Mais avez-vous réussit à atteindre le 50%?
Difficile à estimer vu que ça reste totalement pifométrique (pas de suivi précis), que l'implication est beaucoup plus limitée que dans le reportage et qu'il y a encore beaucoup trop de choses cumulées avec les années (dont une bonne partie va finir en déchets). Sans se compliquer la vie on est certainement à -30% sur 2 ans pour les déchets quotidiens et un peu plus en considérant les "déchets invisibles" en amont.
Une approche aussi radicale que le "zéro déchets" est intéressante pour s'inspirer de solutions pratiques, mais reste probablement dissuasive pour de nombreuses personnes. Un objectif de -10% à -20% chaque année est en revanche à la portée de tous même sans magasins "zéro emballage".
Lorsque les poubelles ménagères (non recyclables) sont passées à la facturation individuelle à la levée par type de poubelle, j'avais le plus petit modèle de poubelle officielle qui n'était jamais totalement remplie lors de la levée mensuelle forfaitaire (bonjour les odeurs en été à attendre 1 mois pour ne pas se faire facturer des levées intermédiaires vides à 80%). D'autres dans la même situation avaient du mal à tout faire rentrer dans la même poubelle petit modèle en 1 semaine !
Pourquoi autant de déchets ? Certainement la flemme (ou la méconnaissance) du tri sélectif (poubelles de recyclage gratuites) + beaucoup trop de déchets alimentaires + beaucoup trop de produits ménagers en tout genres.
En moyenne 30% de la nourriture termine à la poubelle en France (dont une bonne partie en amont du consommateur et dans les collectivités). Nos restes alimentaires sont assez proches de zéro (y compris le pain recyclé en pain perdu dont les enfant raffolent).
On vit en appartement, mais des bacs à déchets alimentaires compostables ont été mis en place récemment dans le quartier. Ils ont permis de faire baisser de ~30% la poubelle "non recyclables" rien qu'avec les épluchures, découpes, marc de café, etc...
Même en considérant les déchets compostables comme du "zéro déchets", il ne faut pas oublier tout leur impact en amont (ressources, déchets, coût économique).
L'étape suivante avec des achats non emballés est nettement plus délicate : très peu de commerçants proposent du vrac. En revanche certains mettent à disposition des poubelles à emballages près de la sortie (ce n'est qu'un "transfert de déchets", pas réellement une économie). C'est rapidement bloquant sans se compliquer la vie à outrance : il y a un seuil incompressible essentiellement lié au modèle de production, distribution et vente actuel.
En vrac quelques axes d'amélioration à la portée de tous (sans "se prendre la tête" si on s'organise
progressivement) :
* Éviter les produits conditionnés en portions individuelles (la plupart du temps non recyclables) genre paquet de 36 gâteaux remballés par par 3 pour les goûters alors qu'il suffit de 10s pour les mettre dans une petite boite qui évitera en plus qu'ils ne soient broyés.
* Limiter drastiquement le nombre de "consommables non alimentaires" comme montré dans le reportage :
- pas 36 produits ménagers hyper-spécialisés (revenir aux basiques qui conviennent dans plus de 80% des cas : javel, vinaigre blanc, bicarbonate, savon de bonne qualité...)
- pas 36 produits d'hygiène la plupart du temps inutiles (p.ex. pierre d'alun qui dure plus de 6 mois, rasage au savon d'Alep moins agressif que la plupart des mousses, coupe-choux mais qui ne fonctionne pas pour moi...)
- pas de pharmacie remplie de médicaments qui finiront la plupart du temps périmés (les déchets pharmaceutiques sont une belle saloperie qui termine souvent dans la nature)
* Privilégier les emballages recyclables à produits équivalents : apprendre à repérer les logos et codes plastiques et se renseigner sur les politiques de recyclage locales assez variables selon les régions (fastidieux au tout début, mais simple par la suite en restant sur les mêmes produits).
* Les marques 1er prix ou distributeurs sont moins friandes de suremballages chatoyants et de récipients en plastiques épais (comparer un yaourt nature 1er prix et un "premium vu à la TV meilleur pour la santé et sans sucres ni matières grasses ajoutées"
). On commence également à trouver de plus en plus de produits ménagers en recharges sans flaconnage.
