ESEE-6 Fiche Fabricant : ESEE - http://www.eseeknives.com/rc-6.htm
Fiche fournisseur : OPS EQUIPEMENT - http://www.ops-equipement.com/descriptif.php?article=543Caractéristiques fabricant- Dénomination : ESEE-6P (« P » pour « plain edge »)
- Acier utilisé : acier carbone 1095
- Dureté : 57 Rc ?
- Matière du manche : micarta
- Matière de l'étui : plastique moulé
- Finitions : lame lisse (« plain edge »), coating sablé noir
- Lieu de fabrication : États-Unis
- Prix : 179 euros chez OPS Equipement
- Garantie : à vie, sans conditions (*)
- Poids du couteau seul : 320 gr
- Poids de l'étui (sans paracorde ni clip ceinture) : 50 gr
- Poids de l'étui + clip ceinture + visserie nécessaire (sans paracorde) : 100 gr
- Longueur totale : 29,7 cm
- Longueur manche (du cul à la fin des plaquettes) : 13,4 cm
- Longueur de la lame (de la fin des plaquettes à la pointe) : 16,3 cm
- Longueur de lame utile (tranchant) : 14,5 cm
- Largueur du manche (au centre) : 3,5 cm
- Largueur de la garde : 4,3 cm
- Largueur de la lame (au centre) : 3,9 cm
- Épaisseur du manche : 1,7 cm
- Épaisseur de la lame (au centre) : 2,5 mm
- Visserie : encoche de 4 mm sur la tête de vis (vissées avec l'embout R2 d'un Leatherman)
TesteursGuillaume, 19 ans, étudiant.
Activités pratiquées : stages survie du
CEETS, randonnées allant de la journée à 2 semaines en toute saison, réserviste dans l'armée de terre, etc.
Ainsi que
Lemuel, instructeur de survie en formation au sein du CEETS, et qui pratique activement la randonnée, notamment dans les pays nordiques.
Ce test est donc légèrement différent dans le sens où le couteau ESEE-6P a été testé par deux personnes.
Quelle est l'utilité d'un tel couteau ?Le ESEE-6 s'inscrit directement dans la catégorie des couteaux de camp.
C'est à dire qu'il est censé pouvoir effectuer des tâches assez lourdes, au camp, en complément d'un petit couteau pour les tâches minutieuses voire même en complément d'une hache pour les très gros travaux (et gros « camp »).
Ce n'est pas une machette, cependant sa longueur et son poids doivent lui permettre d'avoir un « chopping power » assez important.
Comme d'habitude dans mes tests, nous nous attacherons ici à le tester dans le cadre pour lequel il a été conçu mais aussi et surtout à le tester « hors cadre », c'est à dire pour des travaux fins et des gros travaux.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALELe couteau et son étui :
La notice d'explication claire et précise comme d'habitude, même si on ne parle pas un mot d'anglais
:
http://www.eseeknives.com/esee-6-instructions.pdfLe kit visserie et le clip de ceinture, accompagnés de la carte de survie :
Détails de la carte, étanche maintenant. En effet, avant elle ne l'était pas (voir test du
ESEE-4). Ceci montre tout le sérieux de ESEE qui prend en compte les remarques de ses clients.
En comparaison avec ses petits frères, le ESEE-4 et ESEE-5 (profilé en convexe par Lemuel, c'est devenu une tuerie mais j'en parlerai dans le poste du ESEE-5) :
II. L'ÉTUI ET LES MODES DE PORTTout comme pour ses petits frères, les ESEE-4 et ESEE-5, ESEE a bien conscience qu'un couteau de cette taille ne peut que se porter à la ceinture (ou dans un sac).
J'insiste parce que ça mérite d'être souligné dans un monde où les couteliers font d'excellents couteaux mais bâclent généralement les étuis.
On a comme d'habitude un étui ainsi qu'un clip ceinture en métal (pas besoin de l'acheter séparément).
