Bonjour à tous. Un petit Retex qui peut servir.

Je rentre d'un weekend de randonnée en Belgique hivernale.
L'idée était de faire une rando en boucle de deux jours dans
les Hautes Fagnes, une très belle région, qui a pour particularité d'être très humide en cette saison. Pour ceux qui ne connaissent pas ce genre de paysage, ce sont des tourbières, qui ressemblent aux
Marais Morts du Mordor (les corps flottants en moins), avec des forêts de conifères. Une région assez sauvage pour la Belgique.
Je suis parti avec un ami, donc en binôme, avec sacs et tentes, dans l'idée de se poser discrètement le soir pour un bivouac sauvage. Je me régalais d'avance à l'idée de faire un bon petit feu, dans un coin isolé. Moi qui me targue de pouvoir lancer un feu de bois avec une seule allumette, même sous la pluie… C'est peu de dire que ce coup-ci, j'ai atteint les limites de mes compétences. MDR.
Inutile de préciser que je n'avais encore jamais tenté l'expérience dans de telles conditions…
Donc nous sommes mi-décembre et à midi il y avait encore un brouillard au sol à faire pâlir de jalousie un Londonien de souche. Ajoutez à ça le décor ci-dessus, détrempé, et après quatre heures de marche spongieuse, le jour déclinant déjà, il nous fallait donc impérativement trouver un lieu de bivouac. Nous étions alors dans des bois d'épineux plantés bien serrés. Après avoir tenté vainement plusieurs clairières prometteuses, qui se sont révélé être des fondrières marécageuses, nous avons fini par entrer dans une de ces parcelles bien denses où nous avons enfin trouvé quelques mètres carrés suffisamment plats et dégagés pour y poser nos deux tentes minimalistes. Bon, juste le temps de vite monter le tout, et la nuit noire est déjà bel et bien là. L'abri étant prêt, je mets ma frontale et part en quête de bois mort, ce n'est vraiment pas ce qui manque alentour…
C'est alors que j'observe de près les arbres… ils suintent littéralement à grosses gouttes. D'ailleurs la frontale crée un halo dans l'air saturé d'humidité. Au sol, tout est humus et humidité, normal, mais en hauteur aussi. Me voilà bien. Je m'éloigne du “camp”, rien à faire, plus loin, plus haut, plus bas… TOUT est détrempé dans ces bois. La mort dans l'âme, je ramasse divers calibres de petit bois mort, mais même hors sol, même sur pied, il n'y a rien qui soit même à moitié sec.
Une fois ma collecte faite, je monte mon petit bois sur un lit de branchages et lance mes allumettes améliorées à la cire… elles brûlent bien, longtemps, mais ensuite,
schnoll. Dès qu'un allume-feu s'éteint, rien ne part, rien ne crépite, même les plus fines branchettes ne grésillent pas. Je tente diverses approches, utilise aussi un sachet en papier déchiqueté… rien n'y fait. J'ai l'impression que ces bois ont subi un déluge biblique. Même avec des allume-feu “chimiques” apportés par mon compagnon de rando, qui tiennent plusieurs minutes, jamais le bois, même tout petit, ne sera assez sec pour prendre. La mort dans l'âme, j'abandonne l'idée du feu de camp.
Heureusement que le copain à un petit bec à gaz, au moins nous mangerons chaud.
Voilà, une bonne leçon d'humilité (d'humidité ?) pour moi.
