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Auteur Sujet: Sarah Marquis par Denis R.  (Lu 2538 fois)

21 janvier 2016 à 11:52:03
Lu 2538 fois

DavidManise


Bonjour,

On me demande de retranscrire le texte suivant sur Sarah Marquis. 

J'en profite au passage pour annoncer qu'elle donne une conférence sur Bruxelles lundi soir prochain, 25 janvier.  Plus d'infos ici : http://www.mauricelaventure.be/project/sarah-marquis-sauvage-par-nature/

Bonjour,

Je souhaite partager avec vous quelques morceaux choisis du récit de la dernière aventure de Sarah

Marquis, « Sauvage par nature ».

Choisis non sans mal, car j’ai dévoré son livre sans pouvoir m’arrêter, insatiablement curieux de savoir ce

qui se passerait le jour, la semaine, le mois suivant… Et oui ! Voilà une femme qui, seule, va traverser la

moitié du globe terrestre en passant par les coins les plus arides, les plus froids, les plus désertiques, et

parfois si dangereux, à la seule force du courage, à porter un sac de 20kg sur le dos et à tirer une charrette

de 50kg derrière elle, traversant  des déserts de sable, de neige, de terre et cailloux, des montagnes, des

zone humides, des forêts subtropicales, …etc. Et ce, en ne mangeant pas de viande, détail qui a son

importance me semble-t-il.

Sarah Marquis est née en 1972 à Delémont – Suisse.

2000 : Du nord au sud de l'ouest des États-Unis, 4260 km en 4 mois en passant par les Montagnes

rocheuses et le Désert des Mojaves.

2002-2003, « L'aventurière des sables » : Traversée des déserts australiens (14 000 km en 17 mois).

2006, « La voie des Andes » : Cordillère des Andes, du Chili au Machu Picchu (7 000 km en 8 mois).

2010 / 2013, « Sauvage par nature » : De  la Sibérie à l'Australie en passant par la Mongolie, le désert de

Gobi, la Chine, le Laos et la Thaïlande (1000 jours de marche).

En 2013, elle est nominée " Aventurière de l'année " par le magazine National Geographic.

Je ne vais pas plus m’attarder sur la biographie, vous trouverez tout ce qu’il faut et bien mieux sur le net.

Mais ce que vous ne trouverez pas, c’est les 4 extraits que je vous retranscris ici, après avoir recueilli son

autorisation bien évidement.

J’espère que je vous donnerai envie d’aller plus loin dans la découverte de cette femme exceptionnelle.

Sa nouvelle expédition commencera en juin : De l’est à l’ouest des Kimberley, 4 mois de survie 100%.

Seule, elle évoluera sur des terrains hostiles et sauvages et se nourrira d’insectes et de plantes.

Site / Expédition 2015 :

Une dernière chose avant les extraits, elle dédie son livre « à toutes les femmes de par le monde qui

luttent encore pour leur liberté ».

Eau, où est tu ? (P.34)

Je me trouvais en Amérique du sud lors de mon expédition « la voie des Andes », 8 mois de marche sur la

cordillère. Je remontais une vallée caillouteuse, difficile. Le gris minéral brut dominait aussi loin que mes

yeux pouvaient voir. Le vent, par-dessus tout, était constant et usant. Je scrutais le paysage à la recherche

d’eau mais, dans tout ce gris, rien ne ressemblait à la vie. Je pensais alors que, s’il y avait de l’eau, il y aurait

la présence de la vie, et donc logiquement, de la végétation. Je cherchais ainsi du vert ou un simplement

changement de couleur dans le paysage, mais rien…

Selon ma carte topographique, une rivière d’une certaine importance doit arriver par l’ouest et s’couler

dans la vallée que je remonte en direction du nord. Ce n’est pas la première fois que ma carte

topographique (ancienne) m’annonce des rivières devenues des lits de cailloux. Je décide de m’arrêter et

de manger quelque chose. Je sais que je devrais marcher ce jour jusqu’à ce que je trouve de l’eau. Après un

grignotage rapide et une petite sieste, je décide de grimper sur le tas de pierres de 5 m de haut qui est