À noter qu'il existe, comme pour les autres, le système « Molle Back » qui est fort bien conçu (voir le test du
ESEE-4) :
http://www.eseeknives.com/ESEE-6-Sheaths.htma) L'étui (sans la paracorde)Ici on voit bien l'emplacement pour le pouce (à gauche), permettant de sortir la lame :
b) Le clip de ceintureSur une ceinture de 3 cm de large (ceinture en cuir Fjallraven), le clip tient parfaitement bien :
Il faut utiliser le pouce en appuyant sur le bord de l'étui si l'on veut sortir le couteau :
Comme je possède depuis peu mon premier sac équipé de MOLLE (en test aussi
), je n'ai pas manqué de trouver l'association qu'il pouvait y avoir entre ce système et le clip :
Et je garanti que ça tient !
http://img641.imageshack.us/flvplayer.swf?f=Pql0cxexyzmiusrapicjlkdc) Le port « paracorde »Système découvert lors du test du ESEE-4, il permet de s'affranchir du clip de ceinture (plus léger) et de porter le couteau à la ceinture en dépannage. Je pensais que ce système ne serait pas possible avec un couteau d'un tel gabarit mais il n'en est point
:
En revanche, le couteau est clairement trop près du corps et je trouve cela dangereux lorsqu'on remet le couteau dans l'étui :
III. TESTS PRÉLIMINAIRESAvant d'entamer les tests sur le terrain, je vérifie toujours la qualité des produits sortis d'usine. La qualité de finition reflète en général bien la qualité du produit.
Comme d'habitude, le couteau sort rasoir sur toute la longueur de lame...
Test de coupe à la volée : 4 bouteilles alignées.
Résultat : une tranchée net, une autre bien alignée et... la table percée ! D'où l'importance, lorsqu'on utilise un couteau, de ne JAMAIS se mettre dans la trajectoire de la lame.
Là, mon mouvement circulaire démarré à droite n'a pas été du tout arrêté par les bouteilles mais par la table.
Bien sûr, le couteau n'a absolument rien :
IV. TESTS DE TERRAINJe tiens à préciser que les tests qui vont suivre sortent un peu du cadre d'utilisation de ce couteau. J'aime bien tester mes couteaux jusque dans leurs retranchements afin de savoir quelles sont leurs limites.
Pour moi, c'est important de pouvoir compter sur un outil « au cas où »...
a) CoupeSa longueur permet de travailler très aisément en tirant en utilisant le genoux. On a ainsi un fort pouvoir de coupe :
Même trop facile ici dans du hêtre vert.
Malgré sa taille, le travail en finesse est possible, grâce notamment à l'encoche d'index après le ricasso. On peut ainsi faire de fins copeaux même dans du chêne sec.
Pas facile de faire des copeaux fins dedans normalement du fait de sa dureté et des fibres qui ont tendance à se désolidariser plutôt que rester en « belle lamelle »...
Ou dans du prunier bien sec (dur aussi ça quand c'est bien sec) :
Ou encore
sculpter tenter une ébauche de cuillère
:
De même, bien qu'il manque de longueur pour cela (ce n'est pas une machette), la coupe à la volée est presque trop facile.
On ébranche en deux coups (parce que mon bras n'est pas extensible
) :
Les petites branches jusqu'à 4 cm de diamètre sont coupées net (angle d'attaque à 45°), les fibres ne sont même pas déchirées :
Au delà de 4 cm, le poids de la branche fait le reste :
Enfin, le « chopping power* » est plus que raisonnable, on enlève facilement de beaux copeaux. Un poil plus efficace que le ESEE-5 malgré son poids inférieur. Ici, dans du chêne bien sec :
http://img688.imageshack.us/flvplayer.swf?f=PzoebzlwsxujiawdyuvxwicOu encore dans du prunier sec et bien noueux :
*Pour ce faire, la prise en main du couteau se fait à l'arrière du manche afin d'avoir le plus d'inertie possible :
L'ajout d'une dragonne (orange bien sûr, histoire de retrouver ce couteau kaki dans les feuilles) augmente encore ce pouvoir : la main peut littéralement se bloquer dans la dragonne (attention au réglage donc;)) :
b) BâtonnageLà, je crois que l'on touche au domaine dans lequel il excelle. En effet, la finesse de sa lame combinée à sa longueur font qu’il est redoutable en batonnage*.
