Comme on n'a que très peu d'éléments sur ce qui s'est passé, on ne peut raisonnablement rien dire sans se perdre en conjectures...
Evidemment qu'on n'est là ni pour juger, ni pour reconstituer les faits et les erreurs sur une base restreinte d'éléments (ça me fait plaisir, d'ailleurs, de lire ça, après avoir été moi-même l'objet d'une telle analyse déplacée il y a deux ou trois ans sur ce même forum...). Par-contre on est là pour essayer de dégager des leçons utiles et générales. Pourquoi poster le fait divers, sinon ? Par voyeurisme ? Pour faire un peu de remplissage pendant les vacances ?
Déjà, l'histoire pose quelques questions bassement techniques, dont les réponses seraient intéressantes. Du genre :
- en combien de temps la déshydratation ou l'hyperthermie tuent sous un tel climat ?
- combien de litres d'eau/jour pour un adulte ?
- en quoi le corps d'un enfant réagit différemment de celui d'un adulte, face ?
Après, derrière la technique, pour ma part je trouve que le point sensible touché par Rosetta est central, justement, à la psychologie en situation de m*rde. Le point en question, c'est quand l'empathie ou la morale se mettent en travers du pragmatisme.
Dans une situation de survie, la chance vote. Le truc, la raison d'être de ce forum, c'est de réduire le nombre de voix qu'on laisse à la chance, en acceptant qu'il lui en restera toujours au moins une...
Alors mettons : OUI, on va se donner comme priorité la survie de l'enfant. OK. Et après ? Comment est-ce qu'on réduit la part de chance pour atteindre ce but ?
Première option pour sauver l'enfant : je me laisse pousser par mes sentiments, par l'empathie, par la morale et par le besoin immédiat. Je file toute la flotte au petit, parce que dans l'horizon à court terme c'est ça le problème, et que ça me tord trop le bide de le voir là tout rouge qui me dit comment il a soif ? Et pour ce qu'il y a derrière l'horizon, quoi ? Qu'est-ce qu'on fait pour le gamin quand les parents crèvent et que le petit arrive tout seul à la bagnole ? Ou même, avant ça, comment on compte qu'il retrouve la voiture tout seul ? On s'en remet 100% à la chance inch'allah ? "
Tiens gamin, j'te donne toute l'eau, comme ça je crèverai avant toi et j'aurai pas à souffrir de te voir mourir."
Deuxième option pour sauver l'enfant : le calcul. Ouais. Le truc froid, là, où on va voir son gamin souffrir et peut-être s'évanouir. Parce qu'on a calculé les litres, les durées, les distances, le soleil, et que l'efficacité ne veut pas souffrir des sentiments. Et la chance joue toujours. A commencer par la chance qu'on se gourre complètement et qu'on porte la culpabilité de la mort de son enfant pour le reste d'une vie. Mais au moins on essaye de réduire la part de chance.
La capacité à devenir FROID, à un moment donné, à se FERMER A LA SOUFFRANCE D'UN AUTRE, est outil dans la boîte, juste à côté de l'outil qui fait exactement le contraire et qui nous connecte au maximum à la personne qui souffre à côté de nous. A mon sens, savoir que ces deux outils existent, et savoir quand choisir l'un ou l'autre, ça aussi ça fait partie de la préparation.
Choisir sciemment, pour une bonne raison, pour une durée brève, la froideur envers quelqu'un qu'on aime, c'est, pour moi, le même mécanisme que rejeter la panique.