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Auteur Sujet: gérer l'agression, point de vue de komarov  (Lu 1801 fois)

26 juillet 2012 à 18:46:49
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bpc


sur le site "art martial russe"( c'est le site de sinicha, pour ceux qui font du systéma), j'ai trouvé une intervieuw d'une des personnes importantes du systéma, qui expose briévement des pistes possibles dans la gestion des agressions( http://artmartialrusse.com/article.php3?id_article=125 ):

 Quels sont les principes de base du Systema ?

Il y en a beaucoup. Quelques exemples :

Ne pas résister. La continuité. L’absence de défense, uniquement l’attaque. L’absence de tensions et la relaxation complète. La continuité de la respiration. Le calme interne. Le contrôle des émotions,...

On peut continuer pendant une heure...

. Que conseilles-tu de faire en cas d’agression ?

L’agression, c’est la peur. Si quelqu’un se montre agressif envers vous, c’est qu’il y a la peur dans l’âme de cette personne.

Si vous répondez à l’agression par l’agression, ou si vous ne résistez pas et partez en courant, c’est ce qu’attend l’agresseur. La ligne directrice normale en cas d’agression est de garder le calme interne parce que les gens sont comme des vaisseaux qui sont connectés. Dès qu’une personne qui a beaucoup d’émotions et de l’agressivité entre en contact avec une autre, elle essaie de passer la tension, l’agressivité, et les émotions à l’autre, tout ce qu’il a. Lorsque la personne qui a une agressivité intense passe l’énergie à l’autre, on va voir comme dans un miroir les émotions telles que la peur ou de l’agressivité. C’est pour ça que le seul moyen de réagir à l’agression c’est de laisser l’énergie vous pénétrer et la laisser ressortir.

.Il faut rester sur place ? fuir ?

Le plus important c’est l’observation. On reste calme et on observe. Si l’agresseur montre une agression physique, on le stoppe immédiatement. Le reste ce n’est pas important.

Ex : Quand votre enfant fait des bêtises, que faites-vous ? Il ne cherche pas à nuire, il est simplement petit, ne comprend pas. On arrête la mauvaise conduite qui est normalement suivie par une punition quelconque. Si vous êtes témoin de l’agressivité d’une personne adulte, il faut la voir de la même façon que la mauvaise conduite d’un enfant. S’il y a une agression physique, on a fait cet exercice hier, la réaction est mesurée par la distance, pas avant, pas après, mais juste au moment où cette distance prédeterminée par vous est franchie, vous répondez à l’agression.

. Quelle va être la psychologie de l’agresseur au moment de la réplique ?

Ça dépend de 2 choses : qui est-il ? quelle est votre réponse ? Il y a une loi, la loi de mesure de l’agression. Votre contre-agression doit être juste un peu plus importante que l’agression. Quand vous donnez un peu moins vous n’obtenez pas l’effet voulu sur la psychologie de l’agresseur. Si vous répondez trop fort, il prend ça comme une insulte et va retourner cette agression contre vous pour équilibrer la situation. Donc la mesure est très importante, et le moment de votre réponse est important. Le moment de réponse c’est que par exemple je menace quelqu’un et à partir de ce moment, cette personne s’attend à ce qu’il se passe quelque chose, dès que l’agression commence. SI la réponse est courte, il n’y a pas d’émotions dans la réponse, il y a une impression de choc, la personne (qui répond à l’agression) n’a pas le temps d’interpréter ça dans son esprit pour produire des émotions. C’est très important, la vitesse et la livraison de la réponse.

. Si ce n’est pas une agression physique mais par exemple qqu’un dans un lieu public insulte tout le monde, fait monter la sauce, est-ce que je dois le calmer ? Il cherche juste à créer la peur.

Tu parles d’une agression verbale uniquement ? Quel est le but de cette provocation ?

Est-ce que vous voulez calmer ou neutraliser la personne ?

Si vous ne voulez pas le neutraliser, la question qui se pose s’adresse à vous. Pourquoi les paroles de cette personne vous insultent ? Qu’est-ce qui se passe dans cette situation qui vous insulte ?

