Merci Lily,
c'est un régal de te lire et d'en apprendre au fil des échanges. Ta sacrée expérience est très encourageante aussi pour celles qui comme moi veulent voyager en solo.
C'est bien connu, nous (femmes et hommes, chacun est concerné) pouvons être nos pires ennemis et nos plus gros obstacles à nous-même :
les actes manqués "oups, j'ai oublié mon [à compléter en fonction de l'expérience] au dernier bivouac, c'est fâcheux " ; les lapsus "Salut Narco, oups, Nicko "
les mises en danger à l'insu de notre plein gré, etc
les angoisses devant des risques et donc pas des faits réels, qui nous amènent à des choix qui réduisent l'amplitude de notre vie "je n'irai pas en Colombie... "
Je ne sais plus quel (vieux
) Grec disait que ce ne sont pas les objets de la vie qui nous rendent malheureux, c'est notre relation avec eux.
Question sécurité, il est pertinent de distinguer le sentiment de sécurité/insécurité que l'on peut porter, quelque soit les lieux, et la situation réelle.
Ce qui complique les choses, c'est que nous portons des oeillères qui à notre insu nous amènent à faire des choix pas judicieux.
Quand est-ce que l'on passe de "sentiment de sécurité"/confiance à prise de risque inconsidérée/témérité ?
Une mauvaise expérience, la galère, la mouise, qui se produit pour la première fois, c'est un hasard, une circonstance malheureuse, mais quand elle se répète, c'est qu'il y a un souci de fond lié à soi.
Pour parler concrètement, en reprenant un conseil que tu as donné dans un autre fl de discussion :
si je prends le bus la nuit, au Niger, parce que je n'avais pas connaissance de VVS, et que je me retrouve en situation critique, c'est pas de peau. Mais si maintenant que j'ai lu ton texte, quelque chose me fait prendre le bus à 18h, ça devrait m'interroger...
Il ne s'agit pas de dire que l'on est toujours responsable de nos choix - "toujours" est déjà une impasse- parce que l'idée que l'on véhicule alors c'est qu'on peut maîtriser les choses, toutes les choses et toutes les situations. "toute" est aussi une impasse, comme l'usage des idées absolues, qui ne fait qu'augmenter la culpabilité quand quelque chose échappe.
Il y a des jours où la voix de l'intuition est faible et l'oreille fatiguée, il arrive qu'elles s'absentent.
Bien se connaître, y compris en faisant face à nos facettes les moins valorisantes au lieu de les rejeter est une bonne issue - je fais 1m54 et pas 1m60, 6 centimètres peuvent vraiment faire différence , question sécurité physique mais aussi dans pleins d'autres domaines, of course.
C'est un exemple tiré du vécu : une nana,
pas plus grande que moi se renseignait sur ma taille et quand je lui donne ma réponse, elle me dit "nan, c'est pas possible, moi je fais 1m60".
La taille c'est une donnée objective et pourtant on peut la nier, alors je vous dis pas la difficulté quand ce sont des caractères plus subjectifs ou plus subtiles.
Bref : sécurité en voyage rime aussi avec bien se connaître, et pas que dans ses capacités physiques.
la lucidité sur soi ? la travailler avec l'éclairage de plusieurs avis constructifs et pas complaisants, c'est mieux.
C'est un travail constant de réflexions, où les acquis n'augmentent pas de façon linéaire.