juste là, à quelques mètres. (D’ordinaire je passe toujours les obstacles qui se trouvent devant moi avant

de manger ou m’arrêter).Je mets donc mon sac à dos et me propulse au sommet en faisant attention à la

bonne synchronisation de mes mains et de mes pieds. Lorsque je relève la tête, le spectacle devant moi me

coupe le souffle : une rivière de montagne peu profonde mais large (comme sur ma carte) s’écoule

vigoureusement… La leçon que je reçois ce jour-là vaut toutes les leçons de survie. Mais pourquoi n’avais-

je pas trouvé cette rivière ? J’avais demandé à mon esprit de chercher de la verdure, en pensant que c’était

ce qui m’amènerait à l’eau. Vraiment ? Il a donc fait exactement ce que je lui avais demandé. Sauf qu’à

cette altitude il peut y avoir de l’eau et pas de végétation (c’est donc ce que j’ai appris ce jour-là). J’avais

commis la plus grande des erreurs !

Orage en Mongolie (P.75)

Ce soir-là, je dois à plusieurs reprises changer de campement. Le vent change de direction et d’intensité. Il

me faut impérativement dénicher un endroit adapté. Je remonte le long de l’unique formation rocheuse,

une formation de mini pics bizarroïdes qui sortent du paysage. Je ne veux pas me laisser surprendre par

l’orage, alors j’amarre ma tente au sol avec tout ce que je trouve. Satisfaite, je regarde le ciel qui

s’assombrit. Je me glisse dans ma tente, c’est l’une des plus robustes du marché. J’ai par précaution creusé

des rigoles tout autour pour permettre à l’eau de s’évacuer rapidement, au cas où il en tomberait de

grandes quantités. Mais j’ai un mauvais pressentiment, je sens que ça bouge anormalement dehors. Une

ouverture de quelques centimètres me suffit pour comprendre : Le cauchemar ! Le pire, je pense à ce

moment-là (mais l’avenir me prouvera le contraire). Un mur opaque progresse dans ma direction, il n’est

plus qu’à 10 m, et c’est… de la grêle ! Le pire ennemi pour une tente. Je remets mes chaussures aux pieds

dans l’urgence, je suis prête à évacuer au cas où ! A peine mes chaussures aux pieds, voilà que ma maison

de toile semble se tendre depuis la base. J’ouvre rapidement ma première toile et, horrifiée, je me trouve

face à une coulée de boue qui arrache tout sur son passage. L’adrénaline parcourt mon corps en un éclair.

Il faut agir, et vite. J’entends ma tente émettre des bruits que je n’avais encore jamais entendus, elle lutte.

Je jette de toutes mes forces mon sac sur un promontoire à proximité. Je n’y crois pas ! Je déploie toutes

mes forces pour extirper ma charrette avant que ce monstre ne l’engloutisse complètement et moi avec. Je

lutte, elle ne m’aura pas comme cela. Je me jette à terre sur le côté pour m’accrocher au sol, en tirant de

toutes mes forces sur l’un des manches de la charrette. La force que dégage ce torrent de boue est

extraordinaire, je piétine, je glisse, je rattrape le manche qui me file des mains. Cela ne dure que quelques

minutes, qui me paraissent une éternité, puis tout s’arrête, l’orage est passé. Aussi soudainement que cela

a commencé. Une douce petite pluie fine caresse mon visage, le monstre est passé ! Je reprends mes

esprits. Je me laisse tomber de tout mon corps, je suis épuisée mais je n’ai pas lâché le manche de ma

charrette, elle est là saine et sauve. Je lance un cri de victoire ! J’ai gagné cette bataille-là !

