Hello,
Je sais qu'il y a déjà eu pas mal de sujets sur le comportement de la foule, mais je tenais à partager un article intéressant:
http://aeon.co/magazine/living-together/crowds-show-us-working-together-at-our-best/, en anglais, intitulé "The intimacy of crowds: Crowds aren’t really crazed – they are made of highly co-operative individuals driven to shared interests and goals"
(Auteur: Michael Bond, journaliste qui parle de psychologie et de comportement, et publie dans certains journaux comme New Scientist, Nature).
Je vous met des extraits, que j'ai traduit de façon "libre". Les passages en gras sont de mon fait, pas de l'auteur.
"Intimité de la foule: les foules ne sont pas vraiment folles - elles sont constituées d'individus co-opératifs motivés par des buts et intérêts commun"Postulat de départ:La façon d'analyser le comportement des foules est traditionnelement basée sur l'idée de l'abandon de la rationalité par les individus, au profit de la "folie de la foule". La théorie la plus populaire, durant des émeutes par exemple, est que les participants "abandonnent" leur conscience et rationalité au profit de "l'esprit de la foule".
L'article cite le criminologue français Gabriel Tarde (je reprends la citation originale, parue dans "Les Crimes des Foules", (extrait du Troisième Congrès International d'Anthropologie criminelle, 1892)
"La foule, parmi les populations les plus civilisées, est toujours une sauvagesse ou une faunesse, moins que cela, une bête impulsive et maniaque, jouet de ses instincts et de ses habitudes machinales, parfois un animal d'ordre inférieur, un invertébré, un ver monstrueux où la sensibilité est diffuse et qui s'agite encore en mouvements désordonnés après la section de sa tête, confusément distincte du corps. Car la « bête humaine » varie d'après chaque espèce de multitude, et il y a là toute une faune humaine pour ainsi dire à étudier."L'article cite aussi Gustave Le Bon (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_des_foules_%28livre%29), qui considère la foule comme une entité psychologique particulière, irréductible aux individus qui la composent.
Cette foule induit, sur les individus qui la composent, 3 caractères : irresponsabilité, contagion, et la suggestibilité (qu'on peut traduire par une perte de conscience, la perte d'opinions propres).
Apport de l'articleComportementCette vision traditionnelle selon l'auteur est fausse.Des études psychologiques réveleraient que les participants d'une foule se définissent par rapport aux gens qui les entoure;
leur identité sociale détermine leur façon de se comporter.
Stephen Reicher, University of St Andrews, explique que ce (nouveau) modèle s'aligne sur les études publiques réalisées sur les désordres crées par des foules (rapport de la Commission Kerner).
- Lors des émeutes de Detroit en 1967, la Commission Kerner a établit que le principal facteur de mobilisation était la déprivation des populations noires (taux de chomage 2x plus important, pauvreté 4x plus importante).
- "L'émeutier moyen" a été définis comme étant éduqué, intégré socialement, et sans précédent crimes.
- La motivation principale des émeutiers était de participer de façon plus complète dans l'ordre social et de bénéficier des mêmes avantages que la majorité de la population. Il s'agissait plus d'une participation au "système", plutôt que d'une lutte contre.
PaniqueDe façon surprenante, ce modèle développé expliquerait pourquoi certaines foules, face à des situations de péril, sont moins enclins à paniquer.
- L'article cite l'exemple du World Trade Center, et des employés de bureau qui ont tardé à évacuer (temps moyen 6 minutes avant d'évacuer).
- L'article cite l'exemple d'un crash d'avion à Manchester en 1985, ou 55 personnes sont restées dans l'avion en flammes. John Leach (disaster psychology at the University of Oslo), explique qu'un état de choc/confusion partagée pourrait expliquer pourquoi les groupes importants sont plus susceptibles de réagir lentement que des petits groupes.
SolidaritéCes recherches démontreraient aussi que
la coopération et l'altruisme seraient la norme au sein de foules (lorsque des vies sont en péril).
- Des chercheurs de l'université de Sussex (John Drury) parlent de "résilience collective", une attitude d'entraide mutuelle. Il appelle par ailleurs la foule "the fourth emergency service". Lors d'une crise (même mineure), le fait de partager soudainement un but/intérêt commun ferait bouger l'intérêt personnel vers un intérêt général.
Conclusion de l'article(que je laisse en anglais)
The idea that in crowds we might give the best versions of ourselves runs counter to the common view that has prevailed since the French Revolution. Yet it has science on its side: from the cohesion of football crowds to the altruism of disaster victims and the solidarity of revolutionaries, the evidence for the sanity and intimacy of crowds has become overwhelming.Pour les ceusses qui souhaitent une
approche un peu plus pratique, deux liens vers ce forum: