PRIMUS ETAPACKLITE Website Fabricant : PRIMUS - http://www.primus.eu
Fiche Produit : EtaPackLite - http://www.primus.eu/Templates/Pages/Product.aspx?ItemId=87449
Fournisseur : TOPROCK - http://www.toprock.fr Cette fois-ci, le forum m’a confié la tâche de tester un réchaud à gaz de la marque Primus, le modèle
Primus EtaPackLite.
J’utilise principalement des réchauds à gaz sur le terrain, depuis plus de vingt ans.
Comme tout le monde, j’ai commencé avec le « bleuet » de Campingaz quand il fallait perforer les cartouches (type CV206 de Campingaz), puis des réchauds à cartouche détachable (type "easyclic" CV270 de Campingaz), plus facile à ranger dans le sac. Par la suite je me suis équipé de réchauds à cartouche déportée plus stables et plus faciles à protéger du vent (Tristar de Campingaz).
Enfin, j’ai abandonné les réchauds à cartouche clipsées (norme Campingaz) au profit des réchauds vissables (type Epigas, conformes à la norme EN417) pour pouvoir trouver des cartouches dans le monde entier et offrant un mélange Butane/Propane/(Isobutane) plus performant sous 0°C.
Pour plus d’information sur les réchauds à gaz, je ne peux que recommander la lecture de l’excellent site de Roger Caffin (en anglais) :
http://www.bushwalking.org.au/FAQ/FAQ_GasStoves.htm#EN417DescriptionLe Primus EtaPackLite est un modèle à cartouche déportée qui a comme particularité de se présenter sous la forme d’un kit complet comprenant le réchaud, la gamelle avec son manche repliable et détachable, un bol en plastique sans bis-phénol (
BPA pour les inquiets), un pare-vent, une coupelle de protection et un couvercle pouvant servir d’égouttoir et ne comprenant pas de bis-phénol.
L’ensemble peut se ranger de façon compacte dans la gamelle puis dans un sac filet.
Il est possible d'inclure une mini-cartouche de 100g dans la gamelle, mais il faut de la patience pour que cela tienne.
La cartouche de 100g est onéreuse et elle n'est pas efficiente (on porte beaucoup d'aluminium pour très peu de gaz).
Le réchaud accepte les cartouches de gaz à « visse » conformes à la norme EN417 (norme Lindal, d’abord utilisée par la société Epigas).
Pour employer avec ce réchaud des cartouches françaises clipsables « marque Campingaz "easyclick" », il faudra se munir d’un adaptateur de la marque Vaude ou Markill.
La particularité de ce modèle (poids total 710g), c’est d’afficher un excellent rendement. C’est à dire que la plus grande partie de l’énergie de la combustion est récupérée pour chauffer le récipient.
Le constructeur annonce 80% alors qu’un réchaud standard n’exploite que 40% de l’énergie dépensée. Ce bon rendement est obtenu grâce à quatre éléments :
- Un brûleur performant. C’est le brûleur « standard » de la marque Primus. Le tube en laiton passe à coté du brûleur de façon à réchauffer les gaz et permettre une bonne vaporisation, même par des températures basses. Il possède un allumeur piezo électrique.
- Un pare-vent adaptable. Un réchaud nécessite un pare-vent dans la mesure où sa consommation peut passer des quelques minutes à l’infini en présence du vent (voir à ce sujet l'excellent article dans Carnet d'Aventures n°11, 2008).
En effet, certains réchauds seront incapables de faire bouillir de l’eau par grand vent car la chaleur dégagée par les gaz de combustion ne parviendra pas à réchauffer suffisamment la gamelle. Ici, le pare-vent sert aussi à canaliser les gaz chauds le long de la gamelle. Il est en aluminium épais.
- Un couvercle en plastique pouvant servir de passoire. L’usage d’un couvercle permet d’augmenter fortement le rendement d’un réchaud, surtout par temps froid.
- Enfin, une gamelle en aluminium de 1,2 litre avec un revêtement anti-adhésif dont la composition n'est pas indiquée. Elle est munie d’ailettes à la base de façon à maximiser la surface d’échange entre la gamelle et le réchaud. Il faut se souvenir que ce qui transmet principalement les calories avec un réchaud à gaz, ce sont les gaz chauds et non pas les radiations. En permettant à ces gaz « d’échanger » facilement leur chaleur avec le récipient à chauffer, on augmente le rendement ce qui permet de limiter la consommation de gaz.
La limitation de la consommation de gaz a pour avantage, avant tout, de limiter la pollution (rejet CO2) et secondairement d’économiser du poids et de l’encombrement.