Je hurle : « Mongolie ! Tu ne m’auras pas ! »

Misty Mountains / Australie du Nord (P.237)

Je traverse les Misty Mountains baignées dans le brouillard où le vert domine. Je suis à l’affût des moindres

bruits. Ici vit le très rare kangourou arboricole Dendrolagus Lumboltzi. Je dors chaque nuit au fond de ces

forêts lugubres et humides, entourée de créatures qui frôlent ma tente pendant la nuit.. En cette fin de

journée, je suis mouillée jusqu’aux os : le soleil n’a pas daigné venir me sécher durant la journée comme il

l’avait si ponctuellement fait jusqu’ici. Cette forêt ne ressemble pas aux précédentes, même le jour elle est

sombre et dense. Les dénivelés ont été conséquents depuis ce matin, au point que dès que je m’arrêtais,

j’avais froid. Alors j’ai évité les pauses. Mais maintenant j’ai faim, soif, et mes os me font mal à cause de

l’humidité. Je cherche désespérément 3 m² pour poser ma tente. Je décide de forcer le destin et me

contente d’un minuscule promontoire. Ma tente ne sera pas tendue idéalement mais elle tiendra. L’eau

tombe du ciel  à présent avec insistance. Je ne peux même pas ouvrir mon parapluie, les branchages m’en

empêchent. Je monte ma tente aussi rapidement que possible. Soudain un énorme serpent bien

grassouillet glisse d’un arbre juste là devant moi et continue son petit bonhomme de chemin. Il fait

maintenant presque nuit, je me glisse dans ma tente complètement détrempée. Une fois à l’intérieur,

j’allume ma lampe frontale pour découvrir que je ne suis pas seule mais accompagnée de sangsues jaunes

et noires…

Je me fais un bon thé chaud et plonge dans de l’eau bouillante un de mes fameux sachets de noodles

prévus pour ce genre de circonstances et j’oublie déjà les baisés intéressés de ces tigresses. Je passerai la

tente au crible avant de dormir, pour être sûre qu’elles ne feront pas une orgie sur mon compte.

Butterfly Springs / (P.272)

En fin de journée, je me dirige vers cette piste de terre, et 1.5 km plus tard j’arrive à Butterfly Springs. La

roche collecte soigneusement l’eau des pluies qui remplit ce bassin sur sa partie est, tandis que le sable

forme une plage sur la partie ouest. C’est un plan d’eau situé au milieu d’anciens eucalyptus qui s’élancent

dans le ciel. Je me laisse tomber dans cette eau douce tout habillée. Je m’empreigne de ce paradis isolé de

tout, la tête dans les nuages… Le coucher de soleil colore la roche d’un rouge orange inoubliable. Je dresse

mon camp et retourne me laver cette fois toute nue au milieu de la nuit, la lune est apparue juste au-

dessus de la paroi rocheuse. Elle est belle et pleine. Je batifole dans l’eau et retrouve mes instincts

profonds, je me sens connectée à plus grand que moi. C’est de toute beauté. Je me laisse flotter encore un

peu en regardant les étoiles et décide de retourner au camp à 400 m. Je reste pieds nus. J’allume ma lampe

frontale et progresse sur le sable mou, entre les buissons. Tout à coup je repère dans le faisceau de ma

lampe deux magnifiques serpents blancs avec des zigzags brun clair qui se déplacent la tête hors du sol en

ondulant. J’ai tellement de chance de les voir, même à 1.5 m de mes pieds nus, pensé-je (oups). Un gecko

aux yeux de chat se lèche les babines à quelques pas de ma tente. J’en suis troublée, l’isolement de cet

endroit laisse la nature et la faune respirer et s’épanouir. Je m’en vais avec un regret au petit matin …
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

21 janvier 2016 à 17:37:38
Réponse #1

Aleksi


Salut à tous !

Je saute sur l'occasion et j'espère que c'est ok sur ce topic.
Quelqu'un à déjà lu un de ses livres ? Et si oui, comment aborde t-elle, explique t-elle, les méthodes d'auto-suffisance dans la nature dont elle parle brièvement dans ces interviews ?

