Posté par DavidManise Salut

L'hyperthermie...
Du grec « hyper », qui veut dire « au-dessus », ou « trop », et « therme », qui signifie chaleur. L'hyperthermie est l'élévation de notre température corporelle interne au-dessus de 37°C.
Les effets d'une hyperthermie généralisée sur notre organisme sont nombreux et complexes. Tout le monde connaît les fameux « coups de chaleur ». On les reconnaît généralement à une perte de conscience. La peau de la victime est rouge, brûlante, et souvent sèche (mais pas toujours). Faire un coup de chaleur sur une plage bondée, entouré de 5 potes frais et dispos et à 15 mètres du poste des secouristes, ça passe encore (bien que des lésions irréversibles puissent avoir lieu dans tous les cas). Faire un coup de chaleur tout seul sur un sentier de montagne et s'écrouler en plein cagnard, c'est déjà largement moins drôle. Il est donc important de reconnaître les symptômes qui précèdent les troubles plus sérieux, et de savoir à tout prix prévenir la surchauffe.
Les premiers avertissements... de 37,2°C à 38°C (stade 1)
Illustrons un peu.
Vacances d'été. Mi-juillet. 41°C à l'ombre. Vous marchez en montagne. Altitude : 725 m. Ça monte raide. Le soleil cogne dur. Il n'y a pas de vent. Vous transpirez abondamment et vos vêtements vous collent à la peau. Les autres aussi ont chaud, mais personne ne se plaint. Il faut avancer. Il fera moins chaud plus haut.
Quelqu'un fait un petit commentaire intelligent : « On aurait dû partir plus tôt, quand-même ». Il n'a pas tort. Le soleil est bien haut, déjà. Mais on marche quand-même. Après-tout, faut profiter des vacances et voir du paysage...
Vous prenez un rythme. Ça avance... on n'a rien sans rien. N'empêche la « clim » du bureau vous manque, tout à coup. Vous vous rendez compte que vous avez le pied moins sûr. Vos semelles s'accrochent un peu plus souvent aux cailloux. Vous avez les jambes lourdes, un peu molles. Vous vous sentez faible... Un peu de nausées, peut-être... Vous avez un peu mal à la tête... elle semble toute légère, d'ailleurs, votre tête... vous avez très soif, très chaud, et vous transpirez abondamment.
STOP !!!
Les autres ne se plaignent peut-être pas, mais il est temps de trouver un coin d'ombre et de faire une pause. Vous en êtes déjà aux tous premiers stades de l'hyperthermie. Rien n'est encore grave, mais si vous continuez comme ça, vous allez droit au coup de chaleur.
Ne faites pas l'erreur de croire que ce genre de scénario ne peut se produire qu'en été, ou encore seulement lorsqu'on fournit un effort physique intense. Une hyperthermie à l'effort peut se produire même en plein hiver. De même, le fait de rester immobile et aussi zen qu'une cheminée de briques ne constitue pas une garantie contre la surchauffe. Le nombre de coups de chaleur que l'on recense chaque année sur les plages françaises est là pour le prouver (et — histoire de rester dans le domaine du bon goût — je ne parle pas des maisons de retraite ni de l'été 2003...).
C'est horriblement simple :
1. soit notre corps absorbe plus de chaleur qu'il ne peut en évacuer, et on surchauffe ;
2. soit notre corps produit plus de chaleur qu'il ne peut en évacuer, et on surchauffe ;
3. soit notre corps absorbe ET produit plus de chaleur qu'il ne peut en évacuer, et on surchauffe.
Les premiers symptômes de l'hyperthermie sont les suivants :
* sensation d'avoir trop chaud
* soif intense (pas toujours)
* transpiration abondante
* maux de tête (plus ou moins intenses)
* tête qui tourne
* nausées, vomissements (pas toujours)
* sensation de faiblesse
* spasmes musculaires (pas vraiment des crampes... des contractions plus légères, parfois indolores, mais involontaires)
* détérioration progressive de la motricité fine (« deux mains gauches », pied moins sûr, etc.)
Dès que vous ressentez l'un ou plusieurs de ces symptômes : STOP !!! Il faut faire redescendre votre température corporelle. À ce stade, vous disposez encore de 75% de vos points de Q.I. environs. Suffisamment, en tout cas, pour reconnaître le danger et prendre des mesures efficaces. Faites-le avant que les choses ne deviennent plus graves.
