Chaleur, pieds, couleur noire... régal des moustiques.
Je ne me fonderai ici que sur mon expérience personnelle.
- vacances dans le Morbihan. Peu de moustiques, mais c'est moi qui les prends.
- chez moi, à Paris, l'été, la nuit, fenêtres ouvertes; c'est selon le temps qu'il fait. Parfois moustiques, parfois pas du tout.
- voyage en Indonésie; java, Bali. A Jakarta, nuées de milliers de moustiques à la tombée de la nuit, puis plus rien. Il suffit de rester à la frontière entre l'extérieur et l'intérieur de la maison (sur pilotis, mais pas au dessus de l'eau; les pilotis sont rapport aux pluies brutales de la mousson), côté maison, lumières éteintes. Ensuite, dehors ils se grillent sur les lampes. A Bali, rien, autant que je me souvienne (je veux dire que je ne me rappelle pas avoir pris de précautions spéciales; ailleurs oui).
- en mission pour le travail, dans le delta du Nil. Moustiques saisonniers, lors du repiquage du riz. Mais des nuages denses. On a constaté qu'ils ne montaient pas (je ne dis pas en général, mais dans cette contrée) au dessus d'une certaine altitude (assez basse). Moralité: dormir sur les terrasses quand il y en a. C'est souvent le cas. Sinon, moustiquaire. On a essayé les émetteurs d'ultra-sons: les moustiques se portaient bien et nous, on devenait chèvre.
- en mission au Nord-Sinaï. Moustiques, et c'est pour moi de préférence. Pas de problèmes pour le travail de jour. Et le soir, protégés par les moustiquaires, sur portes et fenêtres, des salles de travail. La nuit, moustiquaire sur la porte de la chambre.
- en mission au Soudan. Pas de moustiques, jusqu'à ce que la construction de quelques barrages modifie le climat local, l'hygrométrie, etc. Je devais avoir un appareil diffuseur.
- A Java. Contre le paludisme, le directeur du CICR (croix rouge internationale) qui nous accueillait nous déconseilla de prendre le moindre médicament, sauf si nous devions aller dans une région impaludée gravement. L'abus des médocs favorise les mutations du virus et bousille le foie.
- Paludisme au Soudan: très répandu. Certaines formes très graves avec hallucinations (le chef, suisse, de la mission, a failli en mourir; hallucinations, coma, etc, bien avant que je sois membre de la mission). Nous Européens bien nourris sommes plus résistants que les soudanais campagnards dont l'état général est rarement brillants. Je n'ai pas connu de Soudanais ruraux qui à un degré ou à un autre n'ait pas le palud.
Précautions: à force, on a son petit protocole personnel, de précautions simples.
Un marque bien connue fait des petits diffuseurs qui admettent des pastilles qu'on pose sur une résistance ou des petits récipients de liquide qu'on visse dessous. C'est pas génial pour la santé, mais bon... ça rend les moustiques abrutis. Ça se branche, il faut l'électricité. Qu'on a pas toujours. Au Soudan, longtemps, on n'a pas eu. C'est le meilleur système que j'ai eu
Ma préférence va donc à un produit dont la marque est un nombre impair divisé par lui même et qui fonctionne avec 2 piles AAA standard. On glisse une sorte de barquette, qui contient le produit, dans l'appareil qui chauffe, quand on agit sur l'interrupteur. Ça marche bien, et on peut laisser les fenêtres ouvertes.
Le ministère des affaires étrangères a tendance à suggérer certaines marques (question assurances, j'imagine), ce qui ne veut pas dire qu'elles soient meilleures (mais peut-être que l'assurance elle rembourse ou pas
...
Pour le corps dans la journée... les répulsifs, c'est la m*rde. Si vous portez des lunettes, ça bousille le plastique des montures... et pour que ce soit efficace, il faut vous asperger à mort. C'est dégueulasse. Je crois que j'ai vite cessé d'en mettre.
Mais le pire, au Soudan, c'était des trucs, je ne sais pas le nom européen et scientifique, c'était comme de mouches mais minuscules. Nous on avait ça que le soir selon le vent ou amené par des visiteurs venant de coins où il y en avait plein. En dialecte ça s'appelle
nimiti. Ça pique, pas féroce... à part que ça démange pendant des mois... et que vous pouvez vous faire un masque, genre apiculteur, ça pique à travers, un masque en moustiquaire fine, ça pique à travers. Nos amis qui travaillaient où cette engeance sévit, ils portaient carrément des bas sur la tête comme des braqueurs de banques. Et là au bout de deux ou trois heures sous le soleil soudanais, ils suffoquaient... moi, prudent, je ne suis pas allé visiter nos amis... au retour des copains, j'ai demandé comment ça c'était passé. Bien, super-cool, ils sont super sympas, ça, j'avais déjà constaté. E les
nimiti? Ben, pour le visage, ça allait, mais on avait pas pensé qu'ils se glisseraient sous les vêtements
Donc. Protocoles personnels. Décisions personnelles, selon les gouts, les risques, les situations.
Quand on ne parle que de ça, ça a l'air super danger, super drame. En fait ça ne marche pas selon ce genre de présupposé. On y va, on improvise. Je n'ai jamais eu le sentiment que je prenais des risques. J'étais prudent, certes, mais pas au point d'être obsédé.
Je crois que le palud est toujours la première cause de mortalité pathologique dans le monde, même avec le Covid et le Sida. Et dans les trois cas, c'est les plus pauvres sur la planète, qui trinquent. Normal mon cher Wadson, c'est logique.
Bonne chaleur, bon rêves des 1000 et 1 nuits, bon cauchemars et surtout bonne traque aux mouskikis, les amis