Merci !  ;)

21 janvier 2016 à 17:58:10
Réponse #2

Loriot


Je réponds brièvement: brièvement! :)
Quand Pourine veut la lune tu lui baises les pieds

21 janvier 2016 à 18:35:49
Réponse #3

Mishkin


Salut,

Merci pour la trad et l'info :up:
Plus facile à lire, le post de David réassemblé  :D
à+
Mishkin




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Bonjour,

J'en profite au passage pour annoncer qu'elle donne une conférence sur Bruxelles lundi soir prochain, 25 janvier. 
Plus d'infos ici : http://www.mauricelaventure.be/project/sarah-marquis-sauvage-par-nature/

Je souhaite partager avec vous quelques morceaux choisis du récit de la dernière aventure de Sarah Marquis, « Sauvage par nature ».
Choisis non sans mal, car j’ai dévoré son livre sans pouvoir m’arrêter, insatiablement curieux de savoir ce qui se passerait le jour, la semaine, le mois suivant… Et oui ! Voilà une femme qui, seule, va traverser la moitié du globe terrestre en passant par les coins les plus arides, les plus froids, les plus désertiques, et parfois si dangereux, à la seule force du courage, à porter un sac de 20kg sur le dos et à tirer une charrette de 50kg derrière elle, traversant  des déserts de sable, de neige, de terre et cailloux, des montagnes, des zone humides, des forêts subtropicales, …etc. Et ce, en ne mangeant pas de viande, détail qui a son importance me semble-t-il.


Sarah Marquis est née en 1972 à Delémont – Suisse.

-2000 : Du nord au sud de l'ouest des États-Unis, 4260 km en 4 mois en passant par les Montagnes
             rocheuses et le Désert des Mojaves.

-2002-2003, « L'aventurière des sables » : Traversée des déserts australiens (14 000 km en 17 mois).

-2006, « La voie des Andes » : Cordillère des Andes, du Chili au Machu Picchu (7 000 km en 8 mois).

-2010 / 2013, « Sauvage par nature » : De  la Sibérie à l'Australie en passant par la Mongolie,
                    le désert de Gobi, la Chine, le Laos et la Thaïlande (1000 jours de marche).

En 2013, elle est nominée " Aventurière de l'année " par le magazine National Geographic.

Je ne vais pas plus m’attarder sur la biographie, vous trouverez tout ce qu’il faut et bien mieux sur le net.
Mais ce que vous ne trouverez pas, c’est les 4 extraits que je vous retranscris ici, après avoir recueilli son autorisation bien évidement.
J’espère que je vous donnerai envie d’aller plus loin dans la découverte de cette femme exceptionnelle.
Sa nouvelle expédition commencera en juin : De l’est à l’ouest des Kimberley, 4 mois de survie 100%.
Seule, elle évoluera sur des terrains hostiles et sauvages et se nourrira d’insectes et de plantes.

Une dernière chose avant les extraits, elle dédie son livre :
« à toutes les femmes de par le monde qui luttent encore pour leur liberté ».



---Eau, où est tu ? (P.34)

Je me trouvais en Amérique du sud lors de mon expédition « la voie des Andes », 8 mois de marche sur la cordillère. Je remontais une vallée caillouteuse, difficile. Le gris minéral brut dominait aussi loin que mes yeux pouvaient voir. Le vent, par-dessus tout, était constant et usant. Je scrutais le paysage à la recherche d’eau mais, dans tout ce gris, rien ne ressemblait à la vie. Je pensais alors que, s’il y avait de l’eau, il y aurait la présence de la vie, et donc logiquement, de la végétation. Je cherchais ainsi du vert ou un simplement changement de couleur dans le paysage, mais rien…

Selon ma carte topographique, une rivière d’une certaine importance doit arriver par l’ouest et s’écouler dans la vallée que je remonte en direction du nord. Ce n’est pas la première fois que ma carte topographique (ancienne) m’annonce des rivières devenues des lits de cailloux. Je décide de m’arrêter et de manger quelque chose. Je sais que je devrais marcher ce jour jusqu’à ce que je trouve de l’eau.
 Après un grignotage rapide et une petite sieste, je décide de grimper sur le tas de pierres de 5 m de haut qui est juste là, à quelques mètres. (D’ordinaire je passe toujours les obstacles qui se trouvent devant moi avant de manger ou m’arrêter).Je mets donc mon sac à dos et me propulse au sommet en faisant attention à la bonne synchronisation de mes mains et de mes pieds. Lorsque je relève la tête, le spectacle devant moi me coupe le souffle : une rivière de montagne peu profonde mais large (comme sur ma carte) s’écoule vigoureusement…

