Bonjour,
Belle ballade !
Et avant tout un grand merci pour le partage.
Intéressant, et ... instructif.
C'est pourquoi je me permets de livrer ici mon sentiment.
J'ai tout lu, et j'ai été voir ton itinéraire sur la carte.
Je sens que j'irai bientôt faire un petit tour dans le coin!
À vrai dire, ton récit m'a troublé, je ne suis pas sûr que j'aurais réagi de la même façon que toi. Oui peut-être, ou non!
Mais mon jugement ne repose évidemment que sur ce que tu relates, et forcément, cela ne me met pas vraiment à ta place.
Ce qui vous est arrivé est banal, en somme.
Qui ne s'est pas un jour tordu la cheville, qui n'est jamais tombé méchamment sur un genou ou sur un coude?
Ces petits incidents, pas graves en eux-mêmes, peuvent toutefois dégénérer ...
- par manque de soin
- par sur-accident
- par complications diverses, et notamment l'éventualité de rester bloqué là haut, sans être équipé pour ...
C'est pourquoi il faut les prendre au sérieux :
A. Au niveau de la préventionÉquipement- Les bâtons
Je n'aime pas marcher avec des bâtons, mais ... une paire de bâtons dans les descentes, cela soulage vraiment les genoux et réduit sensiblement la fatigue ; dans les passage difficiles, un bâton, ou deux, cela aide à trouver de bons appuis ... - Chaussures
Une semelle qui a de l'accroche, c'est bien ... - Sac à dos
Un sac qui fait corps avec le randonneur, qui est correctement chargé et pas trop lourd, cela aide aussi (en tous cas pour moi) - Autres : un casque ... ben oui!
- De quoi passer une nuit dehors sans trop de galère. Par exemple : tarp léger ou poncho tarp, couverture de survie 200 g comme tapis de sol, sac de bivouac de secours , vêtements chauds et sec en rab. Évidemment, sur ce point précis les randonneurs itinérants, avec un matériel complet et du ravitaillement pour plusieurs - jours sont en fait très privilégiés!
Forme physique- Eviter d'en arriver à l'épuisement
- S'arrêter et reprendre des forces, boire et manger quand on en ressent le besoin et même avant; ne pas hésiter à demander une pause ...
- Se méfier comme de la peste de l'étape "retour", et plus particulièrement des descentes. L'incident s'est produit, si je compte bien, en fin de rando, alors que vous aviez déjà accompli la moitié de la descente ... et juste avant de faire une pause!
B. Au niveau de la gestionIl faut toujours se dépécher lentement!Même en cas d'arrêt cardiaque, il ne faut pas se précipiter direct sur le bouche-à-bouche ou sur le massage ...
Dans le cas présent, il n'y avait aucune "urgence extrême", donc on fait doucement, cela déjà rassurre la victime ...
Évaluer les dégatsLa douleur n'est qu'un indice ... Examiner, palper la zone douloureuse, l'endroit du choc, cela aurait été mieux.
Pour cela, il aurait fallu enlever le pantalon, ou découper au dessus du genoux. Tu aurais pu découvrir quelque chose d'inquiétant, et agir ensuite en conséquence, ou au contraire ne rien voir du tout et lui dire "Allez, il n'y a rien!", ce qui l'aurait rassurée, au moins en partie.
Limiter les dégats (premiers soins avec les moyens du bord)Dans le cas présent, et dans ce genre de traumatisme, il convient de limiter l'hématome, pour éviter les gonflements qui seront douloureux par eux-mêmes. Comme le disait Kilbith : du froid ! Eau froide dans un ziplock, ou dans une poche à eau : excellent. Linge mouillé d'eau froide, régulièrement renouvelée, ok! Un quart d'heure au moins, une demi-heure? Le temps pour la victime de se calmer, de boir un coup, de reprendre elle-même des forces et d'apprivoiser sa douleur.
Ensuite bandage de soutien, avec une bande élastique (vraisemblablement un des articles les plus utiles dans une trousse de secours). Cela réconforte une articulation et participe à la limitation de l'hématome.
