Moleson, je trouve extra qu'un homme qui a fait serment de préserver la vie à tout prix puisse parler de tir de combat car tes confrères Français eux n'osent pas et c'est bien dommage. Dans notre noble pays on s'en cache car à peine mieux considéré qu'un pédophile ou un dealer et dans le meilleur des cas coiffé de l'étiquette déséquilibré potentiellement dangereux et atrophié de la bistouquette.
Plumok, si tu n'as pas peur de basculer du côté obscur de la force, je t'emmène la prochaine fois que je vais au stand.
C'est effectivement un contexte culturel très différent.
A 13 ans j'ai acheté pour 5 frs un mousqueton 31 d'un copain et l'ai pris pour aller tirer dans le prochain stand 300m. A l'époque personne n'y voyait rien à redire, au contraire c'était plutôt aprécié de voir un jeune s'intéresser au tir.
A 14 ans ils m'ont donné un fusil d'assault à la maison. J'aurais en theorie pu piquer de la munition au stand pour aller faire le con, mais l'idée ne m'a jamais effleurée, aussi peu que les centaines de milliers de jeunes dans le même cas.
A partir de 18 ans je pouvais aller dans la prochaine armurerie et acheter sur simple signature n'importe quelle arme longue du moment quelle ne tirait pas en rafale, quoique le blocage était parfois très folklorique. Même les autorités vendaient sans complexe leurs armes obsolète. Je me rappelle d'un stock de PM Suomi 31 vendu par le canton dont le mécanisme en rafale était juste un point de soudure mal fait.
Par contre pour l'arme de poing fallait un permis d'achat, mais tu pouvais acheter de privé sans aucun papier.
Le port d'arme n'était pas reglementé et tout un chacun pouvait sans formalité se balader avec son arme sur soi.
La possession n'était pas non plus réglementée, de telle manière que par sucession tu pouvais hériter parfaitement légalement de la Thompson ou du FM du Grand-père sans que une autorité quelquonque soit au courant. Cette situation à durée jusqu'en 1999, date à laquelle la législation sur le armes à été drastiquement renforcée, sans raison valable par ailleurs.
Donc comme tu peux le constater j'ai vécu dans un régime ou le problème de l'arme ne se posait tout simplement pas, vu une législation quasi innexistante et l'absence de problèmes en découlant.
En fait et c'est paradoxal, c'est au fur et à mesure des renforcement législatifs que l'arme est soudainement devenue un objet dont il faut se méfier.
Ensuite il y a un concept de la démocratie. qui veut que nous avons une démocratie directe, permettant au simple citoyen de décider de la direction politique et paralèllement une armée de milice ou l'arme est gardée au domicile.
Notre conseiller fédéral=ministre chef de l'armée résume bien cette position qui est aussi la mienne.
La tradition des armes est l'expression de notre Etat de citoyens libre
On le voit en particulier lors des attaques contre notre tradition des armes. On essaie de plus en plus de porter atteinte à la détention d'armes privées. Un nombre croissant d'interventions politiques visent à retirer l'arme d'ordonnance au soldat. En cas de succès de ces efforts, la Suisse perdrait une grande partie de l'essence même de son Etat.
La Suisse est étrangère aux notions de classes supérieures et inférieures, comme c'est le cas dans d'autres pays: pas de noblesse, pas de caste élitiste de fonctionnaires, pas de corps des officiers de carrière pour marquer notre histoire, incarner l'Etat et le représenter comme une autorité par rapport au citoyen, au soldat et au contribuable. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement n'a jamais eu à craindre des citoyens armés car les citoyens et le gouvernement ne font qu'un. Il n'est par contre pas surprenant que les Etats autoritaires interdisent les armes à leurs citoyens; le maître n'autorise que ses fidèles à porter les armes.
Le modèle suisse est différent: il est plus démocratique, il est plus empreint de liberté. Il n'y a pas de contraste entre l'Etat et le citoyen. L'Etat de liberté est notre projet commun. L'Etat, ce sont les citoyens et nous, les citoyens, nous sommes l'Etat. Nous qui constituons le peuple, nous sommes souverains. Il n'y a pas d'autre possibilité que celle où le peuple souverain porte les armes et constitue avec son armée de milice la garantie ultime de cet ordre.
Le citoyen est soldat et le soldat est citoyen. Cette équation fait intégralement partie de la nature de notre Etat de milice. Celles et ceux qui rétorquent que le citoyen armé est dangereux, qu'il représente un risque, nient son auto-responsabilité. Et si l'on va au bout de cette pensée, cette méfiance à l'égard du peuple aboutit à un Etat coercitif et administratif.
Celles et ceux qui veulent enlever son arme au citoyen le targuent d'irresponsable. Dès lors, l'Etat mettrait ses citoyens sous tutelle. Et cela ne va bientôt plus seulement se limiter à la seule question des armes. Comment voulez-vous qu'une personne, à laquelle on ne fait pas confiance pour garder son fusil en toute responsabilité, puisse participer aux décisions sur des thèmes qui concernent notre avenir commun ? Pourquoi un citoyen considéré comme irresponsable participerait-il aux votations qui décident du destin de notre pays ? Mais la spirale de la mise sous tutelle ne s'arrête pas au retrait de l'arme.
Et c'est ceci qui différencie le Suisse de Citoyens d'autres pays et de son rapport avec les armes. Bien sur dans notre pays ce concept n'est pas partagé par tout le monde, mais pour l'instant il receuille une majorité.
A partir de là, il est aussi de ma responsabilité de savoir utiliser en toute sécurité une arme et de savoir l'utiliser non seulement dans un but de tir sportif mais aussi dans son contexte initial qui est martial. Egalement si en tant qu'individu je suis responsable de la sécurité collective, je suis également responsable de la sécurité de ma famille et bien sur de la mienne. Même si je délègue cette sécurité à mon Etat, en ultima ratio, c'est moi qui selon les circonstances devra faire face seul à une menace.
Mon père qui était un anti-militariste convaincu pour cause de deuxième guerre mondiale, m'a appris à tirer avec l'argument "un homme doit savoir tirer pour défendre sa famille", Ca fait un peu vieux jeu et paternaliste, mais le fond est juste .
S'ajoute à ceci le fait que j'ai passé 780 jours dans notre armée avec finalement le grade d'officier et que j'ai la chance de pouvoir apprendre hebdomadairement le tir de défense en dehors du service avec celui qui à révolutionné le tir en Suisse par l'introduction de la NTTC.
Je trouve aussi, que c'est important d'acquérir se savoir faire, pour le transmettre au générations futures, ce qui est un de mes buts.
Le paradoxe avec mon métier de médecin, n'est qu'apparent. En fait c'est un paradoxe pour ceux qui ne comprennent l'arme que comme moyen de tuer et de tuer dans des situations qui ne demandent pas le recours à des moyens létaux.
Pour moi j'espère ne jamais devoir employer mes armes pour autre chose que faire des trous dans le papier, car si le cas devait arriver je pense que même si l'emploi est légitime, le prix moral que j'aurais à payer risque d'être extremement lourd. C'est aussi une des raisons pour laquelle j'essaye d'éviter les conflits ou les situations dangereuses, c'est pourquoi j'ai toujours de la peine avec les personnes qui continuellement ont des bagarres et des conflits. Le côté justicier dans la ville, n'est pas du tout le rôle que je m'imagine.
Moleson