La leçon que je reçois ce jour-là vaut toutes les leçons de survie.
Mais pourquoi n’avais-je pas trouvé cette rivière ? J’avais demandé à mon esprit de chercher de la verdure, en pensant que c’était ce qui m’amènerait à l’eau. Vraiment ? Il a donc fait exactement ce que je lui avais demandé. Sauf qu’à cette altitude il peut y avoir de l’eau et pas de végétation (c’est donc ce que j’ai appris ce jour-là). J’avais commis la plus grande des erreurs !



---Orage en Mongolie (P.75)

Ce soir-là, je dois à plusieurs reprises changer de campement. Le vent change de direction et d’intensité. Il me faut impérativement dénicher un endroit adapté. Je remonte le long de l’unique formation rocheuse, une formation de mini pics bizarroïdes qui sortent du paysage. Je ne veux pas me laisser surprendre par l’orage, alors j’amarre ma tente au sol avec tout ce que je trouve. Satisfaite, je regarde le ciel qui s’assombrit.
Je me glisse dans ma tente, c’est l’une des plus robustes du marché. J’ai par précaution creusé des rigoles tout autour pour permettre à l’eau de s’évacuer rapidement, au cas où il en tomberait de grandes quantités.
Mais j’ai un mauvais pressentiment, je sens que ça bouge anormalement dehors. Une ouverture de quelques centimètres me suffit pour comprendre : Le cauchemar ! Le pire, je pense à ce moment-là (mais l’avenir me prouvera le contraire).
Un mur opaque progresse dans ma direction, il n’est plus qu’à 10 m, et c’est… de la grêle ! Le pire ennemi pour une tente.
Je remets mes chaussures aux pieds dans l’urgence, je suis prête à évacuer au cas où ! A peine mes chaussures aux pieds, voilà que ma maison de toile semble se tendre depuis la base. J’ouvre rapidement ma première toile et, horrifiée, je me trouve face à une coulée de boue qui arrache tout sur son passage.
L’adrénaline parcourt mon corps en un éclair. Il faut agir, et vite. J’entends ma tente émettre des bruits que je n’avais encore jamais entendus, elle lutte. Je jette de toutes mes forces mon sac sur un promontoire à proximité. Je n’y crois pas ! Je déploie toutes mes forces pour extirper ma charrette avant que ce monstre ne l’engloutisse complètement et moi avec. Je lutte, elle ne m’aura pas comme cela. Je me jette à terre sur le côté pour m’accrocher au sol, en tirant de toutes mes forces sur l’un des manches de la charrette.
La force que dégage ce torrent de boue est extraordinaire, je piétine, je glisse, je rattrape le manche qui me file des mains. Cela ne dure que quelques minutes, qui me paraissent une éternité, puis tout s’arrête, l’orage est passé. Aussi soudainement que cela a commencé.
Une douce petite pluie fine caresse mon visage, le monstre est passé !
Je reprends mes esprits. Je me laisse tomber de tout mon corps, je suis épuisée mais je n’ai pas lâché le manche de ma charrette, elle est là saine et sauve.
Je lance un cri de victoire ! J’ai gagné cette bataille-là !
Je hurle : « Mongolie ! Tu ne m’auras pas ! »



---Misty Mountains / Australie du Nord (P.237)

