Premier exemple concret (et gentil) de crise économique : l'hyperinflation allemande de 1923. Mon grand-père m'a raconté ce que son propre père lui a raconté. Il était alors installé comme artisan forgeron à son compte, en zone rurale.
L'inflation durait. En 1922 les prix avaient déjà été multipliés par 1000 depuis 1914. Mais en 1923 elle a explosé : en l'espace de
d'un an les prix ont été multipliés par, accrochez vous,
un milliard !! En novembre 1923, un dollar s'échangeait contre 4200 milliards de marks, contre 4 marks en 1914.
L'argent ne valait tellement plus rien que des gens se chauffaient en brûlant leurs montagnes de billets dans leur poêle. Chaque jour était une affaire de survie financière. L'argent gagné le matin devait être dépensé immédiatement car le soir il ne valait plus rien et la journée aurait été travaillée en vain. D'ailleurs la plupart des gens ont tout simplement perdu au moins une fois leur travail cette année là. Sur 60 millions d'allemands, 10 millions avaient un emploi ; chaque actif devait donc nourrir cinq autres personnes, en payant avec une monnaie de singe, et pendant ce temps les vainqueurs de 1918 piquaient les matières premières du pays pour suppléer à leurs propres problèmes économiques, empêchant le gouvernement allemand de faire une relance propre de l'économie qui se serait appuyée sur des valeurs concrètes... Evidemment, vu la valeur du mark par rapport aux autres devises, le pays devait tourner en autosuffisance avec ce qu'on lui laissait de ressources, ne pouvant s'offrir aucun produit étranger.
Pour parer aux faiblesses de l'argent gouvernemental, certains se sont essayés au troc, mais ça n'a pas tellement pris ; on était pourtant en zone rurale et le concept aurait
en théorie dû être assez facilement applicable à tout un tas de produits de première nécessité. Je ne sais pas bien pourquoi ça n'a pas pris, je demanderai ça au papi s'il le sait.
Pour le fun, un billet de cinquante milliards de marks :

Pourquoi je poste cette histoire ?
il est possible que l'argent ne vaille plus rien du tout, et ça peut aller très vite.
Parce que si on veut planter des patates dans son jardin et pouvoir compter dessus en cas de dévaluation dramatique, il faut s'y prendre à l'avance : une situation financière difficile mais tenable qui durait depuis huit ans (de 1914 à 1922) a subitement dégénéré en moins d'un an. Trop tard pour se rabattre sur son carré de jardin