- Couper une section (une bonne douzaine de centimètres) de chêne bien sec : 15 min
- Fendre une buche. Bon là pour le coup, le chêne sec, c'est trop facile :
- Batonnage « par le cul ». J'affectionne beaucoup cette méthode car, lorsque les quartiers de bûche sont devenus trop fins pour les fendre à la verticale (ils cassent), cela me permet de continuer à fendre pour faire de fines allumettes. Un film vaut mille mots :
http://img189.imageshack.us/flvplayer.swf?f=P4i8scxclrpyybnemuxjvrd*On ajoute une masse sans lame à une lame sans masse et on obtient l'effet d'une hachette. Que me pardonnent les personnes qui ne supportent pas cette action. Tant que cet exercice continuera de me tirer de mauvais pas, je continuerai de tester mes couteaux dans ce sens afin de savoir, le jour où, que je peux les utiliser pour cela.
V. TESTS POUSSÉSa) Bâtonnage intensifLors de la coupe de la section de chêne par batonnage (voir ci-dessus), je n'y suis pas vraiment allé de main morte - en témoigne mon expression lors dudit exercice
:
Et ça rase encore après ! D'après ma soeur (merci à elle d'avoir pris les photos) : « mais ce n'est pas possible ! »
http://img819.imageshack.us/flvplayer.swf?f=P6nnxjydsbdibaletjyxejeLemuel s'est aussi adonné à ce genre d'exercices... Parait-il qu'il a lutté pour fendre la buche de prunier bien noueuse...
Un peu de stress latéral :
Mais il en vient à bout :
b) Stress latéral- Lors de la coupe en deux de la section de chêne : il s'agit là du corps de la lame. On voit bien la résilience de celle-ci :
http://img841.imageshack.us/flvplayer.swf?f=Pssikajlcvuqnsqzzoaygsv- Voyons maintenant celle de la pointe. C'est l'endroit du couteau qui risque de se briser le plus facilement (traitement thermique non homogène, finesse, etc.).
Installation : on n'y va pas de main morte, il faut pas que le couteau s’éjecte de la souche lors du test.
Test :
Même pas mal, comme d'habitude...
c) Test de prise en mainIl s'agit ici de tester le couteau avec des prises en main qui pourraient se rapprocher d'une utilisation en mode « dégradé ». Cela permet de voir si le couteau est ergonomique ou non. J'ai changé le mode opératoire des précédents tests, c'est à dire que je teste aussi la sortie du couteau de son étui (pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt !).
1) Test de "la main morte" :
Il s'agit tout simplement d'utiliser la main avec laquelle on ne travaille pas habituellement. En l’occurrence, je suis droitier, j'utilise donc ma main gauche.
Pas de problème particulier pour sortir la lame de l'étui sauf que j'aurais dû mettre le clip de ceinture de l'autre côté de l'étui (pas l'habitude, suis pas gaucher...). Du coup, mon pouce appuyant côté tranchant pour sortir la lame, attention !
Prise en main nickel mais encore une fois, n'étant pas gaucher, je m’emmêle les pinceaux avec la dragonne :
Enfin le test de coupe, RAS :
2) Test avec des moufles :
Bien sûr, je n'utilise pas l'emplacement pour l'index prévu par mes moufles, trop facile sinon...
La plaque métal du clip de ceinture empêche un peu de bien prendre le manche du couteau.
M'enfin, on s'en sort bien quand même :
3) Test avec motricité fine diminuée :
Attention, il ne s'agit pas de se faire mal. Je refroidi ma main dans un grand bac à glaçons (de loin le test le plus chiant :lol
:
Afin de diminuer la sensibilité de ma main et pour voir si le manche ne glisse pas.
Comme d'habitude, rien à redire, le micarta ne glisse pas, la prise en main « marteau » a cet avantage que même avec une motricité fine diminuée, elle fonctionne encore :
d) Test du froidCette idée de test m'est venue en me disant que ce couteau serait nickel l'hiver pour fendre de grosses sections de buche afin d'alimenter un gros feu.
