Bonjour,
Je reviens sur le P&P.
Rappel du principe. Une couche de "laine polaire à long poil" isolante et hydrophobe (le polyester absorbe 1% de son poids) est recouverte par une couche de polyamide pertex.
La fonction du pertex est de couper le vent (ce qu'il fait bien jusque vers 50 km/h) et de DISPERSER l'humidité. Ce n'est donc pas obligatoirement déperlant ni résistant à l'eau.
Le fonctionnement du vêtement est le suivant :A l'effort, sous l'influence de la chaleur dégagée par le corps, l'humidité résultat de la transpiration est "repoussée" vers le pertex où elle s'étale et s'évapore rapidement. On reste sec.
Sous la pluie : les gouttes sont dispersées (et non stoppées!) et grâce à la chaleur du corps elles s'évaporent dans l'atmosphère. Normalement, elles s'évaporent plus vite qu'elles n'arrivent à tremper la couche de "polaire à long poil hydrophobe" qu'il y a dessous. Au pire, elle atteint la peau mais à ce stade l'eau est tiède.
Au final dans un environnement "froid et humide" c'est confortable tant que l'on ne fait pas d'effort très important avec des efforts intermittents (on n'est pas trempé sur la peau en phase d'arrêt).
Ou des environnements bien humides, mais pas tout le temps, si on bouge constamment (la pluie n'arrive pas au niveau de la peau).
Dans ces cas c'est plus pratique et confortable que l'ensemble polaire+goretex (souvent trop chaud ou trop froids ET nécessitant des ajustements constants, pour à la fin de plusieurs jours ne plus fonctionner mieux qu'un ciré)
Règles d'usages :Le système fonctionne mieux si le vêtement est porté à même le corps et s'il moule le corps (la chaleur du corps est pleinement exploitée, la sueur ne stagne pas)
Il faut absolument éviter de porter au contact de la peau une couche moins hydrophobe que le polyester.
Si, pour des raisons d'hygiène et de facilité d'entretien, on porte un TS polyester ou polypropylène il doit être très fin (non isolant). Idéalement c'est un TS "filet".
Propre le vêtement fonctionne mieux. Tout simplement parce que la sueur (sel) et/ou la saleté sont des "fixateurs d'humidités" qui empêchent son évaporation. Mais le vêtement continue de fonctionner (moins bien) et on peut se contenter de le rincer (ce n'est pas le cas du Paramo qui fonctionne selon des principes différent).
Problèmes éventuels :Par grosse pluie, la limite du vêtement est atteinte. L'eau arrive froide au contact du corps et on peut avoir froid.
Le système nécessite un gros différentiel de chaleur ext/int pour fonctionner. A l'arrêt il ne fonctionne pratiquement plus. A ce stade le vêtement est froid et se trempe. Il faut une couche plus imperméable à l'arrêt sous la pluie installée.
Le système nécessite d'être "collé au corps". Il n'est pas possible d'ajouter facilement des couches dessous. Par grand froid et à l'arrêt il faut ajouter des couches dessus.
On doit souvent ventiler mécaniquement le système à l'effort (c'est prévu) sinon on a trop chaud. Ce n'est donc pas adapté à la course en montagne, plutôt à la randonnée.
Conséquences :Si on prévoit de la pluie continuelle et du bivouac en autonomie. On risque d'avoir le vêtement trempé en cours de journée. Ce n'est pas grave il reste chaud et fonctionne bien grâce à la chaleur dégagée par le corps à l'effort.
Mais quand on s'arrête on se retrouve avec un vêtement froid sur le dos. D'autant plus froid qu'il sèche sur soi (transformation phase liquide vers la phase vapeur) et encore plus en plein vent (le vêtement ne coupe pas complétement le vent ce qui permet de le sécher facilement, c'est la plupart du temps un avantage mais pas toujours). Il faut ralentir cet effet, par le port d'une couche imper/respi.
Au delà d'un certain stade, sous la très grosse pluie ça ne fonctionne plus. Il faut alors prévoir une couche imper/respi qui va éviter au vêtement de se tremper "plus vite qu'il ne sèche". Là aussi une couche imper/respi est très utile.
Par grand froid. Il faut "arriver lentement à l'étape" pour sécher le plus possible son vêtement "de l'intérieur" avant de s’arrêter. A l'arrêt par temps froid, le vêtement presque sec, on pourra s'abriter de l'effet d'évaporation du vent qui nous refroidit, par une doudoune synthétique.
Quel est l'intérêt de ce système?Dans des conditions continuelle d'humidité en dessous de 5/10°C, il fonctionne en étant plus confortable que d'autres systèmes à membrane. Et il va fonctionner sans limite dans le temps.
On n'a pas à gérer plusieurs couches selon le niveau d'activité : il faut jouer avec la ventilation.
Par temps froid : il est confortable en activité, porté seul ou avec un TS léger, jusque vers -20°C. A l'arrêt, si on gère bien, il n'est quasiment pas humide : c'est une couche à port permanent et le vêtement ne va pas geler durant la nuit.
Mon conseil : De nos jours on peut facilement avoir une couche imper/respi de moins de 200g avec soi. Comme on la porte très rarement avec ce système P&P, elle peut être de qualité moyenne (je pense à une raincut D4). Si on a les moyens une couche plus performante (ex : marmot mica) fonctionnera mieux.
La couche imper/respi sera dans le sac 90% du temps sous la pluie (Soit 99% du temps en randonnée, donc compacte et légère sans souci), on ne la sortira que s'il pleut des hallebardes et/ou si on est à l'arrêt.
Au bivouac et/ou en plein vent elle apportera un gros gain de chaleur.
Avec elle, et si on gère bien le truc, la P&P sera quasiment sèche lors des bivouacs, sans apport d'une source de chaleur externe.
Parce que se retrouver le soir au bivouac en mode sanglier sans feu dans une petite tente, sous un petit tarp, ou un sac bivouac avec un vêtement trempé qu'il va falloir retirer et stocker la nuit avant de le remettre gelé ou trempé le lendemain (ex : veste goretex trempée)...ce n'est pas une expérience sympathique.
Le P&P+ raincut permet de gérer cette situation de façon pas trop désagréable si on sait s'y prendre (mais ce sera désagréable).

PS : une autre utilisation du P&P c'est en cous couche sous un treillis (ou veste ventile).
Mais là c'est parce que l'on a besoin de la protection mécanique/feu du treillis en extérieur, et/ou que ce doit être la couche externe (accès au matériel, munition, absorption des IR, du bruit....). On ne fait pas la guerre avec un poncho qui empêche l'accès au matos de survie.
Le système permet d'être protégé contre l'humidité sans avoir besoin de "tomber le brelage" pour faire varier les couches par temps humide.
A la fin du "temps d'activité" (ce qui peut être rare chez un milouf, c'est bien foutu comme crémerie) il faudra gérer le treillis trempé. Mais, si ça tue moins vite que l'ennemi, c'est un moindre mal. Dans une zone protégée, on peut évidemment placer un poncho ou au moins une pèlerine sur les épaules.