Les vraies emmerdes commencent... de 38°C à 39°C (stade 2)
Revenons à notre montagne. Vacances d'été. Mi-juillet. Toujours 41°C à l'ombre. Vous marchez encore. Altitude : 880 m. Ça monte encore plus raide. Le soleil cogne encore plus dur. Il n'y a toujours pas de vent. Depuis un bon moment, déjà, vous sentez votre thermostat qui surchauffe. Vous êtes de plus en plus faible, de plus en plus étourdi(e)... et les nausées vous taraudent l'estomac. Le groupe vient de faire une petite pause, en plein soleil, et vous repartez. Et là, soudain, quelqu'un vous parle :
- « Où tu vas ? Pourquoi tu redescends ? On monte la montagne, là... On descend pas... »
Vous ne comprenez pas trop... mais ça vous énerve qu'on vous critique. Vous lancez donc deux ou trois insultes au hasard, ce qui ne vous ressemble guère. Surpris(e), vous vous assoyez sur un rocher brûlant, en plein soleil, alors qu'un petit bois de hêtres bien frais longe un ruisseau à 15 mètres de là. Comme au premier stade d'hyperthermie, vous :
* ressentez toujours cette sensation d'avoir trop chaud (mais encore pire)
* avez encore plus soif
* transpirez abondamment
* avez toujours mal à la tête (parfois avec une impression de fourmillement « dans le cerveau »)
* avez la tête qui tourne, des vertiges
* avez des nausées, et vous vomissez peut-être
* vous sentez faible (vraiment très faible)...
* voyez votre motricité fine se détériorer encore plus...
* êtes d'humeur changeante, avec des tendances à l'aggressivité, voire au délire...
en gros, vous ressentez tous les symptômes (plus ou moins aggravés) d'une surchauffe de stade 1, mais en plus :
* vous êtes de plus en plus désorienté(e) et confus(e) : vous pourrez comettre des erreurs stupides sans vous en rendre compte, vous aurez du mal à formuler une phrase complexe, ou vous aurez du mal à élaborer une stratégie, même simple... Dans cet état, votre Q.I. est grosso modo diminué de moitié. C'est malheureux, mais il est important de le savoir, pour éviter d'en arriver là. J'ai vu des gens, dans ce genre d'état, reprendre la marche après une pause et repartir dans une mauvaise direction en oubliant leur sac à dos... J'en ai vu d'autres me regarder droit dans les yeux, à trois jours de kayak du village le plus proche, tituber sur la berge d'une rivière en me disant « attends-moi ici, je vais nous acheter des bières » ;
* les crampes s'installent : on n'a plus affaire à ces petites contractions involontaires, mais bien à de véritables crampes musculaires ou abdominales, qui apparaissent et disparaissent de manière plus ou moins cyclique ;
* le pouls devient rapide et faible ;
* la respiration est parfois haletante ;
* la peau est pâle, humide et fraîche.
Juste après ce stade, c'est la perte de conscience. S'il vous reste un peu de points de Q.I. alors que vous déambulez dans cet état, il faut à tout prix faire redescendre votre température interne, lentement mais sûrement.
Dans les faits, les gens qui atteignent ce stade d'hyperthermie ne peuvent généralement pas s'en sortir seuls. Désorientés et diminués intellectuellement, ils commettent généralement des erreurs grossières (comme s'asseoir en plein soleil ou d'oublier sa gourde) et s'enfoncent souvent jusqu'au troisième stade de l'hyperthermie, le coup de chaleur proprement dit. Il faut donc à tout prix reconnaître ces signes et apprendre à agir rapidement et efficacement avant qu'il ne soit trop tard.
Le coup de chaleur... au-dessus de 39°C (stade 3)
Le coup de chaleur se reconnaît généralement à un symptôme très simple : l'évanouissement. On distingue cependant deux types de coups de chaleur, causés par deux mécanismes bien distincts. On les désigne généralement comme étant le « coup de chaleur à l'effort » et le « coup de chaleur classique », mais cette distinction prête à confusion.
Dans certains cas (et c'est souvent ce qui arrive lors d'un exercice intense, ou chez des personnes mal acclimatées), l'évanouissement survient à cause d'une diminution brutale de l'afflux de sang au cerveau, causée par le drainage rapide du volume sanguin vers les petits vaisseaux de la périphérie. Le cerveau, subitement privé d'un afflux sanguin minimal, manque d'oxygène et la personne s'évanouit. La position horizontale aidant à remplir immédiatement le cerveau de sang, la personne retrouve généralement ses esprits en quelques secondes.
