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Stages de survie CEETS

Auteur Sujet: Femmes et sécurité en voyage  (Lu 27221 fois)

18 septembre 2010 à 22:48:28
Lu 27221 fois

Lily


Salut à tous,

Les récentes discussions sur le signalomètre du forum me font prendre conscience que, si je veux entendre parler de ce qui m’intéresse, j’ai qu’à me lancer... Dont acte :)

Je voudrais qu’on aborde un point pas très travaillé ici, ce sont les spécificités des femmes quand il s’agit de survie (ici, sous-entendue, urbaine, je ne suis pas une pro de la verte). Je pense que ça demandera plusieurs fils différents si on veut rester cohérents mais faut bien commencer quelque part.

Je vous propose donc quelques pistes, essentiellement tirées de mon expérience, sur « femmes et sécurité en voyage ». Ce qui serait sympa, c’est évidemment de comparer avec d’autres expériences mais également avec d’autres contextes : je connais à peu près toutes les régions africaines mais je n’ai pas de point de comparaison avec les autres continents et c’est dommage.

Je parle donc de déplacements, sans spécificité de durée. Et dans des contextes uniquement africains, soit musulmans, soit chrétiens conservateurs.

Commençons avec les questions de sécurité physique et les moyens d'éviter les ennuis quand on est une fille en balade.
Pour que vous ayez une idée de qui parle, je vous pose le contexte : je fais moins d’un mètre soixante, je suis pas bien lourde, j’ai pas fait de sport depuis presque le lycée et, en plus, je fume... Mes possibilités a priori (et hors « mindset ») de mettre quelqu’un d’un peu énervé à terre ou de courir un 100 mètres dans un temps raisonnable sont très très faibles. J’ai par ailleurs bourlingué (seule puis en couple) dans toute l’Afrique.
Il m’a donc fallu développer des stratégies de protection. Je passe sur tout ce qui n’est pas spécifique au voyage (sifflet, téléphone, entraînement, bombe au poivre...).

Quelques points, pour commencer, sur le comportement. A me relire, je trouve tout ça hyper basique, je vous attends donc pour enrichir, hein !

Redéfinir son féminisme.

Pour moi, c’est un point essentiel et c’est de loin celui qui m’a le plus coûté. Je ne suis pas certaine qu’il soit très « politiquement correct » mais je sais d’expérience que c’est une vraie question de survie. Une femme occidentale a l’habitude d’être traitée (en gros, on ne va pas entrer dans les détails !) à égalité avec les hommes. Ce qui implique des droits (au respect) et des devoirs (comme celui, qui découle du premier, de porter ses bagages ou ses courses par exemple :) ). Dans beaucoup de sociétés du Sud, affirmer cette égalité peut être source de malentendus et de conflits. Je ne dis pas qu’il ne faut pas à l’occasion montrer que, chez nous, c’est différent, mais j’ai un peu de mal avec le militantisme dans des pays où on est accueillie.

Il faut donc accepter un certain nombre de contraintes. Certains lieux ne sont pas ouverts aux femmes. Y venir seule (certains restos ou bars), c’est vraiment chercher les ennuis et c’est pas utile. Plus pragmatiquement, il faut également accepter des attentions parfois agaçantes à la longue, comme se faire invariablement porter ses bagages.

Tout cela est théorique, hein. Je dois moi-même admettre des coups d’énervements énormes sur ce thème, comme le jour où le gars que je devais ramener sur ma moto a prétendu la conduire parce que quand même, une femme, ça peut pas conduire un homme. Sans blague.
C’est donc un exercice très difficile mais stratégique. Par exemple, quand on voyage seule en bus, il est bon de trouver des « protecteurs », c’est à dire des gens (une famille, c’est plus sûr) avec qui on peut sympathiser et qui vont vous « prendre en charge » (nourriture, orientation, conseils, logement). Ca permet de passer un bon voyage et ça rend les choses beaucoup plus simples dans les endroits où on arrive.


Ne pas se faire remarquer


Vêtements


La technique du low-profile est beaucoup moins simple quand on n’est pas chez soi puisqu’on ne sait pas forcément ce qui est « low », justement. Il y a quand même un certain nombre de constantes. En Afrique, le plus simple est, en cas de doute, de respecter la règle « pas d’épaules pas de genoux ». Dans certaines zones, on est encore souvent à « pas de pantalon » d’ailleurs.
Une femme blanche est d’abord blanche : comme étrangère, on lui permet plus de choses que les autres femmes. Mais il est inutile de mettre les gens mal à l’aise ou, tout simplement, de passer pour une fille de mauvaise vie : les incidences sur la sécurité personnelle sont bien trop importantes. Par ailleurs, faire attention à se tenue est un service rendu aux autres visiteurs : un blanc est forcément assimilé aux autres. Quand une  >:( >:( >:( >:( occidentale se ballade dans Mombasa en plein Ramadan avec un short ras les fesses et un petit top qui montre son piercing au nombril, c’est moi (avec mes jupes longues et mes hauts de grand-mère) à qui on vient dire « tu vois comment ta sœur se comporte ».

Autre règle vestimentaire : faire attention à ce que portent les hommes et les femmes. Typiquement, un cheiche, c’est trop cool de s'en payer un. Mais si une femme le porte en brousse, on risque de lui demander pourquoi elle porte un vêtement d’homme. Inutile de se faire remarquer.
J'ajoute que "routard" ou pas, les Africains attendent qu'on soit propres et qu'on ai des fringues en pas trop mauvais état. On m'a souvent demandé pourquoi les visiteurs (nous, donc) s'habillaient si mal alors que les femmes sont si chics en Afrique de l'Ouest, sans eau courante ni électricité.

Si vous avez une chevelure de rêve (et d’autant plus si vous êtes blonde), attachez vos cheveux et/ou rendez-les discrets avec un foulard ou un chapeau. Ne croyez pas que vous allez vous en sortir facilement si vous avez comme moi les cheveux courts : on vous demandera invariablement pourquoi vous avez fait subir ça à vos cheveux.

Une rapide étude sociologique des touristes permet également de voir ce que, eux, portent. En général, « le » touriste en Afrique se remarque à son sac à dos (si c’est un Quechua, on sait même qu’il est Français ! :) ) et à sa gourde. Il est facile de troquer ça contre une besace et de planquer la gourde. On passe plus facilement pour un expatrié. Par ailleurs, on peut effectivement acheter beaucoup de vêtements à des prix imbattables directement dans les villes africaines (marchés de seconde main. Pour le fun : a Accra, il s'appelle Obroni wawu, "le  blanc est mort"  ::) )

Discours.

Ca reprend un peu la partie « rangez votre féminisme ».
Comme femme, il faut toujours, toujours faire attention à sa réputation. Pour moi, il y a eu deux types d’écueils à éviter : passer pour une fille facile (pas évident quand on voyage seule) et passer pour une mécréante.

Pour décourager (en partie...) les éventuels gars un peu lourds, il est très utile d’être mariée ou de s’inventer un mari. Pour cela trois éléments : porter une bague qui peut faire office d’alliance, avoir une photo de son mari ou d’un gros costaud quelconque et dire qu’il arrive bientôt, et, enfin, en parler dans la conversation :). Inutile de penser qu’on va faire évoluer les mentalités en une soirée en expliquant qu’on est divorcée ou qu’on vit en union libre.
La question inévitable sur les enfants peut être très difficile à contourner si vous avez passé la trentaine et que vous n’en avez toujours pas (de manière volontaire ou non, d’ailleurs, les interlocuteurs font rarement la différence). Je trouve personnellement plus difficile de mentir sur ce point mais il faut avoir conscience que, sans enfant, on perd pas mal de statut social. C’est pas toujours très évident à gérer mais ce n’est certainement pas vital.

La même réflexion s’applique à la religion (et c’est valable pour les hommes aussi) : en Afrique au moins, ne jamais dire (à moins d’avoir de fichus bons arguments et du temps pour discuter) qu’on ne croit pas en Dieu. Au mieux, vous aurez du mépris, au pire, vous allez subir un prosélytisme actif et pas agréable du tout.

En termes de comportements, comme le rappelle Vagabond, être avenante (plutôt que souriante, ce qui pourrait être mal interprété) est essentiel. De même que ne pas fumer (total sexy) ni jurer (total pas sexy).
Contacts physiques : ça dépend tellement des pays qu'il faut juste s'abstenir et observer. Ne jamais initier un mouvement. A Rome...

Tous ces points s’appliquent évidemment a priori. Quand on développe une relation de confiance dans une famille et qu’on se fait des amis sur place, on prend le temps de discuter et d’expliquer comment les choses fonctionnent chez les uns et les autres. C’est un super échange qui enrichit culturellement et humainement.
Mais quand on ne fait que passer dans une lieu ou qu’on croise des gens juste une soirée, c’est mettre sa sécurité en jeu que de provoquer, même si c’est sur des choses que l’on juge mineures.


Prévention générale


Si on voyage dans un pays potentiellement difficile, une zone dangereuse ou qu'on reste n'importe où mais longtemps, se faire enregistrer au consulat. Si on fait un trip dangereux, le signaler. Si on est un peu rebelle ou aventureuse, on a pas forcément envie de le faire, mais plus je vieillis, et même en étant souvent très critique sur la France, plus je me dis que je suis fichtrement chanceuse d'avoir un passeport français.

Avoir un téléphone et une puce locale (en Afrique, c'est trois fois rien). Enregistrer le numéro de l'ambassade, du consulat et le numéro d'urgence (permanence des gendarmes). Ils savent tirer les gens du pétrin.
Avoir les numéros de l'hôtel, de gens de confiance. Et penser à demander le numéro aux taxidrivers sympas et qui ont des voitures pas trop pourries. En Afrique, on peut les appeler et c'est très rassurant d'avoir toujours le même.

Savoir marcher : montrer qu'on sait où on va. Et donner la sensation qu'on est du coin (j'aime beaucoup l'idée d'acheter un journal local, je n'y aurais pas pensé).

Voilà pour ce soir. Je voudrais aborder plus tard la question des agressions et du logement mais j’espère qu’on peut commencer à discuter pour enrichir ma petite expérience.

EDIT : vendredi 24
« Modifié: 25 septembre 2010 à 00:17:05 par Lily »
If you think you are too small to make a difference, try sleeping with a mosquito

19 septembre 2010 à 00:01:32
Réponse #1

Willy




Bonsoir,

Même si je suis un homme, je voyage toujours avec ma compagne et tes comportements correspondent le plus souvent à ce que nous adoptons dans la plupart des pays que nous visitons.

- Se renseigner préalablement des coutumes ;
- ne pas ressembler à des touristes (riches) ni routards (pauvres) : vêtements "low profile" (usagés, couleurs neutres), épaules couvertes, pantalons, pas de vêtements traditionnels, pas de sac à dos mais besace us, pas de d'appareil photo reflex en bandoulière ;
- nous indiquons toujours que nous sommes mariés sinon pour certaines cultures la vie maritale est soit mal considérée soit signifie une certaine "liberté sexuelle" ;
- l'une ne se déplace pas sans l'autre ;
- sourire et connaitre quelques de(s) langue(s) du pays ;
- le plus souvent (accord entre nous), je suis le premier à engager et à tenir la première conversation.

En résumé : ne pas ressembler à un touriste ni à un routard, être low profile, mais surtout se renseigner sur le pays et ses coutumes.

Willy


"Tu es libre d'être vraiment toi même , Ici et maintenant et rien ne peut l'arrêter" (Jonathan Livingstone le Goeland)

19 septembre 2010 à 00:39:43
Réponse #2

Frost


Salut !

Post très intéressant. Je n'ai malheureusement pas l'expérience nécessaire pour développer, mais je le suivrais effectivement pour adapter notre comportement lorsque je voyage avec ma compagne.

J'ai une question pour Willy.

Éviter de ressembler à un touriste, je comprends (bon pigeon potentiel, cible potentielle de racket, pickpocket, vol), mais pourquoi éviter de ressembler à un routard ?
Amat Victoria Curam

19 septembre 2010 à 00:56:51
Réponse #3

Willy


Salut !

Post très intéressant. Je n'ai malheureusement pas l'expérience nécessaire pour développer, mais je le suivrais effectivement pour adapter notre comportement lorsque je voyage avec ma compagne.

J'ai une question pour Willy.

Éviter de ressembler à un touriste, je comprends (bon pigeon potentiel, cible potentielle de racket, pickpocket, vol), mais pourquoi éviter de ressembler à un routard ?

Dans beaucoup de pays, le "routard" est plutôt considéré comme un touriste pauvre et à problèmes (alcool, stupéfiants, ...) et  même assez mal vu des forces de l'ordre (notamment en Asie). Attention, j'utilise le terme "routard" plutôt dans son acception ancienne (baba, drealocks, ...) , et non dans le sens de voyageur-bacpacker hors circuits touristiques.