Je me suis donc demandé si le couteau ne deviendrait pas cassant par grand froid. Ni une ni deux, il fallait que je vérifie...
J'ai laissé le couteau une nuit au congélateur :
À noter que je n'ai pas trouvé que le couteau collait particulièrement à la peau...
À une température inférieure à -10°C (désolé, je n'ai pas de thermomètre plus précis...) :
J'ai ensuite testé en mode « chopping » afin de couper en deux une branche. RAS :
Et bien sûr, j'ai essayé de fendre une buche. Tout d'abord du bois flotté d'essence inconnue (trop facile), puis une branche de thuya sèche. Encore une fois, RAS :
VI. TENUE DU FIL, AFFUTAGE ET ENTRETIENC'est Lemuel qui a testé en premier le couteau. Lorsque je l'ai reçu, la lame était oxydée et ne rasait plus (je suis pourtant sur que Lemuel l'a bien traité
) :
Je l'ai passé SEPT fois de chaque côté du tranchant sur une pierre Fallkniven DC4 (2 côté diamant, 5 côté céramique). Résultat : le couteau rasait de nouveau sur TOUTE la longueur.
Sans déconner, rien que pour ça j'adore ces couteaux : ils s'entretiennent extrêmement facilement (suffit d'une lime de Leatherman ou d'un morceau de papier de verre) sans pour autant perdre rapidement leur tranchant (voir la coupe de la section de chêne). Pas mal de couteaux ne s'affûtent pas aussi facilement alors que c'est, selon moi, un des critères principaux qui fait d'un couteau un bon couteau de terrain.
Sur le site de
ESEE, on peut lire ceci :
Our knives are made from high carbon 1095 steel. And while 1095 is a top choice for professional cutlery designed for hard use, it will rust and stain if not properly cared for - especially on the cutting edge and around the laser engraving. It is the user's responsibility to keep the blades properly lubricated and cleaned. We suggest using a dry film rust inhibitor such as TUF-GLIDE or TUF-CLOTH.
En gros, il est dit que même si l'acier 1095 est un très bon acier, il finit par rouiller si on ne l'entretient pas. Il est donc conseillé de garder ses couteaux propres et lubrifiés entre chaque utilisation.
Me concernant, je procède un peu autrement puisqu'il n'y a pas une semaine sans que j'aie besoin de mon couteau
.
Après chaque « grosse » utilisation ou longue période d'utilisation, je le nettoie avec un tampon à gratter (le truc vert au-dessus des éponges) afin de bien enlever toutes les traces de bois, résines etc ; puis je réaffûte. Je n'ai jamais eu de souci et j'ai toujours procédé ainsi avec tous mes couteaux. Au fil du temps une patine apparait (sauf qu'en l'occurrence sur le ESEE il n'y en a pas besoin grâce au coating).
Et quand bien même je devrais stoker longtemps mon couteau, je procède de même et stocke le couteau en dehors de l'étui. Tous mes couteaux sont rangés ainsi, à l'abri de la poussière et de l'humidité et aucun ne rouille, au pire ils se patinent
.
VII. CONCLUSIONDécidément, je ne me lasse pas de tester les couteaux ESEE. Leur robustesse alliée à leur facilité d'entretien et leur polyvalence en font réellement des couteaux de premier choix pour le terrain.
Là, le ESEE-6 est vraiment un compagnon de choix : il permet de travailler finement comme d'y aller comme un bourrin. Il est certes un poil encombrant et trop gros pour de la randonnée mais en revanche pour toutes les activités dans les bois (communément appelées « bushcraft »), il sera juste parfait.
Franchement, j'ai peur en écrivant cela que les gens se ruent sur ce couteau juste parce que j'ai dit qu'il ME convenait. Mais c'est un fait, le ESEE-6 est top alors j'assume.
Autres testings des couteaux ESEE :
http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,41715.0.htmlhttp://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,49405.msg403852.html#msg403852____________________
Un grand merci à Lemuel pour les photos qui ont permis d'illustrer richement ce testing