La personne atteinte par ce coup de chaleur « à l'effort » peut ainsi tomber dans les pommes alors que sa température interne n'est pas très élevée. Elle peut aussi s'évanouir subitement sans passer par le premier et le second stade décrits plus haut. Ce type de coup de chaleur est généralement beaucoup moins grave, et le plus souvent sans séquelles (le plus grand risque étant la chute elle-même).
Le coup de chaleur « classique », quant à lui, survient lorsque le cerveau est chimiquement incapable de continuer à fonctionner à cause d'une température trop élevée. Il ne s'agit pas d'un simple problème mécanique de drainage du sang, mais bien d'un problème biochimique complexe. Le seuil à partir duquel on s'évanouit à cause de la surchauffe de notre cerveau dépend de plusieurs facteurs, certains individuels et d'autres circonstantiels, mais on peut affirmer qu'à partir du moment où notre température centrale corporelle dépasse les 39°C, on risque la perte de conscience, et des séquelles importants au cerveau, aux reins et au foie.
La littérature indique généralement que ce type de coup de chaleur est reconnaissable de par le fait que la peau de la victime est sèche et chaude au moment du collapsus, alors que dans le cas du coup de chaleur « à l'effort », la victime transpire généralement abondamment... Mais cette distinction ad hoc n'est pas toujours valable. On voit certains cas où la victime d'un coup de chaleur classique continue de transpirer juste avant la perte de conscience... sa peau est donc encore humide alors qu'elle s'effondre, d'où une seconde confusion possible.
Dans tous les cas, seule la prise de température (rectale) permet de déterminer avec certitude la gravité de la situation, le comportement à adopter et les séquelles à prévoir. Dans tous les cas, si vous devez retenir une seule chose de tout ce blabla, c'est ceci : Dans le doute, il vaut toujours mieux agir comme s'il s'agissait d'un coup de chaleur classique (le plus grave des deux).
Et que faut-il faire, justement ?
D'abord, prévenir le coup de chaleur.
Ensuite, si on ne réussit pas à le prévenir, il faut faire redescendre graduellement la température centrale de la victime en prenant toutes les mesures qui s'imposent :
* l'allonger sur le côté (position latérale de sécurité, idéalement) si possible dans un endroit frais, à l'ombre et/ou dans un courant d'air ;
* la dévêtir (ne traînez pas, coupez les vêtement si nécessaire) ;
* humecter graduellement sa peau à l'aide d'un chiffon humide et tiède, ou d'un brumisateur (pas d'eau froide ou de glace : risque mortel d'hydrocution) ;
* si la situation le permet, prendre la température (rectale) de la victime et appeler ensuite les secours, en transmettant bien la température maximale atteinte par la victime (c'est cette information cruciale qui déterminera d'entrée de jeu la conduite à tenir et les séquelles prévisibles) ;
* en l'absence de courant d'air, agiter une serviette, apporter un ventilateur, souffler vous-même, peu importe... l'idée est de créer un courant de convection pour accélérer l'évaporation de l'eau sur la peau de la victime ;
* recommencer ainsi le cycle humectation/évaporation jusqu'à l'arrivée des secours ou jusqu'à ce que la personne reprenne complètement conscience.
NE JAMAIS :
* faire boire une personne inconsciente ou semi-consciente (risque de noyade) ;
* refroidir brutalement la personne, en l'aspergeant d'eau glacée ou en la jetant dans un bain même tiède (risque mortel d'hydrocution).
Sachez par ailleurs qu'une personne dont la température centrale s'élève sérieusement peut dans certains cas avoir des comportements complètement incohérents, menaçants ou violents, verbalement ou physiquement. Tout cela est causé par des dérèglements chimiques dans le cerveau, et ces troubles se règlent généralement d'eux-mêmes lors du retour à une température normale. N'oubliez pas la première règle du code de conduite de tout bon secouriste : ne pas s'exposer soi-même à un danger lorsqu'on veut porter secours à quelqu'un. Faites donc votre possible mais prenez avant tout les précautions qui s'imposent pour porter assistance à la personne sans vous mettre vous-même en danger.
Ciao

David