Les variétés hybrides ne sont pas stériles, elles sont seulement hybrides !
Cela signifie que les semences F2 (produites par l'hybride qui est F1) germeront, mais donneront des individus très différents et pas forcément très intéressants. Maintenant si vous sélectionnez parmi les F2 ceux qui vous conviennent, et que vous répétez l'opération année après année vous finirez pas obtenir une variété stable (dont les individus se ressemblent).
Les parents d'une variété hybride sont deux variétés de lignée pure, c'est-à-dire des lignées très consanguines. Et comme on fait de l'hybride surtout pour les espèces au moins partiellement allogames (reproduction par fécondation croisée), ces lignées pures sont le plus souvent faiblardes. C'est vrai pour le maïs, les courges ou le tournesol par exemple (allogamie stricte ou préférentielle), mais ce n'est pas vrai pour le colza, le blé, la mâche ou la salade (autogamie stricte ou préférentielle) qui sont insensibles à la consanguinité. Dans tous les cas les variétés hybrides sont plus vigoureuses et rustiques que des lignées pures, mais le coût de production de la semence hybride limite leur utilisation aux espèces allogames, même si ça commence à se développer aussi en blé et que ça se généralise en colza.
Il est important, s'il on veut faire ses semences et donc s'il on veut sélectionner, de savoir pour chaque espèce le mode de reproduction sexué. Par exemple, les quelques graines de courges d'un sachet Kokopelli ne suffiront pas à la constitution d'une variété population : le matériel génétique de départ est trop restreint, et conduira en quelques années à une lignée pure déprimée. Alors que les quelques graines de tomates ne poseront pas ce problème, même s'il n'y a pas plus de diversité génétique.
Pour les espèces allogames il est illusoire de vouloir créer une variété bien à soi pour une culture à l'échelle du potager, pour donner un ordre d'idée il faut au moins 600 géniteurs différents chaque année en maïs et en tournesol pour éviter la dégénérescence.
Faire ses propres semences pour le jardinage n'est donc possible à moyen terme que pour les autogames. Produire une véritable variété population est simplement impossible, il faut faire ça à bien plus grande échelle. Méfiez-vous des variétés populations que l'on distribue par sac de quelques kilos, c'est le plus souvent insuffisant pour commencer avec une variabilité génétique suffisante pour constituer une véritable variété population plutôt qu'un assemblages de lignées de plus en plus consanguines.
Au jardin beaucoup d'espèces sont autogames (allogamie résiduelle < 5% pour les strictes, parfois plusieurs dizaine de % pour les préférentielles) :
-Pois, haricot, féverole...
-Laitue, mâche, choux, chicorée
-Tomate, aubergine, poivron, piment
-Poireau
-Et d'autres !
Exemples d'allogames:
-Courges (toutes espèces)
-Épinard
-Oignons
-Betteraves
-Carottes, panais
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