Willy


"Tu es libre d'être vraiment toi même , Ici et maintenant et rien ne peut l'arrêter" (Jonathan Livingstone le Goeland)

19 septembre 2010 à 01:01:24
Réponse #4

Frost


Ok, dans ce cas je saisi.

Merci pour la réponse !  :up:
Amat Victoria Curam

19 septembre 2010 à 06:22:33
Réponse #5

Patrick


Merci Lily, on a l'habitude de voyager en couple mais il est souvent difficile d'imaginer l'évolution salutaire en pays étranger pour une femme seule.

Ton expérience et tes conseils sont précieux  :up:

J'ai observé que dans certains pays Africains, du Makrach et du Maghreb les femmes blanches (souvent les blondes d'ailleurs) stigmatisent les fantasmes des hommes surtout si le carcan sociétal/religieux est pesant. Ceux-ci voient la femme blanche comme celles qu'ils voient sur les clips américains qui passent aussi sur leurs chaînes de TV. Ça se passe beaucoup mieux s'il y a des contacts et des accompagnants locaux.

Ce n'est donc pas facile d'y évoluer sereinement.

Le CEETS travaille d'ailleurs actuellement à un module de formation spécifique.
« Modifié: 19 septembre 2010 à 06:43:43 par Patrick »

19 septembre 2010 à 08:43:47
Réponse #6

Humain


Je trouve ton post très intéressant et plein de bon sens  :up: . Merci.
  l'Humain

19 septembre 2010 à 08:46:04
Réponse #7

vagabond


Bonjour,

Eviter de sourire mais sans faire la gueule non plus, donner l'impression d'être une porte fermée.

Faire plus qu'attention aux petits cadeaux, ils n'entretiennent pas forcément l'amitié et les accepter c'est parfois un accord plus ou moins tacite à bien d'autre chose.

Fumer en publique peut être assimilé aux habitudes des femmes faciles (pour ne pas dire aux filles de joie), et provoquer malentendus et déconvenues.

En général, faire attention à ses postures, elles peuvent choquer.

Se souvenir que beaucoup de traditions autorisent peu aux femmes, surtout en public.

Quelques trucs en vrac que mes amies routardes au long court mettaient en pratique.

Vagabond

19 septembre 2010 à 10:22:15
Réponse #8

Lily


Merci de vos retours positifs !

Vagabond, je savais que j'oubliais quelque chose d'important, c'était évidemment la cigarette ! Merci !! Quasiment impossible à allumer sereinement en Afrique quand on est seule. D'ailleurs des pays un peu conservateurs comme le Kenya ont carrément interdit e fumer à tout le monde dans l'espace public...
J'aime beaucoup ta remarque très juste sur les "petits cadeaux" : sans bienveillance, un cadeau, c'est une prise de pouvoir sur autrui et donc le début des ennuis.

Je vois aussi que j'ai zappé la question des salutations. La "bise" est un  machin très français qui met mal à l'aise quasiment tout le reste du monde. Avec les Africains, le "hug" à l'américaine n'est pas bien meilleur et de toute façon proscris pour les femmes. La poignée de main est de loin la salutation la plus pratique mais il faut attendre, dans les pays musulmans, qu'on vous tende la main, sinon vous risquez le vent...
Il faut aussi éviter de toucher les gens dans la conversation, ça évite les malentendus et le risque désagréable que, en touchant un homme, on lui donne le droit de nous toucher aussi... D'une manière générale, il faut être très attentif à la "distance de neutralité" appliquée par chaque culture entre les êtres, même de même sexe. Par exemple, dans une conversation, la distance entre les gens est plus grande chez les Américains que chez nous. Du coup, si on leur donne la sensation d'envahir leur espace vital en s'approchant plus, ils vont se braquer.

