Je suis de tout coeur avec vous.
Il faut dire la vérité avec des mots simples: pas de "il dort pour toujours" et surtout pas de 'il est parti au ciel" afin d'éviter l'apparition de troubles pour l'enfant, ce genre de phrase est loin d'être anodin pour des petits bouts.
J'ai pas envie d'étaler tout un verbiage psycho-social ce soir, je préfère citer un texte bien argumenté:
Mais où on va quand on meurt ? ...
Si le décès est survenu, il n’est pas trop tard pour expliquer la mort aux enfants. Pour aider votre enfant, parlez-lui de la mort en des termes simples qu’il peut comprendre. Utilisez des mots qu’il utilise et qu’il connaît pour lui expliquer ce qui se passe, mais ne donnez jamais des explications qui diraient par exemple : il est parti au ciel... car l’enfant développerait une peur de dormir.
Aussi, il est très sain qu’un enfant s’interroge sur la mort. S’il le fait, cest qu’il va bien. De plus, ma formation en soins palliatifs, en accompagnements des personnes endeuillées m’ont permis de constater quil vaut mieux expliquer à l’enfant ce qui se passe que de lui cacher les choses : Les non-dits sur la mort engendrent de nombreuses souffrances et perturbations. L’angoisse provoquée par les non-dits est plus grande encore que celle provoquée par la vérité. Car l’enfant sent bien qu’il se passe quelque chose et se sentir exclu peut être beaucoup plus difficile pour lui. En ne comprenant pas ce qui se passe il pourrait aussi se sentir responsable de votre peine et d’autres problèmes pourraient survenir chez l’enfant qui ne comprend pas. Les adultes ont du chagrin mais les enfants aussi ! Alors il est important d’exprimer... Car l’enfant à qui on tente de cacher la mort pourrait avoir des échecs scolaires, des troubles de comportement, de l’angoisse, et divers autres symptômes...
Alors, osez exprimer votre peine devant votre enfant, sans entrer toutefois dans des détails, et sans le considérer comme un adulte ou un confident. Il faut lui expliquez qu’il est en droit lui aussi d’avoir de la peine et en vous permettant vous de la vivre, vous lui servez de modèle afin qu’il apprenne comment lui réagir face à nos pertes et nos peines. Alors la réaction que vous aurez aura beaucoup d’influence sur celle de l’enfant.
Mais comment lui en parler ?
Il est souvent difficile de parler de la mort. Et avoir une discussion franche et honnête sur ce sujet avec un enfant peut être difficile. Mais si vous affrontez et explorez votre propre peur à l’égard de la mort, vous serez plus en mesure de venir en aide à votre enfant. Alors en parlant ouvertement de la mort et de votre peine, vous permettez à votre enfant de comprendre qu’il est naturel de ressentir de la peine lorsque quelqu’un disparaît.
Si cela est trop difficile pour vous, vous pouvez aussi demander à un adulte significatif pour l’enfant de lui parler et surtout de l’écouter.
A quel âge leur parler de la mort ?
Il n’y a pas dâge. Un enfant n’est jamais trop jeune pour entendre parler de la mort. Même à votre nouveau-né vous devrez expliquer ce qui se passe : maman a de la peine, mais ça ira mieux bientôt et faites-lui un gros câlin. Le nourrisson ne comprendra pas le sens de vos mots bien sûr, mais il comprendra que vous lui expliquez quelque chose et cela aura pour effet de le rassurer, car il ressent ce que vous vivez.
Vers 5-6 ans déjà, l’enfant comprendra que la mort est irréversible. Alors si l’enfant inquiet vous demande : Et toi maman aussi tu vas mourir un jour ? . Dites-lui la vérité : Oui, je vais mourir un jour, quand j’aurai terminé ma vie. Tout le monde va mourir un jour. De plus, l’attitude que vous avez vous-même face à la mort se répercutera sur votre enfant. Alors osez lui dire les vraies choses : Grand-papa était très malade et il est mort aujourdhui, il a terminé sa vie. Cela veut dire qu’il ne sera plus jamais là. Mais à chaque fois que tu penses à lui ou que tu t’ennuies, tu pourras lui parler dans ton coeur... . Et attention, un enfant à qui on aura menti ne croira plus la vérité et se sentira trahi et en colère. Alors la vérité doit être présente, mais sans les détails (pas de révélation macabres, pas de détail sur l’accident ou sur l’aspect du défunt, ni de secret de famille ou de détails qui pourrait détruire la bonne image qu’a l’enfant du défunt).
Il est important aussi de rassurer l’enfant qu’il nest pas responsable de la mort. La plupart des enfants croient que c’est parce qu’ils nont pas été assez gentils que se produisent de tels événements...
Alors n’ayez crainte : l’enfant qui pose une question est aussi en âge de comprendre. Il faut expliquer.
