C'est le moment de vérifier si ce que je
crois savoir est juste.
Théorie
- pour "bruler", le bois doit atteindre 300° où commence la réaction de pyrolyse (puis apporter une étincelle aux gazs, pour être précis)
- l'évaporation de l'eau est une réaction endothermique qui absorbe toute l'énergie disponible jusqu'à assèchement.
- l'eau est principalement contenue entre l'écorce et
l'aubier*. De plus, en chauffant, l'écorce resserre ses pores, contrariant le séchage de la buchette**. L'un dans l'autre, c'est important de virer l'écorce du bois humide. Après, selon les essences, c'est variable... J'ai par exemple trouvé du chêne dont l'aubier était pourri-spongieux mais dont le duramen était nickel.
- le transfert thermique est une question de surface d'échange et de masse. Une grosse buche, c'est peu de surface et bcp de masse = autant essayer de pousser un gros rocher à mains nues. En bâtonnant cette buche en disons 20 crayons, on multiplie par 20 la surface d'échange et on divise par 20 la masse individuelle de chaque bout de bois (on pour déplacer le rocher, on le casse en cailloux et on sort une poulie qui multiplie la force). Ceci rend le transfert d'énergie entre le bois et l'allume feu plus efficient. Ce n'est pas une histoire "d'exposer le cœur sec" comme je lis à droite et à gauche.
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petit bois
- c'est à calculer, mais j'ai souvent l'impression qu'il est plus efficace d'empiler un énorme tas de brindilles même humides (balle de 50cm composée de brindilles de Ø1 à 2mm) que passer du temps à bâtonner une buche dont les crayons (Ø 1cm) vont de toutes façons absorber l'humidité ambiante (surface et masse). C'est aussi moins "fatigant", nécessite moins d'outils et de fait moins accidentogène.
- pour récoler les brindilles -> branchettes suspendues dans les arbres, branches basses des épicéas (qui se dévitalisent quand elles sont dans l'ombre).
- si on a accès à une roselière, en hiver, les roseaux morts sont la meilleure source de petit bois, facile d'accès, que je connaisse. Quand on les "brise" ça se casse en pailles rigides et extrêmement fines: idéal. Attention aux échardes. Gants en cuir indispensable.
- quoi qu'on fasse, préparer un abri sommaire (au moins juste une bâche posée) où stocker le bois pour éviter qu'il ne prenne la flotte. Même l'humidité de l'air est un problème: la cellulose est dite "hygroscopique".
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Allume feu
- ce qui va apporter l'énergie pour faire s'évaporer l'eau et porter le bois à 300°, c'est l'allume feu. Plus, c'est mieux comme dirait David (je crois).
- l'écorce de bouleau, c'est bien gentil mais je trouve que ce n'est pas assez efficace. Souvent trop humide quand on en a besoin en plus... La résine de pin et d'épicéa c'est vraiment nettement supérieur AMHA: brule longtemps comme un hydrocarbure (ça tombe bien, c'en est). Trouver de la résine mériterait un pâté à lui tout seul (voir l'intervention de guillaume sur les noeuds de résineux pourris) edit: autopublicité ->
http://nemophilist.fr/bois-gras-et-allume-feu-en-resine/.
- on devrait toujours avoir une petite boite avec du coton vaseliné, c'est tellement efficace ces trucs...
- on peut reproduire du coton vaseliné avec du kleenex / "slip coton" / ficelle sisal + stick à lèvres (c'est de la vaseline) ou de l'huile de cuisson. Notez aussi que le gel main est inflammable mais son point d'éclair est pénible à atteindre en hiver (23°C)***, mais combiné à un bout de mouchoir en papier qui va préchauffer le gel, ça fonctionne assez bien.
- en fait la recette c'est huile minérale / végétale + cellulose coupé fin (un kleenex, c'est un copeau méga fin =) OU un hydrocarbure. Il est tout à fait possible de faire des feathersticks super fins à la place du kleenex et de les "enrichir" de quelques gouttes d'huile. Ça marche aussi.