Note : je tente une revue de ce qui m'est venu sur le terrain. Certaines remarques semblent débiles de simplicité et je me doute qu'elles seront de peu d'utilité sur ce forum. Mais j'ai vraiment vu des minettes sortir à Nairobi le soir en mini short, des filles alcoolisées draguer  en boite au Niger... Si ça n'avait engagé que leur réputation, ce n'était pas si grave. Mais ça engage leur sécurité et, bien souvent, celle des amis, qui feront tout pour éviter le pétrin, parfois à leurs risques et périls...
If you think you are too small to make a difference, try sleeping with a mosquito

19 septembre 2010 à 10:38:14
Réponse #9

philippe13


Même dans un pays très civilisé comme le Japon la femme qui fume en public y est assimilée à une prostituée, au minimum une femme du "monde de la nuit". La femme européenne qui fume est d'ailleurs un sujet de fantasme spécifiquement japonais qui fait l'objet d'éditions érotiques. J'ai travaillé dans ce secteur et la boîte faisait des livres haut de gamme pour là-bas.
« La victoire sur soi est la plus grande des victoires. »

PLATON

19 septembre 2010 à 10:47:01
Réponse #10

vagabond



Il faut aussi éviter de toucher les gens dans la conversation, ça évite les malentendus et le risque désagréable que, en touchant un homme, on lui donne le droit de nous toucher aussi... D'une manière générale, il faut être très attentif à la "distance de neutralité" appliquée par chaque culture entre les êtres, même de même sexe. Par exemple, dans une conversation, la distance entre les gens est plus grande chez les Américains que chez nous. Du coup, si on leur donne la sensation d'envahir leur espace vital en s'approchant plus, ils vont se braquer.

C'est très juste, mais, notamment en Thaïlande du nord, pour le reste du pays, je n'y ai pas mis les pieds, les gens sont très tactiles et il ne faut pas s'offusqué d'être touché sans autre forme de procès et leur rendre la politesse est le bienvenue.

Par contre, j'ai appris (sans aucune base scientifique, pour les chagrins de la source), que les enfants sont en général un sujet sensible, et j'évite le plus possible leur contact, mes amies aussi.

Vagabond

19 septembre 2010 à 10:53:01
Réponse #11

Nävis


 :doubleup: pour le sujet Lily.

Comme le recommande Lily, j'ai plusieures fois pris le temps de faire la connaissance d'une famille sur place, avant de vadrouiller. Parfois, ce sont même les femmes de la famille qui viennent le proposer. Du coup on fait tout à la fois: apprendre un peu plus que quelques mots, découverte des gens du pays, traducteur linguistique et culturel à demeure, entrée dans des sites fermées accompagnée par le cousin/frère/neveu gardien ou directeur de celle qui m'accompagnait. Le tout en sécurité. Mais aussi participation au travail des femmes et aux tâches ménagères!  :'( Même si l'invitée ne participe qu'aux plus faciles.
Et rendre des services en passant quelques coups de fil en anglais pour la famille (joindre les renseigenements UK pour trouver le bon numéro de téléphone du petit dernier parti à Londre) ou traduction de courrier (des grecs ayant reçu du courrier d'allemagne concernant le retraite du vieux papa...).
Cela a fonctionné ainsi en Europe (Campagne en Grèce, grandes villes en Turquie, en Slovaquie et en Tunisie), et dans une petite ville sur l'ile de Bali. Rigolez pas pas, mais c'est aussi top en Angleterre!

En me renseignant avant des voyages, j'ai appris que certains gestes et certains habitudes qui paraissent toutes simples peuvent transmettre un fort message à l'autre bout du monde. Et cela ne m'a pas paru facile à respecter. Mais indispensable pour ne pas choquer les gens qui pourraient me trouver sympa. Un exemple pour lequel je ne me serais jamais douté: en Indonésie, il n'est pas question de poser les mains à la taille ou sur les hanches, surtout pour une femme! Et de désigner du doigt. Super difficile dans un pays où il y a tant de choses magnifiques à regarder.

19 septembre 2010 à 18:38:51
Réponse #12

philippe13


En France se frapper l'intérieur d'une main avec l'autre poing signifie  "bon sang j'ai trouvé"
En Italie se frapper l'intérieur d'une main avec l'autre poing signifie  "je te le mets dans le ***"
« La victoire sur soi est la plus grande des victoires. »

PLATON

19 septembre 2010 à 22:26:47
Réponse #13

Sharlyngalz


Nez ?

Et c'est également le cas en Crète (et en Grèce en général, je crois) : lever la main, les doigts bien écartés (comme pour dire salut) revient à une insulte suprême genre "je te maudis sur 5 générations"

20 septembre 2010 à 07:49:25
Réponse #14

philippe13


« La victoire sur soi est la plus grande des victoires. »

PLATON

20 septembre 2010 à 08:46:51
Réponse #15

Sharlyngalz



20 septembre 2010 à 10:11:42
Réponse #16

DavidManise


Le genre de post qui fait chaud à mon petit coeur de grizzly ;)

Allez hop...  Lily --> Sachem.  Félicitations, madame.

