Je crois que cette sidération devant des événements à dimension cataclysmique n'est pas inhabituelle.
J'ai vu une avalanche de neige fraîche, déclenchée par le pétardage des pisteurs pour purger une corniche au dessus mais à coté de l'arrivée des pistes à la station des Menuires, après une nuit de chute neige exceptionnelle (plus d'un mètre.)
Ce qui était prévu, en ayant discuté après avec les pisteurs, c'était au maximum quelques dizaines de mètres à dégager et une coulée s'arrêtant après une cinquantaine de m au maximum.
C'était le matin vers 10 h et il y avait déjà de nombreux skieurs sur la large fin de piste.
Bang ! puis un nuage de poudreuse ressemblant à celui de la vidéo, j'étais à mi-pente et je me suis écarté vers la rive gauche puis arrêté sur une butte. Et là, surprise ! je vois tous les gens qui étaient au milieu de la piste se jeter par terre et rester immobiles devant le nuage qui arrivait vers eux.
L'avalanche qui était large sur 200 ou 300 m mais avait heureusement peu d'énergie, s'est finalement arrêtée dans une combe latérale à cette piste. Et un à un, les skieurs se sont relevés et sont repartis.
Un autre exemple, à coté du refuge Monzino (côté Italien du Mont Blanc, sous l'Aiguille Noire) pendant une petite course d'arrête qui donnait sur le Glacier du Freney. Ce glacier présente une partie suspendue avec une belle tranche de séracs.
Nous voyons une cordée de deux qui venaient du col des Chasseurs en face et traversaient sur la partie inférieure du glacier pour remonter vers Monzino.
Un gros bruit, et nous voyons une tranche napolitaine entière du glacier suspendu qui s'écroule. (Recoupé avec des mesures sur la carte, cela représente environ 100m de large sur 40m de haut et quelques m d'épaisseur donc au moins 5 à 10 000 tonnes de glace qui dégringolent).
Et là encore nous voyons les deux alpinistes se jeter au sol. L'éboulement roule sur le plat du glacier et puis s'immobilise quelques dizaines de mètres avant la cordée.
Du perchoir où nous étions, on les avait vu déjà morts pendant quelques secondes.
Par chance, la topographie du lieu et les lois de la physique les ont épargnés ce jour-là.
Dans ces deux exemples, la sidération, l'absence de réaction de fuite ou d'évitement était manifeste.
Je crois que lors du tsunami, des vidéos témoignent du même phénomène comportemental.