Je traverse les Misty Mountains baignées dans le brouillard où le vert domine.
Je suis à l’affût des moindres bruits. Ici vit le très rare kangourou arboricole Dendrolagus Lumboltzi.
Je dors chaque nuit au fond de ces forêts lugubres et humides, entourée de créatures qui frôlent ma tente pendant la nuit..
En cette fin de journée, je suis mouillée jusqu’aux os : le soleil n’a pas daigné venir me sécher durant la journée comme il l’avait si ponctuellement fait jusqu’ici. Cette forêt ne ressemble pas aux précédentes, même le jour elle est sombre et dense. Les dénivelés ont été conséquents depuis ce matin, au point que dès que je m’arrêtais, j’avais froid.
Alors j’ai évité les pauses. Mais maintenant j’ai faim, soif, et mes os me font mal à cause de l’humidité.
Je cherche désespérément 3 m² pour poser ma tente. Je décide de forcer le destin et me contente d’un minuscule promontoire. Ma tente ne sera pas tendue idéalement mais elle tiendra.
L’eau tombe du ciel à présent avec insistance. Je ne peux même pas ouvrir mon parapluie, les branchages m’en empêchent. Je monte ma tente aussi rapidement que possible.Soudain un énorme serpent bien grassouillet glisse d’un arbre juste là devant moi et continue son petit bonhomme de chemin.
Il fait maintenant presque nuit, je me glisse dans ma tente complètement détrempée. Une fois à l’intérieur, j’allume ma lampe frontale pour découvrir que je ne suis pas seule mais accompagnée de sangsues jaunes et noires…
Je me fais un bon thé chaud et plonge dans de l’eau bouillante un de mes fameux sachets de noodles prévus pour ce genre de circonstances et j’oublie déjà les baisers intéressés de ces tigresses. Je passerai la tente au crible avant de dormir, pour être sûre qu’elles ne feront pas une orgie sur mon compte.



---Butterfly Springs / (P.272)

En fin de journée, je me dirige vers cette piste de terre, et 1.5 km plus tard j’arrive à Butterfly Springs.
La roche collecte soigneusement l’eau des pluies qui remplit ce bassin sur sa partie est, tandis que le sable forme une plage sur la partie ouest. C’est un plan d’eau situé au milieu d’anciens eucalyptus qui s’élancent dans le ciel.
Je me laisse tomber dans cette eau douce tout habillée. Je m’imprègne de ce paradis isolé de tout, la tête dans les nuages… Le coucher de soleil colore la roche d’un rouge orange inoubliable.
Je dresse mon camp et retourne me laver cette fois toute nue au milieu de la nuit, la lune est apparue juste au-dessus de la paroi rocheuse. Elle est belle et pleine. Je batifole dans l’eau et retrouve mes instincts profonds, je me sens connectée à plus grand que moi. C’est de toute beauté.
Je me laisse flotter encore un peu en regardant les étoiles et décide de retourner au camp à 400 m. Je reste pieds nus.
J’allume ma lampe frontale et progresse sur le sable mou, entre les buissons.
Tout à coup je repère dans le faisceau de ma lampe deux magnifiques serpents blancs avec des zigzags brun clair qui se déplacent la tête hors du sol en ondulant.
J’ai tellement de chance de les voir, même à 1.5 m de mes pieds nus, pensé-je (oups).
Un gecko aux yeux de chat se lèche les babines à quelques pas de ma tente. J’en suis troublée, l’isolement de cet endroit laisse la nature et la faune respirer et s’épanouir.
Je m’en vais avec un regret au petit matin …


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« Modifié: 21 janvier 2016 à 22:03:43 par Mishkin »

21 janvier 2016 à 20:53:38
Réponse #4

VieuxMora



22 janvier 2016 à 12:47:52
Réponse #5

Aleksi


Je réponds brièvement: brièvement! :)

Ok. C'est dommage. Quand on vit en "harmonie avec la nature etc blabla  ::)", plus de la moitié du temps est utilisé pour cela. Trouver, cuisiner, conserver. Faire l'impasse sur un aspect aussi important de ses voyages me laisse un peu dubitatif quand à la véracité de son auto-suffisance. Aussi, les distances parcourues en un temps donné me laisse croire qu'elle n'a jamais ne serait-ce que posé un collet comme elle peut le dire.
Et quand j'écoute ses interviews sur ses techniques pour se nourrir, c'est presque une blague. On a la droit à tous les poncifs.
Quoi qu'il arrive, elle reste absolument respectable et je ne veux pas lancer une polémique à la Mike Horn. Je trouve juste dommage de surfer sur la vague "vie sauvage et survie" pour se donner plus de contenance. Elle en a pas besoin ! C'est une trekkeuse de l'extrême, et les itinéraires parcourus... me laissent sans voix. Chapeau bas !
« Modifié: 22 janvier 2016 à 12:58:28 par Aleksi »

22 janvier 2016 à 13:45:34
Réponse #6

costa


Salut.

question HS: Pour ma culture, c'est quoi une polémique à la Mike Horn? C'est une vraie question ...