En effet, la présence de l’échangeur et du pare-vent augmente sensiblement le poids de l’ensemble et il faut donc une très longue utilisation pour que la moindre consommation compense le poids de ces perfectionnements.
Dans la pratique, il sera souvent plus léger d’emporter un mini-réchaud très puissant et très léger que l’on vissera directement à une cartouche.
En revanche, si l'on souhaite (usage de grande gamelle, plusieurs personnes) ou si l’on doit (utilisation grand froid, grand vent et fonte de la neige) utiliser un réchaud à cartouche déportée lors de randonnée de plus d’une semaine : le Primus EtaPackLite offre une solution compétitive en terme de poids et d’encombrement.
Un avantage accessoire de l'utilisation d'un système à échangeur c'est le fait que le rendement excellent et la présence d'un pare-vent n'oblige pas les constructeurs à trop rapprocher le brûleur de la gamelle. La combustion est donc de qualité et limite l'émission du Monoxyde de Carbone qui est un gaz inodore et mortel.
Conditions du testJ’ai utilisé ce réchaud au printemps, en été et à l'automne lors de randonnées dans les Pyrénées et en Laponie.
Je l’ai utilisé essentiellement pour faire bouillir de l’eau à pleine puissance car je ne « cuisine » pas en randonnée, j’utilise des plats lyophilisés. Comme avec les autres réchauds à brûleur étroit, si on l'utilise pour d'autres préparations (ex : flageolets aux oignons) il faut faire attention à ne pas brûler le fond de la préparation en prenant soin de régler le brûleur sur feu doux.
Le fait que le revêtement anti-adhésif puisse contenir des
PFOA n'est pas un problème lorsqu'on fait bouillir de l'eau car la chaleur ne dépasse pas 100°C.
Je regrette de n’avoir pas encore eu l’occasion de le tester en camping hivernal pour fondre de la neige, car il me parait très adapté à cette situation très énergivore.
Mon objectif principal était de déterminer la praticité de l’ensemble et sa solidité.
Je n’ai pas cherché à mesurer de façon systématique les performances du réchaud en contrôlant la température de l’eau et de l’atmosphère par exemple.
Quelques essais chronométrés (une dizaine) me permettent toutefois de dire qu'elles sont très bonnes.
Un litre d’eau met environ 4 minutes à bouillir lors des essais en été et sans vent sensible. La consommation est d’environ 11 grammes de gaz alors que dans les mêmes conditions (pas la même gamelle, mais diamètre proche) mon MSR Pocket Rocket va consommer environ 16 grammes. Par temps froid et par grand vent la différence serait beaucoup plus importante entre ces deux modèles.
L’EtaPackLite est un poil moins performant que son grand frère le Primus EtaPower fonctionnant sur le même principe et possède un brûleur du même type, mais qui bénéficie d’une gamelle plus large et d’un pare-vent récupérateur plus englobant, ce qui lui permet d’avoir un meilleur rendement (mais un poids et un encombrement difficilement compatibles avec la randonnée en solo).
Si je compare l'EtaPacklite à mon Jetboil, je constate qu'il est plus lourd, plus encombrant et plus difficile à mettre en œuvre que le Jetboil.
En revanche, il est plus résistant au vent, beaucoup plus stable et peut être utilisé en conditions froides sans problèmes.
Essais sur le terrainLa taille du réchaud permet de l’emmener avec soi dans une randonnée de 48 heures en été en montagne.
Sur la photo, vous constaterez qu’il rentre dans un sac à dos de 35 litres avec l’équipement nécessaire pour bivouaquer en hamac par une température d’environ 10°C par temps humide.
J’ai lors de mes manipulations trouvé que l’on pouvait mettre en œuvre le réchaud relativement facilement, même avec des gants.
En revanche, certains détails de construction (par exemple le clip qui maintient le brûleur) n’inspirent pas une grande confiance. Ce clip est nécessaire pour pouvoir faire tenir l’ensemble des éléments dans la gamelle principale.
Sur le plan de la solidité, l’allumeur piezo a arrêté de fonctionner au bout de deux sorties, mais s’est remis à fonctionner à la fin de l’été.
C’est conforme à ce à quoi je m’attendais : un allumeur piezo est, dans mon expérience, un élément de confort au fonctionnement intermittent qui ne remplace jamais un briquet ou un firesteel.
Le vaporisateur peut se démonter facilement, grâce à une bague, pour accéder au gicleur. En revanche, à la différence des modèles à essence, le réchaud est livré sans clef de démontage qui aurait permis de démonter le gicleur.