Anti-inflammatoire, anti-douleur?
Oui mais, attention. Toujours interroger la victime pour savoir s'il n'y a pas de contre-indication.
Ne pas aller trop vite : parfois la douleur vive se calme rapidement.
Évaluer la situation, examiner les optionsLa situation :
- un équipier handicapé
- pas loin d'un abri
- sur un sentier fréquenté
- pas très loin de la zone boisée (600 m sur la carte, 100 m max de dénivelé) => disponibilité de bois => donc de chauffage
- pas de réseau
- le temps qui a l'air de se gâter ...
Les options :
1. Continuer vaille que vaille en espérant prendre lemauvais temps de vitesse.
2. Attendre dans l'abri (se débarasser des chiens) et se faire secourir.
L'option 1 - d'après ce que je ressents à la lecture du récit - a été décidée, comme allant de soi. Crainte de l'orage? Constatation que "le portable ne passe pas"? Crainte des chiens, crainte de devoir passer une nuit sans confort, sans provisions, dans l'abri? Cette option de continuer "en condition dégradée" était pourtant une option porteuse d'un gros risque de sur-accident, amha :
- risque de chute, surtout si l'orage vous avait ratrappés et que le terrain était devenu glissant.
- risque d'aggraver la blessure au genou ...
Ok, tout c'est bien passé ... mais j'avais peur en te lisant!
L'option 2 avait ses inconvénients, mais amha elle minimisait les plus gros risques!
Le portable ne passait pas? Avec ou sans réseau apparent, tu aurais pu essayer le 112 ... qui passe sur tous les réseaux, avec plus de puissance qu'un numéro ordinaire. Tu aurais pu te déplacer, et trouver du réseau un peu plus loin. Tu aurais pu laisser ta copine sous la garde de ton ami, rejoindre ta voiture et trouver du secours. Ou bien demander à un randonneur de passage d'appeler les secours dès que possible ... Même par mauvais temps, même de nuit, tu aurais pu revenir avec des couvertures, du ravitaillement, et surtout de l'assisatnce.
Vous étiez en montagne, mais il y avait une zône boisée pas loin, donc du bois, donc du chauffage ...
Vous aviez de quoi boire, largement! Bref, de quoi tenir des semaines en fait, sans prendre de risque.
En réalité, je ne suis pas sûr du tout que j'aurais moi-même choisi la deuxième option! Je ne connais pas l'état de l'abri, je n'ai pas examiné la jambe de ta copine ...
Mais en tout cas c'était, il me semble, une option à envisager sérieusement.
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Ce qui me gêne aussi, c'est cette crainte de l'orage et de la nuit qui tombe ...
Il faudrait vraiment dédramatiser l'orage ... C'est un phénomène qui peut certes être imprerssionnant, mais enfin ... vraiment pas très dangereux - objectivement - en lui-même! Parole, on peut continuer à marcher très normalement sous l'orage, sous une pluie violente, sous la grêle ... Juste penser à se faire petit si les éclairs tombent vraiment tout près .. mais cela ne dure jamais longtemps!
L'orage est dangereux avant tout pour ceux qui en ont peur et qui donc adoptent un comportement dicté par cette peur!
Idem pour la nuit!
Marcher de nuit, même sans frontale, c'est tout à fait possible.
Avec une frontale, ou une petite loupiote de rien du tout, ou est la difficulté spécifique?
L'orientation? Le risque de chute?
Prenez une paire de batons, une frontale de secours et un GPS
Leçons des choses?==============Entrainez vous à marcher de nuit sans frontale, à progresser sous la pluie, à vous orienter comme vous le pouvez!
À bivouaquer à l'improviste.
À bander un genou, une cheville ...
Vous apprécierez ainsi les difficultés à leur juste valeur, et vous prendrez conscience de ce qui peut vraiment vous aider dans ces circonstances
Et faites nous part de toutes vos mésaventures, pour que nous puissions ensemble en discuter, en retirer l'un ou l'autre enseignementMerci encore pour ce retex, Ronin2