Bonjour,
Bien que non fumeur, je suis souvent interloqué par la façon dont les fumeurs sont actuellement traités. Ceci dit, je ne regrette pas le temps où il était "normal" de fumer en cours que ce soit pour les étudiants et les élèves : chacun peut choisir son propre mode de vie dans notre société, mais la limite est bien évidemment de ne pas imposer ses choix aux autres.
Ce qui est inquiétant, selon moi, c'est qu'il n'existe quasiment plus de mécanisme de régulation pour interroger/réguler la politique actuelle : la SEITA n'existe plus, l'indice d'inflation ne prend plus en compte le cout du tabac dans le panier de l'INSEE....ce n'est jamais bon qu'un mécanisme ne possède pas un système de régulation.
Fumer, C'EST PAS BIEN (vraiment), mais je ne sais pas plus pourquoi.
Fumer ce n'est "pas bien" pour plein de raisons :
- Le tabac réduit statistiquement ton espérance de vie d'une façon très significative. C'est une évidence scientifique. A partir de ce constat, qui au premier abord ne concerne que toi, on peut mieux comprendre la tendance de la société à "réguler" cette addiction.
1. Dans notre pays, nous sommes interdépendants. Moralement bien sûr, mais aussi financièrement par les mécanismes redistributifs et sociaux. Cette perception forte de l'interdépendance n'est pas présente partout, mais elle très anciennement présente dans notre pays et représente une partie du "pacte social".
Si tu es malade, tu représentes une charge obligatoire pour la société. Comme notre société ne peut pas moralement décider quelque chose du type : "un fumeur atteint d'une pathologie liée au tabac (acte individuel volontaire) doit soit assumer seul les coûts, soit ne pas être soigné"...il est donc normal qu'elle cherche à prévenir cette situation. La maladie tabagique représente un coût pour tous : "qui paye contrôle", c'est la loi d'airain.
2. La collectivité (l'Etat) investit énormément dans ta formation (ce que l'on appelle l'école gratuite : en fait payé par les impôts, taxes et accises de l'ensemble de la population.).
L'Etat (collectivité) entend bien être remboursé de cet investissement. Mieux tu es formé, plus tu es productif, plus tu es productif, plus tu peux payer d'impôt (proportionnellement et quantitativement), plus tu payes d'impôt plus tu contribue au fonctionnement de la technostructure étatique. Et comme celle-ci prélève des "couts de fonctionnement" sur le système, il lui faut bien assurer son financement c'est une question de survie. On comprend pourquoi celle-ci tienne à ce que tu puisse contribuer pleinement et le plus longtemps possible.
3. Le tabagisme est une addiction. En ce sens il peut être considéré comme une maladie. On décide volontairement de fumer la première cigarette, pas les suivantes.
Comme tu es malade (état addictif) il peut paraître logique de ne pas tenir compte de ton avis : tu n'es plus autonome dans tes décisions.
4. Le tabagisme est mauvais pour ta santé, mais aussi celle des autres (entourage, enfants...).
Un des rôles de l'Etat, c'est de protéger les citoyens des nuisances causées par autrui. Il défend les plus faibles, ceux qui subissent (pacte social toujours). Il apparait donc légitime que celui-ci restreigne les endroits où l'on puisse fumer.
5. Le tabac engendre des nuisances durables : par exemple le fait de jeter des mégots par terre ou bien qu'une odeur soit persistante dans une chambre d'hôtel. Pour réduire cette nuisance, cela à un coût (pour l'hôtel, pour la voirie...).
Il apparait légitime que ce cout soit essentiellement supporté par les fumeurs. Si les bases politiques ou légales ne le permettent pas (risque de discrimination, stigmatisation, difficulté de prélever les ressources...) il est logique que la collectivité cherche à réduire cette dépense : interdiction de fumer dans les rues (USA...) ou de fumer dans les chambres d'hôtel.
6. Le tabac est un moyen, certes lent, d’abréger sa vie. On peut y voir une sorte "d'automutilation" ou de détachement vis à vis de sa santé ou de mépris de la mort. C'est pas bon ça.
Toute technostructure a besoin que les participants craignent l'avenir ou des sanctions. Quelqu'un qui a des tendances à automutilation, qui ne craint pas la mort ou méprise l'avenir est très difficilement contrôlable. On ne peut pas facilement avoir de prise sur lui. Il devient incontrôlable, or c'est le rôle de la technostructure d'assurer une régulation : sans la peur de la sanction, de la prison, du gendarme : celui-ci est nu. Les sociétés humaines cherchent à canaliser, à réduire, décourager ou a éliminer tout comportement de ce type, il y va de sa survie.
7. Un jeune est souvent en "quête d’identité" c'est un processus normal de maturation. Lors de l'adulescence il est inondé d'hormones, il est au seuil de choix importants, ses angoisses, ses doutes, ses sensations, ses réactions sont exacerbées.
Par nature à 18 ans on est souvent à la fois "immortel" et "angoissé". Les prothèses du type alcool, tabac, stupéfiants, shoot d'adrenaline...sont alors extrêmement tentantes : et sur le coup peuvent apporter du réconfort. On peut être conscient des problèmes occasionnés à long terme, mais à 18ans, la cinquantaine est quelque chose de très lointain et qui de toute façon ne parait pas toujours séduisante. Carpe Diem en somme.
Cela se soigne à peu prêt comme le rhume : il suffit d'attendre plus ou moins longtemps. On comprend alors les interdictions de consommation relatives aux adulescents (interdiction de vente avant un certain âge...). Le but est de donner du temps au temps.
Bref, j'ai essayé de répondre à ta question. Les arguments sont plus ou moins recevables et j'ai certainement oublié plein de trucs. Les mots ne sont pas tout a fait exacts, j'ai fait vite. Mais l'un ou l'autre sont souvent évoqués dans les politiques publiques : explicitement ou implicitement selon les mœurs du moment.