Bon...  retour au sujet : super difficile pour une occidentale, je pense, d'accepter le poids des structures sociales dans certains coins, et la complète hégémonie masculine à tous les niveaux.

J'avais été frappé, lors d'un échange avec Jeunesse Canada-Monde où mes parents accueillaient des jeunes filles de Tunisie, de voir à quel point elles étaient formatées pour être dociles, bien à leur place et tout.  Et à quel point les relations homme-femme étaient strictement codées.

Je rentrais de la fac en visite chez mes parents, à l'époque.  5-6 jeunes filles devant moi.  Ma mère me présente, sans faire trop gaffe.  Je souris et je les regarde dans les yeux, et je dis bonjour...  rien de bien méchant, hein.  Juste courtois de mon point de vue.  Ca a provoqué une concert de gloussements à la fois timides et excités...  comme si j'avais fait un truc absolument et totalement provoc.  Un truc de ouf...

A l'époque, je n'avais que très peu de connaissances sur la culture maghrébine/musulmane.  Maintenant je comprends un peu mieux que ma manière de dire bonjour à ce moment là, de leur point de vue, était carrément de la drague, alors que pour moi pas du tout (même si dans le lot y'en avait 2-3 qui étaient plus que mignonnes, avec leurs yeux en amande chauds comme des braises, et leur manière extrêmement subtile de montrer leur féminité dans le cadre très strict de la religion...  comme si la contrainte élevait leur art...  mais je glisse vers le HS :-[).

Bref, y'a plein plein de codes à connaître, et à respecter...  et c'est d'autant plus difficile que ces codes sont, comme ici, plus ou moins strictement appliqués et respectés selon les individus, les régions, les contextes...  Je pense qu'il n'est pas superflu de passer un petit moment à simplement observer, s'imprégner de l'ambiance, et voir comment les gens fonctionnent avant de mettre les pieds dans le plat...

Excellent sujet en tout cas.  Merci Lily :akhbar:

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

20 septembre 2010 à 10:32:41
Réponse #17

Barbara


Le CEETS travaille d'ailleurs actuellement à un module de formation spécifique.

Bonjour, tu peux nous en dire un peu plus ?  :)

20 septembre 2010 à 12:18:28
Réponse #18

alexr


Et c'est également le cas en Crète (et en Grèce en général, je crois) : lever la main, les doigts bien écartés (comme pour dire salut) revient à une insulte suprême genre "je te maudis sur 5 générations"

Si je me souviens bien, c'est le fait d'orienter la paume de la main vers l'interlocuteur qui peut poser problème. Faut se méfier quand on communique avec les mains (par exemple pour donner un chiffre).

20 septembre 2010 à 13:37:00
Réponse #19

Patrick


Bonjour, tu peux nous en dire un peu plus ?  :)
C'est simple, nous ne sommes pas satisfaits de l'offre de stages de formation aux personnes se déplaçant à l'étranger. Un paramilitarisme pregnant que nous pensons grandement inefficace. Nous ne formons pas des agents de la DGSE, mais nous voulons nous adresser plutôt à des humanitaires, coopérants ou de simples voyageurs et leur éviter des situations fâcheuses dans un cadre pas forcément exceptionnel. Donc on s'attache à bâtir des modules plus adpatés avec des personnes expérimentées et pertinentes.