Ainsi, les enfants peuvent poser beaucoup de questions, alors soyez prêt à recevoir des questions qui seront peut-être plus difficiles pour vous que pour lui. Aussi, si vous ne savez pas quoi répondre, dites : je ne le sais pas, ces choses sont difficiles et on n’a pas toujours les mots... . Car l’important n’est pas tant davoir les réponses, mais d’être à l’écoute. De toute façon, la plupart du message passera par le non-dit que l’on trouvera entre vous et votre enfant, et dans votre attitude aimante et l’écoute que vous lui offrirez.
Aussi à chaque âge, l’enfant peut réagir dune manière différente et chaque enfant ne réagira pas nécessairement de la même façon.
Aussi, si vous avez peur de la mort, il apprendra à la craindre. S’il sagit d’un sujet tabou pour vous, il n’osera pas en parler lui non plus et vivra en silence ses souffrances. Ce qui se répercuterait négativement par la suite.
Pour vous aider, vous retrouverez lors de la mort ou d’un deuil les phases suivantes, (qui ne se présenteront pas nécessairement dans cet ordre) : le choc, le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Toutefois, nous passons généralement tous par ces phases...
Pour aider l’enfant, vous pouvez dans un premier temps permettre l’expression de ces émotions qui peuvent être très changeantes d’un instant à lautre. Vous pouvez par exemple lui demander de parler de ses souvenirs de la personne décédée. Vous pouvez aussi l’encourager à créer quelque chose afin d’exprimer sa peine : comme un cahier photos souvenirs, un petit dessin d’adieu que le défunt apportera avec lui, un poème, un beau cadre pour une photo, etc. Vous pouvez aussi lui proposer de faire du dessin, de la peinture, (sans thème précis), ou faire avec lui des jeux de rôles afin qu’il puisse exprimer sa peine ou sa colère ou ses incompréhensions.
Aussi, donnez-lui le sentiment d’être unique et d’être écouté. Vous pouvez aussi lui proposer l’amour au lieu de la mort. Alors en sachant que l’on peut encore aimer, il est plus facile de faire face aux émotions douloureuses de la perte. Donc, on propose l’amour contre la peur.
Aussi, dans les jours qui suivent le décès, parlez beaucoup de la mort et de l’être cher avec votre enfant. Plus vous parlerez de la douleur et des souvenirs qui vous habitent et mieux vous vous porterez. Ne vous cachez pas pour pleurer : l’enfant apprendra ainsi que c’est normal d’avoir de la peine et de l’exprimer. Témoigner aussi de votre affection à l’enfant le réconfortera dans ce moment difficile.
Je vous suggère également, si l’enfant est en âge d’aller à lécole, d’aviser le professeur des événements, afin qu’il tolère une régression ou une baisse de motivation et de rendement.
Puis, quand l’enfant est âgé de six ans et plus, je recommande toujours que l’enfant soit suivi après un décès d’un parent ou d’un être très proche, car il nest pas rare qu’il se sente responsable ou qu’il cherche à trouver un coupable parce qu’il a désobéi pense-t-il par exemple et qu’il s’en veut ou parce qu’il avait dit un mot pas gentil.
Les jours de fête aussi, ou l’anniversaire de la mort resteront des événements douloureux également, alors plus l’enfant est en âge de comprendre et plus il se souviendra de ces jours et pourra y réagir les années suivantes. Même chose pour vous alors ne soyez pas trop dure avec vous dans ces moments ou avec l’’enfant qui aura également une période où il sera différent de ce qu’il était, sans que cela puisse nécessairement sembler avoir un lien avec les événements (agitation, mensonges, agressivité, maux de tête, manque dappétit, peurs, insomnie, recherche d’attention, etc).
Est-ce que l’enfant doit être présent aux cérémonies entourant les funérailles et à tout ce qui entoure le départ dun proche ou la perte dun animal ?
Oui, il faut absolument que l’enfant y participe. Mais il est très important de l’y préparer, en lui parlant préalablement de ce qu’il va voir, sentir ou toucher : Mamie sera dans une grande boite qui sera mise au cimetière dans la terre et on aura beaucoup de peine et c’est normal parce qu’on aime beaucoup Mamie . Cela est sécurisant pour l’enfant qui comprend mieux et cela lui permet à lui aussi de faire son deuil. Cela est également important pour vous, car en lui expliquant les choses elles doivent nécessairement passer par la parole par vous et cela vous est très bénéfique. Pas facile, mais bénéfique. Plus vous parlerez de la mort vous aussi et mieux vous vous porterez.
De plus, il est important que l’enfant puisse lui aussi exprimer ses émotions et qu’il ait un moyen de le faire. Et, de son côté, il pourra nommer à sa façon les choses, ce qui sera très aidant pour vous aussi car il parviendra peut-être à nommer les choses, que vous ne parvenez pas à nommer.
Alors moins vous évitez et plus vous parlerez de ces sujets douloureux, et mieux vous vous porterez. Et noubliez pas aussi de vous occupez aussi de vous dans cette période difficile...