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Initiateur de flamme
- les allume feux sont censés être plutôt inflammables, mais dans les faits, quand il pleut et qu'il fait froid, ce n'est pas toujours aussi simple de les enflammer (sauf le coton vaseliné, c'est de l'or ce truc, merci le forum). Il faut qqch encore plus petit et plus inflammable qui va "chopper" la flamme du briquet ou du firesteel.
- que ce soit de la résine, du gel hydroalcoolique, de l'huile etc. Il est de bon ton d'emballer votre allume feu dans une poupée de kleenex dont on aura séparé les feuillets (merci Mr Cotard). On l'allume par la tête...
- On peut simuler ceci avec une feuille d'écorce de bouleau ou un "nid" (comme dans le feu par friction) dans laquelle on niche la pépite d'allume feu
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Choix du bois
- je ne suis pas fan du bâtonnage / refente à la hache. Je me trimbale souvent avec une machette épaisse (Vierge ascendant Uruk Hai)... et jamais avec une hachette / hache (imposter du bushcraft

). Donc ceci explique ce qui va suivre.
- tapoter le bois du dos d'une lame avant tout travaux. Le bois doit sonner "clair". Si le bois sonne "mat", c'est qu'il est humide. Vous vous ferez l’oreille à force. Tapoter ne coute rien en termes de temps et d'énergie... On a parfois des surprises. Il m'est arrivé de trouver du mort sur pied totalement humide et du bois "au sol" sec (ça dépend des essences, j'ai l'impression).
- D'expérience, il ne sert à rien d'essayer de chopper à tout prix de la "grosse" buche (Ø10cm et plus): c'est souvent la promesse de plus de travail. Je préfère trouver des branches d'un diamètre inférieur à 10cm. C'est en plus très facile à couper en morceaux avec son pied, entre deux arbres, à la machette, etc.
- bien connaitre les espèces d'arbre et croiser ceci avec le comportement de ces essences dans le feu. Le résineux est un bon bois de démarrage, le feuillu est un bon bois de chauffe. Penser aussi aux escarbilles qui peuvent endommager votre matériel (je pense au poncho tendu au dessus du feu + un bout de merisier = mauvaise surprise)
- si on doit tout de même bâtonner un bout de bois: le choisir sans nœuds (les couper au besoin), Ø<10cm, profiter des fissures déjà présentes.
- trier le bois par calibres
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Trucs de démarrage de feu
- j'écorce le bois + j'essuie avec un chiffon avant de le jeter dans les flammes (en tt cas les premiers morceaux).
- je bâtonne assez peu en fait, cependant, la plateforme qui isole le foyer du sol doit être la plus sèche possible, sinon l'humidité va absorber l'énergie et comme ce sont souvent deux gros morceaux fendus en deux, ça fait un gros paquet d'eau à évaporer = bcp d'énergie absorbée.
- mon but est d'obtenir rapidement un très gros brasier (bcp d'allume feu, énorme tas de brindilles) qui sera à son tour assez chaud pour bouffer des "crayons" de plus en plus gros...
Je pense avoir fait le tour de mes pensées... Il y a certainement d'autres trucs mais bon...
Je tiens à préciser que je ne suis pas né avant mon père, je n'ai pas grandi avec les loups, je n'ai pas fait carrière dans l'armée
(aka commando caporal chef cuistot du mess des officiers), je n'ai pas non plus fait des expéditions au bout du monde
(où personne ne peut vérifier la véracité de votre faire-savoir). Je n'ai rien inventé. J'ai tout appris soit de contributeurs à droite et à gauche, soit dans ma pampa, à 20km de chez moi.
*la première couche de bois sous l'écorce, c'est le liber, mais dans le cas du bois mort ?? Sinon pour cette affirmation, c'est un constat personnel...
** source la vie secrète des arbres
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http://www.rondeau.fr/fds_gelhydro_rondeau.pdf