Chaque société a des règles, maintenues depuis des générations. Chacun vit entre ces règles de vie en société. On ne les suit pas forcément, mais on est obligé de les connaître. Il y a des situations, des conditions, où il est très difficile de faire entendre à une personne agitée ces règles de société. Si ce n’est pas possible, on utilise la force. La meilleure façon de contrôler la situation, c’est de changer l’état d’esprit des gens qui sont autour de cette personne, en disant des choses, ou en faisant quelques expressions, et en les présentant aux gens qui sont présents dans l’endroit ou ça se passe, pour changer l’état d’esprit des gens. A ce moment-là la société va rejeter cette personne, en l’isolant.

. De quelle façon par exemple ?

Voici un exemple, on est quatre ici, et moi j’insulte l’un d’entre vous mais je ne vous insulte pas, je ne vous touche pas. Je ne m’intéresse qu’à lui, pas aux autres. Il est possible de faire en sorte, pour vous engager contre moi. L‘agresseur interrompt votre conversation, on peut faire sorte que nous pensions tous ensemble que cette personne est persona non grata. Il y a mille façons de contrôler la situation, à la base c’est toujours les mêmes principes : restez calme, soyez froid et calme. Dès que vos émotions sont engagées, votre calme interne disparaît, et l’objectif de l’agresseur est atteint.

. Lorsqu’on est témoin d’une agression, par exemple une femme se fait agresser, une situation où on ne sait pas s’il y a un conflit ? Si ma femme se fait agresser en mon absence, j’aimerais que quelqu’un réagisse. Comment devons-nous réagir ? quel est le signal pour réagir ?

Dès que je vois que la femme se fait agresser, et que j’établis que la femme ne veut pas être engagée par cette personne, je ne commence pas par le tour de force, l’agression physique. Moi, je commence à parler. J’approche cette personne et je parle. Ce que je fais, c’est que j’approche ce « couple » et je tends une main imaginaire à la femme. Si elle prend ma main (imaginaire bien sûr), et si elle me signale qu’elle veut prendre ma main, alors je m’engage.

. Comment engages-tu cette main imaginaire ?

Tu peux lui poser la question : « qu’est-ce que tu fais avec ma sœur ? pourquoi tu touches ma sœur ? ». Si la femme veut prendre la « corde de sauvetage », elle va dire « oui, je suis sa sœur », si elle ne dit pas ça ou si les émotions sont complètement différentes, à ce moment là c’est différent.

. Et moi qui tend la main, comment je fais pour surmonter le stress, la peur, et pouvoir passer au-delà ?

La première chose a faire, c’est la décision, et cette décision doit être prise avant que tu t’engages dans la situation. Tu dois prendre la décision que tu vas t’engager. Si tu as des doutes, il faut les résoudre avant de prendre la direction et avant l’engagement. Dès que tu n’as plus de doutes, et que tu as pris la décision, tu approches la situation, tu es présent, tu arrêtes la situation. Tu es à l’extérieur du conflit, une fois que tu pénètres la zone de conflit, la situation classique, c’est qu’un des deux va t’agresser, parce que tu es rentré dans la zone. Quand tu es dans la zone, tu es engagé et l’un des deux va te présenter ses émotions. Soit l’agresseur va te demander : « qu’est-ce que tu veux », soit la femme va se retourner contre toi. A ce moment-là tu réagis en fonction la situation.


. Un autre situation très courante, l’agression en groupe ? J’imagine que la psychologie d’un groupe qui agresse n’est pas la même que pour un individu ? Ils arrivent à 4 ou 5, te cherchent, te mettent par terre et te finissent à coups de pompes.

Tu cours ;)

Je n’ai pas honte, s’il y a une situation difficile comme ça, je cours. Si je n’ai pas besoin de défendre quelqu’un , ou pas de tâche à accomplir, je cours. S’il y a une femme à défendre, un ami, une tâche, alors je cherche une arme, un bâton, un couteau, une fourchette, n’importe quoi, et je me défends. Je ne suis pas un héros.

S’il y a nécessité, je m’engage dans la situation, sinon je pars.


 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
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