Posté par kartoffel Alors là, ça c'est pour moi ; je viens de bosser trois mois dans la terre cuite (c'est fini, youpiiii) alors je m'en occupe les gars. Ecoute petit, je vais t'apprendre les méthodes industrielles !
Dans l'idéal il faut : de l'argile verte, et de l'argile rouge, à raison de 10% de verte de 90% de rouge. Si t'as que l'un ou l'autre sous la main, tu peux toujours essayer, ce sera juste sous-optimal.
Pour trouver l'argile il suffit de demander à un géologue puis de creuser avec un ou plusieurs bulldozers. Si tu n'as ni l'un ni l'autre, cherche près du lit des rivières lentes et alluvioneuses, ou dans l'ancien lit (aux temps "géologiques") de la rivière. Ainsi, toute la plaine du Forez était il y a longtemps le lit de la Loire ; on y trouve beaucoup d'argile. Souvent l'argile affleure, mais avec la végétation on ne la remarque pas forcément. Quand tu tombes sur de l'argile, tu ne peux pas t'y tromper : dès lors qu'elle est un peu humide c'est de la vraie pâte à modeler.
Tu as donc ton argile, on va supposer qu'elle est un peu sèche (il fait beau), c'est plus facile pour comprendre la suite. La méthode reste cependant valable même avec l'argile déjà humide, évidemment.
Attention surtout à ce que l'argile ne contienne pas trop de sable. Les deux sont souvent mélés près des rivières, malheureusement pour le potier en herbe. On considère qu'au delà de 50% de sable le résultat sera trop fragile. Ca fait comment concrètement, 50% de sable ? Je sais pas
Tu brises les mottes avec les moyens du bord (ou au brise-mottes de 150 kW) jusqu'à obtenir une poudre assez fine. Si tu es maniaque tu peux essayer de broyer les grains pour les rendre de plus en plus petit, mais tu dois pouvoir t'en passer pour commencer, et puis c'est pas évident du tout.
Tu te retrouves donc avec une terre bien émottée, plus ou moins poudreuse. Tu humidifies bien uniformément en mélangeant, jusqu'à obtenir la consistance "pâte à modeler".
Tu fais la forme que tu veux.
Tu laisses sécher
longtemps au soleil ou devant un feu. A titre indicatif, en briquetterie industrielle, on fait sécher une trentaine d'heures à 95°C avec un courant d'air ventilé violent. Donc pour toi, c'est une semaine au soleil.
Une fois sec, vient la cuisson, le plus difficile. Le rôle de la cuisson est de faire fondre la silice contenue dans l'argile, pour lier les grains entre eux. La silice fondue, après refroidissement se transorme en verre qui jointe les grains de terre et les tient très solidement ensemble. Le problème, c'est que pour faire fondre la silice il faut monter à plus de 900°C. Un feu de bois moyen flambe dans les 750°C. Il faut donc l'activer au moyen d'un courant d'air forcé, comme en forge.
Laisse cuire plusieurs heures.
Ensuite, refroidis très lentement (sur une journée), en abaissant progressivement la température des flammes, puis en recouvrant l'objet de cendres chaudes.
Déterre après une journée. Si c'est pas fendu, t'as gagné.
Voilà, bon maintenant s'il y a des potiers plus rompus aux méthodes artisanales, ils pourront apporter leur grain de sel.
Bonne chance,
Mathias