* Privilégier le vrac pour les fruits et légumes (en réutilisant les sacs plastiques) et les gros conditionnements pour le non-périssable même avec une consommation faible (p.ex. sucre, farine, riz, pâtes... faciles à stocker pendant des mois dans des bocaux hermétiques).
* Mieux gérer ses achats alimentaire : acheter MOINS (habitude d'acheter plus souvent trop que pas assez), anticiper les DLC, ne pas se jeter sur les promos de périssables en gros volume, éviter si possible les "grosses courses hebdomadaires" pour le frais et s'approvisionner plutôt 2-3 fois à proximité (en profitant notamment des promos de dernière minute sur les DLC ultra-courtes : moins de déchets pour le magasin, moins de production inutile, économie non négligeable).
* Apprendre à gérer les DLC : ne pas confondre avec les DLUO, mieux organiser le frigo et les placards de cuisine (surtout au fond dans les coins
), connaître les produits consommables longtemps après la DLC (p.ex. yaourts biens conservés encore très bons à DLC + 1 mois, certains produits secs consommables à DLC + 1 an...).
* Éviter p.ex. les machines à café à dosettes alors qu'une expresso à café en grain (ou moulu) est meilleure en choisissant bien son café, moins chère à moyen terme tout en ne produisant aucun déchet (marc de café compostable). Idem pour le thé en vrac par rapport aux sachets, etc...
* Apprendre à bricoler et réparer un minimum (s'autonomiser plutôt que consommer aveuglement). On vit dans un monde où les gens ne se posent même plus la question de la réparation pour les petits objets hors SAV : on rachète systématiquement en jetant l'ancien alors que souvent 10 minutes peuvent suffire à réparer un faux-contact électrique, recoller une pièce brisée, changer une pièce basique... et 2H pour remettre à neuf un ordinateur soit-disant trop lent. C'est non négligeable en déchets par consommation inutile (point non-abordé dans le reportage).
* Apprendre à réutiliser et recycler tout ce qui peut l'être : sachets, cartons, bricolages, tri sélectif et déchetterie (c'est hallucinant de m'en-foutisme dans certaines régions du sud alors que le déchet recyclé est revalorisable).
* Éviter de céder aux produits de mode et de marketing qui ne servent que 2 fois par ans (p.ex. appareil à fondue de chocolat) : déchets lors de la production, du transport, de l’emballage et en fin de vie pour un produit dont on aurait pu se passer et dépenser la même somme dans de l'activité locale non délocalisable et non polluante.
* Se renseigner sur les déchets générés en amont du consommateur. Acheter en hiver des fraises industrielles de Nouvelle-Zélande génère énormément de déchets même en les achetant en vrac dans des sacs en toile !
Idem p.ex. pour les tomates de serres (même françaises) : à la louche 1kg de tomates = plus d'1kg de pétrole (chauffage des serres
et transports) + infrastructures hors-sol produisant des déchets + cartons non réutilisés + barquettes + ... L'économie de l'emballage final en magasin ne représente alors qu'une goutte d'eau microscopique.
* Se renseigner sur l'impact écologique global des déchets en fonction de leur nature. Il ne suffit pas de raisonner en volume ou en masse, mais plutôt en cycle de vie complet. Certains plastiques ou cartons utilisés intelligemment et avec parcimonie ont un meilleur bilan total que certains papiers, que le métal et surtout que le verre. Il vaut mieux recycler un pack vide de jus de fruit qu'une bouteille en verre (de mémoire un pack type Tetra aura émis 4x moins de CO² qu'une bouteille en verre et 2x moins qu'une bouteille en plastique qui reste encore préférable au verre selon les critères pris en compte).
Le sujet est complexe, mais globalement en consommant moins (d'où des économies non négligeables) et de manière plus réfléchie on peut déjà économiser énormément de déchets (surtout en amont du consommateur : ce qui n'est pas produit ne génère pas de déchets) sans faire de choix de vie radicaux.
J'ai encore une sacré marge de progression, mais c'est quelques fois rageant de passer pour un extra-terrestre ou un taliban aux yeux de certains qui ne font même pas l'effort de remettre en question leur habitudes et clichés.