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Auteur Sujet: Un petit poème...  (Lu 1827 fois)

11 juin 2009 à 18:20:29
Lu 1827 fois

Vincent


Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,


                            Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling 1865 -  1936

Voila de quoi en prendre de la graine...

Cordialement

Vincent

11 juin 2009 à 19:22:23
Réponse #1

Anke


" La poésie contemporaine ne chante plus... Elle rampe
Elle a cependant le privilège de la distinction...
Elle ne fréquente pas les mots mal famés... elle les ignore
On ne prend les mots qu'avec des gants: à "menstruel" on préfère "périodique", et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du Codex.

Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain.

Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui illustre le mot.

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.

Le poète d'aujourd'hui doit appartenir à une caste, à un parti ou au Tout-Paris.
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.

La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique.
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche.

L'embrigadement est un signe des temps.
De notre temps les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les sociétés littéraires sont encore la Société.
La pensée mise en commun est une pensée commune.

Mozart est mort seul,
Accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd.
Il fallut quêter pour enterrer Béla Bartok.
Rutebeuf avait faim.
Villon volait pour manger.
Tout le monde s'en fout...

L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie !

La Lumière ne se fait que sur les tombes...

Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique
La musique se vend comme le savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt:
Les capitaux
La publicité
La clientèle
Qui donc inventera le désespoir ?

Avec nos avions qui dament le pion au soleil,
Avec nos magnétophones qui se souviennent de "ces voix qui se sont tues",
Avec nos âmes en rade au milieu des rues,
Nous sommes au bord du vide,
Ficelés dans nos paquets de viande,
A regarder passer les révolutions

N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale,
C'est que c'est toujours la Morale des autres.

Les plus beaux chants sont les chants de revendications
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.

A L'ÉCOLE DE LA POÉSIE ET DE LA MUSIQUE ON N'APPREND PAS
ON SE BAT ! "

Léo Férré

Je me permets de rajouter que de construire sa vie comme un poême est un devoir ( mais bon sur ce genre de trucs, je "monte" vite dans les "tours". Chui juste un vieil ado.... ;) )
« Modifié: 14 juin 2009 à 06:35:34 par Anke »

11 juin 2009 à 19:27:39
Réponse #2

Karto


 :o Thierry ? C'est Kipling qui te fait cet effet ?
Y'a plein de poètes de nos jours, qui n'écrivent que pour eux-mêmes. Faut pas être méchant comme ça, tu fais saigner mon coeur  :'(

11 juin 2009 à 20:52:14
Réponse #3

Anke


Non Mathias, c'est juste que je pense que les plus beaux poêmes sont ceux que l'on écrit en se levant le matin et ce, jusqu'au soir.
Ne nous y trompons pas, j'aime ce poême de Kipling, message d'un père à son fils ( tu sais combien j'attache d'importance à cette relation, mais c'est un autre sujet, quoique...).
Hugo disait je crois lors du massacre de Scio ( je ne suis pas sûr de l'orthographe) que le poête avait une responsabilité vis à vis de ces contemporains. Je crois qu'un poête est de toute façon un homme engagé, tout du moins, qui doit s'engager( politiquement ou autre, revoir le "J'accuse !" de Zola ou le " Au Secours ! " de l'Abbé ). Hugo le voyait un peu comme un guide.
On pourrait revenir dans le cadre qui nous occupe à la prise de position de leader en quelque sorte, de celui qui va donner l'impulsion en tous cas. La poésie pour la poésie, ça fait joli dans les salons ou au cours des soirées à la mode, mais ça ne sert ( et encore) que celui qui l'a écrit ( le poême !). Le poête dont parle Férré, est celui qui va ramasser le drapeau tombé sur la barricade. Le poête est celui qui insuffle l'espoir.

Mais bon, je suis un grand romantique sentimental.  :lol:

11 juin 2009 à 21:36:29
Réponse #4

Anke


"Qui donc réparera l'âme des amants tristes..."
Bon allez, c'est plus de mon âge d'avoir 17 ans... Me racheter un cahier petits carreaux 21/29.7 et un stylo plume Watermann jaune ? Serait-ce bien raisonnable ? Pour me souvenir de Sophie, cet amour impossible... Je la surveille du coin de l'oeil ( elle n'habite qu'à quelques km). elle le sait, je l'ai aimé toute ma vie et l'aimerais toujours ( bon ça va, z'êtes pas obligés de tout répèter et foutre la m*rde à la maison hein !). Mélancolie, mélancolie, la mer se calme...
Et Guy, écorché vif avec son cancer du larynx qui joue toujours sur sa Martin D28 des pickings nostalgiques, et Christophe, suicidé à 24 ans et Aline ma "première". Et mes filles et mes fils et celui-ci au coeur anachronique... Et toi Camarade, vous qui gonflez mes voiles, vous autant de frères et de fils que je n'aurai jamais...Je vous ai tous à la fois... ( me laisse un peu aller là  :-[)
Certains poêtes qui sortent du lot ? Nous sommes poêtes tous autant que nous sommes, nous varions justes les modes d'expression. Le poête n'est pas un être "à part" ou d'une "race" particulière ou encore touché d'un don ou d'une illumination quelconque. Quelques uns ont des facilités plus que d'autres, tout comme certains d'entre nous sont plus musclés que d'autres, mais nous avons tous des muscles !
La méthode Lafay de la "poésie", c'est le cahier et le stylo. La première ligne est difficile, une fois parti...La poésie n'appartient à personne, du fait elle appartient à tous. A la fois vierge ou put**n( pardon pour les vieux clichés les filles !) elle sera ce que nous voudront bien en faire... Mais elle est notre !

12 juin 2009 à 21:20:21
Réponse #5

Willy


Ben moi, je dis "Chapeau Bas", Monsieur Anke !



"Tu es libre d'être vraiment toi même , Ici et maintenant et rien ne peut l'arrêter" (Jonathan Livingstone le Goeland)

13 juin 2009 à 00:22:50
Réponse #6

Anke


Willy,
Chapeau bas ? Monsieur ?
Je ne crois pas. Il "suffit" ( c'est pas forcément facile) d'ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure, de "se mettre en état de réception". Un peu comme quand on décide de retirer chaussures et chaussettes et de poser ses pieds dans l'herbe. Ce que l'on va ressentir à ce moment là, c'est très court, ça va très vite, alors il faut se concentrer un petit peu avant pour tout sentir. Bref se préparer. Après c'est le travail de la mémoire.
On fait ça quand on est enfant, parce qu'on est une vraie "éponge", on a soif de savoir et de sensations, et petit on le fait vachement facilement. On a tous ressenti ça : une odeur qui nous rappelle un truc, qui ramène un souvenir. Devenus grands, on a un peu oublié comment faire, alors si on a envie de retrouver ça, cet état là , il nous faut faire un effort. C'est ça àmha le tout début du "poême". D'aucun appellent ça l'inspiration, d'autres la "Muse". J'exprime ça en disant : " je vais chercher mon âme". Ce ne sont que des mots, mais quand même des mots avec toute les difficultés que nous avons à les employer et à les comprendre, surtout en n'utilisant que l'écriture, càd en étant privés du ton ou de la gestuelle. C'est un défi sympa. Ecrire, sous quelque forme que ce soit ( pas obligé que ça rime ou que ça ait un sens particulier) je conseille, même si ce n'est que pour soi ( On est pas Hugo ou Lamartine et pis on s'en fout d'ailleurs) ça fait découvrir pleins de trucs...

13 juin 2009 à 00:42:43
Réponse #7

Syncerus


Petit coup de blues ce soir,

J'ai une fois de plus les larmes aux yeux à te lire Anke.
Oui, je confirme, tu es un grand Monsieur.

Merci d'être là.

14 juin 2009 à 00:26:47
Réponse #8

Daeron


put**n le Anke que j'aimerai te rencontrai et autour d'un verre partager un petit bout de vie !
Tu ecris bien l'artiste , t'as du t'y bruler plus d'une fois au chaos de la vie...mais toujours cette chaleur douce au fil de tes mots.