Un peu trop facilement d’ailleurs, cette pièce avait tendance à se desserrer spontanément mais on doit pouvoir régler cet inconvénient en « forçant » un peu avec une pince.
Il n’est pas très facile de ranger l’ensemble du dispositif dans la gamelle, particulièrement si on veut y inclure une petite cartouche de gaz.
Dans ces conditions le couvercle ferme mal. La housse livrée avec le réchaud est en nylon avec une partie en filet. Ce n’est pas une bonne idée, la partie en filet n’a aucune utilité et les mailles du filet sont fragiles et se prennent dans l’articulation de la poignée. Personnellement, je remplacerais la housse par un modèle plus pratique.
Le grand bol en plastique a pour utilité première de protéger le revêtement anti-adhésif lorsque l’on stocke le matériel dans la gamelle.
Ce bol permet aussi de garder la nourriture au chaud en attendant qu’elle finisse de cuire ou d’être consommée une fois le réchaud éteint.
En effet, une fois le réchaud éteint, l’échangeur de la gamelle devient un « refroidisseur » particulièrement efficace, surtout s’il y a du vent. C’est pour cette raison que sur les modèles semblables la gamelle est soit isolée par du néoprène (Jetboil) ; soit on dispose d’un grand rangement isolant (Primus EtaPower).
Un capuchon en plastique vient protéger les ailettes de la gamelle lors du stockage et peut servir en hiver à isoler la cartouche du sol.
Lors de la randonnée d’une dizaine de jours en Laponie (mais sans bivouac), le réchaud devait servir à préparer les repas lyophilisés pour trois personnes par tout les temps.
Cela veut dire résister au vent et à la pluie et être rapide et facile à déployer. Il a rempli sans problème cette tâche, mais on peut noter quelques traces d’oxydation à l’endroit où la poignée en inox touche la gamelle, rien d’inquiétant toutefois.
Le Primus EtaPackLite fonctionne sans problème en mode « gaz liquide ». C’est facilité par le fait que la cartouche est déportée, qu’il y a un réchauffeur et que le joint présent sur le tuyau du robinet coté cartouche puisse pivoter.
Avec un peu de savoir faire, ces différents dispositifs permettent de faire fonctionner convenablement le réchaud par -18°C sans problème (mon congélateur ne va pas plus bas). On peut donc utiliser ce réchaud très stable en conditions hivernales tout en utilisant le propane ET le butane de la cartouche (voir
Carcajou n°3). Quand ce sera l’hiver, j’apporterai des commentaires supplémentaires sur ce point.
Encore plus simplement, on peut positionner la cartouche sur le couvercle de la gamelle, mais seulement avec une petite ou moyenne cartouche car le flexible est après trop court.
Un des défauts du système de gamelle à ailette/échangeur, c’est qu’il est très spécialisé.
Par exemple, si vous posez la gamelle sur un poêle de refuge (qui chauffe donc par conduction) pour économiser du carburant, les ailettes vont isoler le fond de la gamelle et empêcher un bon transfert thermique.
D’autre part, si vous utilisez la gamelle directement sur un feu de bois, vous risquez de faire fondre les fines ailettes en aluminium.
Enfin, si vous surélevez la gamelle sur un feu, cela va très bien fonctionner grâce aux gaz chauds récupérés, mais prévoyez un long moment pour nettoyer l’ensemble qui risque d’être très rapidement encrassé (et donc non fonctionnel). C’est donc un produit spécialisé et pas du tout « low tech ».
ConclusionJ’ai trouvé ce réchaud pratique. Par rapport à un réchaud déporté standard il offre une solution compétitive en terme de poids et d’encombrement si l'on considère qu’il inclut une grande gamelle, un pare-vent, un grand bol et un couvercle.
J’aime bien le concept, qui d’ailleurs peut être utilisé sur une cuisinière à gaz « standard ». Dans ce cas on gagne énormément en rendement et donc en vitesse et consommation de gaz. Au final, cela permet de préserver les ressources en énergie fossile et de limiter les rejets de CO2. C’est en accord avec ma conception du « leave no trace ».
Attention : le Primus EtaPackLite est principalement construit en aluminium ayant une faible inertie thermique. En revanche le vaporisateur et le brûleur sont en laiton massif qui emmagasine beaucoup plus la chaleur et met longtemps à se refroidir. C’est techniquement parfait puisque cela assure une combustion optimale (c’est le même vaporisateur sur les réchauds essence de la marque), mais je me suis brûlé par inadvertance en rangeant le réchaud alors que je pensais qu’il était froid après avoir touché les parties en aluminium qui étaient depuis longtemps froides.