Salut la compagnie
Ces derniers mois, j’ai noué noué noué par centaines, et je me suis dit pourquoi pas partager un petit truc ici avec vous, pour le plaisir de voir du bois et du cordage. Je sais qu’on aime tous ca. Rien de révolutionnaire, la technique a déjà été évoqué sur le forum, mais pas illustré dans un cas pratique. En fait, je vais décrire 2 techniques de liage, car la manière dont je démarre est un noeud d’assemblage en lui même, celui que j’ai utilisé avec excès pour lier toutes les planches du pont.
Je tiens à préciser que ce ne sont pas des assemblages destinés à être fait et défait. Ils sont “permanent”.
Aussi, la contrainte temps / coût de matériaux (quand on parle de plusieurs centaines, on parle de travail à la chaine et il faut tout optimiser, du geste au matériaux) fait que je suis allé au plus simple. Le noeud coulant simple peut évidemment être remplacé par un noeud coulant en huit. Le noeud d’arrêt peut également être en huit. L’autre raison pratique pour laquelle je choisi pour certain cas le noeud coulant simple c’est que quand on le met en tension (pour de vrai, pas juste à la main, je parle de tension avec au minimum un bâton ou un marteau autour de la tête duquel on fait un noeud de taquet et on souque fort ! On doit entendre les fibres du bois se compresser) il se sert très fort sur lui-même au point qu’il deviendra impossible de le défaire, on peut le sécuriser avec une demi-clé sans rien perdre.
Voilà pour donner un peu de contexte, assez d’introduction, venant en aux faits. Je veux parler du liage fort de deux pièces de bois quand elles vont subir des contraintes importantes (dans mon cas, surtout en compression) en utilisant pour toute aide mécanique qu’un simple tourniquet. J’ai utilisé cette technique pour un nombre incroyable de trucs, y compris réparer une bôme pété en deux et qui a tenu une transatlantique après sans broncher, et une belle rame que je n’utilisais pas pour la déco, pareil pas bougée.
Donc on commence par créer une boucle autour des parties à joindre et “soigneusement” préparées. Pas besoin de faire chic, n’importe quel truc pas élastique qui nous pêtera pas au visage fera l’affaire. Dans ce cas c’est du cordage en polyamide en état suffisant, qui trainait sur la plage. Je fais deux tours ( 2x plus costaud) laches pour avoir la place d’y passer le levier avec un peu de marge. C’est pas de la science exact, si ca à l’air bon, c’est que c’est bon. On ferme avec votre noeud préféré, de toute manière avec les twist du moulinet, aucune chance qu’il ne glisse*. Noeud de pêcheur fera donc bien le taf. Puis on tourne, on tourne, on tourne jusqu’à ce que la tension soit maximum. On sécurise ensuite le levier à la perpendiculaire pour avoir la place de faire le liage définitif, avec une petite ficelle quelconque. Ca ressemble à ça (ignorez les premiers liages, ils ont été fait de la même manière avec le tourniquet de l’autre côté) :
Ensuite on attaque avec de la cordelette. Un noeud d’arrêt simple, un tour mort et un noeud coulant simple :
Pour rappel, le noeud coulant simple peut-être fait à une main tout comme le “noeud sibérien”*. Y’a juste un demi twist en moins et il est non gansé. On souque fort, et quand on relâche tout tient très bien grace à la friction ajoutée par le tour mort, et le noeud coulant simple qui avec la forte tension vient étrangler le dormant. Si c’est tout ce que je souhaite, je sécurise avec une demi-clé autour des deux brins et ca ne bougera plus *(je vous met une photo du pont réalisé avec cette méthode à la fin du post). Dans ce cas, ca n’est pas suffisant. On enchaine les demi-clés autour des deux pièces à assembler et à chacune on sert fort en s’aidant d’un baton ou de ce que l’on a sous la main. Mais il faut serrer ! Demi-clés dans un sens :
Puis dans l’autre :
Pourquoi ? Parce qu’elle tiennent mieux la tension sur l’angle arrondi du bois, je m’arrange donc pour rester dans cette zone. On termine avec un noeud d’arrêt simple, que l’on pousse bien à raz :
Quand on retire le tourniquet, toute la tension est reprise dans le liage que l’on vient de réaliser. On déplace le tourniquet et on recommence en fonction du nombre de liages que l’on désire. Et voilà le truc terminé :
Pour faire plus fort encore, j’y ai ajouté depuis des coins entre cordelette et bois. Bien arrondir pour ne pas endommager la cordelette !
*Moi entendre parler un peu trop souvent de noeuds qui glissent ça me vener. C’est généralement des noeuds mal réalisés (il faut dresser un noeud), fait dans un matériaux non adapté (les fibres ont évolué, il faut s’adapter), pour des utilisations non adequat : ferais-je confiance au noeud de slip pour amarrer mon hamac au dessus des crocos ?
*En fait parler de noeud sibérien à une main est pour moi un pléonasme, car on parle simplement d’une variante de noeud de huit coulant, gansé. Ce qui le rend “sibérien” c’est dans sa réalisation à une main donc, celle que l’on connait presque tous ici.
*Le pont, simplement lié.