20 septembre 2010 à 13:39:31
Réponse #20

Paintedhorse


Bonjour,

C'est vrai que ce n'est pas toujours évident pour une femme de voyager. Ni à l'étranger ni dans son propre pays.
Comme pour les hommes, je dirai que la première chose est de se renseigner sur l'endroit.
Des gestes, attitudes que l'on considère comme normaux chez nous peuvent devenir des plus offensant ailleurs et vice versa.
On pense souvant à des pays africains ou sous développés mais cela est valable pour TOUS les pays.
Dès l'instant où l'on a décidé de l'endroit, il faut accepter les us et coutumes locales sans les commenter ou trops essayer s'y opposer.
Etudier les 100 mots les plus usités peut s'avérer des plus utiles.
Pas toujours facile d'accepter certains comportements.
Je prends en exemple le métro de Mexico. Quasiment toutes les femmes doivent s'attendre à y percevoir un attouchement
ou quelqu'autres désagréments du genre. Idem au Japon.
Maintenant, je dirai c'est à vous de décider les degrés de tolérance. Dès les limites dépassées, la remarque sèche suffit la plupart du temps. En tous cas, c'est de cette manière que réagissaient les locales.
D'où encore l'intérêt de quelque peu connaitre la langue du pays visité.
Il ne faut pas croire non plus que le problème est uniquement d'origine masculine, nombreuse femmes n'acceptent pas certaines attitudes occidentales.
Que ce soit les leggings ou des robes trops courtes ou suggestives.
J'ai envie de dire que le mieux est de tenter se fondre dans la masse et être ferme dans ses décisions et attitudes.
Exemple, lorsqu'on se sent suivi, se retourner brusquement et marcher dans le sens contraire. Si il y a insistance, se retourner et demander si il y a problème SANS être aggressif mais en étant ferme.
D'accord, cela ne fonctionne pas avec tous les énergumènes mais c'est efficace dans 95% des cas.
Pour une femme encore (mais je trouve que cela est aussi valable pour un homme) je trouve qu'il est toujours préférable de voyager à 2.
3 termes résument l'attitude que je propose, humilité, discrétion et fermeté.
A+

21 septembre 2010 à 17:26:15
Réponse #21

VieuxMora



.....Je prends en exemple le métro de Mexico. Quasiment toutes les femmes doivent s'attendre à y percevoir un attouchement
ou quelqu'autres désagréments du genre. Idem au Japon....

Entendu dans le RER A un matin vers 8h30, par une voix féminine forte:

"La main çà va ! Mais il faut arrêter de la remuer ! "  ..... Immense éclat de rire dans le wagon !!!

22 septembre 2010 à 07:39:59
Réponse #22

Nävis


..... Immense éclat de rire dans le wagon !!!

C'est ça le secret. Arriver (ici avec l'humour) à regrouper l'assistance autour de soi, et isoler de fait l'importun.
Qui perd à la fois le soutien "tacite" qu'il imaginait, et la discrétion dont il avait besoin.


22 septembre 2010 à 10:34:54
Réponse #23

Lynx


TOP SIGNAL

Je pensais jusqu'à la lecture de ce post, que l'occidental était définitivement abruti au point de ne pas comprendre qu'il n'était pas partout chez lui...
Quelque mauvais expérience ( françaises en plein souk de Marrakech a peine sorties de la piscine du club m*d huilées et à peine habillées, américain en short a fleur en plein temple sacré indou pendant une cérémonie de crémation a prendre des photos comme chez mickey, francais scandalisé de ne pas avoir son café croissant en plein milieu de la chine, jeune pseudo routard fils a papa grand moralisateur en plein pays musulman...etc etc)

Ce post respire l'expérience et le bon sens, j'ai d'un coup l'impression qu'on pourrait se croiser dans un troquet du fond du monde et direct bien s'entendre  

Je pense que ce type de conseils et de préparation est indispensable, bien avant le fond de sac ou la longueur du manche de la brosse a dent. Mais pour avoir fait quelques sessions de préparation aux voyages avec des clients ou amis, il faut bien reconnaître que beaucoup ne s'attendent pas a ce genre de conseils. En résumé il ne faut jamais oublier que l'on marche chez les autres.

Deux trois trucs en vrac, sur un plan général et pas forcément ciblé féminin...

