bonne accessibilité derrière la ruche et dégager les herbes en début de saison devant la ruche (pour info, laisser des herbes hautes devant la ruche est une forme de lutte facile contre le frelon asiatique, le stationnaire dans les herbes hautes est beaucoup plus dur à tenir :-) ).
Les ressources en nectar, pollen et miellat sont estimables en utilisant un mixe de Registre Parcellaire Graphique (zone et type de culture - RPG
https://www.data.gouv.fr/fr/search/?q=RPG) et l'inventaire forestier V2 de l'ONF
http://inventaire-forestier.ign.fr/spip/spip.php?rubrique67, la promenade est aussi un bon moyen de se faire une idée des ressources. Par exemple dans mon coin, les principales ressources sont:
- Les haies bocagères : Épine noire & blanche, pommier sauvage, cerisier, saule marsault, ronces etc...
- Les lisières de bois (ronces, précurseur de la forêt)
- Les champs de colza (il n'y en a pas beaucoup et surtout ce n'est pas une zone de grande culture)voir RPG (colza, tournesol, sarrazin)
- Le robinier faux acacia en forêt ou haie haute, voir IFN V2
- Le châtaignier un peu plus loin, voir IFN V2
Faire gaffe aux forêts de mélèze, le miellat de mélèze flingue les hausses, le miel cristallise extrêmement rapidement est est inextractible tant par l'humain que par l'abeille.
Ne pas hiverné sur des réserves de miellat, la nosémose guette, il vaut mieux finir la saison sur des prairies, le nectar est plus diversifié.
Ah, une chose importante, ne pas tout prendre lors des récoltes, essayer de garder des cadres de hausse remplis avec différentes miellés. Cela permet en fin de saison, fin juillet pour ma part, de remettre une hausse pleine par ruche. Effectivement il y a une moindre récolte mais cela permet aux colonies d'avoir des réserves saines et variées ce qui semble être un gage de bon hivernage.
Quelques sites intéressants:
- France :
http://itsap.asso.fr/publications2/le-guide-des-bonnes-pratiques-apicoles-gbpa/- Suisse :
https://www.agroscope.admin.ch/agroscope/fr/home/themen/nutztiere/bienen.html?lang=fr- Belgique :
http://www.cari.be/[/list]