Merci.

A+

22 janvier 2016 à 13:58:28
Réponse #7

Aleksi


Salut !

Ne nous étendons pas trop la dessus, mais il a souvent été critiqué sur les moyens mis en oeuvre pour ses expés, gros sponsoring et marketing, mais aussi et surtout des rumeurs (sans grands fondements il me semble) comme quoi il aurait un peu pipoté ces itinéraires.
Voilà, ne nous égarons pas dans ce sujet  ;).

Toutes ces personnes médiatiques ont l'avantage de faire rêver certains et en inspirer d'autre. C'est ce que je retiens et apprécie dans tout cela !  :up:

22 janvier 2016 à 14:52:46
Réponse #8

Loriot


Il me semble, pour les lectures que j'ai fait, que Sarah Marquis met plus en avant l'aspect "voyage" et rencontre avec la nature et la géographie que les techniques qu'elle utilise. Certaines transparaissent dans ses récits mais ça ne semble pas être sa priorité. Elle se passe aussi volontiers de nourriture animale dans beaucoup de ses livres, je veux dire, dans ses voyages. Elle est plutôt végétarienne (sans non plus renoncer à de la viande si il le faut vraiment).
Quand Pourine veut la lune tu lui baises les pieds

22 janvier 2016 à 15:28:17
Réponse #9

Aleksi


Salut !

Je suis d'accord avec vous également.
En fait, ma réflexion était suite à cette interview que je trouve bidonné :

https://www.youtube.com/watch?v=janYlnNbiy4

On dirait qu'elle "doit" intégrer un discours survie dans son truc, pour des raisons que j'ignore, alors que ça n'a pas l'air d'être spécialement son truc. Pressions externes ?

Mis à part, ca a l'air d'être une chouette personne !

22 janvier 2016 à 17:22:51
Réponse #10

nox


Les livres sont intéressants.

Tout comme Mike Horn, c'est assez exceptionnel ...

Mais oui il s'agit d'expés avec des gros moyens, de ce fait ça enleve un peu de magie.
Leur but relier un point A à un point B, le matos et les technique c'est "secondaire"

Dans les récits de la Dame, il a effectivement un aspect voyage et rencontre assez "intéressant"

Finalement, tu as des anonymes qui réalisent des choses assez sympa avec des moyens plus légers (cf carnets d'aventure, ou certains récits sur ce site ou d'autres) et qui à mon avis sont plus intéressants au niveau de la débrouille, conseils, techniques ...

22 janvier 2016 à 22:09:14
Réponse #11

costa


Merci.

Oui, ils ont eu de gros moyens et sponsors... mais bon, je ne suis pas choqué, après tout, c'est leur source de revenus. S'il y a des jaloux, qu'ils essaient de faire pareil.
Pour ma part, j'ai découvert Sarah Marquis récemment (premier livre que je lis d'elle en ce moment), et j'ai par contre adoré tous ceux de Mike Horn. Oui, gros moyens de personnes, logistiques, et personnes, mais nous fait voyager, et surtout un bel exemple de courage et de dépassement de soi (physique et mental)!
Quand aux détracteurs sur ses exploits... j'éviterais de faire des commentaires à ce sujet...

Merci à vous d'avoir répondu.

A+

23 janvier 2016 à 11:10:00
Réponse #12

Nirgoule


Salut
J'ai lu ses bouquins, au delà de ses exploits physiques et psychologiques, je retiens le côté ethnographique de ses récits. On en apprend sur les populations qu'elle croise. Bien loin des descriptions arrangées sur les bons sauvages qu'on peut lire voir et entendre ailleurs : chaînes voyage, bimensuels expe et autres.
Cette fille a du cran.
"Vous les français vous ne doutez jamais de rien."
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