 - S'informer. Religion, traditions locales, codes gestuels...lire abondamment
 - Toujours en amont, abreuvez vous d'images pour vous projeter dans le pays, les codes couleurs et vestimentaires vont vous aider dans le choix vestimentaire et de votre équipement.
 - S'équiper en se méfiant des tolérances annoncées. Il existe souvent de grandes différences culturelles entre les grandes cités et la campagne.
 - S'équiper sur place. C'est un gage d'insertion, un sac, un chapeau local un peu veilli et un teint un peu hâlé  est parfois une clef suffisante à une présentation plus locale, moins touriste.
 - Comme dit précédemment, connaître quelques mots et quelques codes gestuels est un bon rempart devant le premier assaut des attrapes touristes du premier rang, les moins gentils du second rang souvent en repérage a l'arrivée des bus, train, avions auront tendance à moins vous cibler tandis que les touristes tous roses vont rapidement attirer l'attrape cou***n et attirer l'attention.
   A ce titre, attraper un journal local est parfois un bon plan a la descente d'un train par exemple...c'est un détail parfois suffisant pour écarter les vautours.
- L'hébergement dans un gîte ou une adresse locale est paradoxalement toujours plus sécurisante, parce qu'on loge "chez bidule" et pas au machin royal hotel. Et comme bidule c'est souvent de frère du pote au copain du père d'untel, et qu'il n'est pas forcément correct d'ennuyer les hôtes d'un ami...
- En ville, dans les zones denses, dans les marchés, débrouillez vous pour toujours faire comme si vous saviez ou vous allez. C'est une posture de "celui qui passe" très différentes de "celui qui s'est un peu paumé et qui flâne". Bien souvent les prédateurs observent un moment avant de s'approcher l'air de rien, le touriste béat est évidemment une cible de choix.
- Ce n'est jamais la première fois que vous visitez le pays et d'ailleurs vous y avez des amis.
- Low profile pour les filles effectivement vivement recommandé. Il faut savoir savoir ravaler sa fiereté, on ne corrige pas des siècles de conditionnement social par une remarque agressive a l'égard d'un type. Il faut aussi savoir réduire ses loisirs. J'ai la mémoire de deux filles européennes au maghreb qui sont rentrées choquées après avoir été insultées d'avoir osé demander deux bières...
- Attention a ne pas vexer. Dans certaines régions, certains détails insignifiant peuvent vexer, et donc injurier.
- Prenez votre parti d'observer et de plonger dans la trame locale. Il n'est rien de pire que de rester dans la posture de celui qui vient voir mais surtout sans y toucher...parce qu'il marque profondément la différence et attire l'animosité.
- Mode séduction OFF : Mode caractérielle ON. Bien souvent un femme discrette mais énergique et qui marque son caractère intimide, un individu qui vous importune ne voudra pas montrer qu'il se fait rabrouer en public par une femme, qui plus est étrangère...donc effectivement un bon caractère bien trempé peut aider à sécher les tentatives tordues, le pire étant l'hésitation ou la posture de l'air de rien qui ne fera que dégénérer la situation.

@manitou, ton histoire me rappelle un jour dans un 4x4 transport en commun dans une vallée de l'Atlas, avec un ami. Deux filles sont montées séparément, l'une voilée l'autre non... on échange des sourires polis de circonstances en guise de salut... Et elle nous entretien sur notre voyage visiblement ca lui faisait plaisir d'échanger avec les étrangers. Il n'en a pas fallu davantage pour que sa consœur voilée lui rentre dedans...en arabe dans le texte... D'un coup on s'est senti mal, on était bien une dizaine dans le véhicule et nous étions les seuls occidentaux parmi des locaux, ca aurait pu partir en vrille, ne sachant si nous avions transgressé un tabou local... Voyant notre gêne, la jeune femme nous a quand même expliqué que c'était un problème entre elles... mais sur  le coup on a eu une petite montée de pression, on se voyait débarqués direct en plein rien du tout par 45°.

Voyager a l'étranger c'est d'abord être un étranger parmi les habitants, c'est juste l'antagonisme des voyages carte postale proposés par certains depuis bien longtemps. Prendre conscience de cela c'est déja faire un pas vers les autres et se prémunir de pas mal de soucis.

A j'oubliais quelques conseils sur le voyage au féminin édité par le ministère des affaires étrangères du canada en open source http://www.voyage.gc.ca/publications/woman-guide_voyager-feminin-fra.asp
Poussière aux pieds vaut mieux que poussière aux fesses. Proverbe Peul

22 septembre 2010 à 11:07:28
Réponse #24

Patrick


J'ai lu deux trois fois quelques tentatives de replacer le post dans un contexte de voyageur unisex ou de couple.

Or, je suis persuadé que l'intention initiale de Lily d eparler d'une femme voyageant seule est essentielle tellement la place de la femme est infiniment spéciale dans la plupart des culture et conditionne la façon dont on s'adressera à elle.

Au delà du "que risque t'il de m'arriver" la personne soucieuse d'autrui et respectueuse cherchera le "quel message est-ce que j'envoie à mes interlocuteurs ou simplement aux gens du pays".

 


Keep in mind

Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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