14 juin 2009 à 07:20:49
Réponse #9

Anke


Bon, faut arrèter un peu, et puis mettre un poil les "compteurs à zéro".
Anke, c'est juste un bonhomme comme les autres avec 50 balais de vie dans les chaussettes, capable de dire et de faire plein de conneries.
Une vie normale, ni plus ni moins, des épreuves certes, mais au demeurant, des épreuves on en rencontre tous et ça nous "forge" un peu la paillasse au fil du temps. Un premier chagrin d'amour quand on a entre 14 et 17 ans ( si on le rencontre "le grand amour" evidemment), punaise, c'est dur de s'en remettre par exemple.
On est tous confronté à la mort. A un moment de notre vie on perd ou on va tous un "tonton Cellier"( http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,17618.0.html).
Au final qu'est-ce qu'on en tire de tous ses avatars de la vie ? On a plusieurs choix :
On peut se "blinder" et se refermer sur soi et faire semblant d'être solide, en général y'a tout qui te revient dans le museau à un moment où tu ne t'y attends pas, et là le bonhomme est étendu pour le compte, fin du match.
A l'inverse on peut vivre essentiellement avec sa douleur tout le temps et ne jamais en sortir et même ne plus avoir envie d'en sortir. Pareil, "c'est baisé", fin du match.
J'ai un copain comme ça, il a perdu son fils de 17 ans il y a trois ans. C'est un mec intelligent, il a du pognon, il n'est pas mal fichu, quand il prend soin un peu de lui, c'est un type séduisant je pense ( enfin je serais une nana, c'est surement comme ça que je le verrais), mais il n'a pas envie. Je suis un peu con là-dessus et je lui ai "pourri" la vie la dernière fois qu'on est partis en "escapade": "t'es un gros con mon pote ! T'as tout ce qu'il faut pour rendre une femme heureuse. Alors, sors trouves-en une qui en chie et put**n, aides la, aimes la ! Espèce de sale con tu te rends pas compte que tu gâches tout ce que tu as à offrir !" Bon vous savez ce que c'est quand on se met en colère et qu'on se fait "monter" tout seul à un moment donné( mais bon j'aime pas le malheur, ni le gachis). Je n'ai pas été très intelligent sur ce coup là, comment voulez vous qu'il se relève de la mort de son gosse ? C'est cuit, il a pas envie d'avoir envie. Alors la question que je me suis posé ( je me la pose encore) : jusqu'où vais-je être capable d'aller avec lui, à quel moment vais-je lui lâcher la main pour ne pas couler avec lui ? Faudra bien en arriver là, lui dire " Mon gars, faut faire un choix. Soit tu lâches le poids de plomb qui t'emmènes au fond, soit tu lâches ma main, je vais pas avec toi au fond..."
Ces questions là, on se les pose tous, y'a pas que Anke. Et on a tous nos réponses et nos manières perso de gèrer l'expression de ces réponses. Pour certains ça sera l'écriture ou la peinture, pour d'autres ça sera le sport, pour d'autres l'engagement politique etc...
La poésie est un moyen comme un autre de se bagarrer contre ses démons, on s'en fout du moyen, c'est le combat qui compte et au delà du combat, c'est l'espoir et l'espoir c'est les "autres" ( avec leurs défauts, leurs qualités, leurs victoires et leurs faillites).
Ici, c'est un creuset d'espoir amha, on est comme qui dirait sur un bateau et on pagaye tous :
y'a des costauds qui rament forts.
y'a des faiblards qui rament un peu plus "technique".
y'a des gamins qui apprennent à ramer.
y'a des vieux schnocks qui rament à peine, mais qui chantent pour donner du courage.
Et tous participent à ce que le bateau avance...
Au final, c'est pas les gens qui comptent Les Anke, Did, Karto, Tsjok, même L'Ours à la limite, ce qui compte, c'est que le bateau avance. Ce qui compte c'est de sauver le plus de vies possible. Et apprendre à reconnaitre celle qui sont sauvables de celles qui ne le sont pas ( je ne dis pas celles qui valent le coup d'^tre sauvées hien, je parle de nos capacités à sauver, celles qu'on va arriver à sauver, on pourrais en reparler ailleurs), ça participe à en sauver ( euh c'est pas un peu brouillon mon affaire là ?)

14 juin 2009 à 15:33:27
Réponse #10

tsjok


et puis des fois , dans l'arche de anke , il ya celui qui a un coup de mou , parceque " ça se peut " . alors , on le met à la poupe pour qu'il continu à donner  le rythme au son de sa voix ( des fois , j'ai ouï dire qu'il s'accrochait à ses rames le bougre ....) et si il veut bien , il laisse les autres ramer en coeur ( choeur ) , histoire de soufler .
de toute façon , c'est bien le trajet qui compte .
 :calin:

15 juin 2009 à 00:54:36
Réponse #11

Willy



Quand même, il y a toutes ses émotions, pensées ... qui s'entrechoquent, se mélangent, se télescopent dans nos caboches, mais tout à chacun n'arrive pas toujours à bien l'exprimer et faire passer ces sensations.

Tu y arrives ... avec brio et émotions.

Kenavo

Willy


"Tu es libre d'être vraiment toi même , Ici et maintenant et rien ne peut l'arrêter" (Jonathan Livingstone le Goeland)

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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