J'ai acheté récemment ce livre de François Couplan, et je dois dire qu'il m'a relativement déçu. Je n'ai rien trouvé de nouveau à l'interieur hormis quelques recettes de cuisine.
Trop orienté botanique et pas assez exhaustif pour un faire un véritable guide de survie, pas assez poussé pour en faire un guide botanique
Pour ne pas être déçu du livre
Vivre en pleine nature de François Couplan, il suffit de savoir ce qu'il apporte... et ce qu'il n'apporte pas.
Il est orienté vers un type d'action : la randonnée de quelques jours (avec l'équipement de randonnée) où on va essayer de se nourrir principalement voire exclusivement de nourriture végétale trouvée dans la nature autour de soi.
Il apprend donc à reconnaître les plantes sauvages comestibles et à les préparer avec un équipement typé rando. Lorsqu'on a acquis ces compétences, elles peuvent se révéler très utiles en situation de survie réelle... mais en revanche, le livre est loin d'être un livre de survie exhaustif ! De plus, les parties où F. Couplan parle de matériels et techniques de randonnée ou de survie ne sont pas mauvaises mais sont loin d'être au top de ce qu'on peut trouver ailleurs. L'auteur est un des plus grands spécialistes des plantes sauvages comestibles, mais certainement pas l'autorité universelle sur le bushcraft et la survie !
Pour ma part, voici la meilleure façon que j'ai trouvé d'apprendre avec ce bouquin :
- première phase : apprendre à reconnaître les plantes. Lors de ballades ou randos de moins d'une journée, on emmène le bouquin et on essaie de répérer et ramasser les différentes plantes décrites dans le bouquin. Avec l'expérience qui vient progressivement, en regardant les dessins et en lisant attentivement les descriptions, on peut très bien apprendre à reconnaître les différentes plantes. Ce n'est pas une flore... mais d'une autre côté il faut déjà une grande culture botanique pour tirer partie d'une flore ! Pour celui qui veut se former aux plantes sauvages comestibles mais qui a une culture botanique réduite, ce bouquin est une excellente approche (et même le meilleur bouquin sur le sujet, à ma connaissance). Dans ce cas, on prépare tranquillement les plantes dans sa cuisine, lorsqu'on est rentré chez soi, à l'issue de la ballade ou de la rando : soupe, salade, plat...
- deuxième phase, quand on commence à être aguerri : on peut très bien se faire un petit stage "plantes sauvages commestibles" de quelques jours, en partant avec le matos de rando, et comme seule base nourriture : farine, huile d'olive et sel. Il vaut mieux éviter la fin de l'automne et l'hiver !
Ensuite, une fois qu'on a acquis ces compétences-là, c'est vraiment très agréable de les utiliser et dans les entretenir dans un contexte "plaisir" et non pas survie. C'est à dire de faire des plats délicieux et étonnants, pour soi-même et pour la famille ou les amis : salade de pourpier, de pissenlit ou de mouron des oiseaux... Fleurs de bourrache ou de paquerette pour agrémenter une salade... Chénopode en épinards... Soupe à base de feuilles comestibles (orties, berce, tilleul, etc.) qui sera bien meilleure que la soupe version survie, puisqu'on n'hésitera pas à l'adoucir par quelques carottes et pommes de terre !
Ce livre donne un bon contrepoint aux autres manuels de survie, qui considèrent plutôt la nature comme un milieu hostile et, lorsqu'il s'agit de trouver de la nourriture dans la nature, parlent surtout de chasse et de pêche ! Or, la chasse et la pêche nécessitent des savoir-faire pointus, une dose de chance, et... en France, des permis et la saison ouverte ni on ne veut pas être dans l'illégalité (la légalité restreint aussi beaucoup l'utilisation des techniques de chasse et de pêche présentées dans les manuels de survie. Le piégage, les filets sont interdits). De plus, un régime fortement carné peut apporter des soucis digestifs et de santé, donc se nourrir de chasse et de pêche exclusivement n'est pas une approche de la survie particulièrement réaliste.
Accessoirement, les plantes sauvages comestibles, c'est un lien à la nature, à la terre et à notre passé paysan. Les paysans agrémentaient souvent leur nourriture de plantes sauvages commestibles, par goût ou par nécessité (période de disette notamment) !
Sur le même sujet :
Food for Free de Richard Mabey est un best-seller en Grande Bretagne : Il est adapté à la flore (et aux coquillages et crustacés) des îles britanniques, et est orienté "cueillette puis retour à la cuisine pour préparer la nourriture" mais pas du tout rando ni survie.
Pour conclure :
Ce livre permet d'apprendre à reconnaître et préparer des plantes sauvages comestibles, ce qui est une compétence forte utile pour la vie dans la nature et la survie... en complément des autres compétences de survie. Si on aborde le livre dans cette optique, c'est le meilleur que je connaisse dans ce domaine, je peux le recommander chaudement, et à mon avis on ne sera pas déçu !