D'accord. Maintenant concrètement: j'habite au bord du Lac Leman. Il est grand, et l'hiver la température de surface avoisine 0°. Au plus large il fait 15 km, donc au pire tu es à 7.5 km du bord. Le bateau se retourne. Le "moins pire" serait quoi : tenter de nager et rejoindre une rive = refroidissement rapide, se mettre en position d'économie de chaleur et d'attendre les secours (ET dans ce cas prévoir le bon matos AVANT, genre portable chargé, éteint, dans container étanche), ou alors tenter de monter sur la coque retournée, mouillé, et attendre les secours (ET donc aussi le bon matos pour alerter) ? Je peux supposer que la présence ou non de vent peut changer la donne ...
SVP ?
Kurodo
Je pense que dans une eau proche de 0°C, tu n'as que 5 min à vivre...
La position phoetale est plébiscitée, mais sans gilet de sauvetage, c'est impossible à tenir... mais on met toujours un gilet, n'est-ce pas? :hmm:
Il ne faut jamais quitter une embarcation encore à flot (même retournée, même à 80% coulée) pour tenter de rejoindre le bord! il est toujours plus loin qu'on ne croit!
J'ai une expérience à ce sujet:
J'ai longtemps fait de la planche au Havre. En juin, notamment, il souffle fréquemment une brise thermique parallèle à la plage, l'après midi, qui peut parfois atteindre les 25 noeuds et lever un bon clapot. Cette brise se lève souvent vers 14h pour s'épuiser vers 18h (environ, ce n'est pas une science exacte...). Malgré sa position normande, il peut arriver d'avoir la possibilité de faire de la planche en short, sans combi... allez, ça arrive une fois par an, et c'est le pied! Hookipa sur seine!

mais c'est pas malin du tout, cf ce qui va suivre...
Bref, un jour, un beau thermique de 25 noeuds s'est levé, accompagné d'un clapot bien cassant, mais il ne faisait pas assez beau pour laisser la combi au bord (une chance). Vu les conditions, je décide de prendre mon patos de vague, ce qui implique, pour le non-initiés, une très petite planche très maniable mais très technique sur laquelle on ne peut flotter sans vent.
Journée de dingue, un monde sur l'eau comme j'en ai rarement vu, tout le monde se tire des bourres magistrales en envoit des sauts monumentaux (le côté objectif du planchiste

).
La fin d'après-mid est déjà là, nous ne sommes plus que 2 ou 3 sur l'eau malgré le vent molissant. Complètement drogué par cette après-midi mémorable, je décide un dernier bord et croise mon pote qui, lui, rentrait. Je vais "au large" comme on dit quand on ne distingue plus les voitures au bord et que les immeubles sont tous petits... le vent molli, je vire de bord et rentre... et là, je me bourre... le vent se casse complètement la figure et je reste comme un con dans l'eau sous ma voile essayer de remonter en waterstart su ma planche, même si je remonte dessus, je retombe aussitôt faute de vent qui m'aurait permis un minimum d'équilibre.
J'ai dégréé ma voile dans l'eau et j'ai commencé à regagner le bord en ramant comme en surf.
Au bout de 45 minutes, je commençais à distinguer les bagnoles mais le courant m'emmenait vers l'entrée du port (Le Havre, 2è port de commerce français, pour avoir une idée des coquilles de noix qui peuvent y transiter)
Heureusement, un pêcheur sortait et m'a vite repéré pour me ramener à une 100aine de mètres du bord que j'ai pu regagner facilement.
conclusion:
une eau à 19°C, un air à 23°C (à vue de nez), une bonne combi de planche, environ 2heures dans l'eau sans être totalement immergé, j'étais transis! et épuisé mais c'est normal après une journée comme celle-ci ponctuée par presque 1h de rame.
au bout d'une heure de "rame" je n'ai pas du faire plus de 2km alors qu'on va tout de même un peu plus vite qu'en nageant!
Je n'ai jamais paniqué car je savais que mon esquif, aussi frêle soit-il, ne risquait pas de couler, que mon pote au bord finirait bien par alerter les secours, que le cémaphore a un oeil sur tout, et que la baie reste assez fréquentée par les pêcheurs et plaisanciers. Je savais aussi qu'il ne fallait jamais quitter son matos pour regagner le bord à la nage, et de toutes façons, ça coûte suffisament cher pour pas faire cette connerie!

J'ai bien dormi le soir, et le lendemain j'avais tellement de courbatures que je ne pouvais plus me gratter le nez!
