Le Départ.Qu'est ce qui nous attire ainsi dans ces contrées l'hiver, sachant tous, que nous allons en baver, avoir froid, peut être mal au dos, aux pieds et sûrement mal dormir. Pourtant nous savons tous que nous serons heureux de l'avoir fait. Au point où nous en redemanderons l'an prochain, et qu'il est probable que l'envie se transmette à d'autres.
Utilisant les services de l'IGN, j'ai fait imprimer une carte qui m'évite d'en emporter trois. Elle est en matériau indéchirable. Sur la couverture figure une photo de l'un de nos précédent périple ainsi qu' un titre : Limousin 2015, la Vraie Crise. Le parcours prévu est également imprimé
Ce vendredi à 12h, nous arrivons au village. Les 10 derniers kilomètres de route ont été enneigés. Pas bien épais : 10 à 20 cm tout au plus par endroit. Pas assez pour chausser les raquettes.
Deux nouveaux venus pour ces sorties hivernales à l'inconfort total. Ils seront servis : neige, froid.
Nous partons pour trois heures de marche environ. Entre temps un piquenique en haut d'une colline au milieu de ruines d'un château, la vue donne sur les méandres de la Vienne. Le paysage est en noir et blanc, la luminosité faible avec ce temps couvert.
Nous sortons nos victuailles du midi : granola de Dav, carottes et radis noirs de Lrt (1kg !), pemmican de cochon de moi même. Tiens, y en a un que l'on entend plus d'habitude, Jér se tient trop tranquille, fièvre ?
Nous repartons à travers bois et champs pour arriver à un chaos rocheux. Nous perdons un peu de temps à trouver le moins mauvais endroit : peu humide (il a beaucoup plu ces dernières semaines), plat, de l'eau proche et pourvu en bois mort, pas simple.

Nous trouvons près d'un hêtre abattu pas la tempête. Le tipi est pendu à une branche, l'empreinte au sol est dégagé à la pelle, quelques brachages améliorent le couchage. Un tarp le long du hêtre abattu, l'autre le long d'un rocher.

Deux d'entre nous spontanément se proposent pour remplir les outres d'eau du ruisseau, deux s'affairent au feu, tandis qu'à trois nous cherchons du bois mort de toutes tailles.
La nuit tombe déjà et nous ne distinguons plus trop les essences. Beaucoup de hêtre, un bois dur à couper, noueux, dur à fendre aussi. Il est aussi relativement humide.
Ce bois prend difficilement la flamme. Mais à force de méthode et d'attisage : le feu prend et réchauffe l'eau des gamelles et ainsi que les corps inactifs qui se refroidissent. Jér sort son vin chaud légendaire.
Nous enfilons les doudounes tant le froid nous enveloppe. Notre équipement est très divers, un peu juste pour certains mais rien de limite, et puis avec le feu... D'ailleurs il nous permet de tenir jusqu'à 23 heures.

Heure à laquelle nous nous enfilons dans nos duvets, nos sursacs sous tipi ou sous tarp. Le lieu est à l'abri du vent (la quatrième contrainte du lieu idéal) mais la température descend à moins 7°. Le froid et les bruits de "respiration" gênent le sommeil.

Au petit matin, tous se plaignent des ronflements des autres. Mais si tous ont ronflés, tous ont donc dormi !
Nous rallumons le feu pour le café, le thé. Nous repartons sur notre chemin, nous croisons nos amis chasseurs, peu bavards il est vrai. Il fait soleil, encore des chasseurs en 4X4 (non la Haute Corrèze n'est pas Kobané). Pas beaucoup de dames dans leurs sport, ni dans le nôtre d'ailleurs!
Par endroit ce sont bien 20 à 30cm de neige qui rendent la marche fatigante. Pour nos deux nouveaux qui n'ont pas porté de sac depuis longtemps, c'est le réglage de la ceinture et des bretelles qui entraînent quelques désagréments. Mal aux épaules, mais le sac n'est-il pas trop petit? Ah c'est celui de ta compagne!
Nous coupons à travers champs, longeons le ruisseau. Tiens d'assez grandes traces d'animaux, ne dis-je. Lesquels ? J'obtiens très vite la réponse en levant la tête : des vaches et leur taureau. Hum! Elles nous suivent en courant, puis s'arrêtent. Qu'ont elles en tête ? Nous empêcher de passer? Pour finir nous traversons le champ d'un pas décidé , sortons de la zone de danger et les laissons plus interrogatives que nous. Et oui, ici elles ne sont pas à l'étable, même l'hiver.
Casse-croûte rapide à un croisement de chemin: les carottes ainsi que le radis noir s'imposent encore, mais l'on trouve aussi du pâté et du pain maison, on échange nos produits. Nous repartons d'un bon pas afin d'arriver de bonne heure.